15 octobre 2023

L'avenir de la gauche est loin de Gaza et de gazer

 


Hier midi, alors que je prenais l’apéro avec les copains, le maire de ma commune, par ailleurs président d’un petit parti politique de gauche, est entré. Il a discuté avec quelques personnes, m’a salué puis s’est installé seul à une table pour déjeuner. C’est très rare qu’il vienne seul. A l’heure de passer moi-même à table, seul, ce qui est beaucoup plus fréquent, il n’y avait qu’une seule table de disponible, celle à côté de la sienne. Nous avons mangé en silence, chacun plongé dans son smartphone. Il avait droit à son moment de tranquillité et je ne lui ai pas adressé la parole.

Je me rappelle de deux fois où nous buvions un coup ensemble, nous avions été dérangés par des crétins qui voulaient évoquer leurs problèmes avec lui alors que nous parlions de toute autre chose. La seconde, un type – un vague copain de comptoir – lui avait parlé de son logement social pendant longtemps. J’avais fini par l’envoyer bouler.

A la fin de son repas, il m’a posé une question, je ne sais même plus laquelle et j’ai marmonné une réponse du genre « pas terrible l’actualité… ». Il a acquiescé, évidemment, mais, visiblement, nous n’avions rien à ajouter, ni l’un ni l’autre, au sujet de la politique (on a fini par parler plus longuement, au moment où il réglait sa note, à la caisse, à côté de laquelle j’étais, vu que le patron m’a intégré à leur conversation qui n’avait rien de politique).

 


Je suis un peu dans cet esprit, depuis une semaine. D’ailleurs, je n’ai fait qu’un billet politique, lundi dernier. Ce n’est pas parce que les « événements » ne m’intéressent pas, bien au contraire, mais je ne vois pas ce que je pourrais ajouter au flot des âneries que l’on peut lire dans les réseaux sociaux.

Je le disais lundi, j’en ai marre de voir un tas de spécialistes qui donnaient leur avis sur ce qu’il fallait faire. Il faut deux Etats. Il faut un cesser le feu. Il faut arrêter la guerre. Il faut un corridor humanitaire. Je suis sûrement d’accord : la guerre c’est mal. Mais comme je ne sais pas comment mettre en œuvre une politique pour laquelle je n’ai aucun pouvoir, aucune capacité d’informations, que des générations de types ont tenté, il me parait urgent de la fermer.  

Il y a bien un sujet qui devrait m’intéresser : l’impact des âneries de LFI sur la politique française, notamment à propos de la Nupes. Je vais donc le faire, parce que les doigts me démangent mais un préalable s’impose.

Cette histoire n’aura aucune conséquence sur la Nupes vu que celle-ci est déjà mise en sommeil, à défaut d’être morte, au moins jusqu’en 2027 (des listes séparées ont déjà été choisies pour les européennes de 2024 et les unions seront de mise, comme toujours, pour les municipales de 2026. Sans compter que les sénatoriales ont déjà marqué un tournant). En outre, les gens (dont moi) ont la mémoire courte et auront totalement oublié cet épisode au moment où, s’il le faut, des alliances nationales seront à envisager.

Je ne comprends même pas l’intérêt d’en parler, de ce sujet précis, une alliance à gauche pour des élections lointaines tant il est dérisoire par rapport « aux événements ». Pourtant, je le fais.

 


Dans les réseaux sociaux, je suis tombé sur deux ou trois récentes espèces de conférences de Jean-Luc Mélenchon où il me semblait d’avoir avoir voulu expliquer pourquoi LFI ne voulait pas parler de terrorisme après les atrocités commises par le Hamas puis développait leur opinion au sujet des massacres du Hamas en Israël. J’ai écouté une partie dont une (celle où il est devant une espèce de cloison avec des bandes marron verticales). Tout y est : un aspect sérieux, une colère visiblement saine, une reconnaissance d’un crime de guerre, une accusation envers les Américains pour des cochonneries qu’ils ont pu faire, des explications foireuses, la preuve qu’ils sont bien aptes à gouverner car ils sont les seuls à piger le droit international et à vouloir l’appliquer, tout ça, bien sûr, se terminant par la démonstration que ceux qui ne les comprennent pas sont des cons. Une espèce de carricature.

Mais je ne sais pas si je suis con. Je soumets donc à votre sagacité ce que j’ai compris. LFI ne veut pas accuser le Hamas de terrorisme car cela empêchera de qualifier leurs actions de crime contre l’humanité ou de crime de guerre et donc de les faire juger par le tribunal pénal international.

Disons que je ne suis qu’à moitié con et je ne vois pas l’intérêt de penser dès maintenant à la juridiction la plus adaptée et en quoi utiliser le mot « terrorisme » par des dirigeants d’un groupe d’opposition d’un des pays ayant ratifié le traité de mise en place du TPI empêcherait quoi que ce soit, même si, par miracle, les dirigeants en question se trouvaient propulsés à la tête du pays.

 


Je trouve par ailleurs qu’on parle beaucoup trop des mots pas utilisés par LFI mais j’aime autant ça que tous les propos de spécialistes qui prétendent savoir régler les problèmes dans ce coin du monde. Moi, non seulement, je suis con, visiblement, mais, en plus, je ne sais pas. Dans mon dernier billet, sur les événements, j’ai d’ailleurs marqué ma solidarité envers les peuples qui souffrent et dit que j’étais fatigué des analyses à trois balles.

Dans l’actualité, il y a autre chose : l’assassinat d’un prof à Arras au sein d’une attaque qui ressemble bien à celle d’un terroriste islamiste. J’ai suivi les informations mais je dois avouer que j’ai zappé tous les tweets à ce sujet. Une sorte de dégoût de voir tous ces spécialistes. J’en ai tout de même parlé au comptoir avec des copains et, évidemment, chacun avait son avis.

Je n’en ai qu’un : il faut que la gauche radicale coupe tous les liens qu’elle peut avoir les milieux politiques islamistes. Au fond, elle fait bien ce qu’elle veut mais c’est en tant que « militant dans les blogs » que j’ai ma position : tout cela n’est pas bon pour la gauche et lui fait perdre encore plus de crédibilité tout en n’attirant aucun électeur. Cela étant, je suis opposé à la Nupes et ne peut que me réjouir de voir les partis qui ne m’intéressent pas s’enfoncer.

 


Nous avons donc d’un côté Mélenchon qui a brouillé les cartes avec sa différenciation délirante entre les actes de terrorisme et les crimes de guerre. J’imagine qu’il a donné du grain moudre à ses militants, aux trolls sur les réseaux sociaux. Ils vont pouvoir s’en donner à cœur joie en attaquant tous les détracteurs et en tournant entre eux.

Nous avons, de l’autre, François Ruffin qui semble tenir des propos exemplaires (je n’ai pas tout suivi, non plus). Alexis Corbière est, je crois, sur une position similaire (et j’ai cru voir dans X, en réponse à un de mes tweets – ou dans Twitter en réponse à un de mes xeets – que Clémentine Autain est plutôt de ce bord).

Tout semble être mis en place pour nous montrer que par-delà les erreurs manifestes de LFI, il y a quelques personnes, François Ruffin en tête, qui sont bien plus raisonnables. Les sondages montrent que c’est la personnalité politique préférée des Français. Je ne lui souhaite que du bien (même si j’ai déjà dit que je ne croyais pas trop en ses chances).

 

Une des choses qui m’a le plus énervé, dans cette histoire, est un tweet d’un type de droite qui disait, à peu près, que les cadres du PS avaient intérêt à montrer leur distance avec LFI sinon les électeurs jugeraient.

Je vais répondre à cet imbécile qu’il laisse donc les électeurs de l’autre camp où ils sont et qu’il n’a aucun moyen de connaître leurs intentions, intentions qui n’ont rien à voir avec des choix politiques de second tour lors des prochaines élections nationales. Si François Ruffin (ou même Jean-Luc Mélenchon) est opposé à un type vraiment à droite, je voterai sans problème pour lui.

Quant au premier tour, je ne vais pas regarder avec qui « mon candidat » pourrait travailler par la suite avant de faire mon choix.

Peut-être faut-il avant tout arrêter de nous prendre pour des cons.

 

Et faire preuve de solidarité envers les peuples, qu’ils soient Israéliens ou Palestiniens, qui souffrent des conneries des mouvements politiques ou terroristes qui les dirigent.

4 commentaires:

  1. Tout est dans le "vraiment à droite". à l'heure où on parle, droite, désigne tout ce qui n'est pas LFI. Espérons que ça va changer. On y verrait certainement mieux. Pour Gaza je préfère m'abstenir aussi. Pour le prof assassiné je suis révolté car rien n'a été fait depuis Paty en la matière : l'éducation nationale continue à faire l'autruche. Probablement ne parvient-elle pas à nommer et désigner l'ignoble... comme tu le dis.

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    1. J'entends par "vraiment à droite" un type comme Wauquiez (sans compter Zemmour et bien sûr Le Pen).

      Je ne sais pas ce que pouvait faire l'EN mais comme tu dis, il faut commencer par désigner l'ignoble.

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  2. J'habite Arras et ce matin je suis allé à l'hommage à Dominique Bernard.
    Je n'avais jamais vu autant de monde sur la place où a eu lieu l'hommage.
    C'est terrible d'entendre les sirènes et j'espère qu'elles ne retentiront pas dans une autre ville.
    Mélenchon a perdu quand il dit que tout le monde déteste la police : beaucoup de gens ont dit merci à la police quand ils sont partis.
    Par contre, il est en train de gagner pour faire élire le RN pour pouvoir dire que c'est la faute à Macron et jouer l'alternance en 2032.
    Je partage l'avis de Claude Weill "à savoir que la NUPES n’est pas 1 projet politique viable mais le jouet des fantasmes d’1 vieux léniniste frustré qui s’est trompé de siècle et de pays, attisant les braises pour que Le Pen tire les marrons du feu"
    Marco

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    1. Je ne pense pas qu'il y ait une telle stratégie. Mélenchon ne va pas s'intéresser au long terme d'un parti politique alors qu'il sera lui-même gâteux, comme beaucoup d'octogénaires.

      Pour la police, tu as raison. Et la stratégie (à court terme) de LFI est nulle à chier.

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