07 mai 2021

Le PS et la zizanie


Hier, à l’occasion du neuvième anniversaire de l’élection de François Hollande à la présidence de la République, j’ai fait un billet de blog (ce qui est de plus en plus rare, chez mois) pour commémorer l’événement. Je ne le voulais pas politique mais, vous connaissez mes doigts boudinés sur mon clavier, quand ils sont partis, ils sont capables de tout !

J’ai été assez surpris par les réactions dans Facebook, tant Hollande semble le coupable idéal pour les maux de la gauche et tant les militants de gauche sont incapables de faire l’inventaire. J’ai même eu une commentatrice pour m’expliquer que la défaite de 2002 était due à pépère, c’est vous dire. Alors, je vais être politique, limite grincheux. Il faut arrêter de chercher des coupables et d’être binaires car on risque d’oublier quelques arguments et se focaliser sur la défense de son poulain et de sa ligne, cela dépasse la simple objectivité. Et cela empêche d’aller de l’avant.

 

Vous allez me répondre que je suis moi-même peu objectif car je défends Hollande mais la question n’est pas là. J’ai fait mon deuil et je ne fais pas un appel à son retour pour sauver la gauche et le monde. J’ai pris acte. C’était l’homme de la synthèse mais il n’a pas réussi à la faire quand il était à la tête de l’Etat. Je suis à moitié acariâtre, certes, mais c’est une histoire de poule et d’œuf. Les « frondeurs » ont foutu la merde pendant le mandat mais Hollande n’a pas réussi à les canaliser et à mener une politique qui satisfasse tout le monde. Je défends sa politique mais je constate : électoralement, c’est un échec. Et je continuerai à ronchonner tant que les soutiens des frondeurs n’auront pas admis que leur comportement a foutu la merde ! Ce qui ne veut pas dire qu’il n’était pas nécessaire.

Tant qu’il n’y aura pas eu ce constat, cette concession, on ne pourra pas avancer car toute argumentation reste stérile. Par exemple, nous avons des lascars qui ont fustigé la politique de l’offre de pépère tout en réclamant une politique de soutien aux entreprises produisant en France. A un moment, je ne sais même plus si la médecine peut encore quelque chose… Le CICE et le pacte de je ne sais plus quoi furent sans doute de belles conneries parce qu’étaient des usines à gaz et n’imposaient aucun retour mais que veut dire un soutien aux entreprises françaises si ce n’est un allègement des charges qu’elles paient sur le territoire et donc, en fin de compte, un allègement des cotisations ?

Il y a un côté psychorigide dans le comportement de ces cadres du parti, qu’ils soient bataves ou frondeurs : ils ne pouvaient pas se réunir dans une belle salle de réunion avec une machine à café pour décider de ce qu’il fallait faire pour diminuer les charges en question sans de foutre sur la gueule ?

Tout est à lavement à l’avenant.

 

Une des distorsions clés du quinquennat fut le travail du dimanche. Je me demande même s’il n’est pas à l’origine de la fronde, en forçant le gouvernement à utiliser le 49.3 car il ne voulait d’un obscur amendement au sujet des indemnités pour le travail du dimanche. Ce qui m’interpelle, c’est le fond : qu’avait un gouvernement « de gauche » (t’as vu, je mets des guillemets) à vouloir ouvrir plus de commerces les dimanches ? Comme si ça allait donner du pouvoir d’achat aux andouilles susceptibles de faire des courses ! A contrario, qu’est-ce qu’on a à foutre du travail du dimanche ? Si le dimanche est traditionnellement non travaillé, c’est pour permettre aux gens d’aller à la messe ou d’avoir un jour en famille (comme si la famille était un marqueur de gauche) ?

 

J’ai commencé à avoir des copains proches des états-majors politiques quand j’ai commencé à bloguer pile poil pendant la primaire de 2006. Les gens s’engueulaient encore pour tenter d’expliquer la défaite en 2002, au fond incapables de se mettre d’accord sur le fait qu’ils avaient tout loupé à force de se foutre de la gueule des électeurs : « mais non pauvre gens, vous n’avez pas de problème de sécurité, vous avez seulement le sentiment d’insécurité ». Ils préféraient se battre pour trouver un coupable : Jospin ou Chevènement, sans même se rendre compte que ça revenait au même. Les deux auraient dû se rapprocher. Mais on s’en fout, ça n’aurait rien changé.

Après, il a fallu s’engueuler pour expliquer la défaite de 2006, l’élection dite imperdable. Tant pis si la meilleure raison est la superbe campagne qu’a faite Sarkozy. Non ! Il fallait se déterminer : est-ce de la faute de Ségolène Royal qui était une mauvaise candidate ou du  PS, donc de son chef, qui n’a pas soutenu la candidate ? Notons quand même que, objectivement, quand le mal est fait, on s’en fout un peu.

Après, il y a eu le congrès de 2008 avec les magistraux crêpages de chignon entre les fans d’Aubry et ceux de Royal ! Qu’est-ce qu’on en a à foutre ? Hier, on m’en parlait encore… Pourtant le résultat est là : la présidentielle suivante a été gagnée.

Il y a eu la primaire de 2011 avec les misérables attaques réciproques entre les hollandais et les aubristes.

Et depuis, l’engueulade permanente ! Si au moins c’était utile à quelque chose. Même pas ! Les forces de gauche ne se demandent même plus si elles seront au second tour mais si elles seront devant les autres ce qui leur permettra de dire « j’avais raison, nananère ! »

 

Mais avec tout ça, les citoyens, on s’en fout ? La France, on se la met sur l’oreille pour la fumer plus tard ?

21 commentaires:

  1. Vu le bordel chez moi...

    Mais sinon au PS c'est coton aussi. Ca pèse 6% avec un ancien candidat qui se demande pourquoi on lui demande souvent s'il est républicain et laïque.

    Beau billet qui rappelle pleins de moments.

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  2. Deux billets en deux jours : notre number-one bouge encore.

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    1. Ce sont les sursauts de l'agonie, rien de plus…

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    2. L'agonie de la gauche, surtout ! Pour ma part, je ne peux pas regarder des séries et faire des billets.

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    3. Vous ne faites pas d'efforts…

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    4. Ce n’est pas de ma faute : on me force à regarder Breaking Bad, présentement.

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    5. Et après, quand vous aurez fait connaissance avec l'irrésistible avocat véreux de cette série-là, vous vous précipiterez sur Better call Saul dont il est le personnage principal, vous verrez…

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    6. Les séries, le(s) blog(s), les RS, sans oublier la bière.

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    7. C'est quoi t'est-ce, les RS ? Room Service ?

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  3. Bô billet, mister number One.
    J'en viens à cette réflexion. On voit la gauche se réjouir de pouvoir avoir des candidats en commun lors des prochaines élections (départementales ... (et donc dans le 22)). C'est très bien tout ça, tout ça, tout ça. On a donc rangé les petites manœuvres de la dernière fois (merci le PC). Mais qu'en sera-t-il d'un programme en commun ? qu'ont à faire ensemble le PS, le PC et surtout EELV ? ET là je suis le bienheureux ancien militant loin de ce bordel.
    Bises.

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    1. Ne me parle pas des départementales dans le 22, hein ! Ca me fait penser à celles de Loudéac...

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  4. Je ne me sens pas progressiste, que très peu démocrate et je n'ai jamais voté à gauche mais j'aime bien lire votre blog un peu comme un ethnologue essaye de comprendre ce qui se passe dans une tribu dont il ne comprend que 100 mots .. et encore très mal. Je ne capte donc pas tout.
    Par exemple, je ne comprends pas bien pourquoi Ségolène Royale a perdu en 2006. Non pas que j'aurais voulu qu'elle l'emportasse mais je crois qu'elle avait de sérieux atouts:
    - Sa mise en avant de la démocratie participative et l'application de ce concept dans sa campagne. Il faudrait que les candidats de droite et de gauche reviennent sur ce truc car je pense que c'est un très bon moyen d'éviter des problemes et même d'en résoudre.
    - Sa proximité avec les personnes qui me semblait supérieure à celle de Sarkozy
    - Son élégance sans aucune mesure avec celle de son adversaire
    - Le fait qu'elle n'était que modéremment soutenu par le PS de l'époque était un atout également pour se liberer de l'héritage Miterrand / Jospin

    Bien sur son face à face avec Sarkozy avant le deuxième tour avait été désastreux, mais est ce qu'une élection présidentielle se joue dans une émission de télé?

    Avec du recul, je ne crois pas qu'elle aurait été une grande présidente de la république, mais elle aurait été probablement meilleure que Sarko (qui s'est tout de meme pas top mal débrouillé dans la crise des subprimes), Pépère (je ne connaissais pas ce surnom, mais j'aime bien) et Macron, le plus muvais des trois derniers pour moi.

    Tiens, j'aurais du voter pour elle à l'époque ...

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    1. Ah mais je n'utilise pas plus de 100 mots, non plus... Elle aurait été meilleure présidente que candidate...

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    2. Ça, vous n'en savez rigoureusement rien.

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    3. Bien sûr qu'elle aurait pu ! Elle ne l'aurait peut-être pas été effectivement, mais elle aurait pu.

      Du reste, elle n'a pas été une candidate si catastrophique que cela. En tout cas, beaucoup moins que Marine Le Pen dix ans plus tard, par exemple.

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    4. On va considérer qu'une bonne candidate est une candidate qui gagne mais il y a peu d'élue. Je ne sais pas si Marine Le Pen a été une mauvaise candidate dans la mesure où personne de sa formation politique n'a jamais fait autant aux deux tours. Elle a été mauvaise au débat mais même si elle avait été excellente, elle n'aurait pas gagné.

      Pour Ségo, oui, vous avez raison : elle aurait pu être pire comme présidente que comme candidate. Cela étant, on est dans les réponses au commentaire de La Dive à un billet où je dis qu'il faut arrêter de remuer le passé et de refaire les procès. J'ai donc répondu à la Dive par des phrases courtes.

      Je vais essayer de lui répondre. Sarkozy a fait la campagne sur le thème travailler plus pour gagner plus et différents trucs. En gros : "bon, les gars, sortez les doigts de vos cul, vous ne gagnerez de l'oseille qu'en travaillant et vous devez avoir la possibilité d'en transmettre à vos enfants et on va vous filer un coup de main à acquérir votre maison." Les gens, lassés par les traditionnels leçons des politiques comme Ségolène Royal et sa démocratie participative, ont dit "basta".

      Tant qu'à faire, je vais répondre sur un détail : la crise des subprimes. Sarkozy n'a pas spécialement bien géré : il n'a pas eu trop le choix. S'il n'avait pas renfloué en toute urgence une des plus grosses banques françaises, elle tombait, entraînant toutes les autres dans sa chute. Par contre, il a fait une grosse couille (dans l'urgence toujours, hein !, je n'accuse pas), c'est de faire ce renflouement sans contrepartie. La conséquence est que les banques se sont bien remises (on sort toujours d'une crise...) mais pas l'Etat. Il aurait fallu privatiser partiellement pour récupérer le pognon (ne me faites pas dire patati patata : je sais très bien qu'il est plus facile de dire a posteriori ce qu'il aurait fallu faire).

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    5. « il est plus facile de dire a posteriori ce qu'il aurait fallu faire »

      Eh bien moi, même a posteriori, je serais infoutu de dire ce qu'il aurait fallu faire !

      Il est vrai que je n'ai pas trop la tête politique, et encore moins la tête économique.

      On se demande d'ailleurs à quoi j'ai la tête, et même si j'ai une tête…

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    6. Sarkozy n’avait pas des « amis » qui lui plantaient des poignards dans le dos.
      Déjà ça aide ...

      « Gardez moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge »

      Hélène

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