24 janvier 2020

Grèves : chacun ses paradoxes

La RATP va rembourser les abonnements pour décembre. Pour ce faire, ils demandent un certificat de travail. C’est complètement con. Ça leur coûterait moins cher de renouveler gratuitement les rechargements pour février. En plus, pourquoi seuls les gens qui travaillent auraient droit à un remboursement. D’autant que les gens qui bossent ont la moitié de l’abonnement remboursé par la boîte et qu’il va falloir déclarer qu’on s’est fait rembourser voire certifier sur l’honneur quand on ne l’a pas fait. 

Pour ce qui me concerne, c’est niet. D’une part, cette grève m’a coûté la peau des fesses en taxis et assimilés, je peux m’asseoir sur le remboursement en question. D’autre part, j’aurais pu aller en transports en commun mais, le matin, ça me gonfle avec mon entorse et, le soir, je n’aurais pas pu aller au bistro sans être inquiet vu que la ligne 7 fermait à 19h30, je débauche à 18h30 et j’ai plus d’une demi-heure pour arriver à la ligne 7. Boire et prendre un taxi ou arrêter le bistro et courir : mon choix a été vite fait. Mais ce n’est pas à la RATP de payer. 

Notons, en marge de cette publication qui ne restera pas dans les annales (avec 2 n, je vous prie), que j’étais plié de rire en voyant des copains de gauche parisien pointer des sondages disant que 60 ou 70% des Français soutenaient les grèves. Mais la proportion était inverse chez les habitants de la région parisienne. Ça ne coûte vraiment rien de soutenir un truc quand on n’est pas concernés... Je suppose que les 30% de franciliens qui soutiennent les grèves sont composés des grévistes, évidemment, mais aussi des types qui n’ont pas besoin de se déplacer au quotidien. 

Toujours est-il que si je refuse de me faire rembourser, c’est aussi une forme de grève du zèle : il va falloir mettre en place un circuit administratif délirant pour une connerie et les gens aiment ça. Je viens de recevoir un mail de la part d’un de mes collègues adressé à une huitaine de types avec le même statut (salariés d’une boîte détachés dans une filiale) pour nous expliquer ce qu’on doit faire pour être remboursés. C’est bien gentil de sa part (et je l’aime bien, je déjeune tous les jours avec lui, on parle de ce remboursement souvent). On a donc une personne qui prend sur son temps de travail pour expliquer aux autres comment vaincre une montagne administrative ridicule. 

Sans compter qu’une partie d’entre nous avons vaincu les grèves en prenant des congés et en faisant du télétravail. Il faut rester cohérent. On n’utilise jamais nos titres de transport en congés ou en télétravail et pourtant on paie les abonnements. Alors se le faire rembourser sur le dos d’un service public, c’est fort ! 

La vraie solidarité aurait été de continuer à payer...Pour la défense du service public, quoi !

Avec cette histoire de télétravail autorisé par les boites pour simplifier la vie des salariés, j’ai pu prolonger mon séjour de Noël en Bretagne de près d’une semaine. 

Chacun ses paradoxes.

6 commentaires:

  1. « Je suppose que les 30% de franciliens qui soutiennent les grèves sont composés des grévistes, évidemment, mais aussi des types qui n’ont pas besoin de se déplacer au quotidien. »

    Pas du tout ! il y a aussi ces héros des temps modernes, ces saints laïques qui, tels Juan Sarkofrance ont l'admirable abnégation d'agir contre leurs intérêts, de penser contre leur classe, de lutter citoyennement pour un monde meilleur (tout en acceptant à la fin du mois l'argent de celui-ci).

    Ces héros-là, Monsieur le social traître, ont été heureux d'aller chaque jour à pied à leur travail, en songeant à leurs camarades z'en lutte.

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  2. Vous aviez une entorse ? 1 mois d'arrêt de travail, aucune perte de revenus, et bcp. + de temps à consacrer à ce blog!

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  3. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Telle est la question.

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