On peut logiquement imaginer qu’Emmanuel Macron nommera un premier
ministre dans les prochains jours mais je crois bien que je pourrais commencer
mes billets de blog par cette phrase depuis un bon mois et demi. Je ne suis pas
un farouche adepte de la précipitation et j’ai même écrit ici qu’il était
normal qu’on laisse passer les JO « normaux » voire le mois d’août
mais je crois bien qu’on est en septembre, tout de même… On va finir par donner raison à ceux qui
estiment qu’il abuse ! La dernière que j’ai entendue : il va attendre
mardi soir pour laisser passer la rentrée des classes. Comme si ça pouvait
intéresser nos chères têtes blondes.
Je vais tout de même
essayer de terminer ce billet avant 8 heures pour être à peu près sûr de « coller »
à l’actualité.
Le prochain premier ministre pourrait bien être Bernard
Cazeneuve. Il parait qu’il va être reçu à l’Elysée aujourd’hui.
En plus, Ségolène
Royal lui chie dessus ce qui est de très bon augure. Il parait que François
Hollande et Nicolas Sarkozy vont être reçus également. J’espère que ce ne sont
pas des entretiens d’embauche.
Je souhaite que Nanard soit nommé mais surtout, voire uniquement,
pour pouvoir dire que j’avais eu raison… Je n’en tire aucune gloriole mais je
suis fatigué des erreurs d’analyses de congénères. Je ne tirerai pas beaucoup
de gloriole de la nomination du lascar : j’admets que, si je suis assez
bon pour dire à mes camarades ce qu’il ne faut pas faire et aux autres ce qu’ils
devraient faire, je ne dis à peu près jamais ce que la gauche devrait faire pour
gagner. La raison est simple : je n’en sais rien.
Mais encore faut-il le reconnaitre.
Par contre, j’aimerais bien avoir eu raison pour pouvoir
dire « ah ben les gars, il m’arrive d’avoir raison, écoutez donc ce que j’ai
à dire. »
Prenez Olivier Faure. Il a déclaré (samedi, je crois) qu’il
fallait organiser des primaires ouvertes à toute la gauche pour désigner un
candidat unique pour la présidentielle de 2027. Il n’a toujours pas compris que
l’unité n’est pas l’unicité. Cela pourrait fonctionner si le candidat élu par
les militants était suffisamment au centre pour aller chercher des voix de tous
les bords mais s’il est au centre, les types de la gauche de la gauche iraient
chercher ailleurs.
La dernière fois où il y a eu une espèce de candidature
unique, c’était en 2007 (j’abuse un peu mais les candidats de gauche autre que
celui du PS étaient vraiment anecdotiques). Bilan des courses : Ségolène
Royal fait un très bon score au premier tour (meilleur que celui de Mitterrand
en 1981, de Jospin en 1995… et en 2002) mais s’est retrouvée sans « réserve
de voix » pour le second.
Il faut donc que ces andouilles du PS arrêtent de croire au
mythe de l’unité. Avant de gagner, Mitterrand avait envoyé chier les
communistes…
Ils sont terribles, nos militants de gauche. Il faut voir
les âneries qu’ils peuvent dire. Tenez ! Au sujet de Cazeneuve (je vous
laisse chercher). En fait, ils veulent l’unité mais uniquement à leur condition :
le premier ministre doit être Lucie Castets. Ils ne viennent même plus s’interroger
de la légitimité de celle-ci. Leur seul argument est « ça doit être elle ».
On va leur rappeler le temps qu’ils ont mis à la trouver… Et que c’est archétype
de ce qu’il faut éviter : la bobo parisienne… Lesbienne, directrice
financière à la mairie de Paris. Et ça voudrait représenter le peuple…
On m’accusera « d’haïr ». Ce n’est pas vrai, j’ai
même dit du bien de la dame. L’ami Denis, lui, jure ne pas haïr Cazeneuve mais
a tout de même fait un billet à charge. Parmi ses arguments, il y a le fait que
Cazeneuve n’ait pas soutenu Ségolène Royal (on y revient…) en 2006 et 2007.
Forcément, il soutenait un autre candidat à la primaire, Laurent Fabius. En gros, Cazeneuve, en 2006, estimait que
Royal ne pouvait pas gagner en 2007, contrairement à Fabius et à DSK.
Objectivement, près de 20 ans après, qui pourrait lui donner tort ? Royal
pouvait-elle gagner ? La réponse est : « non ». En
conséquence, les militants ont-ils eu raison de la nommer candidate ? La
réponse est : « non ».
Il n’y a, à mon avis, aucun sujet de discussion autour de cela.
Ce n’est pas la peine d’accuser les socialistes de ne pas avoir soutenu la
dame. Même avec le plus fort des soutiens, elle ne pouvait pas gagner.
On dit qu’il faut prendre du recul. Chiche. Mathilde Panot a
déclaré très récemment : « une des choses
qui a fait le plus de mal à la gauche ces dernières années, c'est le
quinquennat de François Hollande. » On peut disserter pendant des heures,
comme au sujet de Ségolène Royal, mais la seule vérité est que la gauche perd
tout depuis qu’une grande partie de ses cadres a tourné le dos à François Hollande.
On peut s’interroger sur ces raisons et être parfaitement d’accord
avec toutes ces andouilles mais les faits sont là. Et 12 ans après la dernière victoire
de la gauche aux élections nationales, entraînée par un François Hollande qui
avait gagné des primaires sur la base d’un projet somme toute un tantinet « social
libéral », la gauche, ou, du moins, les espèces de débiles qui restent à
la diriger, sont en train de tenter d’avoir le pouvoir via l’exigence de la
nomination d’une première ministre, qui n’existait pas dans l’arène politique
au moment des élections et alors que la gauche est très loin d’avoir une
majorité absolue.
L’enjeu n’est plus d’appliquer le programme du NFP mais d’assurer
la stabilité de nos institutions. Les partis politiques doivent se montrer
adulte. Si l’on considère normal l’exclusion du RN de l’arc républicain (et on
ne peut ne pas le faire), le centre de gravité de l’Assemblée nationale se
trouve au centre gauche. La nomination de Cazeneuve a un sens.
Mais il ne s’agit pas de préparer, pour un parti, la
prochaine échéance électorale, celle qui aura lieu, il faut l’espérer en 2017.
D’ailleurs, aucun premier ministre sortant n’a réussi à gagner les élections
présidentielles…
Par ailleurs, j’ai d’autres espoirs que celui de miser sur l’arrivée
du RN au second tour pour permettre l’élection de mon candidat voire pour considérer
l’élection d’un autre comme un moindre mal.
Les partis politiques traditionnels doivent prendre leurs
responsabilités et montrer qu’ils sont capables de diriger le pays autrement qu’il
y a vingt ans, loin d’un duel entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.
Les partis de gauche doivent grandir et déclarer qu’ils
acceptent de ne pas censurer par principe un gouvernement dirigé par Bernard
Cazeneuve.
Mathilde Panot a fait le contraire. Elle est nulle. Et le
fait que les militants croient en ses erreurs d’analyse et à celles des autres fous
furieux qui ne pensent qu’à exister par le bruit poussent la gauche à pourrir
dans la fosse septique.
L’Histoire, si elle gardera des souvenirs de cette période,
ce dont on peut vraiment douter, les rendra ridicules…