04 octobre 2012

Que François Fillon se taise !

La politique est comme un jeu : le Gouvernement critique les actions de ses prédécesseurs et défend les siennes pendant que l'opposition critique le Gouvernement et dit ce qu'il faudrait faire. C'est une sorte de routine mais on n'était plus habitués car il n'y avait pas eu d'alternance depuis 2002. Que des mecs qui étaient au Gouvernement il y a quatre mois nous disent à longueur de journée ce qu'il faut faire est insupportable.

Cette année, il y a deux éléments en plus, par rapport aux périodes "postprésidentielles" précédentes.

Le premier est, somme toute, assez anecdotique pour mon billet, mais un texte est à l'étude, le traité Européen, qui entraîne une espèce de clivage dans la majorité mais aussi un rapprochement de la majorité de la majorité de l'opposition. Du coup, la majorité de la majorité est autant occupée à se défendre de la minorité de la majorité que de la minorité tout court. Ouf...

Le deuxième est tout aussi anecdotique dans l'histoire mais est essentiel dans l'ambiance du moment. Le grand parti d'opposition cherche un nouveau chef. De fait, les deux candidats en lice sont obligés de décliner des éléments de leurs projets. Ainsi, trois ou quatre mois après une période électorale intense, on se retrouve à nouveau "en campagne" pour des projets.

Je m'intéresse intensément à la politique depuis que j'ai des blogs (bientôt 7 ans, je vous garantis qu'il y a un monde entre parler politique au comptoir et donner en pâture un écrit). Toujours est-il que je n'ai pas souvenir d'une telle situation. En 2007, l'opposition était en bordel, occupée à définir des responsabilités. En 2002, elle était anéantie. En 1997, l'opposition était quasiment dirigée par le Président de la République. En 1995, Jospin étant arrivé en tête au premier tour, il me semble qu'il était resté légitimement chef de l'opposition.

En 2012, la situation est nouvelle. Celui qui était encore Premier Ministre, il y a quatre mois, affronte celui qui était alors le chef du principal parti de la majorité, pour en prendre le leadership. Et il paraît à peu près sûr qu'il va gagner. Il a le vent en poupe.

François Fillon est en campagne. Il ne se passe pas une journée sans qu’on parle de lui. Tiens ! Le Figaro nous dit qu’il décline son projet de redressement national !

C'est insupportable ! Le gars explique qu’il va redresser la nation alors qu’il était le chef du Gouvernement qui a mis la nation dans cet état. Le gugusse disait il y a cinq ans qu’il était à la tête d’un état en faillite, il l’est resté pendant cinq ans et il nous dit maintenant qu’il a un projet pour dans cinq ans pour la redresser.

Quand on rentre dans le détail, c’est de plus en plus affligeant. Hop ! Je cite : « La France que nous aimons ne s'est pas construite avec des gens qui travaillent 35 heures ». Ca fait 10 ans qu’il nous sort le même argument. Il a occupé tous les postes possibles pour faire bouger les choses. Il n’a touché que des bricoles à la marge, encourageant des mesures qui ont été dramatiques pour l’emploi, telles que la défiscalisation des heures supplémentaires et il continue. On les entend, avec Valérie Pécresse, depuis une semaine, faire une espèce de méa culpa, du genre « oui, on aurait du mais on ne savait pas » alors qu’ils s’alarmaient déjà de la situation (l’état en faillite et tout ça)… remettant (probablement à juste titre) les responsabilités sur le dos de Nicolas Sarkozy mais n’oubliant pas d’ajouter « Et si Nicolas Sarkozy veut revenir, naturellement, on l'accueillera. »

C’est insupportable ! Voir ce gars décliner un programme me rend malade (heu…). Et je me répète, depuis des années et des années, j’ai tout entendu des « nouvelles oppositions », jamais je n’ai vu un ancien Premier Ministre dire ce qu’il fallait faire pour redresser le pays cinq après alors qu’il était au pouvoir juste avant et qu'il venait de se prendre une baffe à des élections nationales.

J’aimerais bien avoir une opposition saine, qui tape sur le Gouvernement. Il y aurait tant à dire, nous aurions tant à répondre. Ils pourraient oser : « Ah ah ! Vous expulsez des Roms, quand c’était nous, c’était mal… » On serait alors comme des cons à bredouiller : « heu, oui mais c’est pas pareil on ne stigmatise pas on ne tient pas le discours de Grenoble. » Ils pourraient aussi dire : « Ah mais vous ne vous rendez pas compte avec votre budget vous allez ruiner les entreprises » on répondrait « ah mais alors c’est vous qui avez creusé la dette et qui avez augmenté la TVA, ruinant les ménages et freinant la consommation, il a bien fallu annuler cette hausse et la compenser », ils auraient rétorqué « oui, mais la TVA antidélocalisations est bonne puisque qu’elle permet de maintenir des emplois en France en rendant les entreprises plus compétitives. » Nous : « Mais non ! C’est du pipeau, elle n’a d’antidélocamachin que le nom, vous allez voir, nous on a un projet pour renforcer la compétitivité des entreprises en transférant 40 milliards de charges qui pèsent sur le travail vers l’impôt qui pèse sur les revenus. »

Bref ! La routine !

Ben non. Nous avons des loustics qui nient toutes leurs responsabilités dans le mauvais état de la France et disent ce qu’il faut faire, c'est-à-dire ce qu’ils n’ont pas fait.

C’est odieux.

Alors ce matin, en lisant cet énième article dans le Figaro (en gratuit sur le web, hein !) à propos de François Fillon, après un été de matraquage où on a tout vu, y compris ce pauvre candidat avec des béquilles, ma pauvre dame, il se donne bien du mal, je me disais que, finalement, il est pire que Jean-François Copé.

Et pourtant, je ne l’aime pas, celui-là ! Mais au moins, on risque d’en être débarrassés dans quelques semaines !

Si, dans l’attente, François Fillon pouvait se taire…

5 commentaires:

  1. Si toutes personnes qui ne soutient pas Hollande et son gouvernement doivent se taire, ça fera plus beaucoup de monde...

    (mais si la gauche, lors du mandat précédent, avait aussi pu se taire, c'est vrai que ça aurait pu faire du bien... grand dilemme...)

    RépondreSupprimer
  2. C'est une grande question, que celle de savoir pourquoi les médias ne cessent de leur tendre le micro. Après l'élection, c'était à peu près compréhensible, l'habitude, la peur ..
    Mais aujourd'hui ? La droite subventionne mieux que la gauche ?
    Ils ont été si annihilés et gavés par l'anormale omni-présidence qui s'en servait comme d'un entonnoir tenu par le col pour recevoir sa becquée quotidienne,
    qu'ils ne savent plus rendre compte des faits et gestes des gens qui travaillent normalement ?
    A la limite, ce qu'ils nous montrent (super la photo, bader un éclopé, ça en jette) et ce que dit Fillon, c'est tellement le vide qu'au moins on peut vérifier à quel point pas grand'monde les écoute.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas d'accord ! Les Socialis ont eu une large place dans les médias pour leurs primaires.

      Supprimer
  3. Nicolas, je n'avais pas lu cet article ! Je le lis donc et il n'a pas pris une ride, d'autant que l'émission DPDA de cette semaine démontre combien ces types passionnent les foules... Ils avaient tant critiquer les primaires...Ben y sont loin du compte...Merci et A+ JBL1960

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...