12 janvier 2024

Remaniement : ne nous trompons pas d’analyse

 


Je n’aime pas ce gouvernement qui montre tout de même un gros virage à droite avec l’entrée de Mmes Vautrin et Dati. D’un autre côté, je n’aime pas, non plus, que les commentaires ne portent que sur un positionnement politique supposé (ou plus que supposé) parce que, au fond, c’est tout ce que la gauche a à montrer, visiblement, depuis quelques mois : « C’est de droite, c’est mal. » Il n’y a rien d’autre.

Je n’aime pas l’arrivée de Rachida Dati dans le gouvernement de notre pays car elle représente une législature, celle de 2007 à 2012, qui a été la pire dans notre pays. Preuve en est, par exemple, que la droite, du moins son « grand parti de gouvernement », n’arrive pas à se remettre depuis. On se moque beaucoup du PS mais, tout de même, il faut bien reconnaitre que LR est dans un sale état, même s’ils conservent la majorité au Sénat. Tant pis pour eux et, au fond, j’aime autant que ce soient les centristes qui récupèrent des électeurs que les extrémistes… 

LR a fait une grosse connerie en virant Rachida Dati dès son acceptation du poste. Son retour sur la scène pourrait un beau piédestal pour la reconquête de Paris. Si elle gagne les élections dans la capitale, cela sera évidemment une victoire de la droite. Mais la droite préfère la virer pour garder une espèce de pureté. La macronerie a de beaux jours devant elle.

 

Si je n’aime pas l’arrivée de Mme Dati au gouvernement (ni celle de Mme Vautrin ni le renforcement, en général, des personnalités venues de la droite), je refuse de faire un procès d’intention. Ce n’est pas que j’ai confiance mais, au fond, je ne sais pas ce que la gauche veut pour la culture. J’ai une vraie nostalgie pour les actions du ministère de la culture des années 80, avec une démocratisation de l’accès aux écoles de musique et aux bibliothèques. Depuis, j’ai bien l’impression que la gauche ne fait que défendre des va-nu-pieds et autres artistes de rue.

J’en discutais à midi avec un copain de gauche, jeune retraité mais qui, en juin dernier, jouait à mi-temps du basson à l’opéra de Paris et passait le reste de son temps à enseigner l’usage de cet instrument aux mômes du conservatoire de ma commune. Je pensais qu’il allait hurler devant la nomination et il m’a dit, simplement : « au fond, pourquoi pas Dati ? » Et il a argumenté. Sur le fond…

 

Je n’ai pas lu toutes les réactions, dans la presse, car je suis réellement bouleversé par la mort de Jean-Luc Laurent, le maire du Kremlin-Bicêtre. J’ai seulement vu quelques commentaires dans les réseaux sociaux. Au fond, les gens ne disent rien. Que des inepties.

Quand je dis, ici, que je n’aime pas Rachida Dati, c’est mon opinion personnelle. Je ne vois pas l’intérêt d’affirmer ailleurs qu’elle est nulle ou de droite. Ce que je dis, c’est que je ne l’aime pas. Point barre.

Ainsi, je n’ai pas lu grand-chose depuis l’annonce officielle du gouvernement contrairement au lendemain de l’annonce du remplacement de Mme Borne par M. Attal et tous les analystes du dimanche disaient des conneries hautement prévisibles et sans intérêt. Les centristes : « Elisabeth Borne a fait le job, courageusement, vaillamment, et elle doit être largement remerciée et félicitée. Maintenant, Gabriel Attal pourra donner une nouvelle impulsion à la politique voulue par Emmanuel Macron ». Les gauchistes : « Madame Borne a tenu une très mauvaise politique avec l’usage abusif du 49.3, la loi immigration et la réforme des retraites. Monsieur Attal est un pion de Macron et continuera à mettre en œuvre la casse de notre protection sociale ».

Objectivement, a-t-on besoin d’entendre ou de lire ces conneries, largement prévisibles, des éléments de langage qui ont pu être préparés depuis la nuit des temps.

 

Pour ma part, le petit jeune avec ses vieux crabes, je vais lui laisser sa chance sans espoir particulier mais sans procès bouclé d’avance non seulement parce que cela ne sert à rien mais en plus, c’est dangereux. Partir dans une radicalisation antigouvernementale aboutit toujours à un aveuglement, à cause de l’entre-soi que cela induit.

La seule chose est que si la macronerie part à droite, ça laisse un boulevard pour le centre gauche, pas pour le gauchisme. Et si la macronerie ne part pas à droite, ce qui serait surprenant, alors pourquoi pas ? Elle serait réélue et nous serions stupides de louper le coche et de rester dans une opposition gauchiste radicale comme depuis 2017, dans les mêmes oubliettes que les Républicains.

 

Ensuite, on nous parle de l’avenir de Gabriel Attal. Tout d’abord, je préfère avoir à l’Elysée un type qui vient de la gauche et flirte avec la droite plutôt qu’un lascar qui vient directement de l’extrême droite. Ensuite, on arrive à nous dire en même temps, ce fameux « en même temps », que Macron a propulsé Attal pour torpiller un successeur potentiel et que Attal se met en position pour l’avenir. Restons calme et reposé d’autant que Gaby pourra démissionner dans deux ans pour se faire une virginité avant la prochaine présidentielle. On n’en sait rien. Arrêtons le billard à trois bandes et travaillons à l’avenir de nos propositions.

Si on en a. 

 

Enfin, je parlais de ce « il est de droite, c’est mal » mais ne faisons pas, non plus, de procès à ceux qui ont cru en Emmanuel Macron même si, sept ans après avoir voté pour lui, j’ai tout de même mal au cul. Par exemple, ce n’est pas parce que Borne ou Attal viennent de la gauche qu’ils ne sont plus à gauche et qu’ils sont à droite.

Ils ont fait le constat, un jour, tout simplement, qu’on ne pouvait plus reconquérir le pouvoir puis l’exercer avec toute une partie de la gauche. Moi aussi.

De tout temps, les trotskistes ont prétendu être les seuls à gauche. Sortons de ce jeu.

Rappelons aussi que les mauvaises réformes de Madame Borne, par exemple, n’ont pas été imposées par elle, ni d’ailleurs par Macron. C’est en faisant de l’obstruction parlementaire que la gauche a évité au texte des retraites d’être étudié et amendé. C’est en présentant une motion de rejet que la gauche a fait en sorte que la loi immigration a été rédigée par la droite. Ne refaisons pas l’histoire. C’est tout de même délirant que quelques semaines après la motion de rejet, la gauche fasse porter sur les épaules d’Elisabeth Borne qui n’a pas grand-chose à voir avec ce que voulait son gouvernement…

Quant à l’usage du 49.3, c’est simplement parce que pour l’éviter, elle aurait dû appliquer une politique autre que celle voulue par ses électeurs qui ont fini majoritaires. C’est bien ça, la démocratie. Respecter les électeurs qui n’ont pas voulu de politiques poussées à droite ou à gauche pour satisfaire des « besoins parlementaires ».

 

On ne regagnera pas ainsi. On continuera, par contre, à passer pour des guignols. Peut-être est-ce d’ailleurs le but de ceux qui n’ont jamais voulu arriver aux responsabilités ?

François Ruffin a fait un tweet pour expliquer que Gabriel Attal n’avait jamais bossé en entreprise et n’avait pas les compétences pour exercer les compétences. Je vous passe le fait que cela soit complètement con (la plupart de nos élites sont issues des grands concours de la fonction publique). Je vous passe le fait qu’un type qui a fait polytechnique est peut-être moins un baltringue que celui qui a un CAP en boucherie pâtissière… Quand on a soutenu Jean-Luc Mélenchon, on n’oublie pas de vérifier les CV de nos propres amis…

 

Je ne défends rien à part les gens ou causes victimes d’un procès d’intention. Je dis simplement que j’en ai marre des commentaires à deux balles.

 

P.S. : j’ai des problèmes de PC. Excusez la présentation de ce billet.

20 commentaires:

  1. Sur son blog, JP Chevement a rendu un hommage simple mais très émouvant à Jean Luc Laurent.
    Hélène

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    1. Je vais aller lire. Le message Twitter de JPC était très bien. Mon précédent billet était au sujet de JLL.

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  2. Et si le tweet de Ruffin s'adressait autant à Attal qu'à Mélenchon ?

    Pour autant, à part son expérience professionnelle dans le journalisme, Ruffin n'a sans doute jamais travaillé dans une entreprise ou une collectivité ou une association en tant que salarié.

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    1. Bah ! Ils sont tous un peu pareil. Pour ma part, ça ne me choque pas. Je ne vois pas en quoi mes 37 ans d'expérience dans les distributeurs de billets feraient de moi quelqu'un apte à gérer un pays. En tant que maire, tu es bien placé pour le savoir. Ce n'est pas ton expérience professionnel qui fait tes qualités d'édile, je suppose, mais ta passion, ton expérience de la politique et tout ça.

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  3. Moi, je l'ai toujours bien aimée, la Rachida : l'impression qu'elle doit être bonne sous l'homme...

    De toute façon, le ministère de la Culture n'a aucune importance, il s'agit juste de distribuer de l'argent public à des parasites sans talent ni audience mais autoproclamés "artistes".

    DG

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    1. "bonne sous l'homme", vous n'arrangez pas votre cas ! :)

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    2. Je dois avoir un vieux fond maso, probable...

      DG

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    3. Ce qui me fait rigoler, c'est que ses premiers propos en tant que ministre de la culture vont "dans mon sens", à savoir qu'elle souhaite développer l'accès à la culture, via des médiathèques et autres conservatoires locaux, bien loin de la distribution de pognon à des artistes de mes deux.

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  4. j'espère que ton problème de PC va se résoudre

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    1. C'est revenu sans que je ne fasse rien. Je suppose que c'est le vpn, côté serveur, qui chiait dans la colle.

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  5. "travaillons à l’avenir de nos propositions. Si on en a. " allons ce n'est pas compliqué , ça couine "de l"argent il y en a" dans les manifestations par exemple.

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    1. Ah oui ! J'oubliais que c'était si simple de trouver du pognon...

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    2. bah si d'après les twittos de gauche suffit de virer le CICE et de photocopier les milliards, ou alors de prendre les milliards des millionnaires et autres plus riches parait que ça solutionnerai tout nous disent les gens qui ont mis le taux d'argent public au max de l'UE et des trucs publics qui ne fonctionnent pas de manière optimale.

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  6. Salut Nicolas,
    Quand j'ai vu sur un fil d'info, l'hospitalisation de Monsieur JL Laurent, j'ai bien évidemment pensé à toi. Tu nous a souvent parlé de lui.
    En ce qui concerne Dati. Bof. Du moins pour sa présence.
    En fait, j'ai cru comprendre qu'il s'agissait d'un deal entre Renaissance et LR en vue de la tête de liste pour la Mairie de Paris. De plus la Dati en question avait déjà démissionné de l'instance LR qu'elle dirigeait et l'annonce par le coureur énervé Ciotti de l'avoir virée des LR ressemble de plus en plus à un gros mytho dont il est coutumier.
    Il faut bien montrer qui c'est t'y qu'est le chef !

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    1. C'est sûrement un deal mais je ne sais pas trop si ça peut fonctionner.

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  7. Je suis d'accord, c'est facile de juste dire "c'est de droite, c'est mal" sans vraiment regarder les choses en profondeur. Avec l'arrivée de Dati et Vautrin, ouais, ça penche un peu à droite, mais ça veut pas dire qu'on doit tout rejeter direct. C'est comme avec tout, faut voir ce qu'ils vont faire avant de juger.

    Pour le PS et LR, c'est vrai que ça tourne pas rond chez eux, mais bon, c'est la politique, ça change tout le temps. Quant à Dati, même si je suis pas fan, peut-être qu'elle va surprendre, qui sait ?

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  8. Quand P. NDiaye a voulu rappeler l'école privée à ses obligations en terme de mixité sociale, R. Dati a dit un truc du genre "On veut détruire ce qui marche !".
    Si on avait demandé à U. Bolt de courir le 100m avec un sac à dos de 80 kg, je l'aurais peut-être battu. (En réalité, même pas...)
    Tout ça pour dire que quelles que soient les qualités de R. Dati, à la Culture ou ailleurs, je ne lui fais confiance sur pas grand chose.
    Marc

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    1. Je ne crois pas avoir dit que je lui faisais confiance mais seulement que je ne ferai pas de procès d'intention.

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