|
Hips ! |
Que mes centaines de milliers de lecteurs, dont toi !,
attendent avec impatience mon billet de fine analyse suite à la nomination de
François Bayrou comme premier ministre est bien naturel mais je n’ai pas grand-chose
à dire sur cette accession au vice poste suprême car elle a déjà largement été
commentée par les réseaux sociaux, la presse et même le personnel politique… Cependant,
je trouve peut-être qu’on n’a pas assez parlé de deux éléments, le premier
étant que François Bayrou a visiblement fait du chantage auprès du président de
la République pour obtenir ce poste, le deuxième est qu’il est toujours mis en
cause dans une histoire judiciaire avec ces âneries de faux attachés
parlementaires payés par « l’Europe ».
Pour le premier, je ne vois pas comment nous pourrions,
maintenant, avoir confiance dans ces deux énergumènes, comment nous pouvons
tolérer qu’ils représentent la France à l’étranger et tout ça. Pour le
deuxième, je reste un farouche partisan de la présomption d’innocence et ne
veux pas accabler cette pauvre andouille matignonesque mais Marine Le Pen va
elle-même devoir se battre dans une histoire similaire et je ne vois pas
comment on va pouvoir invoquer l’Etat de droit quand elle sera condamnée
définitivement – si elle l’est – alors que nous avons le chicon susnommé en
poste.
Cette nomination est donc une erreur. Nous sommes d’ailleurs
très nombreux à dire qu’Emmanuel Macron aurait dû choisir une personnalité à
gauche. Une telle unanimité dans notre camp fait plaisir à voir. Même si sur le
fond, nous n’avons pas grand-chose en commun. Rien que le fait que des
confrères puissent prétendre nous avons gagné les législatives m’exaspère.
Certes, la gauche a le plus de députés mais elle reste bien loin de la majorité
absolue et est tellement divisée qu’elle n’est pas foutue d’avoir un seul
groupe parlementaire qui, lui, pourrait être le plus gros.
Cela étant, compte tenu des particularités du scrutin (une
répartition des circonscriptions sans prise en compte des souhaits des
électeurs et un front républicain qui arrange beaucoup de monde), elle n’est
représentative de rien.
Si cette nomination ne m’inspire pas vraiment (d’autant que
j’avais déjà parlé de Bayrou dans un précédent billet), ce n’est pas le cas de
mes confrères blogueurs (voir par exemple le billet d’El Camino dans ma bloguerolle,
sa prose est rare) et surtout nous avons une espèce de réflexion au sujet de ce
que devrait être la gauche qui pointe le bout de son nez.
Et il est temps ! J’ai vu récemment deux amis – ou anciens
amis… – de gauche assurer la promotion de Sandrine Rousseau alors qu’elle est typiquement
ce qui fait perdre notre camp. Cela me gonfle voire m’inspire quelques lignes.
En effet, nos frères du camp du bien pensent savoir ce qu’il faut à notre
peuple, ce qui est la moindre des choses, en oubliant ce que devrait être une
vraie politique de gauche et ce qu’il faut mettre en avant pour gagner.
Je vous conseille tout d’abord la lecture du billet
de Cincinnatus (d’autant qu’il est moins pompeux que souvent…). J’aurais pu
dire que je suis d’accord avec lui à 100% si j’avais tenu jusqu’au bout (cela
dit sans la moindre méchanceté, ce garçon arrive à faire des tartines plus
longues que les miennes). Deux extraits : « La
passion de l’égalité semble nous avoir quittés, sous les coups de la société de l’obscène. Hypnotisés par nos
écrans, nous ne sommes plus capables d’appréhender le monde sans leur
truchement. La succession frénétique d’images et de vidéos anesthésie l’esprit
et tétanise la pensée. Nous nous indignons par réflexe télécommandé – le
cerveau devenu inutile, la moelle épinière suffit largement – pour n’importe
quelle « cause » mise en scène mais n’accordons pas un regard à
contemporains. Les clochards – réduits d’abord à un simple acronyme, SDF, puis
devenus sous l’action de l’odieuse novlangue « personnes en situation de
rue » : le ridicule ne tue pas, la misère, si ! – pullulent mais
ils sont au sens propre invisibles ; ce n’est pas que nous
ferions semblant de ne pas les voir lorsque nous les enjambons sur le perron de
notre immeuble : la mithridatisation des
esprits fait que réellement nous ne les voyons plus, ils sont
là mais se fondent dans le décor. » (j’ai dit qu’il était moins
pompeux que d’habitude, c’est vous dire pourquoi il n’est plus dans ma
bloguerolle).
« Pour la
« gauche » qui a abandonné le peuple et s’est réfugiée dans les
clientélismes identitaires, la question ne se pose même pas : parler de
pauvreté, de classes populaires, c’est, au choix, promouvoir une
discrimination, un « classisme » (aussi odieux que le racisme ou le
sexisme), ou bien défendre une position d’extrême droite puisque les
prolétaires blancs sont, bien entendu, d’horribles fascistes – seuls comptent
les nouveaux damnés de la Terre que l’on ne reconnaît pas à leurs difficultés à
remplir le frigo le 12 du mois mais à leur couleur de peau ou à leur
religion : un footballeur millionnaire basané ou un bourgeois musulman
sont des opprimés, un ouvrier ou un chômeur blancs sont
des oppresseurs. La gauche Gobineau a encore frappé. N’ayant
rien à dire à la France périphérique, aux ouvriers, aux prolétaires, aux petits
salariés et fonctionnaires, elle les ignore ou les diabolise. Il est d’ailleurs
parfaitement emblématique que les Restaus du cœur – les Restaus du cœur !
– subissent les attaques de cette « gauche » parce qu’ils ont la
sagesse d’interdire dans leur charte tous les signes religieux, parmi lesquels
le voile islamique… ce que ne peut supporter cette « gauche » qui a
cessé de bouffer des curés pour mieux sucer les imams : la fumeuse
« intersectionnalité des luttes » consiste en réalité à en nier
certaines (sociales, féministes) au profit d’autres, jugées plus
« rentables » (raciales, religieuses). »
Lisez donc tout, je vais revenir après l’apéro pour vous
laisser du temps ! Oh ! Lisez au moins ces extraits et digérer les !
Les considérations de tout chacun ont poussé mes copains
estimés Denis du blog Extime et Ronald de Politeeks (voir ma bloguerolle) à
entamer, ainsi, un début du « blogowar », comme au bon vieux temps et
je ne vais tout de même pas perdre cette occasion de vêtir mon armure de
chevalier virtuel tout aussi putatif. Et de donner mon avis.
En fait, je suis assez d’accord avec Ronald (au fond, ça
fait 15 ans que Bayrou nous les brise avec la dette et ça devient aujourd’hui
le sujet principal des débats…) et c’est la réponse de Denis qui m’inspire,
aujourd’hui. Contrairement à lui qui semble parfois ne plus savoir où il habite
au point où il juge nécessaire de se justifier (ce n’est pas un mal, j’ai
tendance à le faire parfois, moins aussi, par exemple en rappelant que j’avais
voté Juquin en 1988 et Roussel en 2022, pour ne citer que la première et la
dernière présidentielle que j’ai connue en tant qu’électeur).
Notons que je suis d’accord avec à peu près tout ce que dit
Denis, par exemple son introduction : « La
seule chose qui me rapprocherait du béarnais, ce sont ses positions sur
l’euthanasie, la GPA et la conversion transgenre pour les mineurs auxquels je
suis farouchement opposé. Et j’ai une profonde détestation pour l’écriture
inclusive. Sur les questions sociétales, je suis diamétralement opposé aux
propositions de la gauche politique. »
Tout tient dans le détail ! « Je suis pour un impôt sur le revenu punitif pour les très
hauts revenus, permettant de soulager les classes moyennes qui travaillent
contrairement aux héritiers. » Je ne suis pas pour un impôt punitif
et toutes ces âneries de taxer les riches, les superprofits et tout ça. Les
électeurs sont visiblement d’accord avec moi. Il faut, par contre, une
imposition « juste », plus tu gagnes d’oseille, plus d’en verse au
budget commun pour financer les services publics qui servent à tout le monde.
Est-ce qu’on pourrait arrêter de sortir des gros mots ?
« Pour redonner du souffle
à notre société, nous devons plus lourdement imposer l’héritage pour les plus
aisés. Nous devons maintenir à tout prix notre système de répartition qui
permet aux jeunes de ne pas se soucier de leur retraite avant même de s’installer
dans la vie. » Je viens d’hériter de ma mère. Ca m’a un peu
gonflé de payer des impôts sur cela alors qu’elle n’a fait que bien gérer le
pognon qu’elle a gagné avec mon père alors qu’ils étaient tous les deux
instituteurs (PEGC, pardon). Il faut arrêter de penser que les jeunes sont préoccupés
par leur retraite avant de bosser d’autant que ce sont souvent les formations politique
qui leur bourre le mou. Avant la retraite, il faudra qu’ils fondent un foyer, éduquent
des enfants et toutes ces conneries que j’ai bien pris soin de fuir pendant des
années.
« Je ne suis encarté nulle
part. Et le seul parti dans lequel j’ai milité est le Parti Socialiste où
j’étais sur l’aile gauche aux côtés d’Arnaud Montebourg de 2005 à 2008. Mon
seul désaccord avec Arnaud porte sur le nucléaire. » Moi, c’est le
contraire. Le seul point d’accord que j’ai avec Montebourg est le nucléaire.
Sinon, je ne peux pas blairer le personnage qui était un des chefs des frondeurs,
sous François Hollande, qui demandait qu’on privilégie l’industrie française
tout en chiant sur les mesures mises en place pour qu’elles ne soient pas
pénalisées à un niveau fiscal voire sociale par les conditions de leurs
homologues étrangers.
Pour ce qui concerne le nucléaire, je ne suis pas d’accord
avec Denis et je le titille souvent à ce sujet. Je ne parle même pas du fait
que les revendications des écolos ont foutu en l’air un secteur industriel qui
a fait une des forces de notre pays alors que l’Allemagne venait de sombrer à
ce sujet. Il y a peu, Denis me disait que l’énergie nucléaire était plus chère
à produire que les « renouvelables traditionnels » tel que le solaire
et l’éolien. C’est tout simplement faux : dans la mesure où ces machins ne
fonctionnent que quand il y a du vent ou du soleil, il faut construire des
centrales pour répondre aux besoins pour les autres périodes.
Toujours est-il qu’on ne peut pas limiter l’argumentation aux
difficultés d’alimentation ou à une potentielle pollution à très long terme, à
un danger réel mais qu’il faut relativiser (il y a eu moins de mort en 70 ans
avec les tripatouillages des humains sur les atomes qu’en quelques mois avec la
pollution « au CO2 »). Il faut garder un espoir en la science, en l’avenir :
nos chevelus en blouse blanche trouveront bien la manière de titiller les molécules
d’hydrogène pour assurer ma climatisation et le fonctionnement des poids lourds
qui livrent les fûts de bière.
|
Zoli payzaze |
On ne convaincra pas les électeurs en mettant en cause notre
production d’énergie, sa durabilité, celle de l’industrie française… Il faut se
le foutre dans le crâne. Les zantinucléaires ont foutu la merde en Allemagne,
on pourrait au moins en prendre de la graine et penser aux électeurs qui
se foutent totalement de l’endroit où l’on va stocker nos atomes dénaturés mais
qui souhaite que leur belle-mère conserve l’électricité pour éviter d’avoir à l’héberger
chez soi où l’on a du chauffage à bois, par ailleurs probablement polluant.
Il faut penser aux électeurs en évitant de leur imposer une
société dont ils ne veulent pas. Denis faisait, récemment, un billet en mettant
en avant une interview d’une petite dame du Canada qui disait, pour (largement)
résumer qu’il fallait faire de « l’écopopulisme ». C’était très
instructif. Il y parlait sans doute du nucléaire mais comment peut-on être
populiste en disant aux gens que l’on peut s’en sortir sans atomes crochetés ?
|
Emmanuel Macaron ? |
Je disais donc, en introduction, que toute la gauche était d’accord
pour dire que Macron aurait dû choisir un premier ministre de gauche mais que c’est
le seul truc qui nous unit. Pour ma part, je n’ai plus envie de me justifier :
mes positions ont très peu changé. Vous pouvez vérifier : ce blog aura 19
ans dans quelques jours et je pense rester d’une incroyable constance tout en
durcissant certaines positions sur les sujets sociétaux vu que je m’éloigne de
plus en plus d’une gauche radicale qui, elle, s’y morfond. Je vote très à
gauche (mais pas insoumis !) mais je défends des idées plus que centristes
pour beaucoup de tous ces militants qui se sont coupés des électeurs en accusant
les autres de ne pas les suivre.
Tous les jours, dans TikTok, je tombe sur des lascars qui défendent
le fait qu’il ne faut pas avoir honte des positions honteuses d’LFI : il
faut que cela cesse. On ne peut pas nous forcer à aimer l’haïssable. Sandrine
Rousseau (qui est plus proche d’LFI que de la social-démocratie, tout de même)
a peut-être raison de vouloir interdire la projection d’un film parce qu’il y a
eu des abus sexuels graves pendant le tournage mais si ces conneries poussent
les électeurs dehors – renier un pan de la culture française ! – cela
continuera à me pousser assez loin…
Ils l’ont dit nos camarades de la vraie gauche avec du poil
dur que les trois enfants de mes parents ont payé des droits de succession pour
hériter d’un patrimoine composé notamment d’une maison de vacances achetée par
les darons en 1970 pour nous offrir des congés pépères alors que ceux dont des vioques,
avec les mêmes revenus (deux salaires d’instits), ont préféré acheté des
chaînes hifi ou des nuits dans des hôtels de luxe pendant les sports d’hiver
mais en pleurant à chaudes larmes à l’âge canoniques car ils ne pouvaient pas se
payer des chocolats en plus des notes d’Ehpad ?
Non.
Ils ont expliqué, nos défenseurs de la douairière Rousseau,
qu’ils sont écologistes mais qu’ils continuent à habiter un pavillon de banlieue
et d’aller en voiture au travail, rien que pour faciliter l’achat des
entrecôtes pour les barbecues du soir, avec les voisins ?
Non.
|
Outremer défavorisé |
Une partie de la gauche est très loin de moi et c’est très
bien ainsi. Sauf s’ils changent et finissent par se préoccuper réellement des
besoins des Français, comme ces imbéciles qui critiquaient il y a peu les
bidonvilles à Mayotte mais n’ont jamais vu qu’il y en avait plein, le long du
boulevard périphérique de notre capitale. Ces andouilles qui exigeaient que notre
ministre de l’intérieur aille dans ces collectivités lointaines, suite au drame
qui les touche, tout en exigeant que Bayrou s’en débarrasse, ce Bayrou à qui
ils ont reproché d’aller dans sa circonscription, un week-end, dans se rendre
compte qu’ils auraient hurlé s’il n’y était pas allé au prétexte qu’il aurait
négligé la proximité avec le terrain.
Sans moi, je vous dis.
Lors des universités d'été du Parti Socialiste, en 2011 (en pleine primaire, donc), avec les copains blogueurs nous avions interviewé Arnaud Montebourg. A l'un d'entre eux, il avait expliqué qu'il allait interdire la spéculation. Alors je lui ai demandé comment il allait faire pour interdire la spéculation. Il m'a dit que, ça, on verrait plus tard.
Je ne veux pas d'une gauche qui n'a rien dans le crâne et, en plus, voudrait expliquer aux Français (électeurs) qu'ils ne pourront pas revendre leur maison plus cher qu'ils ne l'ont achetée car c'est de la spéculation.
Sans moi.