18 janvier 2023

La réforme des retraites en bérézina pour la gauche

 


Si mon blog est peu actif (enfin… c’est surtout moi) depuis quelques temps, c’est que l’actualité politique est sans intérêt et que je suis tiraillé, quand j’ouvre mon clavier, entre deux sujets : les élections internes au Parti Socialiste et la réforme des retraites. Sur les premières, je pourrais exprimer ma satisfaction de ne pas avoir assisté à un plébiscite pour Olivier Faure : voir la moitié du parti croire en une autre stratégie que la nuptiale me ravit, et pas qu’au lit, et je pourrais en faire des tonnes pour dire pourquoi cette alliance est mortifère. Mais on s’en fout.

C’est d’ailleurs pareil pour la réforme des retraites. Ou presque. Je vous passe le fait que je risque bien d’avoir à trimer durement à la mine pendant neuf mois de plus. En revanche, on s’ennuie. Dans cet article de 2014, par exemple, l’Insee nous rappelle le nombre de réformes depuis 1993 (sans compter celles avortées, comme en 1995) : 1993, 2003, 2010 et 2014. Depuis que je tiens ce p… de blog, j’ai l’impression de tourner en rond et je suppose que les concitoyens néanmoins électeurs, presque par définition, ne doivent pas être loin de mon état d’esprit. Mitterrand avait peut-être fait trop fort en passant de 65 à 60 ans.

C’était pourtant beau.

 


Je suis opposé à cette réforme mais si je ne fais pas plus de billets de blog, c’est que je suis fatigué des arguments de courte vue présentés par la gauche (et toujours les mêmes, ceux que j’ai défendu par le passé) et que je ne crois plus du tout au rôle « militant » des blogs politiques. D’ailleurs le mien s’appelle « partageons mon avis » : je ne suis pas là pour défendre quoi que ce soit mais pour donner mon avis dont au sujet duquel la plupart des quidams peuvent se foutre à peu près autant que de la première boniche qu’ils ont culbutée au bureau à cause d’horaires délirants.

Mon confrère mais néanmoins ami, de gauche et supporter de Macron, pour vous dire à quel point il cumule, a fait un billet en étalant ses réflexions sur cette réforme. Si vous le permettez (et même si vous l’interdisez, d’ailleurs), je vais en reprendre quelques-uns.

 

Le premier : « j'ai toujours affirmé mon soutien à Macron. (ça c'est pour mettre les choses au clair pour les visiteurs perdus qui pourraient tomber sur ce billet) » En 2017, je n’étais pas du tout opposé à Macron, au point que j’ai voté pour lui quand j’ai « pris acte » que les andouilles gauchisantes allaient se vautrer. Je rappelle quand même que, à cette époque, notre VRP suprême se disait opposé à une augmentation de la durée de cotisation. Au moins, il respectait un des principes forts de la gauche : partager le travail…

Il ne me paraitrait pas inutile que les électeurs de gauche passés chez Macron n’oublient pas ce léger détail et rappelle au gugusse ses prises de positions passées même si on ne doute pas que son revirement de 2022 a quelques raisons électorales de siphonnage de la droite traditionnelle…

 


Le deuxième : « comparé aux autres pays, en France on part à la retraite tôt. » Ce n’est pas une raison. On ne peut pas comparer les pays en oubliant certains détails, comme le taux de pauvreté des personnes âgées et ce genre de bricoles.

Le quatrième (je ne vais pas tous les revoir, non plus) : « le niveau du pouvoir d'achat des retraités en France dépasse celui des travailleurs. » Le sujet mérite débat. Déjà, je ne suis pas sûr que ce qui était vrai il y a dix ou quinze ans le reste. Sans compter que l’âge amène des charges comme le règlement des factures des Ehpad. Toujours est-il que, quand je vois des retraités de plus de 80 ans, je constate qu’ils sont bien assis mais cela n’est plus vrai pour les plus jeunes (notamment depuis que le montant des pensions est basé sur les 25 meilleurs années et plus les 10). J’ai un âge où des proches commencent à « liquider leurs droits » et on ne peut que constater une vraie baisse de revenus. Il faudrait être saoul pour prétendre le contraire.

L’article de l’Insee que je mets en lien dit, par exemple : « Toutefois, les pensions vont évoluer moins rapidement que les revenus d’activité et l’écart entre les deux sera plus important dans les scénarios de croissance plus forte. » Le rapport du COR, cité par tout le monde pour le meilleur comme pour le pire, dire un peu la même chose.

C’est préoccupant.

 

Le onzième (j’ai franchi un gap…) : « il y a autant de régimes spéciaux de retraite que de corporations. » Depuis toujours, cela m’énerve que les réformes des retraites mélangent tous les régimes. Il est clair, à mon sens, qu’on devrait fusionner tous les régimes, non pas par méchanceté mais parce que le monde du travail évolue pendant la quarantaine d’années d’activité et parce que notre système est quand même basé sur la solidarité nationale. On a tous en tête des « régimes » fortement déficitaires qu’il faut renflouer. Quant à ceux excédentaires, rien ne les empêche d’avoir une cagnotte spécifique, une « complémentaire des complémentaires » et qu’ils arrêtent de nous les brouter.

Le quinzième (et j’arrête là) : « le COR contrairement à la gauche n'a pas de boule cristal ». Justement, les partisans de la réforme se basent autant sur ce rapport que les opposants et il faudrait arrêter de nous prendre pour des guignols. C’est un rapport qui prend des hypothèses et expose les impacts bruts. Point barre.

 


Toujours est-il qu’il n’y a pas de problème de financement des retraites (par contre, il y a un problème de baisse de pouvoir d’achat des retraités) avec des prévisions à 50 ans (on croit rêver…) à peu près constante avec un coût du système de l’ordre de 14% du PIB avec un ou deux points de variation. Quand on considère les aléas de nos budgets (notamment en période de « quoiqu’il en coute », on devrait sérieusement ne rien en avoir à cirer.

Par contre, mais copains de gauche n’arrête pas de faire des publications sur le thème : il y a du pognon, il suffit de le prendre ailleurs. Ils oublient d’ailleurs les principes de la retraite par répartition : les cotisations des salariés permettent de filer des sous aux heureux pensionnés. Ils en sortent des infographies (et la presse de gauche officielle ne se lasse pas d’en rajouter, il faut bien vivre) sans même se rendre compte qu’ils sont hors des clous.

N'oublions d’ailleurs pas que le CAC 40 a été divisé par deux entre fin 2000 et début 2003 : prendre du pognon ailleurs ne tiendra pas longtemps si le pognon d’ailleurs disparait.

 

Il n’empêche qu’on est au cœur des politiques à envisager : comment permettre aux pue-la-sueur que nous sommes de profiter des évolutions de la production des richesses et des modes de production, notamment avec une probable baisse du travail… ?

On ne pourra pas continuer à éluder ce sujet, que cela soit d’un point de vue « de droite » en niant les problèmes que de gauche en sortant n’importe quels arguments. C’est ballot, en 2017, quand j’ai choisi Macron, c’était au cœur du projet du candidat du Parti Socialiste avec l’incompris revenu universel et la très mal nommée taxe sur les robots.

 


Ca ne devrait néanmoins pas empêcher les types de gauche croyant sincèrement à Macron à l’époque de pouvoir réviser leurs positions : le seul argument pour Macron reste la nullité de la gauche. Et le débat au sein du PS ne le montre pas.

Il y a d’ailleurs eu une altercation à l’Assemblée, hier, largement relayé par les réseaux sociaux, entre Olivier Faure et Olivier Dussopt. Faure a été nul : l’invective ne sert à rien. Il n’empêche que le ministre du travail pourrait se rappeler d’où il vient. Wikipedia est là pour nous aider : « Proche de la Nouvelle Gauche avec Benoît Hamon, il est membre du Conseil national du Parti socialiste », à propos de ses débuts en politique.

Faudrait pas vieillir. En plus, il a un menton balladurien. Mais on avait dit : pas le physique.

 

11 commentaires:

  1. Faut bien que je commente un peu, sinon on va dire qu'il est cané le vieux. Bon.
    Je n'ai jamais pu me résoudre à voter pour un ex de la banque Rothschild. Avec le temps, je me dit qu'on devient sage en vieillissant.
    Allonger l'âge de départ à la retraite pour combler les 10 milliards de déficit alors que
    la fortune des CINQ Français les plus riches a augmenté de 173 milliards d'euros sur deux ans pendant le COVID . Hum en affreux pirate,pour ce qui concerne le pognon, je vais dire qu'on sait où le prendre, momentanément.
    ISF quand tu nous tiens !
    Mais je reconnais que ce n'est pas viable sur le long terme.
    Mais le long terme de nos jours de avec le réchauffement climatique….

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    1. Bah ! Je lis tes billets mais ne commente pas, non plus (à part le blog de Didier et le mien, je ne peux pas accéder à partir de mon ordinateur de bureau...).

      C'est bien parce que 10 milliards, c'est un pet dans l'eau qu'on doit s'en foutre... et parce qu'on ne sait pas de quoi demain sera fait. A les écouter, il faudrait trouver 300 milliards de financement.

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    2. Je précise pour des imbéciles qui passeraient par là pourquoi je ne commente pas avec mon iPhone : je lis les billets à partir du PC et des lecteurs RSS... Par contre, je ne peux pas commenter avec le PC. Je peux le faire avec mon iPhone mais je fais beaucoup de choses avec et j'ai la flemme de commenter.

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  2. Bon billet.
    Mais quelle mouche a piqué Macron de lancer cette réforme impopulaire surtout inutile et qui va mettre la France sans dessus dessous?
    Sylvie

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    1. Je ne sais pas ce qui lui a pris. Honnêtement je pense qu'il s'agit de basses raisons électorales ou pour se faire bien voir par les plus riches (ça semble évident mais il faut encore savoir pourquoi, dans ce contexte).

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  3. Bon billet, c'est sympa de réagir sur les billets d'autres blogs (je l'avais lu le billet de Haka, intéressant aussi).

    La conclusion m'amuse. Comme quoi on peut passer de la gauche Hamon un peu radicale à ce gouvernement. Avec un gros menton. Tous est possible :)

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    1. Dans mon dernier billet, je rebondissais sur un des tiens (comme ça me fatigue de commenter avec l'iPhone, je cite des billets).

      Tu crois que Dussopt est vraiment balladurien ?

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    2. mon point 4 évoque le pouvoir d'achat, le revenu moyen salarié a mieux progressé tu as raison. Pour ce qui est de la gauche stupide, je pense qu'on est à peu près d'accord.

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    3. A ce propos, il semble qu'à l'époque Marisol Touraine avait prévu des trucs. Mais c'était dans un gouvernement Hollande pas vraiment de gauche finalement.

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    4. Balladurien, ça ne nous rajeunit pas tout ça

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    5. Falcon,

      N'empêche qu'il s'accroche, le vieux !

      Captain,

      J'ai bien vu que tu parlais du pouvoir d'achat. Mon propos est de dire que ça pourrait ne pas durer, à cause, justement de la différence avec le revenu moyen qui va augmenter.

      Pour Touraine, on est d'accord et les socialos qui gueulent maintenant feraient mieux de faire profil bas. C'est un peu l'objet de mon billet : les arguments de l'opposition sont nuls. D'autant qu'ils légitiment la nouvelle réforme.

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