En salle

17 juillet 2025

Des sabots pour Bayrou

 


En cherchant à comprendre les annonces de François Bayrou, hier, j’ai eu l’impression d’un voyage dans le passé ! Le fait que le premier ministre est à peu près le type que l’on connait depuis le plus longtemps dans le paysage politique (pensez donc, il était ministre avant la première élection de Jacques Chirac à la présidence de la République) n’y est pas pour rien mais on a surtout l’impression qu’il nous a ressorti des vieilles recettes qui n’ont jamais fonctionné comme la suppression de jours fériés ou le gel des revalorisations…

On a l’impression que la première a été pondue pour qu’on n’évoque pas le reste et, effectivement, il faut un peu le chercher. Dans les critiques formulées par la gauche, personne ne parle, par exemple, des modifications pour les ALD…

 

Pour tout vous dire, si la résurrection de François Bayrou m’a rappelé la période entre 1993 et 1997, elle m’a remis en mémoire l’époque bénie des blogs de gauche, commencée vers 2006 ou 2007 avec, bien sûr, une apogée lors du quinquennat de Nicolas Sarkozy quand nous étions des dizaines à faire des billets pour critiquer sa politique. Pour la présidentielle de 2007, notre actuel premier ministre avait réussi à mettre la dette dans les principaux thèmes de campagne. Et aujourd’hui, nous en sommes là.

L’autre jour, il a parlé près deux heures (je crois, je n’ai pas regardé) en en consacrant une à nous expliquer ce qu’était la dette. Evidemment, beaucoup d’internautes, dans les réseaux sociaux ont accusé la gauche alors que fin 2017, les comptes publics étaient remis sur les rails mais ont lourdement chuté à partir du moment où le poulain de Bayrou est arrivé au pouvoir. Evidemment, il y a eu le Covid mais, tout de même, les décisions ont été mauvaises et notre budget a continué à se détériorer, ensuite, on nous parlait du fameux « ruissellement » mais on n’en a pas vu la couleur.

Entendre des leçons, maintenant, avec une politique mauvaise pour les plus démunis est assez insupportable.

 


La seule nostalgie que j’ai avec la quasi-disparition des blogs porte sur le fait que nous rigolions bien ! Pour le reste, on sait depuis longtemps maintenant qu’ils n’ont aucune influence ou presque au niveau de la politique (au sens où les argumentaires développés ne servaient qu’à convaincre les convaincus…). Avec les réseaux sociaux, on se retrouve à des pseudo-militants qui ont tendance à raconter n’importe quoi et on ne peut que lever les yeux aux ciels.

Par exemple, on a vu des types de gauche (sincères mais sans doute pas militants aguerris) approuver la suppression du caractère férié du lundi de Pâques aux prétexte (sic) que ce n’est pas justifié parce que l’histoire de notre nation n’est pas liée à la chrétienté. A contrario, des lascars critiquaient celle du 8 mai parce que c’est un moyen de célébrer notre victoire contre le nazisme (pourquoi pas ?) mais je parie que les zozos en question ne sont jamais allés à une cérémonie (c’est mon cas) et ont critiqué l’augmentation du budget de l’armée car les menaces n’existent pas.

Ont-ils les fils que se croisent ?

Pour ma part, je critique toutes les tentatives pour nous faire travailler plus alors qu’il y a encore plus de deux millions de chômeurs (au « sens du BIT ») : l’augmentation du temps de travail ne fera pas redémarrer l’économie et les avantages, pour le budget, sont dérisoires.

 

Les annonces de François Bayrou sont décevantes : elles ne sont que du bricolage (on ne va pas faire tous les ans une année blanche) et sont nocives pour les gens. On aurait pu s’attendre à des mesures fortes et ambitieuses. Elles auraient pu être digérées pendant l’été. François Bayrou serait passé pour un homme courageux. Là, on va vers une médiocre motion de censure qui ne changera pas grand-chose (la présidentielle sera l’année suivante) et sera surtout nocive pour l’opposition…

Des mesures ambitieuses ? On nous a parlé récemment de l’aide aux entreprises. N’aurait-on pas pu mettre à profit cette annonce pour agir vraiment ? Je ne parle pas d’une suppression des 200 milliards (et ne juge même pas des exonérations que je n’ai pas étudiées) mais d’un nettoyage, du suivi des recommandations du rapport sénatorial… On nous parle souvent du millefeuille territorial mais nous n’avons quasiment aucune action (ce qui n’a rien de surprenant : ce n’est pas lui qui fait exploser les coûts). On nous a parlé de la taxe Zucman mais n’aurait-elle pas été un bon moyen de compenser les ineptes baisses d’impôts accordées aux plus riches à partir de 2017 et qui expliquent en grande partie la merde dans laquelle nous sommes ? On nous parle parfois de la TVA dite sociale, certes injuste quand on voit ça de gauche, mais permettant de diminuer les charges des entreprises par la baisse des cotisations et permettant de taxer les produits importés ou achetés par les touristes.

 

Mais on nous sort les vieilles recettes semblant dater d’une autre période, comme le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. Y compris pour  les enseignants, les policiers, les soignants ? On nous sort la suppression des agences inutiles. 

Lesquelles ?

Une nouvelle couche sur les arrêts maladie au prétexte que 50% des contrôles montrent que les arrêts sont inutiles laissant entendre que la moitié des arrêts sont de la fraude (alors que les chiffres ne portent sur des contrôles, contrôles déclenchés seulement quand il y a un doute).

On nous balance une loi contre les fraudes sociales et fiscales… Mais qu’a-t-on fait depuis des années ?

On évoque une contribution des plus fortunés (comme le dit le billet de l’ami Politeeks que je cite en début de billet) mais en laissant le contenu au bon vouloir des parlementaires participant aux négociations…

Ah ! Une nouvelle réforme de l’assurance chômage… Une allocation sociale unifiée… Une taxe sur les petits colis ? Et comment je fais mes courses, en Centre Bretagne sans voiture ? Qui va la payer ? Ceux qui achètent par internet parce qu’ils n’ont pas les moyens de passer par des vraies boutiques ?

 


Je ne suis pas « revendicatif en mode gauchiste ». Je pense simplement que la montagne a accouché d’une souris comme disait Jeannot. Que Bayrou a loupé le coche. Il annonce des débats, des travaux de fond en oubliant qu’on est en fin de mandat. Il aurait fallu frapper fort. Il ne l’a pas fait. 


Gageons qu'on reparlera encore de la dette dans vingt ans sans analyser les mesures qui ont pu nous sortir la tête de l'eau et en nous expliquant qu'il faut travailler plus et supprimer le RSA pour les étrangers qui n'ont pas cotisé pendant 45 ans.


10 commentaires:

  1. Merci pour le lien . Sur la Fraude fiscale, pas besoin de loi ou alors faut interdire certains montages fiscaux (holdings et autres) qui permettent de soustraire du capital à l'impôt. Par contre ce que j'ai lu que la lutte contre la fraude fiscale rapportait de plus en plus avec des nouveaux outils informatiques. Sur la fraude sociale c'est encore de l'affichage : ce qui coute le plus dans ce domaine, c'est le "travail au noir" bien plus que la fraude aux allocs. Et il va comme tu le dis falloir qu'on s'attaque aux 211 milliards d'aide aux entreprises : record en UE, qui va avec un record de cout social global... et de sentiment que ce système social ne marche pas comme les gens le voudraient (cf l'hôpital et la santé). Tout ça marcherait mieux (moins de déficit) si on avait 1 million d'emplois privés en plus. Tout le problème est là, comment créer des nouveaux emplois pour les -de 25 ans et les + de 50 ans qui sont hors de l'emploi , grande spécialité française : le taux d'emploi qui est 8% plus faible que l'Allemagne.

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    1. On est à peu près d'accord (j'ai un doute sur la possibilité de s'attaquer à plus de 20% des aides aux entreprises mais il faut au moins les contrôler : néanmoins les 20% représentent le pognon que cherche Bayrou).

      Pour le travail au noir, tu as raison, c'est une calamité. Le problème n'est pas tant le paiement en liquide de certains salariés (au fond, pourquoi déclarer un type va travailler une journée dans ton jardin ? Ce n'est pas ça qui va couler l'économie) que les entreprises qui institutionnalisent ce système. Tu prends les gars sur les marchés, qui vendent des fringues, des fruits ou que sais-je ? Ils vont avoir tout un business qui échappe au fisc : ils ne déclarent pas les salariés pour ne pas avoir à déclarer le chiffre d'affaire donc payer la TVA et ce genre de truc. Ou les taxis qui se font majoritairement régler en liquide et ne déclarent pas (les gens ne voient pas ça, ils voient un compteur qui tourne et pensent qu'il permet d'automatiser les déclarations mais ce n'est pas le cas).

      Un des problèmes est qu'on ne voit pas où est le travail au noir ! Les gens s'imaginent qu'une partie des serveurs des bistros sont payés en liquide mais la vérité est que les recettes des bistros sont essentiellement faites par carte (ou assimilée comme les tickets resto) : les patrons doivent tout déclarer et ne touche as assez d'espèces pour verser des compléments de salaire significatifs. Sans compter que le fisc peut vérifier les achats (je ne dis pas qu'il n'y a pas de fraude mais elle n'est pas très importante) sans compter que les patrons de bistro ont intérêt à tout déclarer pour augmenter la valeur du fond de commerce.

      Une des vraies urgences serait de multiplier les contrôles (sans pour autant nuire à l'économie) et imposer quelques contraintes. Par exemple, un commerçant sur un marché ou un taxi devrait avoir l'obligation d'accepter les paiements par carte.

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    2. oui , mais en France , pays qui a donné Poujade, tu trouverai tout de suite un parti pour défendre ces gens contre le vilain Etat : le RN. Sur les aides, je ne comprend pas que des sociétés cotées en bourses demandent des aides de l'état.

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  2. Je rigole doucement quand on évoque le non remplacement d'1 fonctionnaire sur 2 (ou 3). Travaillant dans la territoriale je peux vous dire que le problème c'est pas le trop plein de fonctionnaires, mais les réels problèmes qu'on a à en recruter (plus précisément : qui donnent envie de les recruter).

    Ce qui me fait un peu peur dans tout ce barnum, c'est moins l'inaction de Bayrou que la voie que cette inaction est en train de tracer pour tous les partisans d'un remède de cheval à la Milei en Argentine. je commence à voir un peu trop d'articles vantant les résultats soi-disant miraculeux de sa politique pour ne pas y voir une stratégie à long terme.

    Gadebois

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    1. Au sujet de Milei, il y avait de plus d'article vantant les mérites de sa politique mais depuis quelques semaines, le vent tourne. La presse est de plus en plus dubitative (grogne des retraités, affaiblissement de la monnaie...). A suivre...

      Pour les fonctionnaires, on est d'accord. Le nombre n'est qu'un élément chiffré mais ne conditionne pas l'efficacité et tout ça.

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  3. D'accord avec toi sur cette politique de bas du front. Et, à part les journaleux des chaînes d'info continue et leurs toutous commentateurs, qui peut y trouver les bases d'un véritable projet politique, sauf à toujours plumer les plus modestes pour enrichir les plus riches ?

    Denis.

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    1. Je ne sais même pas si c'est vraiment ça ! C'est de la bêtise mêlée d'un asservissement à une hiérarchie sociale ou un truc comme ça.

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    2. Jusqu'à présent, je pensais comme toi... Nous aurions à faire à des cons. Sauf que ça va toujours dans le même sens.

      Denis.

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    3. Oui, ce sont des cons à sens unique !

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  4. Je rappelle que je ne diffuse pas les commentaires des anonymes surtout quand ils sont agressifs.

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