30 juillet 2011

Un poireau dans le clavier

Rassurez-vous, je ne tourne pas chèvre mais c’est mon Google Reader qui est rempli d’hommages à Jean-Louis, lui qui ne jurait que par Netvibes.

Les obsèques auront lieu lundi, à 15 heures, au cimetière de Claviers.

Ce qui n’est pas un écran tactile.

Je ne pourrais évidemment pas y être (permanence au boulot) mais j’espère que des copains pourront y aller, je pense par exemple à Nouvel Hermès qui est un des derniers d’entre nous à avoir passé une soirée avec Jean-Louis. Je n’aime pas les enterrements : je suis un athée mesquin, mais je me rappelle l’enterrement de mon père, il y a 19 ans presque jour pour jour (il est mort le 26 juillet 1992), ça m’avait fait très chaud au cœur de voir que tant de gens étaient présents, pensaient à lui. Plein de copains à lui avaient interrompu leurs vacances pour lui rendre un dernier hommage.

Je me rappelle aussi l’enterrement du vieux Robert. Un type de 75 ans, environ, facteur à la retraite qui avait gardé le rythme de ses tournées en faisant le tour des bistros de Bicêtre. Il alternait demis de bière et petits Sauvignon. Ca existe encore, le Sauvignon ? On n’en trouve plus dans les bistros du coin. Comme le Muscadet, d’ailleurs.

J’avais passé tant de soirées avec lui… Quand il est mort, j’avais pu me rendre à l’enterrement, c’était probablement à cette période de l'année, j’étais en vacances. J’avais organisé la collecte pour les fleurs. C’était encore en Francs, j’en prenais 50 à tous les potes. J’avais mis des écriteaux dans les bistros pour que les gens s’adressent à moi et nous avions pu acheter une très belle gerbe.

Le vieux Robert était un exemple de gentillesse, un peu comme Jean-Louis, tiens !

D’ailleurs on avait bien rigolé, avec le Gros Loïc, à l’enterrement mais ça serait totalement inconvenant de le raconter dans ce billet.

Et alors ? Bon d’accord.

La commune est bien ancrée à gauche depuis 1995 mais était bien à droite avant. Bizarre… A l’enterrement de Robert, il y avait des représentants de l’ancienne municipalité de droite, que l’on connaissait très bien, avec le Gros Loïc, puisqu’ils fréquentaient La Comète. Ils avaient été compromis dans une affaire financière, des emplois fictifs, des subventions abusives ou un truc comme ça, j’ai oublié. Des qu’il en voyait un, le gros Loïc me demandait « Ah ben, il n’est pas en prison lui ? » ou « Ah ! Il est sorti de taule ? » Le gros Loïc ne se rendait pas compte que, dans le cortège, nous étions suivis par l’ancienne maire qui entendait toutes ses conneries. Qu’est-ce qu’on avait pu en rigoler, après !

Bref.

En sortant du cimetière, nous étions allés à notre fief de l’époque, les Monts d’Aubrac. Les clients « ah ! bon, Robert est mort et s’était son enterrement ? » Moi : « oui, mais rassure toi, comme tu étais en vacances, j’ai pensé à toi pour les fleurs. » « ah ben c’est gentil, combien que je te dois ? ».

Du coup, avec le Gros Loïc, avec l’excédent de pognon obtenu en arnaquant tous les faux culs du coin, nous avions pu payer des tournées dans tous les bistros que fréquentait Robert.

Sans la moindre vergogne. J’étais le seul à avoir pensé à organiser une collecte pour les copains et tous les faux culs qui ne pensent au mort et à sa famille qu’au moment où il faut payer des fleurs parce qu’une collecte passe par là et qu’il faut bien faire un geste sinon ça va se voir me font gerber.

Je ne dis pas ça pour vous, vous avez été très nombreux à rendre hommage à Jean-Louis, dans les blogs et je ne vous en remercierai, au nom des enfants avec qui je suis en contact, jamais assez.

Je ne peux pas citer tous vos billets, ici. Je vais néanmoins en présenter trois.

Tout d’abord, celui de Guillaume. Je connaissais Le Coucou, le petit blogueur venu taper à ma porte, mettre des commentaires sympas chez moi, comme il faisait chez tout le monde. De file en aiguille on a sympathisé et on est devenus potes. Vous connaissiez aussi Le Coucou comme blogueur de gauche sympa, avec des beaux écrits et ses célèbres rébus. Il y a un aspect de sa personne que j’avais totalement occulté. Il était un « auteur SF » reconnu. D’ailleurs, le milieu lui rend également hommage. Ca fait trois ans que je connais le Coucou, et c’est après sa mort, par un blogueur, Guillaume, que je connais depuis bien moins longtemps que je découvre tout ça.

Guillaume m’a fait parvenir différents liens sur des articles parlant de Jean-Louis. Férocias aussi, d’ailleurs. Lui, ça fait des années que je le connais et il connaît bien ce milieu. Il rend aussi hommage au Coucou.

Le dernier que je présenterai sera celui de Monsieur Poireau qui nous rappelle combien Jean-Louis va nous manquer, notamment dans notre « gauchosphère » pour cette campagne à venir. Après avoir fini celui d’hier avec Gaël, mon pote d’enfance (de la sienne…), l’idée de finir mon billet du jour en parlant de Poireau me plait bien. C’est la première andouille avec qui je sois devenu copain d’enfance grâce aux blogs.

Mais la voiture de sa femme est à chier.

P.S. :

Pendant la rédaction de ce billet, juste au moment où je parlais de la collecte pour le Vieux Robert, les grands esprits se sont rencontrés. Melclalex (son hommage) m'a appelé et voulait que je le prenne en compte pour une collecte. Je n'organise rien. Je veux bien faire la tournée des bistros pour récupérer de l'oseille mais nous ne sommes plus dans le même monde... Si j'envoie des fleurs (ce qui n'est pas dit, je n'ai pas de tête), j'associerai tous ceux décidé à m'offrir un demi pression à la Comète.

17 commentaires:

  1. Madame a changé de voiture depuis. Une IQ, je suis certain que tu trouveras un jeu de mot idiot avec ce nom de modèle ! ;-)

    C'est pas mon truc les fleurs aux enterrements. Je ne sais pas pourquoi, je trouve toujours que c'est gâcher. Je vais juste penser à lui, à ses enfants, à sa mère, à ceux qui au delà continuent d'en nourrir l'amour…
    :–|

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  2. Content d'avoir lu ce billet avant d'aller bosser !
    :)

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  3. J'ai l'impression que inversement, peu d'amateurs de SF française connaissaient son côté blogueur, peut-être lié au fait que les deux "communautés" sont rarement connectés, je l'ignore. En tout cas moi et Férocias avons fait au mieux pour prévenir le fandom et les sites d'actu littéraire que nous connaissons.

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  4. @guillaume44: et àl'inverse! Il avait d'ailleurs été très surpris lorsque je lui avait parlé de certains de ses livres et que j'étais ravi de pouvoir parler à un co-auteur de bouquins que j'avais lu. Les blogueurs ne le voyaient pas non plus comme auteur.

    @Nicolas: je ne sais pas ce que tu feras, mais une couronne des copains du blog ça a du sens. Je suis dedans si tu prends telle initiative.

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  5. D'accord avec Romain Blachier.
    Je participerai si une collecte a lieu.
    Merci pour ce billet Nicolas.

    PS: une voiture à chier ... c'est Fuca qui fait ça ?

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  6. Je ne vais pas organiser une collecte. Je me répète. Avec Isabelle et Dominique, les enfants, nous allons faire un dernier billet et vous pourrez à nouveau laisser des marques d'amitié en commentaire.

    Quelle que soit l'estime que vous aviez pour lui, une démarche collective n'aurait aucun sens, parce que Internet est infini. On ne peut définir un collectif.

    Alors du j'envoie des fleurs, je le ferai au nom de nous tous. Sans exception.

    Et réfléchissez à ce "nous tous". Vous rendrez les copies après.

    Si vous avez des sous à dépenser, envoyer des cheques à la Comète. Je ne vais pas passer mes vacances à compter les sous encaissés de la part de chacun.

    J'ai assez de pognon (réellement) pour acheter des fleurs au nom de tous.

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  7. Oui mais un nanti communiste.
    (obligé de la faire)

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  8. Ok pour ta bière à la Comète...

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  9. Encore un beau texte, encore de bons souvenirs que tu nous fais partager (tiens, j'te dis "tu" aujourd'hui!;o)).
    En ce qui concerne les "deux mondes" de Jean-Louis, j'ai tenté, dans ma liste de liens d'hommages rendus, de n'oublier personne.

    PS: c'est où la Comète ? (Et on ne se moque pas!)

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  10. La Comète c'est un petit hôtel sympa dans les Pyrénées. :)

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  11. La Comète c'est un pressing à Uccle en Belgique !
    :-)

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  12. c'est bien ce que tu fais... ça atténue la violence de la nouvelle par twitter.

    @unouveaucompte

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  13. Tu me fous la pression ?
    Et bien je ne manquerai pas de t'en remettre une pour la peine !

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  14. Mais pas du tout, enfin, cessez de vous moquer : la Comète est un bordel de Caracas, tenu par une Française, Ninon jambe-en-l'air, retraitée des trottoirs parisiens.

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  15. Un peu de respect, bordel, pour la Comète.

    Et merci à tous.

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