30 avril 2022

La gauche est à l'ouest

 


Si elle n’était pas dramatique pour les gens de gauche qui ne voient pas la politique comme un jeu, cette période, la fin de la présidentielle et le début de la préparation des législatives, serait assez excitante. Tenez ! Je viens de voir un copain (un vrai) qui expliquait dans Facebook que les gens du centre gauche (les « hollandais », donc) apeuraient le peuple de gauche ! Un inversant la visière, on pourrait penser que les fous furieux extrémistes en antirépublicains font déserter ce petit peuple qui, d’ailleurs, s’est barré depuis longtemps vers un « ni droite ni gauche », un centre ou que sais-je et qu’une partie des purs gauchistes votent dorénavant pour le Rassemblement National…

C’est un peu l’histoire de l’œuf et de la poule…

J’ai lu ceci, hier, toujours dans Facebook : « "Les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît ..."

C'est confirmé par le nouveau sketch de papy Hollande, le grand stratège !

Quand tu as eu le  Sénat, l'Assemblée nationale, toutes les régions, 3/4 des Départements, le gouvernement etc. et que tu as tout fait perdre à ton parti, tu peux encore dire ça ?

Ras le bol. 

Sérieusement ... »

Toujours est-il que je n’aime pas les types qui sortent toujours cette citation alors qu’elle est souvent très réversible ni ceux qui traitent de cons un ancien président de la République. D’ailleurs, pour obtenir le poste, ils sont quand même beaucoup moins cons les abrutis qui passent leur temps à déverser leur haine sur Facebook mais je m’égare dans le triage.

Je vais rappeler à ce crétin alpestre que le Sénat, l’Assemblée nationale, toutes les régions, ¾ des départements et le gouvernement ont été obtenus alors que François Hollande était premier secrétaire du Parti Socialiste puis candidat à la présidentielle et enfin président, il peut fermer sa gueule et ne pas laisser dire qu’Hollande n’est pas un stratège.

C’est après que l’œuf et la poule se battent en duel puisque l’on ne peut pas oublier le fait que ce sont des membres du parti socialiste qui ont foutu la merde quand pépère était le président de la République. Le seul de gauche que nous ayons encore sur les étagères.

 


Ces pauvres militants de gauche confondent les militants de la même gauche qu’eux et le peuple de gauche, c’est de bonne guerre mais ça fait se couper largement du peuple. Depuis hier, ils font circuler les résultats d’un sondage qui montrent que 35% des braves gens veulent un gouvernement ou une majorité de gauche (contre un peu moins, dans l’ordre décroissant, pour le RN, LREM puis, bien plus loin, LR) et se mettent à se faire des nœuds pleins d’idées idiote dans le cerveau.

Je souhaite un gouvernement ou une majorité de gauche mais soyez assurés que c’est bien parce que je suis à gauche que si un candidat européiste et un autre qui veut se torcher l’oignon avec les traités que je voterai pour le candidat européiste, donc LREM, qui, en l’occurrence, je me répète, est bien plus à gauche, dans ce contexte, que LFI.

En marge, et c’était l’objet de mon billet d’hier, on ne peut pas oublier que certaines gauches sont irréconciliables et, surtout, que certains thèmes sont rédhibitoires.

 


Le pote que je citais, pour illustrer les espoirs de la gauche, citait trois éléments du programme pour bien prouver qu’il est à gauche : l’âge de la retraite, l’augmentation du SMIC et celle des retraites… Je suppose que les smicards et les petits retraités sont pour beaucoup passés lepéniste d’occasion et personne ne rêve à une retraite ! Sans compter que le peuple de gauche est probablement moins idiot que ne le pense les militants et sait bien qu’on ne peut pas donner les mêmes conditions de retraite à un couvreur ou un instituteur qu’à un informaticien ou un secrétaire dans une grande mairie.

Un projet politique n’est pas un catalogue et le peuple de gauche conchie ceux qui veulent l’aveugler avec un programme qui tue l’imaginaire et l’érection.



A propos des sondages pour les législatives, il faut bien se rendre compte qu'ils ne peuvent pas être significatifs à ce stade (et, comme je le disais, on ne peut pas confondre "intention de vote" et "souhait de victoire") : il y a 577 circonscriptions, il faudrait des sondages sur plusieurs centaines de personnes dans une grande partie d'entre elles pour obtenir une vague idée de ce que sera la future chambre à se coucher devant Macron. Cela coûterait la peau des fesses et n'aurait absolument aucun sens vu qu'on ne connaît pas les candidats.

L'intuition doit donc être le seul élément, aujourd'hui, et, comme le système est fait pour que les législatives donnent une majorité au président et, comme le président a augmenté son score au premier tour, il n'est pas illusoire de penser que le nombre de députés LREM va augmenter. C'est presque mathématique. On peut évidemment souhaiter le contraire mais cela ne changera rien.


Donc, c'est une erreur de se battre en croyant que l'on va gagner alors qu'on devrait se battre pour préparer l'avenir et, si j'étais membre du parti socialiste, je ne le ferais pas en me diluant dans les formations existantes. 

29 avril 2022

Irréconciliables jusqu'au bout !

 


Je ne sais plus qui a parlé pour la première fois de « gauches irréconciliables » et il me semble que c’est autour de Manuel Valls que cette notion avait été mise à la mode. Avec les manœuvres actuelles à gauche, on tombe en plein dedans… avec les éventuelles négations.

Cette fois, nous avons les insoumis qui oublient ce principe essentiel qui est la divergence « des gauches ». Je vais me limiter à « deux gauches » pour énoncer les âneries du jour mais c’est faire abstraction d’une part des partis de la gauche franchement radicale (qui n’est pas toujours marginale : ils représentaient 10% des électeurs en 2002) et sans doute du fait que ces deux gauches sont présentes dans chacune des formations politiques. En outre, je vais faire un peu de théorie alors que je suis tout sauf un théoricien.

 


Pour compléter cette introduction, il me faut parler de Valls puisqu’il incarne un peu cette fracture mais n’oublions pas qu’il a un positionnement politique proche de celui de François Hollande qui, en 2012, représentait environ la moitié de la gauche (sans compter que les partisans de Martine Aubry – je fais évidemment référence à la primaire – ne sont pas bien éloignés). Si Valls n’est pas aimé par la population gauchisante, ce n’est pas essentiellement à cause de ses orientations politiques mais plus pour des raisons presque physiques : le type qui semble pète-sec, droit dans ses bottes… et sa manière d’appréhender la politique (le 49.3 et tout ça, comme le soutien à Valls après avoir participé à la primaire en 2007).

La frontière entre les deux gauches – appelons-les la vrauche pour vraie gauche et la çautre pour rentabiliser la cédille de mon clavier et pour qualifier le « centre gauche » – n’est pas formelle. On va résumé : les gens de la çautre sont favorable à l’économie de marché et donc au libéralisme même si ça sent mauvais, ils sont partisans de la construction européenne et défendent les traités actuels (ce qui n’empêche pas de vouloir les modifier), ils sont inconditionnels de la laïcité et de profonds républicains.

Hollande et Valls ne sont pas les avatars de tout ça : le tournant de la rigueur par Mitterrand, par exemple, date de l’époque où ils n’avaient pas totalement quitté leurs culottes courtes. Rocard a créé le RMI et la CMU mais fut aussi le premier à oser penser à réviser les systèmes de retraite…

Les gens de la vrauche, et c’est une des particularités de tous ceux proche de l’extrême, s’imaginent être les seuls à gauche et, c’est tellement une erreur, que l’on ne peut qu’en rigoler. A titre d’exemple, prônant le « souverainisme économique », ils sont souvent proches d’un certain nationalisme et donc opposé à un internationalisme. Pour ma part, je suis « rousselien » : je souhaite que l’on produise des richesses pour les redistribuer… De fait, le degré de gauchitude n’intervient pas vraiment dans cette frontière entre les gauches irréconciliables. Le PS et le PCF ont souvent pu travailler ensemble et la fronde hollandesque est venu de la part de membres du PS, essentiellement.

 


Tous ces braves gens se disent progressistes, sans même expliquer ce qu’est le progrès, mais une partie, pas restreinte à la vrauche au sens où je l’entends ici est purement réactionnaire c’est-à-dire qu’elle va défendre des choses du passé et s’opposer, par principe, à certaines évolutions sans se demander si elles sont bonnes ou mauvaises mais en regardant uniquement si elles semblent à gauche, recourant ainsi souvent au « left washing » voire, vu qu’ils se croient écologistes, au « green washing ». Quand je voyais des gens de gauche lutter contre le travail du dimanche au nom de la défense de la famille, je me demande si on pouvait avoir des positions plus à droite, quand on sait que le travail du dimanche est interdit depuis 1906, en compensation de la fameuse loi de 1905 de séparation de l’église et de l’Etat, pour permettre aux andouilles d’aller à la messe. Je sors souvent, dans mon blog, des fausses idées de gauche ou écologistes (comme le mariage pour tous, les aides à la rénovation thermique et tout ces trucs, sans compter la réforme du territoire – que LFI veut annuler alors que le texte du PS sur les accords prône une plus grande autonomie des collectivités territoriales – voire « NDDL » qui permettait de remplacer des aéroports dégueulasses par un plus propre).

 


Vous vous demandez peut-être pourquoi j’entre, ce matin, dans une telle carricature sans même renier ce fait ! C’est justement car nous sommes au cœur de la période de préparation des législatives avec les accords entre les formations de gauche et notamment le communiqué du parti socialiste dont je parlais qui obligerait des gens proches du Parti Socialiste ou du Parti Communiste Français à ce réconcilier entre irréconciliables avec des insoumis ou des écolos indigénistes.

N.B. : j’ai rédigé ce billet avant de commencer le job mais, depuis, le communiqué en question a disparu du site du PS. C’est ballot. Heureusement que la presse garde des traces.

Par exemple, LFI a clairement annoncé, pendant la campagne de Jean-Luc Mélenchon, qu’ils pourraient envisager de s’asseoir sur les traités européens. Je disais presque plus haut que c’était la frontière entre les gauches (et le referendum de 2005, perdu par « mon camp », en est une belle illustration). Que dit le PS ? « Opposé au retour du pacte de stabilité et considérant que l’objectif de souveraineté de la France et de l’Union Européenne dans de nombreux domaines rend nécessaire "de déroger aux règles actuelles de concurrence", le parti socialiste se positionne en faveur d'une révision des traités. » Voila une position d’imbéciles heureux qui ne se prononcent pas. D’ailleurs, ces ânes ne se rendent pas compte qu’Hollande avait enfumé le peuple en se position en faveur d’une renégociation de traités.

Soit le PS est pour les traités actuels et souhaite les modifier, soit il est d’accord avec LFI qui préconise de ne pas les respecter. Ces deux positions sont irréconciliables, justement.

 


Le Parti Socialiste met en avant, depuis ce matin, la planification écologique. Mais est-ce bien digne d’un parti de gouvernement de sortir ce genre d’âneries que Chirac n’aurait pas renié pour faire croire que l’environnement l’intéressait. Cela veut dire quoi ? Oups… On sait très bien. Mais ce louable de faire croire que l’on sauvera la planète sans accord internationaux ? A quoi sert une planification écologique à la française ? La question est la même pour tous les sujets… La France peut-elle agit seule en matière d’économie, de social… ?

On ne va pas négocier, aujourd’hui. Le problème n’est d’ailleurs pas que les gauches soient irréconciliables. Même dans une cour de récréation, on peut trouver une entente temporaire (au fait, il y a un nouveau parti depuis ce matin, à gauche, c’est risible : la fédération de la gauche républicaine, de mémoire et sans les majuscules ! Elle regroupe des partis réconciliables mais tellement minoritaire qu’il faut qu’ils s’associent dans un machin aux couleurs de la République pour s’associer avec LFI). Le problème est que les membres, notamment de la vrauche, ne le reconnaissent pas et ne sont donc pas prêts à faire le moindre effort, même de cour d’école.

 


Dans des commentaires, dans Facebook, je lisais : « Dans les semaines qui viennent, toutes les bonnes volontés peuvent défendre la retraite à 60 ans, la vie digne par le travail, la 6eme République, la planification écologique ... Des trucs de gauche en fait ....

L'union Populaire autour de @Jean-Luc Mélenchon est devenue centrale. C'est un fait incontestable. A lui de rassembler et à chacun d'entre nous d'y répondre avec lucidité et sans angélisme. » Cet imbécile, qui se croit être intelligent en ajoutant un @ devant le nom d’une personnalité, n’a rien compris. La question n’est pas de pouvoir défendre (je peux défendre n’importe quoi) mais de vouloir défendre. Cet imbécile appelle « de gauche » des éléments qui n’ont rien à voir. Cet imbécile pense incontournable un phénomène sans se rendre compte qu’il revient à la mort de la gauche, au culte de la personnalité, à tout sauf une sixième république.

Et c’est peut-être là, la frontière entre les gauches. La mienne me semble pragmatique et ne va pas lutter à coups de slogans pour la retraite à 60 ans d’un type qui a poursuivi ses études jusqu’à 25 ans…

Irréconciliable à fond, surtout avec des gens qui méprisent le reste de la gauche.

C’est pas comme si siège du PS faisait un virage à 180° pour son programme sans consulter les militants.

Ah ! Si, c’est ce qu’il vient de faire. Le PS finira irréconciliable avec ses propres adhérents…

Le con du jour - 29/04/21

 


Alors que je faisais un billet sur les erreurs d’analyse, hier, et que je voulais trouver des illustrations pour mon billet du vendredi (qui viendra plus tard, du coup), je suis tombé sur le con du jour avec une publication : « l'Union Populaire bouleverse les plans des droites et sociaux-démocrates qui espéraient avec les législatives un vote "mécanique" confirmant la présidentielle. L'Union Populaire a magnifiquement manoeuvré et ça change le paysage politique du tout au tout ! » Le type, un certain Georges Leray, vit dans son propre monde alors que les premières estimations pour les législatives montrent que LREM pourrait élargir sa base électorale.

 

Dans une autre publication, quatre minutes avant, il disait « selon un sondage 65 % des citoyens veulent que Macron soit battu aux législatives ; Il faut un candidat unique par circonscription sous le sigle Union Populaire pour espérer l'emporter !

Le PCF est en butte à de la contestation interne liée au choix stratégique qu'il a fait au premier tour, ce n'est pas une question de choix libéral car (théoriquement) il est contre.

 Quant à EELV ce sera l'éclatement car se côtoient libéraux (style Jadot) et anti libéraux (style maire de Grenoble ou Rousseau). si des dissidents style Jadot, ou Hollande, se présentent ils seront balayés car le peuple de gauche veut saisir l'opportunité des législatives pour gagner et contrer Macron. Qu'ils réfléchissent au désastre qu'ils ont enregistré au premier tour, eux ou leurs tendances ! »

Il ne vous aura peut-être pas échappé que Macron n’est pas candidat aux législatives… Le sondage cité est ridicule : plus de 70% des Français n’ayant pas voté pour Macron au premier tour, il est miraculeux que seuls 61% (selon le sondage que j’ai trouvé en cherchant une vérification). En outre, la moitié de ses braves gens a voté pour Le Pen et ne souhaite donc pas une circonscription « Union Populaire ».

Le PCF n’a pas franchement de contestation interne : aux deux précédentes présidentielles, il s’est couché devant LFI pour un résultat à peu près nul. Et notre lascar a un problème avec le libéralisme vu qu’il dit n’importe quoi.

Mais peu importe, c’est son dernier paragraphe qui a retenu mon attention ou, plutôt, sa stupidité. Voir Jadot et Hollande qualifiés de dissidents est très drôles (pour des raisons différentes : Jadot représente la majorité de son parti face à quelques énergumènes en marge de la République et Hollande n’a pas généré de désastre à la présidentielle, le pauvre).

 

On ne devrait jamais s’occuper des choix internes aux formations politiques qui ne sont pas les siennes pour militer vu que, par nature, on n’y adhère pas et, donc, on ne peut pas les comprendre. C’est comme si je parlais des stratégies internes au FN (et si je le fais pour LR, c’est pour rigoler).  

C’était l’occasion de lancer une nouvelle rubrique dans ce blog : le con du jour. Généralement, les neuneus de Facebook se contentent de trois mots. Je vais le virer quand même.



N'oubliez pas une technique pour confirmer qu'un de vos interlocuteurs est un con : s'il a près de 5000 potes, c'est un signe qui trompe rarement (pas toujours, ça peut aussi arriver sans tricherie, du simple fait du hasard : je suis longtemps dans Facebook, des andouilles cliquent "sur moi" et je me retrouve avec 3500 potes ; par contre, 5000 est la limite de Facebook et les types qui en rapprochent sont des cons pulsifs).

28 avril 2022

Des François à la radio


 

François Hollande a parlé dans le poste, ce matin, et tous ses opposants des réseaux sociaux sont en émoi avec un gros mots d’ordre : « ferme ta gueule ». Pour ma part, j’ai été un supporter de ce bonhomme et j’aime bien prendre la défense de ce fragile gaillard face à des imbéciles qui se comportent comme des fossoyeurs de la gauche…

Les âneries lues justifient ce billet mais deux autres événements m’interpellent. D’une part, un copain (un vrai, je le connais depuis 1992, je crois) arrivé premier secrétaire du PS dans le 35 alors que j’ai été un de ses formateurs, dans sa jeunesse (et la mienne) relais une interview d’Olivier Faure (surréaliste, probablement, du moins sur la forme : elle est réservée aux abonnés). D’autre part, je viens de tomber sur une publication (l’événement déclencheur de ma prose vespérale) où l’auteur se demandait comment Anne Hidalgo avait fait réussi à faire quatre fois moins que Benoît Hamon.

Le fanatisme, c’est mal. Hamon avait lui-même fait moins de quatre fois moins que pépère et il n’y a pas de quoi se vanter. Chercher des coupables partout devient grotesque. Et tant de bêtise commence à bien faire. Quand Hollande était premier secrétaire du PS, la gauche a fini à une présidentielle à 26% et il a lui-même fait près de 29… Après son départ, foutu dehors par des imbéciles fossoyeurs de la gauche de gouvernement, le candidat est descendu autour de 7 puis en dessous de 2.

Les imbéciles fossoyeurs de la gauche ont établi une espèce de terrorisme au sein de ce parti qui fait qu’il faut haïr celui qui devient « le vieux », le fossoyage est contagieux, visiblement. Rappelons que la gauche toute mouillée est aujourd’hui à 31,92% alors qu’elle était à 42,89 en 2002 et à 40,30 en 2012.

 

Puisque j’en suis à mon deuxième billet de la journée, je vais faire un aparté. Je parlais, ce matin, des erreurs d’analyse. Ci-dessus, je n’ai pas fait d’analyse, j’ai fait un constat. Il n’empêche que je suis fatigué de voir des lascars pondre des théories sur la baisse de la gauche mais qui nient des faits dont celui que ce n’est pas la gauche radicale qui a gagné en 2012 mais un type ouvertement social-libéral, comme on dit.

Dans ces erreurs d’analyse, il y a celles de types de « la vraie gauche » qui tentent de « réduire la gauche » en éliminant son aspect pluriel. On voit des insoumis qui expliquent que le Printemps Républicain est une succursale du RN (la laïcité serait devenue d’extrême-droite, si on suit leurs raisonnements) mais ils ne voient pas que François Ruffin expliquait que le score de Marine Le Pen était dû à la présence d’immigrés… Il avait raison (je carricature ses propos mais vous pouvez cliquer) mais si j’avais dit la moitié de ce qu’il a sorti, je serais passé pour un immonde raciste.

 


Alors qu’a dit François Hollande ce matin. Il a commencé par « putain, il est trop chaud » mais il parlait de son café qu’il prenait dans sa cuisine. Après, il est allé à la radio où il a dit qu’il pensait qu’un accord avec LFI aboutirait à la mort du PS et je crois que c’est la stricte vérité.  Il a dit que le programme de la gauche radical n’est pas crédible et je pense la même chose. Il a plus critiqué Faure qu’Hidalgo pour le mauvais résultat et je fais pareil (vous pouvez relire mes billets : à part les moqueries d’usage, je n’ai fait aucune charge contre la maire de Paris).

Hollande a raison (et Le Foll aussi, lui qui parle beaucoup).

Et Ruffin aussi mais seulement sur les détails. Les fans d’Hollande sont en émoi, ce matin, parce que le député insoumis a déclaré : « Quand on a eu cinq ans de Hollande, et que son héritier, son fils, ou son bâtard, Emmanuel Macron, est présenté comme étant la continuité de cette gauche-là, ça pourrait être laminé dans le pays. Et ça ne l'est pas. »  Ils trouvent le mot « bâtard » insultant mais devraient consulter un dictionnaire. Bâtard est insultant dans certains contextes mais veut surtout dire, en français : « enfant hors mariage. » En l’occurrence, Hollande a bien fait Macron, dans le sens où il l’a nommé à des postes clés qui lui ont permis d’acquérir la notoriété nécessaire pour devenir président.

Le fameux « peuple de gauche » devrait donc se réjouir d’imaginer que l’actuel président de la République, même s’il se défend d’être de gauche et ne l’est visiblement pas, est le descendant de celui qui a été désigné par une primaire largement ouverte à gauche puis élu comme président de la République, le deuxième de gauche de la cinquième République, ce qui est validé par un député insoumis tenant des propos xénophobes dans la même émission.

 


Vous pouvez reprendre des moules. Notons bien que les autres François, tels Bayrou, Rebsamen, Fillon et j’en passe semblent avoir fermé leurs gueules, ce matin.

Les erreurs d'analyse


 

Dans Facebook, je n’arrête pas de ronchonner contre les erreurs d’analyse des scrutins que l’on peut voir à droite ou à gauche. Dans la vraie vie aussi mais j’y manque beaucoup moins de recul et je sais très bien qu’il m’arrive aussi de raconter des grosses bêtises sur ce sujet soit par oubli de certains faits soit, tout simplement, à cause d’une réflexion grotesque.

Dans ces erreurs d’analyse, il faut aussi intégrer les analyses inutiles. Par exemple, on voit des gens qui expliquent que la gauche peut retrouver une majorité aux législatives et un tas de propos en résultent mais la vérité est que c’est hautement improbable. Ainsi, selon moi, lutter pour le gain de ces élections est inutiles et, ce qu’il faut, c’est préparer l’avenir, être en mesure d’être une force de proposition qui sera prête à revenir aux manettes quand Emmanuel Macron ne pourra plus se présenter. Mes lecteurs réguliers me reconnaissent sûrement facilement : j’ai fait trois ou quatre billets au sujet de la stratégie du PS pour ce scrutin, ça veut bien dire que ça m’énerve…

 


L’erreur d’analyse est souvent provoquée par un refus de voir la vérité en face. Par exemple, il y a un tas de gens qui prétendent maintenant que Macron n’a pas été élu sur son programme mais par rejet de Le Pen. Ils en tirent la conclusion, pour des raisons qui m’échappent, qu’il doit maintenant écouter les électeurs et mener une politique de gauche. Pour un peu, beaucoup de gens relaieraient les appels à manifester… Or, le lascar a fait une campagne sur des thèmes de droite assez forts comme l’âge de la retraite, les conditions d’asile des immigrés et le travail obligatoire des allocataires du RSA. C’est aussi avec ces mesures qu’il a atteint le second tour en siphonnant l’électorat pécressophile. Il a bien été élu grâce à son programme et, à prétendre le contraire, on devrait admettre que François Mitterrand et François Hollande ont été élus surtout pour virer leurs prédécesseurs.

Dans ce billet, je vais beaucoup parler de Macron mais c’est principalement parce que c’est lui la cible actuelle, pour le fond, je m’en fous un peu.

Pour bien enfoncer le clou de l’illégitimité de Macron à appliquer son projet présenté au premier tour, mes camarades font tout pour démontrer qu’il est « mal élu », voire « le président le plus mal élu de la cinquième république ». Objectivement, ça ne veut pas dire grand-chose et, dans notre système, friser les 60% contredit largement ces propos. Il n’empêche, et j’en discutais récemment avec ma consœur et surtout amie Elodie, qu’ils arrivent à faire circuler une infographie (de France Info, le deuxième schéma) voulant démontrer que c’est le président qui a obtenu le plus faible taux par rapport aux inscrits au second tour depuis 1965 (sauf 1969). Chirac, en revanche, serait le mieux élu en 2002. Preuve en est que ça ne veut rien dire vu que Macron a eu presque deux fois plus de bulletins au premier tour que son lointain prédécesseur buveur de bière. On peut sortir des infographies pour démontrer un peu tout…

Parmi les insoumis qui couinent contre la légitimité de l’élection, tous oublient qu’aucun député de ce parti n’a atteint 25% des inscrits lors de son élection       (c’est facile de critiquer les 38 de Macron…).

 


Une grosse erreur que l’on a beaucoup vue pendant la quinzaine, venait d’antimacronistes voulant persuader les autres que Marine Le Pen n’était pas un danger pour la démocratie (je me fous du fond, dans ce billet) vu qu’elle n’aurait pas le pouvoir au parlement. Or il est facile de conquérir l’Assemblée et beaucoup de démonstrations ont tourné à ce sujet. Pour résumer, il suffit qu’elle fasse un referendum pour changer le mode d’élection des députés avec un système qui favorisera son parti et le tour est joué ! Les opposants à cette théorie qui ne veulent pas qu’on trouve un prétexte pour voter Macron expliquaient que la révision de la Constitution nécessite l’accord du parlement en vertu de l’article 89. Sauf que les conditions d’élection dépendent de la loi, pas de la Constitution et, surtout, que l’article 11 permet de faire des referendums à n’importe quel sujet et qu’on peut difficilement expliquer que la décision du peuple est illégale. Surtout par des clowns qui exigent le referendum d’initiative populaire ou citoyenne. Et ils ne savent même pas que la révision de 62 a été faite, par de Gaulle, grâce à cet article (qui a aussi utilisé pour le referendum suivant mais le résultat fut moins glorieux).

A ce propos, d’ailleurs, on pourrait rigoler des motivations pour la mise en place de la sixième république vu que n’importe quel président peut s’asseoir sur une constitution, et heureusement, en sollicitant le peuple. La VIème ne servira donc à rien (ce qui ne veut pas dire que l’on ne pourrait pas améliorer nos pratiques institutionnelles).

 


L’erreur d’analyse est terrifiante quand elle est provoquée par le seul aveuglement. Par exemple, depuis quelques jours, on parle beaucoup de la candidature aux législatives de Taha Bouhafs pour LFI. J’ai été sidéré de voir des copains anciens socdems passé mélenchomaniaques se porter à sa défense alors qu’il parait évident qu’il ne devrait pas être le candidat d’un parti républicain vu qu’il a été condamné en 2021 pour « injure publique à raison de l’origine arabe » sans compter le reste de son CV… C’est d’autant plus une erreur que cela grille encore plus LFI à mes yeux. Les militants gagneraient à dire « cette fois, on arrête de déconner ». Voire à fermer leur gueule.

 

Par les temps qui courent, les erreurs d’analyses tournent beaucoup autour de l’analyse des scrutins et on a entendu n’importe quoi au sujet de la sociologie électorale. Le plus drôle est ceux qui expliquent que les séniors sont des enfoirés de voter pour quelqu’un qui veut augmenter l’âge de la retraite alors qu’ils ne sont plus concernés. Comme si nos ainés n’étaient pas aussi préoccupés par l’avenir de leur descendance, comme s’ils votaient vraiment pour leur gueule et pas pour ce qu’ils croient le mieux pour les autres.

A propos de cette réforme des retraites, on lit aussi n’importe quoi. Les militants en peau de fesse feraient mieux de citer l’introduction du rapport annuel (pdf), voire uniquement le premier paragraphe, qui dit qu’il n’y a aucun problème de retraite jusqu’en 2070 (il y a d’autres sujets intéressants dans ce rapport : par exemple, s’il n’y a pas de problème de financement, c’est parce que les pensions vont moins augmenter que les salaires ce qui est quand même plus préoccupant que le reste). Ainsi, si Macron a sorti cet élément dans son programme, c’est sans doute (je ne suis pas dans ses petits papiers) uniquement pour récolter des voix de droite aux élections mais le moment n’est pas à se taper des manifestations monstres, en plus de celles qui pourraient être provoquées par les gilets pipis. Tout comme faire travailler les allocataires : il faudrait une telle logistique pour les encadrer que cela coûterait la peau des fesses sans compter qu’ils prendraient nécessairement le boulot d’employés normaux…

En matière de sociologie électorale, on lit beaucoup de choses, notamment à propos de ouvriers et des employés qui votent Le Pen majoritairement. Parmi, les lascars qui l’ouvrent, beaucoup oublient souvent de dire que parmi ces employés, il y a les profs et les soignants, donc des fonctionnaires, qui formaient le cœur de l’électorat du Parti Socialiste.

Quant au vote des jeunes pour Jean-Luc Mélenchon, qui est bien réel, il ne doit pas occulter quelques éléments : les jeunes ont souvent voire toujours été des gauchistes, les jeunes finissent par vieillir et, même s’ils ont raison quand ils sont jeunes, ils changeront d’avis avant d’avoir catherinetté. En outre, la bande d’encravatés nécessairement proche du pouvoir est évidemment un repoussoir à notre jeunesse heureuse et festive qui se fait un malin plaisir à conchier les élites autodésignées. Il n’y a aucune raison de passer du temps à analyser cela…

 

Chef de peuple élu ?

La dernière erreur d’analyse dont je voudrais parler est proche de la « Cancel Culture » et consiste à balayer d’un revers de la main les arguments de l’adversaire en lui mettant la honte. Par exemple, l’expression « mépris de classe » est à la mode, depuis quelques temps. Imaginons que je dise : « les employés et ouvriers sont bien cons de voter Le Pen » (c’est un exemple, hein !), aussitôt, je vais me faire houspiller pour « mépris de classe » (alors qu’il n’y a aucun mépris : je considère que des électeurs font des erreurs mais ils font bien ce qu’ils veulent et ça ne me regarde pas). Cela veut dire « le gros se croit supérieur aux pue-la-sueur ». Généralement, ça vient d’insoumis farouche défenseurs de ce qu’ils pensent être la lutte des classes sans se rendre compte qu’ils se voient supérieurs aux autres.

Parler de mépris de classe est bien pratique pour éluder le fond (en l’occurrence, pour mon exemple, le fait que les ouvriers et employés n’ont pas voté pour leurs défenseurs officiels…).

Ca ne sert à rien et c’est contreproductif.

 

Veuillez m’excuser s’il y a des erreurs dans ce billet. Néanmoins, je ne vous ai pas gonflés avec la notion de vote utile bien… utile pour expliquer pourquoi les autres ne votent pas comme on veut.

 

27 avril 2022

"Sortez !", c'est Faure (de café ou de bar tabac) !


 

Lors d’un bureau national, Olivier Faure a dit aux opposants à un accord avec LFI : « Si vous pensez que le PS est mort, qu’il n’y a plus rien à faire, que vous n’appartenez plus à la gauche, alors partez. Rejoignez La République en marche. Sinon restez et battez-vous avec nous. Ça nous changera. » Je ne suis pas au BN (et encore moins au PS, d’ailleurs, si je donne mon avis c’est pour faire joli dans la blogosphère, seulement) et ne peux ni confirmer ces propos et ni les remettre vraiment dans le contexte.

Ensuite, je précise que les critiques que je vais formuler ne concernent pas qu’Olivier Faure mais tous les membres de la direction du Parti Socialiste qui le soutiennent et qui ont fait des conneries diverses. Par exemple, je vais commencer par dire que le PS a connu deux échecs avec Faure à sa tête, aux européennes et à cette présidentielle. Ce sont des échecs majeurs, poussant le parti vers sa perte, alors que 2017 ne fut qu’anecdotique, et la moindre des choses serait que Faure démissionne et que tout le monde admette que sa stratégie a été mauvaise. Donc les vrais coupables sont ceux qui ont validé tout cela et sachez, braves gens, que le peuple de gauche patati patata ne vous remercie pas.

Déjà, le choix du mode de désignation du candidat est une pantalonnade montée pour que les électeurs (membres du PS uniquement, du moins, ceux qu’il restait) vote pour le favori – la candidate, donc – soit retenue, le tout indépendamment de toutes considérations logiques, notamment l’élimination de toute la partie du Parti Socialiste à avoir gagné, pour la dernière fois, une présidentielle.

Ceux-là même, vraisemblablement, que Faure prie aujourd’hui de sortir…

 


Son propos n’est ni plus ni moins que malhonnête voire de la plus profonde débilité gauchiste, à savoir dire que ceux qui ne sont pas d’accord avec vous ne sont pas à gauche. Quand on n’a pas compris, à ce point, la diversité de ce qu’est la gauche, on DOIT démissionner de ce qui fut, il y a peu, la principale force politique de gauche, justement parce qu’elle arrivait à faire l’unité entre différentes tendances.

On a assez critiqué Hollande d’être « l’homme de la synthèse » alors que, en faisant cette synthèse, il a permis de gagner les élections locales quand il était le patron du parti puis, à ce dernier, de retrouver le pouvoir au niveau national.

Ce qui disent le contraire sont évidemment des cuistres, pour rester poli.

Faure n’est pas l’homme de la synthèse mais celui de la division, c’est évident.

 


Et si certains pensent que le PS est mort, c’est peut-être parce que sa direction frise à la frigidité et qu’il devient évident qu’on ne peut plus rien faire (et, pour ma part, je regarde avec attention l’initiative de Julien Dray : voir http://reinventez.fr où je me suis inscrit récemment).

Olivier Faure, et je comprends qu’il puisse être exaspéré, doit entendre les arguments et ne pas oublier les volets politiques (j’en ai déjà fait deux ou trois billets) : on ne peut pas tolérer des positionnements contraires à nos valeurs. On peut accepter de vouloir avoir comme principe de base une retraite à 60 ans même si on est contre. Par contre, on ne peut pas participer à une « plateforme » qui indiquerait que l’on doive tourner le dos aux accords européens.

 


Ainsi, sans avoir été présent, il me semble que les deux derniers BN sont passés au travers de ce seul sujet : le périmètre possible d’un accord. Et si les débatteurs sortent de ce périmètre précis, ils doivent… sortir.

 

C’est Edgar Faure qui disait « si vous n’avez pas d’opinions politiques, prenez donc les miennes. » Mais c’était Edgar. Olivier doit être démocrate et écouter les avis divers, même si, je me répète, son exaspération est compréhensible.

Peu importent les 12,5% !


 

En commentaire à mon précédent billet, dans Facebook, l’ami Mark répond qu’il faut l’union pour figurer au second tour, la règle des 12,5% des inscrits pouvant empêcher de figurer au second tour. Je vais y revenir mais je dis bien qu’il doit y avoir des accords en fonction de la situation locale, y compris, d’ailleurs, au second tour, où un désistement sera le bienvenu en cas de triangulaire ou quadrangulaire. Je vais détailler ma réponse à Mark mais, comme à chaque fois que je blogue sur un thème imposé, il me faut être chiant et précis.

Tout d’abord, il faut revenir sur le but et, surtout, sur ce qu’il n’est pas : être au second tour, sinon on tombe dans la folie des insoumis pour la présidentielle où ils se sont trompés de débat. Le but est double : tout d’abord, avoir le maximum d’élu pour sa propre formation, ensuite, avoir le maximum d’élu pour les « quatre forces de gauche ». Parmi ces deux buts, il ne faut pas en mettre un en avant par rapport à l’autre. Par exemple, moi qui suis proche d’une mouvance sociale-démocrate et républicaine, je souhaite que le Parti Socialiste soit le plus fort possible et estime qu’il serait noyé dans la masse en cas de victoire de LFI voire d’EELV (au fait, ils devraient débrancher Rousseau et les « non jadotistes » le temps de voir passer cette séquence électorale… La démocratie n’est jamais soluble dans un bordel monstre). Il y a donc un troisième but : avoir les plus forts pourcentages au niveau national pour montrer qui est le patron…

Par contre, si on m’impose une union de la gauche dès le premier tour, avec un candidat LFI ou EELV, il est fort probable que je vote directement LREM. Un accord national ne pourra pas prendre en compte cette perte des électeurs plus ou moins centristes à moins de favoriser le parti socialiste, la formation la plus au centre parmi « les 4 », ce qui ne sera pas le cas et n’était possible que quand le PS était largement majoritaire. Le Parti Socialiste devait alors laisser des places aux autres afin de former une coalition la plus large possible… Ce qu’a tué les gauchistes et les hollandistes lors du quinquennat d’Hollande, d’ailleurs.

 

Par ailleurs, j’habite une circonscription où le résultat fait peu de doute. Le candidat LFI (la candidate, en l’occurrence, vu qu’il s’agit de Mathilde Panot) sera réélue face à un LREM et il pourrait y avoir deux, voire trois partis de gauche qualifiés pour le second tour, c’est-à-dire dépassant les 12,5%. Il faut donc un accord de désistement au second tour pour favoriser le parti de gauche arrivé en tête. Cet accord n’a rien de novateur. Il est dans les traditions de la République, il existait entre le PS et le PCF et entre l’UDF et le RPR, d’ailleurs.

Par contre, je suis issu d’une circonscription en Centre-Bretagne où les électeurs de gauche devraient traditionnellement préférer le candidat LREM. La gauche n’a aucune chance de gagner (et la tradition est à l’opposition à une droite dure) et éliminer le candidat de droite serait une immense réussite.

Dans ces deux contextes, un accord national n’a aucun sens et empêcherait les partis de compter leurs forces…

 

Plus haut, je me cite à titre d’exemple mais je ne suis pas nombriliste, y compris comme électeur. Chaque circonscription a ses particularités. Ce qu’il y a de sûr c’est qu’un type du centre gauche, qui constituaient, à eux tous, la force du PS du temps où il gagnait, avant l’arrivée de LREM, choisira cette dernière formation plutôt qu’une troupe de gauchiste antirépublicain et sensiblement europhobes.

J’ai déjà fait deux billets sur les raisons de ne pas avoir un accord en voila donc un troisième. Présenter plusieurs candidats de gauche fait prendre le risque ne pas être présent au second tour mais il faut mesurer ce risque : il y a des circonscriptions où il n’existe pas, soit parce que la présence au second tour est improbable et la victoire finale impossible, soit parce que la qualification de plusieurs candidats est possible.

Dans les autres circonscriptions, il faut étudier au cas par cas et un accord national ne servira à rien (plus précisément, ce qu’on lit dans la presse des négociations ne sert à rien mais, aussi bien, ils sont déjà d’accord avec moi et se réunissent pour boire des bières) sauf les trois ou quatre cas où l’on n’arrivera pas à se départager selon le seul critère qui vaille : la probabilité, pour la gauche, de gagner à condition d’être au second tour.

Ce qu’il y a de sûr, par contre, c’est quand on estime qu’un candidat d’une force de gauche pourrait avoir 15% des inscrits, il faut empêcher un type qui pourrait en avoir 5 de se présenter vu qu’il pourrait provoquer l’élimination de l’autre.

 

Mais le contenu des accords à un niveau politique n’a strictement aucun intérêt.

26 avril 2022

Non à l'unité de la gauche !


 

Il est totalement illusoire de penser qu’une quelconque unité de la gauche permettra d’obtenir une majorité à l’assemblée et les dirigeants politiques qui essaient de nous le faire croire, s’ils font leur boulot pour motiver les troupes et durcir les négociations, sont évidemment des menteurs. Il est temps de tourner la page et d’admettre la défaite pour la préparation de la suite. Elle passera évidemment par une tentative de reconquête du pouvoir en 2027 et, d’ici là, par la tenue d’une opposition efficace mais constructive.

Il n’y a pas de raison de désespérer au sujet de la fin de la gauche. Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter et il n’a pas de successeur et ce n’est pas la première déroute de la gauche. En 1988, les deux groupes de gauche comptaient pile poile 300 députés (ce qui était limite, la majorité étant à 289, d’où l’ouverture au centre pratiquée par Michel Rocard). En 1993, ce nombre tombait à 80 pour rebondir à 313 en 1997, permettant à Lionel Jospin de diriger la « majorité plurielle ».

Actuellement, nous sommes à un peu plus de 70 et il n’y a pas de raison que cela change beaucoup cette année, quoi que l’on fasse et je vais bien sûr y revenir. Il y aura évidemment des ajustements. On peut imaginer que le nombre de député du parti socialiste baisse encore mais que ceux du PC et de LFI montent légèrement compte tenu des variations des résultats à la présidentielle. Toujours est-il que l’on peut facilement deviner que l’on n’arrivera pas à « 289 » mais que rien n’est exclu pour la prochaine fois à condition de ne pas trop jouer aux cons.

 

Premier ministre notoire

Je l’ai déjà dit, si une unité est doublement illusoire, sur sa faisabilité et sa stabilité, d’une part, et sur sa capacité à remporter quelques circonscription, d’autre part, un rapprochement entre les différents partis de gauche doit être réalisé pour empêcher, circonscription par circonscription, des torpillages réciproques. Il faut donc que les échelons nationaux puissent servir d’arbitre pour évaluer les conflits. On peut imaginer, par exemple, que dans mon coin, on ait trois candidats de gauche qui pourraient être qualifiés pour le second tour alors que, dans d’autres, une telle multiplication soit suicidaire. Mais, chez moi, l’union devra se faire au second tour afin d’éviter de tout perdre dans une triangulaire ou un quadrangulaire débile.

J’imagine que les artistes qui dirigent nos mouvements politiques pourraient s’entendre sur quelques règles. Par exemple, on met une priorité sur le candidat sortant qui, a priori, dispose déjà d’une certaine notoriété auprès des électeurs puis que l’on observe les résultats à la présidentielle et aux dernières législatives pour trouver une logique afin de limiter à deux les candidats de gauche.

J’ai bien dit deux candidats. Il est par exemple assez peu probable que je vote pour un candidat EELV vu que je considère ce parti comme le moins républicain.

Mais cela ne suffira pas pour gagner, il faut bien en avoir conscience. Si un candidat EELV et un candidat LFI se présentent, je ne voterai pour aucun des deux car ce dernier ne partage pas mes idées sur des sujets importants, comme l’Europe (et leur républicanisme a aussi de graves lacunes). Je voterai donc pour le candidat LREM dans une telle configuration.

Vous pouvez penser que je délire et ne représente que moi mais, dans ce cas, vous devriez vous poser et réfléchir et voir les choses d’une autre manière : il y avait 340 députés à gauche en 2012 et cela est tombé à 70… Les électeurs ont bien déserté la gauche et si vous pensez que si c’est parce que François Hollande et ses valeureux confrères n’étaient pas assez à gauche, vous devriez sérieusement envisager de faire un séjour au cabanon.

 

Futur pluriel

On connait un peu mieux les exigences de LFI pour l’union et c’est bien naturel qu’ils aient des exigences vu que les autres guignols ont fait un score dérisoire mais ils doivent se défendre vu qu’ils ont plus de députés sortant et une meilleure implantation locale.

Tout d’abord, LFI souhaite « une répartition des investitures au prorata des scores de l’élection présidentielle. » Je l’ai dit, je suis contre une répartition qui ne soit pas issue du terrain. Ca commence très mal. C’est pourtant facile à dire comme ça, voire c’est évident, mais il se trouve qu’il faut répartir les investitures selon la capacité de chacun à gagner et faire en sorte que personne ne soit lésé à l’Assemblée.

Ensuite, « il faut adhérer aux points majeurs de son programme (retraite à 60 ans, VIe République, blocage des prix etc.) »

Pour ce qui concerne l’âge de la retraite, les Français commencent à être désespérer par des slogans débiles. Un type qui commence à travailler à 25 ans et le fait dans le siège d’une entreprise nationale ne doit pas avoir les mêmes conditions qu’un ouvrier ayant commencé, en apprentissage, à 16 ans. Un slogan ne pourra jamais faire une condition de retraite. Il faut prendre en compte la durée de cotisation, la pénibilité, l’âge limite auquel l’employeur peut décider de se séparer d’un salarié, l’âge auquel on peut entrevoir une retraite complète quel que soit la durée de cotisations. Et arrêter de prendre les gens pour des cons.

La VIème République est totalement illusoire : on a vu que, au cours de la cinquième, un coup d’Etat est toujours possible : il suffit qu’un type qui dispose d’une majorité et « d’un élan » fasse un referendum pour niquer toute la classe politique, avec le soutien du peuple. Des aménagements de la Constitution actuelle sont évidemment envisageable voire souhaitable.

Le blocage des prix est de la connerie : la bière est faite avec des céréales dont le coût est soumis à un marché mondial et un bistro ne voudra jamais vendre des bières à la pression à perte.

Ainsi, les trois exigences (formulées dans cet article) relèvent du plus vil populisme et de la méconnaissance des systèmes. C’est aussi pourquoi pour je refuse de voter pour un candidat s’appuyant sur le projet LFI et je peux vous garantir que je ne suis pas le seul à gauche.

 

Rassemblement de futures premiers ministres

En outre, si la liste n’est pas figée, on voit d’autres exigences fortes. La première que « nous » refusons est « la désobéissance avec les traités européennes ». Je me répète mais si quelqu’un pense qu’on peut faire l’unité de la gauche en envoyant chier l’Europe, il peut envisager de finir ses jours dans un hôpital psychiatrique et mes potes qui sont passés insoumis dans la dernière ligne droite devraient arrêter le cannabis (qu’il faut par ailleurs libérer mais la question n’est pas là).

J’ai entendu aussi parler de l’annulation des réformes du marché du travail faites notamment du temps de François Hollande. Faire et défaire sans cesse n’est pas une solution et, avant de gueuler, il faut détailler la loi et expliquer pourquoi on est contre. Allez donc expliquer aux électeurs qu’il ne faudrait plus pouvoir licencier un salarié qui refuse d’appliquer les accords collectifs ou que les syndicats ne peuvent plus utiliser internet pour diffuser les tracs (ne déformez pas mes propos, je n’ai jamais soutenu la loi travail en question sauf des bricoles mais je refuse de penser qu’on peut faire et défaire).

D’autres points me défrisent dans le projet des insoumis mais je ne sais pas s’ils sont dans les exigences. Il y a évidemment le nucléaire mais, pour changer de sujet, il y aussi l’annulation (encore…) des réformes territoriales faites par le passé. C’est une hérésie quand on voit que les électeurs votent pour des nationalistes aussi par refus des politiques imposées par Paris. D’ailleurs, Mélenchon y arrive en tête.

 

"Hé, chef ! Et si on gouvernait avec les cocos ?"

Ainsi, s’il y a une union, les électeurs risquent forte de déserter par simple désapprobation d’une partie du programme. On ne peut pas additionner les voix et on ne peut penser qu’avec une addition cumulant à 30% ont peut avoir le pouvoir. Il faut cesser. Je n’aime plus les études sur la sociologie électorale vu que ça fait dix ans que la gauche n’est plus significative mais n’oublions jamais qu’une partie des électeurs traditionnellement à gauche ont voté Macron et on ne peut pas baser un raisonnement sur le fait que quelqu’un qui vote ailleurs est de droite alors qu’il ne fait que défendre les traités européens.

Gare à vos fesses.

 

Enfin, s’il y avait une solution miracle pour gagner des élections, ça se saurait. Et on a bien vu que les promesses d’augmentation du SMIC, des retraites, des minimums divers, par exemple, n’ont servi à rien.

Et brailler un slogan dans les réseaux sociaux ne changera rien. Si une unité n'est pas bâtie largement en amont, elle est obligatoirement néfaste. Et il faut que la personnalité qui mène cette majorité soit exemplaire et reconnue. Ce n'est pas le cas de tout le monde. 

Désolé.