05 juillet 2025

Faut-il sauver les petites lignes de train

 


Il n’aura échappé à personne que je passe beaucoup de temps, sur ce blog, à critiquer la gauche mais c’est surtout parce que « qui aime bien châtie bien » (mais aussi parce que je n’aime pas du tout certaines postures…). Poussons plus loin : j’étais assez d’accord avec la dernière vidéo de Mathilde Panot (mais avec les termes utilisés) qui expliquait, globalement, que nos dirigeants politiques bien à droite changeaient les dirigeants du Conseil d’Orientation des Retraites pour que les conclusions de ce machin démontrent de plus en plus qu’il faut prendre sa retraite à un âge avancé…

Je ne vais pas en faire un billet : la dame doit avoir 10 ou 20 000 fois plus de lecteurs que moi (beaucoup de gens se trompent totalement sur l’influence de nos blogs politiques amateurs).

Alors, cette fois, c’est sur Clémentine Autain et une de ses vidéos que je vais taper. (attention, le son est vraiment dégueulasse sur mon PC alors qu’il était parfait sur mon iPhone… Les miracles de la technologie…). Elle y évoque les services publics de proximité en prenant pour exemple les petites lignes de train.

C’est un sujet qui m’est cher et que je connais bien… Je ne pourrais pas avoir la vie que je mène sans ces transports publics régionaux et ruraux depuis 38 ans, contrairement à des militants qui, au fond, restent assez parisiens et ne prennent les petites lignes que pour faire joli devant les caméras. Je connais aussi assez bien les services publics dans les milieux ruraux, cette fois-ci pour des raisons professionnelles ! Travaillant pour une grande entreprise nationale, ça me fait rigoler de voir des gauchistes en peau de zob et néanmoins urbains défendre la présence d’un bureau de poste en milieu rural alors que personne n’y va et que les gens prennent leurs bagnoles pour aller acheter une baguette à une dizaine de kilomètres.

Ce sont des sujets sur lesquels je reviens souvent dans le blog et, surtout, dans Facebook.

Les militants, dont je ne mets pas en doute la sincérité, se trompent souvent et arrivent à raconter des carabistouilles qui font rire jaunes les électeurs ruraux ! Ils ne déménagent pas de la campagne à la ville parce qu’ils perdent un bureau de poste…

 


Avant de taper sur Mme Autain (non pas parce que je ne l’aime pas mais parce que c’est sur une vidéo d’elle que je suis tombé), je dois préciser que je ne nie pas les problèmes de la ruralité (et dons des petites communes) mais il vaut mieux parfois fermer sa gueule plutôt que de proposer des solutions ridicules qui laissent penser aux électeurs qu’on se fout de leur gueule. Ainsi, on ferait mieux de se pencher sur des « maisons des services publics » qu’insister sur la nécessité de maintenir une gare ou un bureau de poste (maisons des SP qui pourraient être ouverts deux ou trois heures par jour, organisée par les communes, payées par les intercos ou que sais-je ?). On doit aussi se pencher sur les « vrais problèmes », comme ceux des personnes âgées sans voiture qui sont plus préoccupées par les courses du quotidien que par le retrait trimestriel d’un potentiel recommandé qui devrait être livré par le facteur, surtout aux gens qui ne sortent pas de chez eux aux heures de passage…

Et il y a la fracture numérique (je n’ai pas de solution) qui ajouter une dose de problème. Par exemple, je n’avais plus de filtre pour mon appareil contre l’apnée du sommeil. Cliclac et Amazon m’en fournira après-demain. Peut-être que la « maison des SP » pourrait aider, aussi, à résoudre ce genre de problèmes.

Revenons à Madame Autain et aux transports ferrés dits « petites lignes ».

 


Sur le volet « écologie »

 

C’est une hérésie de penser que les petites lignes sont bonnes pour l’environnement. Elles ont besoin d’infrastructures spécifiques qui empiètent fatalement sur des espaces ruraux mais qui ne seraient utilisés que par quelques voyageurs. Beaucoup de petites voies ne sont pas électrifiées et ne sont parcourues que par des grosses machines avec des moteurs diésels (on pourrait les électrifier, me ferez-vous remarquer, mais pour quel coût par kilomètre parcouru ?).

Les trains sont lourds (mais les technologies évoluent) et nécessitent beaucoup d’énergie pour être mus (ça se dit ?).

Il faut des infrastructures spécifiques mais pour satisfaire les besoins des gens, elles doivent sillonner la campagne ce qui ajoute des kilomètres et du temps pour la plupart des usagers… Le nombre d’usagers varie beaucoup selon les périodes (par exemple, les lundis matins et les vendredis soirs, il y a beaucoup de jeunes scolarisés en internat) ce qui rend difficilement gérable les différentes problématiques…

Un car peut très bien remplir les mêmes fonctions sans les inconvénients. Je ne sais même pas pourquoi on en parle…

 


Le fret ferroviaire

 

Je suis hors sujet mais les petites lignes de passagers pourraient être rentabilisées pour les usagers si les infrastructures servaient aussi au transport des marchandises. Mais ce n’est pas le cas. Le fret ferroviaire c’est rarifié, en France, et c’est dommage mais il ne faut pas confondre les sujets. Quelques hurluberlus reviennent parfois sur les sujets mais personne n’est disposé à vraiment mettre le pognon sur la table ce qui est logique. Mais dans l’attente de ce qui ne viendra jamais (et pour lequel je n’ai aucune solution), on ferait mieux de fermer nos gueules sur le transport des passagers plutôt que de dégainer des propositions ineptes.

Quand on parle de fret, on évoque souvent des sujets qu’on ne connait pas. Par exemple, on évoque souvent la nécessité de faire des trains de marchandise des régions qui produisent du pinard ou des fruits mais en ne pensant qu’aux grandes lignes. Encore faut-il apporter la marchandise de la zone précise de production (le champ, le chai…) à la zone de départ du train. On pourrait mettre les camions sur des trains et je suppose que c’est ce que beaucoup envisagent mais cela est-il jouable financièrement pour les transporteurs ? Le débat est ouvert (pas dans mon blog, ce n’est pas le sujet, je veux seulement évoquer les difficultés des petites voies).

 


La praticité pour les usagers

 

Je vais évoquer mon cas personnel pour illustrer tout cela. Je voyage souvent entre Paris et ma ville natale où j’ai hérité de la maison (trois ou quatre fois par mois). Je prends le train à Montparnasse, je saute dans un car à Rennes et j’arrive au patelin directement. Cela prend à peu près trois heures vingt (on peut trouver plus court mais il y a des risques de louper des correspondances). Mais il faut aller de chez moi à Montparnasse puis de l’arrêt du car au patelin à la maison. Vous ajoutez une heure parce qu’il faut bien un peu de marge à cause des transports en commun. Et vous vous retrouvez avec un repas à prendre. On passe de trois heures vingt à cinq heures… Ce n’est pas du tout la même chose même si la SNCF veut nous faire rêver !

Dans ce car entre Rennes et Loudéac, il y a souvent seulement dix ou vingt passagers ce qui montre que l’intérêt est relativement réduit, tout de même (et je remercie le dieu régional des services publics de m’offrir cette possibilité). Pourquoi ? Je n’en sais rien mais ne me dites pas qu’on est une quinzaine seulement (pour une journée) à faire la navette entre le Centre Bretagne et la préfecture de région ou la capitale ?

 

J’ai beau écouter Mme Autain, elle ne parle pas de cela. Elle fait une vidéo de plusieurs minutes mais seules quelques secondes sont consacrées aux besoins et quelques autres à l’écologie (à tort, donc), le reste est enveloppé dans un discours sur le fait que c’est lamentable de ne plus payer pour entretenir des lignes (inutiles, donc).

Les besoins tournent effectivement autour de l’aménagement des territoires, le sentiment d’abandon… Ils peuvent être couverts par des cars.

Mme Autain a-t-elle réfléchi aux usages ? La réponse est probablement « non ». Déjà, regardons son CV. Elle semble avoir passé toute sa vie dans la petite couronne et on peut se demander ce qu’elle connaît à la ruralité. Cette remarque de ma part n’est pas populiste : il faut bien des Parisiens (et j’en suis presque un) et quand je parle de sujet que je connais mal (par exemple, j’ai beaucoup parlé de l’A69) j’avoue franchement mon ignorance avant d’évoquer ce que je crois être des réalités du terrain. Et même, je globalise ! Par exemple, parler de l’A69 est une image pour parler des gens à qui on refuse des infrastructures…

 


Voyez la carte que je présente ici pour un usage vaguement ultérieur. On y voir le « triangle » formé par mon bled, Loudéac, ma préfecture et mon chef-lieu de région. Au milieu, on voit une nationale, la N164. Figurez-vous qu’une nouvelle section de cette route vient de passer à 2 fois 2 voies et que je l’ai empruntée, avec mon car du service public régionale, dès le premier jour (la section vers Merdrignac, ouverte jeudi). Vous ne savez pas depuis combien de temps j’attends le passage à quatre voies de cette foutue route ! 41 ans que j’ai le permis, pendant cette période, j’ai vu des déviations de villes ce qui fait gagner du temps, le passage à quatre voies de zones (c’est plus intéressant pour le confort et la sécurité que pour la rapidité, en fait)… L’aboutissement est là. Un projet lancé à une autre époque par de Gaulle himself ! Et quand je vois des zozos remettre en cause l’utilité, ça me fait sortir de mes gongs.

Surtout quand ils m’expliquent que je devrais prendre des lignes de train qui n’existent pas à la place alors que j’ai fait, sans doute, près de 3 ou 400 allers retours en transport en commun depuis 40 ans…

 

Voyons donc cette carte généreusement offerte par Google, je sais c’est mal. Loudéac est bien desservi par les transports en commun. Mais prenons un patelin au hasard : Le Méné (je le cite car il semble perdu au milieu de nulle part, au nord-est de Loudéac). Il fait ce qu’il peut pour s’en sortir : c’est une « commune nouvelle » de moins de 10 ans créé par le regroupement « d’anciennes communes » que je connais un peu, surtout pour avoir fréquenté le même lycée (et les mêmes bistros) que nombre d’habitants, à Loudéac.

Que connaissent les métropolitains qui défendent si ardemment les habitants des zones rurales en pensant à ce qui croient être leurs besoins ? Il faudrait sans doute un transport en commun (et je suppose par expérience qu’il y a des cars scolaires) mais pourquoi une voie ferrée ? Pour les amener à la gare de Loudéac où ils n’ont pas grand-chose à faire malgré la sympathie des trois bistros les plus proches ? Pour les amener à Saint Brieuc tous les dix ans pour refaire un permis de conduire ?

Ou pour aller faire des courses dans nos braves zones commerciales, à nous heureux semi urbains ? Comme si on pouvait ramener des courses par le train…

Revenons sur terre… Même mal desservie par le rail.

 

La plupart des gens ont des bagnoles qu’ils utilisent pour aller au boulot dans des communes plus ou moins voisines, pour faire leurs courses quotidiennes, hebdomadaires ou plus rares. Ils ont Internet pour passer des commandes. Ils ont choisi de vivre là, parce qu’ils sont nés là, parce qu’ils aiment bien cela. S’ils sont nés là, ils ont appris à y vivre, à passer outre les inconvénients tout comme un parisien qui ne voudrait déménager sous aucun prétexte (hors Covid…) car il a accès à la culture et a appris depuis longtemps à s’entasser dans les transports en commun pour aller bosser ou dans des hypermarchés de banlieue les samedis…

 


Et politiquement ?

 

Passons sur le fait que c’est méprisant de dire à des gens ce dont ils ont besoin… ce qui est totalement contreproductif… Sauf que cela permet aux urbains de se sentir dans le camp du bien.

C’est donc condescendant.

Par ailleurs, je suis toujours exaspéré de voir la gauche nationale parler de ruralité voire d’agriculture, en oubliant que la plupart des ploucs et paysans sont des gens de droite, ce qui, sans faire de psychologie de comptoir, a peut-être poussé à ce choix, comme vivre loin des collectivités.

En revanche, les ruraux qui bougent, comme les habitants du Menés qui ont choisi une autre organisation, sont plutôt à gauche, une gauche modérée.

Ne nous trompons pas de combat !

 

 

4 commentaires:

  1. Pour faire plaisir aux écolos (ou en l'occurrence plutôt pour montrer qu'ils racontent des conneries), tu aurais pu parler de bus électriques. Sur des petites lignes (de l'ordre d'une centaine de km, comme entre Rennes et Loudéac), avec comme seule infrastructure spécifique nécessaire une borne de rechargement dédiée au terminus de la ligne, c'est certainement bien moins coûteux à mettre en place et à maintenir que le train, plus flexible (pour la desserte optionnelle d'arrêts intermédiaires, qui n'ont pas besoin d'être reliés par le rail), et tout aussi écolo - surtout quand la ligne de train n'est pas électrifiée...

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    1. Tu as raison ! Je ne pense pas assez aux bus électriques ce qui est con vu que la compagnie régionale (BreizhHo) qui me transporte en a une partie d'équipée.

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  2. Je suis à fond pour les trains.
    Si il faut absolument se justifier je dirais : le bus polluent avec leurs pneus sur l’asphalte. On n’en n’est plus à une débilité près.

    Maintenant, tant qu’à faire retournons aux diligences avec changement d’attelage tous les 25 km, récoltons le crottin pour se chauffer l’hiver, quand la bête sera épuisée on la mangera et avec les os on fera des bijoux pour les humains.
    Sinon avec la main d’œuvre en surnombre on pourra toujours retourner aux pous-pous pour transporter les chevaux.
    Hélène

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