16 août 2016

Le vrai billet sur Pokémon Go

Village breton se demandant ce qu'il vient foutre dans cette galère
Le moins que l'on puisse dire est que les éditeurs de Pokémon Go ont réussi leur coup : ce jeu est un succès. Des millions de gens y jouent, y compris moi et des proches. C'est même un peu le fil rouge de mes vacances vu que je profite de mes excursions pour recharger mes Pokéballs, voire que je modifie mes itinéraires pour améliorer leur recherche, ce qui me permet de découvrir des endroits que je n'aurais jamais connu sans, comme Moncontour, samedi.

« Moncontour est une commune française située dans le département des Côtes-d'Armor en région Bretagne [à 25 km de ma ville natale, Loudéac]. Elle fait partie des Petites Cités de Caractère et de l'association Les Plus Beaux Villages de France ». Passant par le centre pour la première fois, vu qu'il y aurait forcément un Pokéstop, j'ai garé la voiture et je me suis promené à pied pour admirer ces vieilles maisons.

Les critiques de Pokémon Go sont souvent absurde. J'en ai déjà fait un billet (voire deux). Du coup, j'ai explosé de rire en lisant le texte de Gauche de Combat. Rien que le titre, « #PokemonGo ou l’apogée du crétinisme ambiant », est à mourir, surtout venant de lui. Mais je ne veux pas le stigmatiser sinon, chacun de ses billets pourraient être un sujet, chez moi. Dans le dernier, par exemple, il nous explique qu'à cause des polémiques sur le burkini, « la France est devenue une honte internationale. » Je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire en français mais je pose une question : parlerait-on du burkini si ses défenseurs, tels Edwy Plenel et, maintenant, Gérard Filoche, ne racontaient pas un tas de conneries dès qu'un maire pond un arrêté.

D'ailleurs, parlerait-on autant de Pokémon Go si le maire d'un patelin, Bressoles, M. Fabrice Beauvois, n'avait pas pondu un truc pour interdire ces méchantes bestioles sur le territoire de la commune ?

Je vais revenir sur Pokémon Go dans le détail mais, tout d'abord, je voudrais insister sur les deux principaux reproches que je fais aux andouilles qui critiquent ce jeu. Le premier est qu'ils se coupent d'une partie de l'électorat, les joueurs, les jeunes,... C'est complètement con. Le deuxième est qu'ils pondent une analyse sans savoir de quoi ils parlent ce qui me paraît assez grave et montre une vraie bêtise. Mais c'est d'autant plus grave, qu'ils montrent une méconnaissance du numérique qui me fait peur, surtout de la part de gens qui sont là pour nous protéger dans ce monde cruel...

Pas plus tard qu'hier, je voyais une remarque d'un pote (un vrai !) dans Facebook qui disaient aux gens d'arrêter de prendre des screenshot de Pokémon chez eux parce que les éditeurs (ou la NSA, hein !) allait connaître leur adresse. Mon dieu ! Pour ma part, je suis dans l'annuaire, mon iPhone est enregistré à mon adresse, tout comme mon abonnement 4G. Ma sœur était récemment en vacances et nous envoyait des photos de paysage et, pour jouer, nous demandait si on reconnaissait les sites en question. Il suffisait de cliquer sur la photo pour avoir les coordonnées. Comme si Pokémon Go allait ajouter du danger à la géolocalisation et à la connaissance des données personnelles...

Je ne balaie pas pour autant toutes les critiques, je vais revenir, comme « l'Ossuaire de Douaumont » ou ces imbéciles qui mettent en cause leur sécurité et celle des autres en étant plongés dans leur smartphone, à pied ou en voiture, mais il n'y a que des provinciaux pour s'étonner de ces choses, tant il y a de Parisiens qui finissent leurs parties de Candy Crush en sortant du métro... Mais, pour critiquer, il faut un peu connaître.

Ne me demandez pas de vous expliquer le but final de ce jeu. Même si nous étions tous les deux très intelligents, nous n'y comprendrions rien. Trois équipes s'affrontent et il faut conquérir un maximum d'arènes, des lieux de combat entre Pokémons. Point.

Différents niveaux de Pokémons existent avec différentes forces pour les combats. Dans un premier temps, il faut en capturer un maximum et multiplier leurs forces par différents moyens. Il y a plusieurs types de Pokémons. Pour résumer, les moins forts sont les plus fréquents et les plus facile à avoir et les plus forts... heu... ben c'est le contraire.

Pour capturer des Pokémons, il faut leur lancer des billes – pardon, des Pokéballs – à la figure, ce qui nécessite une certaine habilité qui vient progressivement. On ne devient bon chasseur de Pokémons qu'avec un sérieux entrainement. Il y a des Pokémons à peu près partout dans les lieux publics (voire les lieux privés), surtout s'ils sont fréquentés. Autant dire que vous avez assez peu de chance d'en capturer chez vous même si j'en ai trouvé un dans la poubelle d'une collègue de bureau l'autre jour. La chance que j'ai est qu'il y a beaucoup de Pokemons dans les bistros. Je n'ai donc pas à me fatiguer beaucoup mais je n'en capture que des « faibles », ce qui me permet néanmoins d'affiner mon coup de main.

C'est là qu'intervient la fameuse « réalité augmentée ». Quand vous avez un Pokémon à portée de main, vous le voyez dans votre application. Ou alors votre appareil se met à vibrer, ce qui est assez pénible en voiture. Etant d'un flegme mémorable, j'arrive à ne pas sursauter mais je comprends les imbéciles qui sont tentés de récupérer leur smartphone. Je vais donc donner un conseil à l'éditeur : supprimez la fonction vibreur si l'appareil se déplace à plus de 10 km/h, cela fera taire la plupart des critiques (encore que, on peut jouer en tant que passager dans une voiture).

Pochetron notoire attaqué par un Pokémon
Ainsi, vous avez un Pokémons à proximité. Vous cliquez sur un machin et le Pokémon apparaît sur l'écran de votre smartphone dans le décors « vu » par la caméra. Voir par exemple l'image ci-contre. Un Pokémon – de « race » Soporifik – était sur le ventre de mon copain Gilles qui, par je ne sais quel hasard, était au bistro. Il m'a fallu lui lancer la balle rouge, la Pokéball, un peu comme on lance une bille, pour le capturer. C'est la réalité augmentée : le personnage virtuel s’incruste dans le monde réel. Vive la technologie.

Et plutôt que de critiquer, vous devriez bien vous mettre dans le crâne que ce genre de truc sera notre quotidien...

Mais le nombre de Pokéballs dont on dispose est limité. On ne peut pas capturer indéfiniment des Pokémons. Il faut donc aller faire le plein de Pokéballs dans ce qu'on appelle des Pokéstops. C'est facile, vous en trouvez un, vous cliquez, le machin vous donne trois ou quatre balles ou d'autres bricoles qui vous permettront d'augmenter la force de vos Pokémons.

Les Pokéstops, tout comme les arènes où vous pourrez combattre quand vous serez assez costauds, sont dans des lieux remarquables. Moi qui suit en vacances dans le Centre Bretagne, je fais le tour des patelins environnements et me gare devant les églises, les mairies, les bureaux de poste, les écoles, les calvaires, il y a de fortes chances d'y avoir un Pokéstop, voire une arène. Quand j'en ai choppé un, j’agrandis la carte et je regarde s'il y en a d'autres dans le quartier. Point. Je mets en cause la sécurité de personne. Je vénère la présence de nombreuses places réservées aux handicapées. Je m'y arrête vingt secondes tout en restant dans la voiture pour chopper ces balles. Je ne plaisante pas : il n'y a pas besoin de prendre des risques et vous n'emmerdez personne si vous jouez normalement. Pour une arène, c'est plus difficile, puisqu'il faut rester un bout de temps pour le combat. Utiliser les places pour handicapés n'est pas souhaitable.

Voilà, vous savez à peu près tout sur Pokémon Go, il ne vous reste plus qu'à y jouer un peu pour vous faire une idée. Ce n'est pas compliqué. Vous téléchargez l'application puis vous allez en terrasse d'un bistro en attendant qu'un Pokémon passe à votre portée... puis vous allez dans un lieu remarquable, comme le bâtiment public en face du bistro, pour chercher de nouvelles munitions. Vous capturez des bestioles antipathiques et vous en faites des alliés pour conquérir le monde avec votre équipe que vous aurez choisi plus ou moins au hasard. C'est tout.

Il nous reste à traiter des deux critiques dont je parlais, plus d'autres, voire du cas du maire du patelin qui a interdit les Pokémons sur le territoire de la commune.

Commençons par ce dernier, et pas seulement pour le fait que son arrêté ne soit pas nécessaire légal ou, du moins, efficace. Il a fait une double connerie : il se met à dos les potentiels joueurs de sa commune et fait en sorte que son patelin ait encore moins d'intérêt. Il y a néanmoins un vrai problème derrière. Quand un bistro ouvre une terrasse dans un lieu public, il lui faut l'autorisation de la municipalité et lui payer « un loyer » correspondant. Pourquoi une multinationale, l'éditeur de Pokémon Go, utilisant un lieu public n'aurait-il pas les mêmes contraintes ? Rue89 traitait plus ou moins le sujet hier. Il y a un vrai sujet derrière cela et pas à aborder uniquement via Pokémon (Google gagne aussi de l'oseille avec Google Street...) et je regrette que les politiques, notamment de gauche, n'aient su traiter ce qui concerne la fiscalité du numérique. Mais je ne peux rien pour eux...

Un réseau social ? Bof... Mais à la sortie du jeu, on a vu plusieurs critiques portant sur des rassemblements de joueurs qui avaient l'air idiots devant leurs smartphones. Tout d'abord, ils n'ont pas l'air plus idiots que toutes les andouilles comme toi qui passent leurs journées dans les réseaux sociaux, à la recherche d'excellentes lectures, comme le présent billet, mais surtout dans l'espoir de dire dans Twitter un maximum de vérité pour montrer que tu es important et intelligent.

Ces lieux de rencontre sont des Pokéstops, là où tu peux refaire le plein de Pokéballs. Il se trouve que dans un de ces machins, tu ne peux recharger que trois ou quatre balles. Après, il faut attendre un quart d'heure pour en charger d'autres. Voilà pourquoi des gens semblent rassemblés. Ils attendent. Et s'ils ont le nez dans leur smartphone, c'est pour passer le temps s'ils n'ont pas envie de parler avec des autres. C'est pourquoi j'invite l'éditeur et les municipalités à faire des Pokéstops à portée des bistros... Ces premières critiques, venant notamment de ministres de gauche, étaient totalement ridicules. J'en connais qui méritent des baffes. C'est un peu comme si vous aviez pris l'habitude de vous promener dans un parc pendant votre pause déjeuner et de vous poser dans un coin ou un autre pour lire un livre (numérique, hein !). Avec les Pokéstops, tout le monde se pose dans le même coin.

Lieu de mémoire oublié par beaucoup...
L'Ossuaire du Douaumont ? Il faut (ou pas...) savoir que Pokémon Go a hérité d'un autre jeu, Imgress, basé un peu sur le même principe, avec des lieux remarquables, fixés progressivement, souvent à la recommandation des utilisateurs. Il se trouve que des lieux remarquables ont été fixé dans des coins qui méritent plus le recueillement, comme l'Ossuaire de Douaumont. Je lisais récemment le texte d'un type de gauche un peu connu, surtout dans Facebook, qui parlait aussi d'Omaha Beach. Je ne sais pas s'il y a des Pokémons, là-bas, mais cela m'étonnerait qu'il y ait des Pokéstops ailleurs que dans les parkings ou les boutiques pour touristes. Le recueillement, là dedans, heu... Il n'empêche que l'éditeur a fait une connerie mais a rectifié le tir, depuis. Il met en ligne un formulaire pour signaler les Pokéstops douteux.

On ne va pas en chier une pendule, non plus, car je suis persuadé qu'une partie de nos braves citoyens ont entendu parler de l'Ossuaire de Douaumont grace à Pokémon Go, un peu comme j'ai découvert Moncontour avec ce jeu. Tiens ! Hier soir, j'étais dans un bistro, le Colibri, j'ai vu qu'il y avait une arène, en face. Elle était située à la maison des services publics de Loudéac. Je ne savais pas qu'il y avait une maison des services publics dans ma commune natale.

Garde-chasse spécialisé dans les chasseurs de Pokémons
Les dangers en voiture ? On n'interdira jamais les cons. Le seul moyen d'empêcher les accidents de voiture est de supprimer les voitures. On peut jouer à Pokémon Go en voiture. Il suffit de s'arrêter dans des lieux remarquables où l'on a une forte chance de trouver un Pokéstop. Par contre, chassez les Pokémons en roulant sans prendre de précautions mérite des baffes. Je le disais, je sillonne la Bretagne en voiture avec l'application chargée dans mon smartphone. Si elle vibre et que je ne vais pas vite, je m'arrête si je peux, sinon, je laisse courir...

Mais je ne vais pas nier la connerie d'autrui plus que la mienne... Quand vous êtes dans des lieux touristiques (donc avec une forte circulation, beaucoup de monde et beaucoup de Pokémons,...), c'est très tenant. En traversant Pléneuf-Val-André, samedi, j'ai éteint mon iPhone.

Pokémon très rapide à pied mais néanmoins d'actualité
Les dangers à pied ? « Qui ne s’est jamais retrouvé soudainement confronté physiquement à de jeunes abrutis dans la rue, le nez plongé dans leur smartphone, qui ne semblent même plus ressentir la moindre prise avec la réalité, (et pas même la nécessité de s’excuser après m’avoir bousculé) ne peut pas comprendre… » Voila ce qu'écrit Gauche de Combat, ce lascar que j'ai rencontré une fois et qui a passé plus d'heure au téléphone. Lui, il passe des heures plongé dans son ordinateur ou son smartphone pour d'autres raisons. 3 ou 4 billets de blogs par jour, il faut le faire (je l'ai fait !).

Il n'empêche que quand je vois le nombre d'abrutis plongés dans leurs smartphones, je ne vois pas trop ce que Pokémon Go pourrait changer. Le but de Pokémon Go est aussi de se promener. Donc les types que l'on voit avec des smartphones entrain de jouer à ce truc sont des lascars qui ne se promèneraient pas sans... Ils n'ont pas l'oeil rivé au smartphone ou alors ils sont débutants. Le machin vibre quand il y a un Pokémon à côté et, dans ce cas, on arrête de marcher. Quant aux Pokéstops, on les voit largement à l'avance sur la carte, sans avoir besoin de marcher avec le nez dans son machin.

Pour ma part, je trouve plutôt sympathique de voir ces jeunes se promener en cherchant des trucs autour d'eux, en regardant le monde avec un autre œil, même idiot.

Gauche de Combat qualifié les joueurs de Pokémons Go de jeunes abrutis.

Politicien branché découvrant Pokémon Go.
Il est à l'image d'une classe politique qui s'enfonce dans le siècle dernier, s'éloigne du monde moderne, des électeurs,...

Et il va traiter tous ceux qui ne sont pas d'accord avec lui de réactionnaires.

Et n'oubliez pas l'accent à Pokémon, bordel ! Et comme diraient El Camino et probablement Maître Jacques : les vrais dangers sont les vrais chasseurs... Pas les joueurs...


8 commentaires:

  1. Je parlerai de tout cela avec mon petit fils qui a 7 ans. Il sait tout sur les pokémons et nous fait des discours comme celui que tu viens de nous écrire. Tu devrais le rencontrer, vous pourriez partager votre passion commune...

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    1. Je n'ai pas de passion et tu confonds Pokémon et Pokémon Go.

      Ton commentaire est presque méprisant. Ce n'est pas un jeu de gamin. Les gens les plus passionnés que j'ai vus ont entre 35 et 55 ans.

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    2. Par ailleurs, renseigne toi sur le jeu Imgress, l'ancêtre de Pokémon Go. Tu verras que ce n'est pas destiné aux mômes.

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  2. Tout à fait d'accord avec toi. On y joue avec ma fille depuis peu. Ça lui donne une raison de marcher en ville autre que le shopping et on a vu des détails de notre ville que l'on n'avait pas remarqué. En plus on partage quelque chose tous ensemble qui nous fait bien rire et elle nous apprend des choses sur le jeu.
    Et y en a pas mal dans notre maison !

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  3. C'est quand même dommage qu'il ait fallu attendre le Pokemon GO pour que tu découvres Moncontour, qui n'est quand même pas loin de Loudéac...si jamais, il y avait une bestiole à attraper chez moi, à Plélo, tu es bien sûr le bienvenu...

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    1. Comme beaucoup de gens, on ne connait pas trop notre coin car on se précipite au loin dès qu'on a le temps !

      Avant-hier, je suis allé dans le Finistère Sud (à la limite du Morbihan : Pont-Aven, Riec,...), c'est un coin que je ne connaissais pas alors que c'est à une heure de route de Loudéac...

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    2. Et en plus, c'est mon pays natal !

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