30 mars 2022

La stratégie du billard à trois bandes insoumise à la réalité

 


Les attaques contre Emmanuel Macon semblent doubler en intensité dans la dernière ligne droite avant les élections. On lui reprochait cette histoire de Mc Kinsey et, depuis hier, on le critique beaucoup parce qu’il n’est pas riche alors qu’il a gagné de l’argent quand il était banquier. C’est une vieille histoire : il aurait fait de l’évasion fiscale et cacherait du pognon à l’étranger. Le fait est que je n’y crois pas mais c’est peut-être mon côté neuneu : à une époque, j’ai défendu Cahuzac jusqu’au bout car je ne croyais aux histoires mais il ressort que tout cela tombe au mauvais moment et que ces attaques sont évidemment destinées à faire baisser le score de Macron tout en masquant des éléments politiques importants.

Par exemple, pensez-vous réellement que Marine Le Pen, par-delà toute son histoire politique et celle de son parti qui nous poussent, naturellement, à « faire barrage », ait la moindre compétence pour un job de Président ? Il ne s’agit pas d’appliquer un programme – les militants sont un peu bêtes, non ? – mais d’assurer le respect des institutions et, pour résumer, la gestion des crises comme, aujourd’hui, la guerre en Ukraine et la pandémie…

A noter que la stratégie des LFI qui y croient vraiment est simple : il s’agit d’affaiblir Macron pour le second tour pour inciter les gens à voter Mélenchon au premier de manière à ce qu’il passe devant Le Pen. Ainsi, la meilleure stratégie pour éviter Le Pen serait de voter Mélenchon, ce qui n’est pas idiot, mais dans le seul but de faire barrage au premier tour.

Je suis désolé mais nous ne sommes pas là pour jouer et la stratégie de faire monter Le Pen pour favoriser Macron est dangereuse et stupide. Les insoumis sont désespérés, à la manière de 2017, tant ils sont persuadés que leur programme est le meilleur. Mais il ne prend pas. D’ailleurs, les observer dans Facebook est amusant : ils diffusent des infographies avec tous les éléments du projet en disant « c’est financé » ce qui est à l’évidence faux mais je refuse de rentrer dans ce jeu qui nous a pourri les précédentes échéances.

 


Avant de poursuivre, il faut rappeler les chiffres des intentions de vote et je vais le faire sur la base du dernier « Rolling IFOP ». Premier tour : Macron, 27,5, Le Pen, 21, Mélenchon, 14,5. Second tour : Macron, 53, Le Pen, 47. On va en tirer deux enseignements : l’écart est tel entre Mélenchon et Le Pen qu’une inversion n’est pas probable et celui, au deuxième tour, entre Le Pen et Macron est tel que tous les scénarios doivent être envisagés.

La stratégie des militants de taper sur Macron et pas sur Le Pen est donc infiniment débile. Point. Ils font ce qu’ils veulent et nous pouvons en rigoler dans les blogs.

 


Dans les blogs, justement, un des tauliers qui incarnent mieux cette posture insoumise mais néanmoins tardive est mon copain Denis et la lecture d’un de ses derniers billets est édifiante. Je vous passe le côté farce puisqu’il commence par se baser sur Ségolène Royal pour présenter sa position mais je vous laisse lire. Je vais tenter de reprendre ses arguments un par un (mais rapidement, désolé…). Il commence par dire que les « socdems » (ça doit être moi, ça ?) sortent crachats et insultes mais, honnêtement, la lecture de Facebook montre que « césuikidikilé »… On se fait traiter de collabo, de lascars à la solde de la droite et ainsi de suite. Il dit ensuite que Macron est le candidat de la droite. C’est faux, même si on peut aisément le qualifier de droite. Reprenez le Rolling et ajouter le score des candidats officiellement à droite : 46,5%... La majorité des électeurs de Macron se situe quand même sur la gauche de l’échiquier politique.

La prochaine phase sera sans doute, pour « eux », d’expliquer que Le Pen est à gauche ce qui les arrange bien vu que sa réserve de voix est probablement parmi celle de Méluche. Bravo…

Ensuite, Denis pense critiquer trois points du programme de Macron mais, dans la réalité, deux sont déjà mis en place, la flat-taxe et la suppression de l’ISF. Il reste la retraite à 60 ans mais la proposition de Mélenchon à ce sujet n’est pas d’une grande clarté vu qu’il ne parle pas franchement des années de cotisation et des andouilles qui entameraient une carrière professionnelle après 25 ans. D’une manière générale, il faudrait arrêter de jouer avec les retraites, d’ailleurs. Ou revenir à la base : c’est complètement con de faire travailler les types plus longtemps vu le chômage en général et, plus précisément, celui des séniors. Un travail des vieux est utile quand il permet la formation des jeunes et leur entrée dans la vie active mais c’était le contrat de génération d’Hollande et il convient de taper dessus.

 


Ensuite, Denis prend « la situation autour de lui » (et je le prends au sérieux vu qu’il est maire d’une petite commune) pour expliquer que « la majorité des électeurs socialistes qui avaient voté Macron au 2e tour de 2017 voteront blanc ou s’abstiendront le 24 avril. » par exemple. Le problème est que les faits lui donnent tort. En 2017, environ 26,5% des suffrages exprimés sont venus à gauche dont un peu plus de 6 pour Hamon. En 2022, selon le rolling, ce score de 26,5 reste d’actualité et le total « Jadot plus Hidalgo » dépasse légèrement ce 6 points. La structure de l’électorat n’a pas trop changé… sauf que Macron gagne environ 5 points (et l’on peut supposer qu’il s’agit d’ancien électeurs de Fillon).

Notons d’ailleurs en passant que les voix qui manquent à la gauche pour gagner sont probablement pour la plupart chez Macron et tout s’explique. On pourrait par exemple s’étonner des faibles scores d’Hamon en son temps et d’Hidalgo aujourd’hui et j’ai du mal à l’expliquer aujourd’hui mais je pense qu’il y a, avant tout, un manque de sérieux ou d’ancrage dans la société actuelle alors que dans certains pays les socdems s’en tirent très bien.

 


Pour en finir avec Denis (t’as vu ça ? On se croirait au bon vieux temps des blogowars !) ou plutôt son billet (je n’ai jamais jeté mes amis avec l’eau du bain contrairement à beaucoup…), il poursuit par : « Le rejet de l’hôte actuel de l’Élysée est encore pire que celui de Sarkozy en 2012 et de Hollande en 2017. » Il se trouve pourtant que la popularité du président actuel est supérieure à celle de ses deux prédécesseurs.

Le phénomène est complexe, la haine à l’égard de Macron est sans doute très forte chez certains parce qu’on finit par l’assimiler aux blocages des gilets jaunes, éventuellement aux violences policières qui ont été avec, à la crise sanitaire, à la guerre en Ukraine… Mais il ne faut pas oublier la haine qu’on avait contre Sarkozy (je ne sais pas si Hollande était haï ; je pense qu’il avait plutôt un procès en incompétence mais je ne suis pas totalement neutre). Mais il reste une majorité de Français qui lui font plutôt confiance…

La fin du billet de Denis est terrible car il se trompe lourdement, je pense : personne ne met sur le dos du pouvoir la forte augmentation du prix de l’essence, une très faible minorité de Français critiquent l’utilité du masque, qui a même été le seul moyen de protection efficace, et assez peu mettent en cause le vaccin. Vu sous un autre angle, il est fort probable que « ces ronchons » fassent partie des éternels contestataires qui votent aux extrêmes ou s’abstiennent… Leurs positions quant aux différents événements ne changera rien.

Je parlais des violences policières parce que c’est une excellente façon d’haïr le gouvernement mais, comme je le disais l’autre jour, n’oublions pas qu’elles ont toujours existé et été montrées du doigt. En outre, la plupart des histoires sur le gouvernement en place n’ont que très peu d’impact sur les chiffres. Rappelez-vous ce que Sarkozy a pris dans la tronche entre 2007 et 2012, y compris pour des histoires beaucoup plus vieilles comme le financement de la campagne de Balladur en 1995. Son score de premier tour est passé de 31% en 2007 à 27 en 2012 ce qui n’est tout de même pas un effondrement effroyable (surtout quand on sait que, entre temps, la fille Le Pen a fait 7 points de plus en 2012 que son vioque en 2007).

 


Il ne faut pas se tromper, dans les batailles, y compris dans les réseaux sociaux qui ne sont sans doute que le reflet de la société (sauf que dans la vraie vie, on se fout totalement des anecdotes). Prenez le quinquennat Hollande, où toute une partie de la gauche a gueulé parce que Hollande n’était pas assez à gauche, ils étaient tous sincères… Résultat : son fils spirituel encore moins à gauche, voire franche à droite, a été élu et la gauche est torpillée, durablement, sans doute.

La vérité, et c’est mon avis, est qu’une arrivée de Mélenchon au second tour serait une catastrophe car elle empêcherait l’émergence d’une gauche sérieuse, d’une vraie gauche de gouvernement qui pourrait nous faire revenir vers un certain progrès… Et les militants sont dans le déni.

Ils ont mis Macron comme ennemi numéro un. Ils ne devraient pas.

13 commentaires:

  1. Par pure charité j'ai parcouru le billet du monsieur et ça ressemble à tout ce qui se charrie comme contre-vérités et d'intox. Rien de nouveau. Encore quelques jours à patienter avant un repos bien mérité à Caracas.

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    1. La question n'est sans doute pas de savoir s'il s'agit de contre vérités dans le billet de mon pote mais il reflète ce que l'on voit dans les réseaux sociaux.

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    2. Leur tort c'est de croire qu'on fait de la politique dans les réseaux sociaux. Ce n'est que du trollage de masse, de l'auto persuasion et du montage de bourrichon entre gens de même convictions. Pareil pour l'extrême droite. Les vraies gens qui font les candidats qui gagnent n'en ont rien à foutre. Avant on appelait ça la majorité silencieuse. Silencieuse mais qui va voter le moment venu. Le paradoxe risible est que les débiles qui gueulent plus fort parce qu'ils sont moins nombreux, s'abstiendront, pour aller pleurer qu'il y a eu trop d'abstentionnisme et délégitimer le gagnant. Vieille ficelle de cour d'école : j'ai perdu mais c'est la faute des autres. Quant à la comparaison avec l'époque Sarko, c'est vrai que nous avons tapé dessus comme des sourds, mais seulement avec des faits (la plupart du temps) et avec la différence que nous avons fait gagner notre camp et fait élire pépère.

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    3. On est d'accord sur les réseaux sociaux (on tourne entre nous...) mais mon pote parle de ce qu'il voit autour de lui et c'est aussi une erreur, que j'ai faite en mon temps, à force de me baser sur ce que je voyais auprès des collègues de bureau. D'où l'intérêt de revenir sur les sondages.

      Quant à Sarkozy (ou même Fillon sur qui on a ben tapé en 2017 même s'il n'était pas sortant), je pense que la véracité a peu d'importance contrairement à leur vraisemblance. Accuser aujourd'hui Macron ne pas être riche est quand même risible...

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  2. Risible et paradoxal pour un "président des riches" comme ils ont toujours voulu le présenter. L'arroseur arrosé. Mais lorsqu'on voit Trump, milliardaire qui tirait derrière lui un électorat de smicards, on se dit qu'on ne comprend pas tout.

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  3. Je n'ai jamais dit, ni écrit que Le Pen était à gauche. Je dis assez de conneries comme ça. Et, pour ma part, je n'ai jamais qualifié qui que ce soit de collabo. Les mots ont un sens.

    Je ne comprends pas la lecture que tu fais du billet qui est surtout de dire que, pour nous éviter Le Pen au 2e, quand on est de gauche, il faut voter Mélenchon au 1er... pour qu'il se prenne très certainement une branlée au 2e.

    Autre exemple : parlant de l'ISF et de la flat tax, je cherchais des exemples pour illustrer que Macron était de droite. Tu as décidé de lire mon billet comme cela t'arrangeait et c'est ton droit le plus strict.

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    1. Tu dis que vous vous faites insulter, je dis qu'on se fait traiter de collabo car on refuse de voter Mélenchon. Si je fais des erreurs de lecture, toi aussi...

      Je fais une lecture détaillée de ton billet, pourtant, mais je réponds en général à tous ceux qui nous disent de voter Méluche. Je me suis peut-être trompé sur les trois éléments de programme. CE n'est pas bien clair.

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    2. « la fille du borgne » .... c’est d’une élégance !
      On dit pas « le sourd » quand on parle de Jean Luc Mélenchon.

      Hélène

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  4. @captainhaka

    Quelles contre-vérités ? Quelles intox ? Caracas... ça sent le type à bout d'arguments.

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    1. Désolé, Denis, ton commentaire était bloqué dans les tuyaux.

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  5. c'est moi ou depuis Sarkozy, on devrait se positionner contre plutôt que pour, par défaut? OK Hollande n'est pas présenté, mais ca aurait été la même chose, non?
    Donc fi des programmes pour séduire, analyse de ceux des autres pour l'utilité?

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    1. Il n'y a pas de solution : tout le monde est persuadé que les programmes des autres sont bidons.

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