02 mai 2014

Où va la gauche ?

Récemment, mon confrère Sarkofrance faisait un billet avec pour titre « le risque de disparition de la gauche. » Le titre, les propos et les commentaires sont étranges. Tout tient dans une définition de la gauche que chacun pourrait imaginer. J’imagine d’ailleurs qu’un trotskiste pensera qu’un militant du PCF est une crevure de droite. D’un autre côté, il m’arrive, essentiellement par provocation, de me qualifier de plus gauchistes que des lascars authentifiés de la vraie gauche. Par exemple, j’arriverais à me réjouir si les allocations familiales étaient supprimées. Soutenir la famille est un truc de droite. Le truc de gauche étant de fournir les moyens aux familles de survivre…

Le billet de l’ami tient en trois points.

Le premier : peu importe les étiquettes.
Le deuxième : la droite est pire que le PS donc le PS est à gauche mais ce n’est pas un motif de satisfaction.
Le troisième est plus significatif : pour lui, être de gauche, c’est être antilibéral.

Peu importe les étiquettes, disais-je, mais la droite française ne peut pas être qualifiée de libérale vu qu’elle a augmenté la dépense publique et est particulièrement interventionniste. Probablement plus qu’à gauche. Peu importe les étiquettes mais les mots ont un sens.

La question est donc : comment s’en sortir ?

Tout d’abord, l’ennemi n’est pas le libéralisme. Il faut changer de discours. S’il y a un ennemi, c’est le capitalisme financier. Il faut arrêter de délirer. Si un type monte sa boite et gagne du pognon avec, c’est très bien, et plus particulièrement s’il emploie du personnel et le paie correctement… Ca commence à déconner au moment où il vend sa boite pour en faire une plus-value, ce qui n’est plus un revenu du travail mais du capital. C’est mal. Mettons nous ça bien dans le crâne, à coup de marteaux, s’il faut.

Parmi les commentaires, nous avons ceci, de l’ami Stef : « Libéraliser est la preuve du manque de courage politique. En l’absence de solutions, on préfère enlever des règles, faute de pouvoir réguler, voire limiter le problème. »  La première partie ne veut rien dire. La deuxième est d’une logique qui m’échappe. Et si enlever des règles était la solution ? D’ailleurs la deuxième partie ne veut rien dire : enlever des règles faute de réguler…

Un commentateur tente de définir brièvement la gauche : « Voili voilou, pourquoi, les combats justes sont indispensables, quoiqu’il en coûte. » C’est quoi un combat juste ? C’est quoi un combat tout court, d’ailleurs ? Commenter les blogs ?

Un autre est drôle : « Les différentes parties socialistes ont tout bonnement perdu leurs crédibilités des qu’ils ce sont ralliés au marché, le dogme néolibéral. » L’économie marché devient subitement néolibérale ? Je suppose que le gaillard n’achète pas ses… achats en fonction du prix du marché ? Un peu plus loin : « Des mouvement de droites nationalistes réclamant le retour de la souveraineté nationale vont progresser…puis un jour…je vous laisse finir l’histoire. Tout cela uniquement par un autisme effarant des partis traditionalistes. » Bouh ! Godwin n’est pas loin. Toujours est-il que l’autisme ne serait que du côté des partis qui arrivent à se faire élire !

Je ne vais pas passer tous les commentaires en revue mais citer uniquement l’ami RVA : « Désolé, mais je suis têtu : le FDG se marginalise tout seul avec son discours "violent", dru et cru. C’est un problème aussi simple que ça. »

Le problème n’est pas aussi simple que cela, on le comprend en lisant les commentaires suivants : les zozos nient cette marginalisation. Le principe de la démocratie (et donc de la politique) est de partager des idées avec des électeurs pour se faire élire.

C’est ce qu’a réussi François Hollande. A ce rythme, il risque de ne pas être réélu en 2017, on est d’accord, mais s’il tient une politique plus à gauche, il est à peu près sûr, aussi, de ne pas l’être.

Quand la gauche aura changé son rapport au libéralisme, on y verra peut-être plus clair. De même que le jour où elle aura changé son rapport avec l'opprimé... Celui qu'elle doit défendre. Et elle aura changé le jour où elle aura intégré l'électoralisme qui n'est pas :

"Faites ce que je dis, les gens voteront pour vous".

29 commentaires:

  1. La technologie, les transports, la vie, les médias, la bouffe, la vision des choses .... tout change. Pourquoi pas la gauche ?

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    1. Change-t-elle vraiment ? Ce débat est une funeste connerie. Qu'on arrête de me dire que la conversion à l'économie de marché date de peu... Qu'on arrête de me dire que la gauche est internationaliste depuis hier...

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  2. J'aime particulièrement le commentateur qui semble confondre les partis socialistes avec les parties socialistes : c'est une position assez couillue.

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    1. C'est normal. Il faut nationaliser l'outil de reproduction.

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    2. Tiens ! Il faudra que je relise tous les commentaires, en bloc, comme vous. Je les ai lus au fil de la réception des mails... J'avais ce billet en tête depuis la sortie de celui de Juan. Mais ce n'est qu'en recevant le mail avec le commentaire du taré qui me renvoie Euterpe dans la tronche 24 heures après mon intervention à laquelle il avait déjà répondu et après le commentaire de Sarkofrance qui nous demande d'arrêter l'engueulade que je me suis décidé. Des tarés.

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    3. Je suis à l'ouest ! Le commentaires que vous citez est dans mon billet.

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  3. Bizarre, de définir le libéralisme comme "la dérégulation"!
    Le libéralisme cherche à empêcher tout ce qui entrave ou fausse la concurrence et les mécanismes de marché : monopoles ou situations dominantes, interventions étatiques, ventes à perte, etc. : c'est donc un système bourré d'interdits, de systèmes et d'organismes de surveillance, de législations, de régulations et de sanctions: il n'y a pas de marché sans règles.

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    1. Oui. Ils ont perdu tout repère. Après ils s'étonnent que les électeurs les fuient.

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  4. Et ben, c'est parfait. Enfin, suis d'accord....le pb reste entier pourquoi on a donné le droit de vote sans interdire tous les partis qui dérangent comme le FN, à la Poutine quoi ! Je plaisante bien sur

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    1. Bah ! La question est à poser à l'inverse : pourquoi donner le droit de vote à des gens qui ne savent pas pour quoi ils votent.

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    2. Une seule réponse, suffrage censitaire

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    3. Une seule réponse ; ta gueule.

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  5. merci pour ce billet. dis, donc, ça c'est de la curation où je ne m'y connais pas. Il faut que j'explique quelque chose de simple: Hollande ne conduit pas la politique que je souhaite. C'est peut-être con, mais c'est ainsi. J'exprime un découragement. Hollande suit une mauvaise pente. Et peu m'importe qu'il soit fidèle à son programme. C'est une aberration.

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    1. Ce n'est pas de la curation (sans vouloir te rabaisser, je ne sais pas trop ce qu'est la curation, c'était un mot à la mode quand nous essayions de promouvoir les blogs). Pépère ne suit pas une mauvaise pente, il redresse les comptes de la nation et aurait mieux fait de le faire avant.

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    2. la curation, c'est quand tu complètes, éclaircis, améliores ou nettoies un billet

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    3. C'est plus quand tu le mets en avant, non ?

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  6. "Ca commence à déconner au moment où il vend sa boite pour en faire une plus-value, ce qui n’est plus un revenu du travail mais du capital."

    Non dans ce cas cette plus-value reste bien un revenu du travail même s'il n'est pas taxé comme tel. La spéculation et la rente sont beaucoup plus à combattre à mon avis même si les retraités Américains ne seront sans doute pas d'accord.

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    1. Ton commentaire était bloqué dans les tuyaux, Norby. On est presque d'accord, j'ai fait un raccourci. C'est uniquement le début de la spéculations. Le lascar pour monter son activité risque de lever des fonds. C'est là que des spéculateurs arrivent...

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  7. "mais s’il tient une politique plus à gauche, il est à peu près sûr, aussi, de ne pas l’être" sur quelles bases pouvez vous écrire ça ? Et si une politique de gauche était la solution pour nous sortir de ce marasme ?

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    1. C'est bien ce que dis : chacun imagine des solutions. Le problème est que les Français sont fondamentalement à droite, à au moins 55%. Sortir du marasme ne peut pas se faire en cinq ans. Donc au bout de 5 ans, un gouvernement de gauche serait assez facilement balayé.

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    2. Je' n'arrive pas à penser qu'il n'y a pas de solution ...

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    3. Tu mets un gouvernement de gauche modérée pendant quinze ans au pouvoir, il arrivera à redresser le pays. Mais c'est de la dictature. D'autant qu'un type de droite pourrait dire la même chose...

      Tu mets une réelle progressivité dans toute la fiscalité (ce que fait le gouvernement actuelle en baissant les charges sur les bas salaires...) et tu arriveras à créer un vrai système redistributif. Seulement, le gouvernement qui fait ça attire le mécontentement des classes moyennes et moyennes supérieures, qui sont, quoi qu'en dise les types de la vraie gauche qui n'ont rien compris au rapport Terra Nova, la cible électorale du FdG et du PS.

      Regarde la carte électorale du nord est de Paris : la gauche fait bien des bons scores dans les quartiers bobos...

      Le problème de l'alternance, en France, c'est qu'on a la droite la plus bête du monde. Ils ont eu dix ans au pouvoir pour faire des réformes (qu'ils réclament maintenant) et ne les ont pas faites : c'est à la gauche de faire une politique industrielle...

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    4. Il y a plein d'autres idées et propositions cf Nouvelle Donne par exemple.
      Même si ça reste discutable pour certaines d'entre elles.
      Pour la progressivité de la fiscalité, c'eut été plus intelligent de reprendre l'idée de Piketty; cela aurait permis que tout le monde comprenne ce qui est fait et l'accepte plus facilement.
      Le vrai pb, c'est que l'on n'a pas de vision au sommet du pouvoir; Ex : on augmente les impôts de 30 milliards et un an plus tard on dit qu'il y a trop d’impôts.
      Si on avait droit à une vision et une stratégie (puis une tactique) comme ça se fait dans n'importe quelle entreprise autre que financière, on pourrait rester aux manettes suffisamment longtemps pour réaliser les réformes.
      La seule stratégie de nos politiques est celle qui consiste à se faire réélire au bout de 5 ans. C'est minable et j'en ai marre (et j'espère que ON aussi ;-)

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    5. Non. On ne pourrait pas rester aux manettes. A toutes les élections depuis 81, il y a eu alternance sauf en 2007.

      François Hollande a fait ce qu'il y a de plus intelligent : augmenter les impôts en début de mandat... Les mesures impopulaires, au début ! Le contraire de ce qu'ont fait ses prédécesseurs. Reste à savoir ce qu'il fera par la suite mais s'il arrive à réduire les déficits tout en commençant une politique de redistribution visible, il pourra être réélu.

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    6. Tu vas me faire passer pour un utopiste ;-)
      Je ne souhaite pas que ce mec soit réélu; Ce qu'il fait ne fonctionnera pas et il a ouvert la boite de pandore. Etre socialiste (ou de gauche) n'a plus aucun sens à l'heure actuelle.
      il va lui falloir les votes de droite pour être réélu; il n'aura pas la mienne.
      J'ai match maintenant; à plus-tard ;-)

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    7. Il a été élu avec des voix de droite...

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  8. Bon dieu ( oh non , pas celui-là ! ni aucun autre ! ) , quels méli-mélos !
    Alors on ferait mieux de répondre simplement ( c ' est impératif ) à cette question : ça veut dire quoi , Gauche ?
    Et comme je vois déjà les bla-blas interminables se pointer , je donne mon avis , ça veut dire , être pour la JUSTICE SOCIALE -
    ( avons-nous trahi Marx , Pablo Neruda , ? ) -
    Il nous faut re-dire ce qu ' est la Justice Sociale -
    Mais disons-le vraiment - Et Faisons-le savoir -
    Les questions de démocratie , de liberté , de libéralisme , en découlent -
    Alors, ouvrons les yeux , et parlons de JUSTICE CULTURELLE , ou mieux ,
    de DESIR culturel -
    Alors , ça ira mieux -
    Beaucoup mieux -
    ( PS , je te trouve optimiste quand tu dis que 55 p.cent de la population serait de droite - / considérant que les " socialistes " sont fondamentalement de droite , ça fait beaucoup + . , et je le pense , hélas - demandons-nous ce qu ' est sans doute , être de droite , alors nous envisagerons mieux le peu - ou le rien - qu ' il reste à faire avec ces gens-là - nous ne pourrons chercher que = calmement d ' autres issues ) -
    Amicalement ,

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    1. Tu fais donc partie des abrutis qui pensent que la gauche est pas de gauche.

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    2. Merci pour l ' abruti - Tu n ' as manifestement rien compris à ce que j ' essaye de dire -
      Viva el Che !

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