11 mars 2023

La République en retraite

 


Avant-hier, la majorité a fait appel au « vote bloqué » (ou procédure d’urgence) pour faire passer la réforme des retraites au Sénat (je vous laisse Google pour contrôler ces modestes informations). L’opposition de gauche a aussitôt rué dans les brancards, criant au déni de démocratie, au muselage ou au musèlement (rayer les mentions inutiles) du Parlement… Cette procédure a été utilisée une demi-douzaine de fois au cours des dix dernières années dont en 2013 quand la gauche a fait sa propre réforme des retraites. Elle contenait notamment l’allongement de la durée de cotisation et la prise en compte de la pénibilité.

Les socialistes l’ont votée à la quasi-unanimité, contrairement, d’ailleurs, au reste de la gauche.

 

J’étais contre parce que je suis un éternel défenseur de la diminution du temps de travail et que je ne voyais pas comment on pouvait prendre en compte la pénibilité sans générer une haïssable usine à gaz sans compter que la notion de pénibilité me paraissait parfaitement suspecte, comme si ce n’était pas pénible d’être cadre commercial au forfait soumis au stress, à une douzaine d’heures de travail quotidien, à d’incessants déplacements…

J’avais néanmoins à peu près fermé ma gueule d’autant que, comme nous tous réunis ici, je n’ai strictement aucune idée de ce qu’il faut pour sauver le système de retraite par répartition et, surtout, j’aimais à faire preuve de solidarité avec le gouvernement que je défendais par ailleurs.

Je m’amusais, quand même, à voir la gauche radicale et néanmoins verte hurler de concert avec l’opposition de droite…

 

Peu importe tout ça, c’est le passé ! Je vois déjà des andouilles expliquer que c’est à cause de ce genre de mesures que François Hollande n’a pas été en mesure de se représenter, en oubliant qu’elles ont elles-mêmes défendu une réforme qualifiée de modérée : la CGT était contre, la CFDT approuvait et FO disait qu’elle n’était pas suffisante… La routine.

Ils peuvent toujours « expliquer » mais ils oublient que la gauche a bien sombré depuis et que le radicalisme forcené en est une des causes.

 

J’évoquais, dans mon dernier billet, une déliquescence de la République. Le type d’opposition débile que l’on rencontre actuellement rentre parfaitement dans ce cadre. Comment voulez-vous que les Français s’y retrouve quand, sur un même sujet, une formation critique les procédés du gouvernement alors qu’elle les a pratiqués quand elle était au pouvoir.

Comment ose-t-elle critiquer une réforme qui, au fond, n’est que le prolongement de ce qu’ils avaient faits ? Comment ne pas dire franchement que le recul de l’âge de départ à 64 ans n’est que du pipi de chat vu que la durée de cotisation, qu’ils avaient eux-mêmes augmentée à 43 ans, ne change pas ?

N’y avait-il pas d’autres moyens de s’opposer ? Nous avons une réforme qui ne sert à rien. Macron lui-même y était opposé il y a cinq ans, le COR ne croit pas à sa nécessité, le pays est contre (j’ai déjà écrit ça avant-hier…). Par contre, on a une opposition de gauche qui martèle des slogans au sujet de cet âge, comme si les Français étaient assez abrutis pour penser que leurs mômes qui font des études jusqu’à 23 ou 24 ans pourraient prendre leur retraite à 62 ! Comme si l’évolution du monde du travail, du monde tout court, d’ailleurs, ne nécessitait pas une autre réflexion…

Ils sont passés à côté du sujet principal : le niveau des retraites. Cela n'a pas empêché la majorité de raconter n'importe quoi au sujet des 1200 euros. Majorité et opposition ont oublié les classes moyennes, encore une fois. L'opposition a hurlé pour taxer les riches sans même se rendre compte qu'ils condamnaient la retraite par répartition, au profit d'une indexation sur les gains boursiers (ou un truc comme ça).

 

La dénonciation, par l’opposition, de l’utilisation des moyens légaux par le gouvernement, tout en n’évitant pas de faire de l’obstruction parlementaire, est assez délirante et participe à la déliquescence dont je parlais.

Il est clair que les Français n’ont plus confiance, ni dans le centre, ni dans une gauche raisonnable, ni dans une droite à la ramasse, ni dans une gauche radicale qui ne fait qu’hurler des slogans.

En 2027, on continuera à s’étonner du résultat des élections et d’accuser les autres.

 

13 commentaires:

  1. Tout ça ne vient pas d'ici comme tout le reste d'ailleurs, mais chuuuut :

    "Le gouvernement de gauche espagnol a annoncé vendredi un accord sur le mode de calcul des pensions de retraite,
    -- comme exigé par Bruxelles en échange des fonds du plan de relance européen, mettant davantage à contribution les revenus les plus élevés."
    BFM Business

    Hélène

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    1. L’âge de départ à la retraite en Espagne va passer à 67 ans. On ne peut pas tout comparer…
      Nicolas

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    2. Je ne compare pas notre réforme avec celle Espagnole pas plus que la Polonaise,
      je dis que les réformes des retraites engagées dans les pays d'Europe sont exigées par l'UE en contre partie de fonds de plan de relance etc etc.
      Hélène

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    3. Montebourg et quatennens, à différentes périodes, l'ont clairement expliqué et ... passés au tamis du Fake news.
      serais-je une branquignole qui s'ignore pour les apprécier ?
      Vite un test de QI.
      :-D
      Hélène

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    4. Oups, j'ai oublié de signer mon post
      Hélène

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    5. Tu as surtout oublié que tu avais signé !

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    6. Cela étant, je les apprécie tous les deux (et pas pour leurs rapports avec leurs épouses). Mais il faut voir de l’autre côté de la lorgnette pour cette histoire de retraite. L’UE a dit : on veut bien vous prêter du pognon mais il faut arrêter de dépenser plus que vous gagnez.
      Rien n’est simple. Par exemple, on vois souvent des vidéos de Montebourg dans les réseaux sociaux au sujet de la perte de nos fleurons de l’industrie. Je ne suis pas en désaccord avec lui mais les solutions qu’il propose sont foireuses.
      Nicolas

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  2. J'ai écouté A.B. auditionné pendant la commission d'enquête etc. ".. souveraineté et indépendance énergétique", que dire de plus ?
    Pour le reste, des occasions de réformes on ne risque pas d'en manquer, voir le plan national de relance et résilience.
    Allez, merci de m'avoir lue et bonne nuit petit Nicolas
    Hélène

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    1. Ah ben j'avais oublié de te répondre ! AB ? Je suppose que tu parles de Montebourg... Il a été très bien lors de cette audition mais le problème qu'il a est que les solutions qu'il propose ne sont jamais bonnes...

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  3. D'accord avec tout.
    Sylvie

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