03 octobre 2012

Une opposition face à des engagements

Il paraît que je suis un "blogueur de gouvernement". Je ne sais pas ce que ça veut dire mais ce n'est pas très grave. Il se trouve que j'ai commencé à soutenir progressivement François Hollande 18 mois avant son élection. Cela me place dans une position assez confortable pour observer les critiques qui viennent de tous les bords en souriant bêtement. 2 ans maintenant à entendre les mêmes âneries. 

La position est également particulièrement confortable pour défendre la plupart des orientations même s'il me faut parfois ranger mon objectivité au fond de ma poche. 

Par exemple, je me suis engueulé hier dans Twitter avec un locdu qui avait traité François Hollande de menteur parce qu'il n'avait pas renégocié le traité Européen. 

Le clown n'était pas content parce que je l'ai traité d'abruti (voir l'illustration à droite). Pourtant, ça me parait moins grave de traiter un clown anonyme et menteur d'abruti qu'un Président de la République de menteur. Il y a des coups de pied au cul qui se perdent. 

À propos du traité Européen, qu'a promis François Hollande ? C'est dans l'engagement 11. A-t-il promis de le faire immédiatement ? Peut-être avant qu'il ne soit signé par Le Président de la Republuque quelques mois avant sa propre élection ? 

Voir l'engagement 12 : les projets Européens commencent en 2014. Ça nous laisse deux ans pour raconter des conneries dans les blogs. Et objectivement, 2 ans aussi avant de pouvoir commencer à dire que les engagements ne sont pas tenus. 

Tiens ! Si tu viens au bistro avec moi et que je m'engage à négocier la tournée du patron, je vais le faire. Je ne me suis pas engagé à obtenir la tournée du patron. S'il ne l'offre pas alors que j'ai lancé la négociation, j'aurai échoué dans ma négociation mais j'aurai tenu mon engagement. 

Toi y en avoir compris ? Je résume : toujours est-il que je suis sûr que j'aurai la tournée du patron le lendemain sans rien demander. Des années de comptoir...


Je n'ai jamais cru une seconde qu'on allait obtenir quelque chose de Madame Merkel immédiatement alors que le traité avait déjà été négocié. D'ailleurs je n'ai jamais pensé qu'on pourrait obtenir quelque chose de l'Allemagne tant que Mme Merkel serait au pouvoir. À nous d'oeuvrer pour montrer aux Allemands qu'ils peuvent "élire" quelqu'un d'autre. Pour ça, une seule solution : mener une politique exemplaire. J'y reviendrai. 

Toujours est-il que si tu as cru qu'on aurait tout eu en claquant des doigts, tu n'es qu'un lapin de six semaines mais ça ne te donne pas le droit de traiter un Président de menteur au bout de 4 mois alors qu'il a été élu pour 5 ans... Les français ne s'y trompent pas. Les récents sondages ont montré qu'ils souhaitent massivement la ratification du traité pour qu'on puisse continuer à aller de l'avant (au pied du mur ou au bord du gouffre, c'est au choix). 

Je parlais d'une politique exemplaire. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire. Le projet de budget est sorti. Il sera prochainement débattu au Parlement. A droite, on ronchonne vaguement. Pas trop. J’y reviendrai aussi.

A gauche de la gauche, on gueule. Ca serait de la folie de baisser les déficits en période de crise. Je ne suis d’ailleurs pas loin de penser à peu près la même chose. Il n’empêche que c’était l’engagement numéro 9. François Hollande s’était engagé à réduire les déficits à 3% en 2013. Il va le faire (au moins à un poil près). Pour cela, il avait dit qu’il fallait récupérer une trentaine de milliards. Ca va être fait. Un peu plus, peut-être, mais le texte n’est pas encore passé au Parlement. On pourra regretter que par rapport à l’engagement initial, les niches fiscales ne sont pas assez rabotées mais on pourra constater que ce sont les plus aisés qui trinquent.

Il n’empêche qu’à la gauche de la gauche, ils gueulent contre « l’austérité » (comme si les riches consommaient vraiment autrement que sur les marchés financiers…) mais ils ont tendance à oublier les aspects positifs de ce budget, c’est-à-dire la remise en place d’un peu de justice et de progressivité dont l’imposition, pas seulement avec ce projet de budget mais aussi avec la suppression de la hausse de la TVA.

Bah !

Les critiques à droite sont plus amusantes. Je ne vais pas refaire un énième billet à propos des « pigeons » : ils manipulent, mentent, se font manipuler. Je ne vais pas refaire un billet à propos des déclarations des ténors de l’UMP. Ils sont en pleine campagne électorale interne et se foutent totalement de la loi de finances. Ils ont surtout oublié qu’ils sont responsables de la situation. On suivra avec délectation les passes d’armes à l’Assemblée puis au Sénat…

C’est sur le blog de mon copain FalconHill que je note des propos amusants. Le billet a pour titre : « Déprime à gauche ». Pas moi merci. Il y relève des propos de Toréador : « […] la Gauche est en train de faire la politique nous promettait la Droite… c’est à dire donner le plus sérieux coup de vis de son histoire avec un matraquage fiscal sans précédent. […]. Comment la Gauche, élue sur le tempo « pas de rigueur, pour une Europe de la croissance » en est arrivée, au bout de six mois d’exercice gouvernemental, à renier son programme, ses valeurs, son passé ? A embrasser le programme de Sarkozy sans vergogne, quitte à faire repasser les plats épicés au traité européen ? »

Quand, j’étais moi-même dans l’opposition, juste après l’élection de Nicolas Sarkozy, notamment au moment de la loi TEPA, je critiquais chacune des mesures individuellement parce que je les jugeais mauvaises. Je ne critiquais pas Nicolas Sarkozy parce qu’il reniait son programme : il avait tout annoncé.

De même que là, François Hollande avait tout annoncé ou presque, notamment les 3% et les 30 milliards « à trouver ». Il serait assez sympathique que des blogueurs aussi expérimentés lisent les programmes des partis politiques avant de dire que le Gouvernement renie ses promesses. Il serait sympathique qu’ils ne fassent pas de l’opposition sur ce genre de connerie mais sur le fond.

Enfin, il serait aussi sympathique que les blogueurs expérimentés de droite arrêtent de confondre les politiques de la droite et de la gauche : la droite augmentait les impôts sur la consommation de tous, la gauche augmente les impôts de ceux qui gagnent le plus de pognon. Sinon, ce n’est pas vraiment la peine de tenir un blog politique. A raconter des mensonges, on limite forcément l’intérêt du débat.

Il n'est pas inutile de s’inquiéter du fait que les Français s’intéressent de moins en moins à la politique... Delà à relayer dans les blogs que deux politiques fiscales à l’opposée sont identiques ne me parait pas aller dans le sens du progrès. Cela étant, je veux bien continuer la polémique : s’il y a un matraquage fiscal, c’est parce que le Gouvernement qu’ils avaient soutenu (au départ…) a fait un tas de conneries.

Cela étant, ce sont les commentaires que j’ai eu avec un éminent blogueur dans les commentaires chez le Faucon qui m’amusent. Il me semble bien que le gars en question était un des premiers à dire, dès octobre 2010, qu’il fallait que François Hollande soit le candidat du Parti Socialiste pour que la gauche gagne. C’est d’ailleurs lui qui m’a convaincu en premier qu’effectivement, François Hollande serait le seul à pouvoir gagner contre Nicolas Sarkozy (je ne sais pas si j’ai eu raison : on n’a pas essayé une autre solution et, à l’époque, c’était Dominique Strauss-Kahn qui était favori des sondages). Toujours est-il que vous pouvez fouiller les archives de mon blog, aux alentours du 15 octobre 2010, si ma mémoire est bonne. C’est bien après que j’ai été convaincu par le positionnement politique de François Hollande, au point de faire un parfait soutien en août 2011 puis un blogueur de gouvernement, maintenant.

Il me dit maintenant : « Il serait, tout de même, intéressant, constructif, qu'au lieu de vous enfermer dans votre "groupitude", vous soyez un peu plus critique et, je dirais même : cohérent. »

Ben oui, je suis parfaitement cohérent, moi.

Les critiques qui viennent de la gauche de la gauche sont ainsi. Elles durent depuis des années. J’observe, toujours amusé, les nombreuses erreurs commises. Quand ils ont raison, j’écoute. J’ai surtout écouté une fois, il y a presque deux ans : François Hollande venait de sortir un projet et il devenait le seul à pouvoir battre Nicolas Sarkozy.

Il l’a battu en prenant des engagements qu’il respecte, pas forcément au rythme que l’on voudrait. Ses opposants de gauche ne voient pas tout ce qui a déjà été fait. Pourtant, la liste est longue. Ses opposants de droite ne voient pas le lourd bilan de celui qu’ils ont porté au pouvoir, en 2007.

Je suis zen.

Finalement, c’est bien, blogueur de gouvernement… 5 ans comme ça, ça me va.

5 commentaires:

  1. D 'abord j'admire qu'on puisse pondre des textes aussi longs tous les jours. ça c'est pour le côté positif parce que pour ce qui est de l'argumentation je l'a trouve un peu forcée comme celle qui consiste à renvoyer dos à dos la Droite et la Gauche ( je dis bien la Gauche parce que le PS n'est que social libéral) mettant ainsi implicitement Hollande/Ayrault au 'juste' milieu.
    Pour aller dans ton sens à signaler le dérèglement mental dont sont atteints certains :
    http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/10/02/non-au-traite-budgetaire-europeen_1768787_3232.html

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    1. Je rédige mes billet avec mon iPhone dans le métro.

      Pour le reste un glandu comme toi est comme Marine Le Pen qui dirait que Guillaume Peltier n'est pas à droite.

      Et tu parles de dérèglement mental !

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  2. L'art de la mise au point! Chapeau bas!

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  3. C'est pour quand le retour de Sarko ? Parce que là ZZZZZzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz...

    Un petit Revival :
    http://www.youtube.com/watch?v=Ta622s9Epic

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