16 mars 2022

Les promesses : à tenir ou à éviter ?

 

Grand prometteur

Emmanuel Macron a sans doute parfaitement raison d’annoncer passer l’âge de la retraite à 65 ans : il va s’attirer les fleurs de types d’une droite traditionnelle et les gens de gauche qui devaient aller voir ailleurs iront voir ailleurs quoi qu’il arrive. L’important est qu’il ne le fasse pas quand il sera élu, non pas pour des raisons évidentes telles que les gens sont déjà fatigués et qu’il y a plein de vieux chômeurs mais, tout simplement, et à mon sens, parce que c’est compliqué d’obliger à travailler plus, justement quand on a plein de chômeurs et pas que des vieux. Il ne s’agit pas d’une mesure comptable comme celle expliquée par Jean-Luc Mélenchon (il n’a pas tort, repousser l’âge de la retraite créera du chômage et donc un trou dans les caisses ad hoc, mais je me fous de la compta). De toute manière, n'oublions pas qu'une promesse est destinée à se faire élire, pas à faire joli.

Ainsi, en campagne, il y a des choses à dire et d’autres à ne pas dire. Par exemple, Mélenchon, dont je parlais, dit partout qu’il veut se débarrasser des centrales nucléaires. Il ne le fera pas probablement pas tout simplement parce que ça ne peut pas se faire en cinq ans : il faut prévoir les sources d’énergie alternatives, les « contrats » pour le démantèlement, les aspects juridiques avec EDF et j’en passe. C’est une erreur de promettre une chose qu’on ne tiendra pas parce que cela créera du ressentiment et on verra toujours des écolos pouffer. Mais, en plus, avec ce projet, il se met à dos tous les types comme moi qui pensent que le nucléaire restera important des années et, comme dirait Roussel, pour réindustrialiser la France, il faut produire de l’énergie (et dire aux électeurs qu’il faut baisser le chauffage est ridicule).

 

Notons que je critique, ici, Mélenchon mais, contrairement à souvent, c’est uniquement à titre d’exemple. D’ailleurs, je vais critiquer Hollande, le seul président dont j’ai fait la campagne et qui a été élu (sans rapport de cause à effet…) puis que j’ai soutenu. Et je vais parler de trois points qu’il avait à son programme : la diminution de la part du nucléaire dans la production énergétique à 50% en 2025 ou 2035, de mémoire, la taxation à 75% des hauts revenus et la renégociation des traités européens.

Je passe le premier : il a essuyé un gros échec. Mais depuis, les socdems ne sont plus trop crédibles en matière d’énergie… Comme devrait le faire Méluche aujourd’hui, il aurait dû tenir des propos moins « engageants » comme dépenser du pognon pour étudier d’autres sources d’énergie, comme l’hydrogène ou la fission à laquelle on ne comprend rien et pour la recherche pour des trucs comme les batteries. Cela étant, il a tenu cette promesse uniquement parce que Titine en avait pris l’engagement devant les écolos. Les accords électoraux sont à chier.

La taxation des hauts revenus à 75% a fait bondir plus d’une personne comme moi (à la limite peu importe) hurlant au gauchisme mais, ensuite, a donné la crise des « geonpis » qui a marqué une rupture de confiance entre les entrepreneurs et les socdems. On l’oublie souvent mais « la fronde » n’a pas commencé à la gauche de la gauche… Peut-être fallait-il ça pour être élus.

Enfin, la forme de la promesse de renégociations des traités européens était très mauvaise. Les traités en question (on parle en fait des accords du 9 décembre 2011 mais les andouilles ont confondu avec le traité de Lisbonne) étaient, de mémoire, déjà signés par la France. Vous avez le droit de relire les propositions 11 à 13 du projet de pépère. Forcément, il n’a pu rien faire d’autant qu’il y a eu la crise grecque où il n’a pu qu’essayer de sauver les meubles et il a attiré… la fronde. Rappelez-vous, les premières critiques « de gauche » qui lui étaient faites portaient sur ce sujet.

En trois promesses idiotes : grillé avec les écolos, grillé avec les entrepreneurs et grillé avec les gauchistes. Bravo Fanfan ! Encore heureux, encore, que les gugusses comme moi n’aient jamais cru à ces promesses, ça lui a assuré des soutiens jusqu’au bout…

 

Plus pour les besoins de mon blog que par intérêt d’électeur, j’ai beaucoup lu les projets, cette année. Pour terminer ce billet, je vais prendre un seul exemple : l’augmentation du SMIC, voulue par tous les partis de gauche. Avant toute chose, n’allez pas croire que j’y suis opposé, je me contente d’illustrer un billet de blog avec des promesses à ne pas tenir. D’ailleurs, les partis de gauche devraient donner chaque année un petit coup de pouce au SMIC plutôt que d’en faire des arguments électoraux.

Tout d’abord, prenez Google et cherchez le nombre de smicards en France. Ebahis, vous constaterez qu’ils représentent 5% des électeurs. En aucun cas, ça ne peut être une cible électorale « valable » : la promesse ne touche donc que ceux qui veulent faire le bonheur des gens malgré eux ce qui est très commun à gauche. En fin de compte, l’argument électoral ne sert à rien, d’autant que tous les candidats de gauche sont d’accord.

Je ne veux pas parler ici des conséquences économiques de cette augmentation (les entreprises seraient mises en difficulté et une inflation serait naturellement provoquée empêchant tout effet positif pour les bénéficiaires) car une discussion serait sans fin. Je me répète mais il faudrait mieux augmenter les « minimas » par petites touches.

Admettons que le SMIC soit à 1200 euros et que « le candidat » promette 1500. Automatiquement, le type qui touche 1300 euros se retrouvera au SMIC et je ne suis pas sûr que ça lui fasse plaisir. Son patron ne va pas décider de le passer à 1600. L’augmentation importante du SMIC, si elle fait plaisir aux braves électeurs heureux et emphatiques, aura pour conséquence d’augmenter le nombre de smicards et, en même temps, le seuil de pauvreté. C’est mathématique. Pour le seuil de pauvreté, on n’a pas fini de rigoler vu que le nombre de pauvres va augmenter avec l’augmentation des revenus. Amen… Il va falloir beaucoup d’aspirine.

Tant que j’y suis, la plupart (voire tous) des candidats de gauche promettent l’augmentation des minimas divers mais pensons aux gens qui ont travaillé et cotisé toute leur vie dont les revenus vont être « rattrapé » par ceux des gens qui n’ont jamais cotisé. Après, les gauchistes officiels continueront à nous bassiner avec l’importance de la différence entre le salaire net et le brut et tout ça…

 

Prometteur débutant

Ayons quand même une pensée émue pour Darmanin qui vient de promettre l’autonomie de la Corse, ou presque, s’asseyant ainsi sur les valeurs de la République, son indivisibilité et tous ces trucs. Et, pour revenir à mon introduction, pensons aussi avec une certaine émotion avec toutes les andouilles qui promettent une réforme des retraites depuis 40 ans, à savoir depuis que l’âge légal est passé à 60 ans car Mitterrand n’avait pas grand-chose à foutre de ce qu’il promettait. Ca faisait tout son charme.

Amen aussi.

13 commentaires:

  1. ‘Déjà
    1/ Mélenchon a raison pour l’assurance Chômage, mais actuellement, car repousser l’âge du départ à la retraite avec les régimes actuels n’est que la préparation à la privatisation.

    Imagine qu’on transfère aux fonds de pensions dans quelques temps, le système actuel de nos retraites, oulala, ils ne voudraient pas passer pour de gros méchants en raidissant toutes les conditions dont nous bénéficions aujourd’hui.

    Bon, je continue à lire

    Hélène

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    1. Tu peux nous le faire en clair ?

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    2. Je veux dire que lorsque les retraites seront privatisées, il ne sera plus question de transfert de charge d’un poste à l’autre, mais bien d’une charge au titre du chômage qui sera rallongée de 5 ans.
      Pendant ce temps les fonds de pensions bénéficieront de 5 ans de plus de cotisations.

      Bon je reconnais que mon explication est jus de boudin.

      Hélène

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    3. La privatisation n'est pas dans l'air du temps. Arrêtons les chiffons rouges.

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  2. Si tu as raison sur le fond, tu oublies un paramètre important de la 5ème, la rencontre des Français avec celui qu’ils vont élire.
    Il y en a eu plus de la moitié qui ont préféré « moi président » à son adversaire. Je ne crois pas que le « menu » ait eu grande importance au moment du choix. D’ailleurs c’est généralement le cas à toutes les présidentielles, le défit pour l’élu étant de garder son « aura » pendant 5 ans. Il faut reconnaître à « tonton » cette capacité ... et pendant 14 ans monsieur ! Quelle douleur pour moi 😰☹️

    Hélène

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    1. Les promesses que je cite n'ont pas été faites dans la dernière ligne droite, elles ont été nécessaire à un moment des campagnes, par exemple, pour Hollande, pour avoir longtemps à l'avance des gens derrière lui. Je n'ai pas oublié "la rencontre" mais ce n'est pas l'objet du billet. Quant à tonton, tu as oublié à quel point il était grillé en 1986 et 1993... Heureusement à chaque fois qu'il a eu deux ans de cohabitation pour remonter...

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    2. la cohabitation comme programme? :)

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    3. Mitterand : Non je n’ai pas oublié, mais c’était sans compter la droite la plus sotte du monde.
      Quoiqu’il en soit les électeurs ont bien préféré tonton à cette droite. 4 ans de désamour contre 10 d’amour, il a gagné, que ça me plût ou non.

      Hollande : je pensais qu’il n’était pas du tout préparé à une candidature, puisque DSK était sûr d’être le gagnant des primaires, et donc qu’il y avait eu peu de temps pour préparer la campagne.
      En revanche, les militants ont été transcendés pour mener une campagne formidable (dossiers et communication), d’autant qu’ils avaient été sidérés par l’affaire DSK.
      J’y ai vu une formidable machine humaine et humanisée qui m’a amenée à voter pour lui.

      Helene

      Hélène

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    4. Mitterrand est parti par hasard avec une bonne opinion mais on est hors sujet.

      Hollande était parfaitement préparé, ayant commencé plus d'un an avant la primaire et, peu avant cette dernière (ou du moins la chute de DSK), les sondages n'étaient pas mauvais. Et si tu considères que la campagne a commencé mi mai 2011 (à la chute, donc), il restait un an...

      Oui la campagne a été bonne mais c'est surtout parce qu'elle a commencé largement en avance par rapport à l'élection.

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  3. Le hic des promesses de campagne, qu'elles portent sur les salaires ou autres, est que généralement, ca porte sur un poncif (mais vrai) que ce soit à gauche ou à droite. Des entreprises gagnent beaucoup d'argent, donc toutes les entreprises le font. Des gens fraudent? donc tous fraudent. Une catégorie type minorité visible (flic par exemple) est dans le mauvais? donc ils sont tous mauvais... ce qui est rare est cher, donc Bret est rare parce que Bretécher... et à vouloir tout le temps opposer deux contraires en mode exclusif, ben on perd du temps et on arrive à la situation actuelle sur l'énergie, la retraite, etc... aucune transition digne de ce nom n'est en place voire on est tous d'accord à condition que les éoliennes soient chez les autres et qu'on ait du courant quand il n'y a pas de vent... Ou on fait la clause du grand père, après moi le déluge...Bref, à part sur les sujets de société, la réalité du quotidien et la réal politik les rejoindront quel que soit leur bord. Autant voter pour un projet de société que pour un projet économique. Et je préfère un projet qui essaiera de rendre les jours heureux (put.. je deviens monomaniaque)

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    1. Oui et non. Je me demande si tu n'es pas totalement hors sujet sur la deuxième partie de ton commentaire.

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    2. oui c'est probable, ce n'était pas l'intention. Je me suis laissé embarquer dans des exemples qui font hors sujet. Mais l'idée reste quand même qu'on ne peut pas décider que du jour au lendemain, tout change sans un minimum de préparation dans le temps (donc au pouvoir).

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    3. Bah ! Ils sont tous très préparés...

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