01 octobre 2022

Autrices, on crie !

 


« Nombreuses sont les femmes qui refusent de féminiser leur métier d’écrivain et de se faire appeler «autrice» ou «auteure». » J’ai eu la chance de pouvoir lire cet article du Figaro pourtant réservé aux abonnés. Je ne vois pas, effectivement, pourquoi une « femme qui écrit un livre » voudrait passer pour « autre chose » qu’une « personne qui écrit un livre », comme s’il devait y avoir une catégorie spécifique, un peu comme en sport, où, pourtant, on imagine les raisons…

Depuis que je tiens ce blog, j’ai beaucoup discuté avec des féministes, souvent devenues des bonnes amies, qui m’ont très souvent convaincu à de nombreux sujets (je me rappelle notamment d’une discussion avec Olympe au sujet du « plafond de verre », phénomène que je minimisais beaucoup… Et ne parle pas d’Elodie qui sait être convaincante à plein de sujets ni d’autres, moins militantes mais tout aussi convaincues). En revanche, voir des hommes – de potes – se prétendre militants féministes m’a toujours amusé. Je dois être un méchant réactionnaire, peut-être de gauche, mais avec de mauvaises fréquentations…

Par exemple, je ne concevrai pas que l’on puisse remplacer les jeunes filles blondes à l’accueil de l’immeuble ou de bosse par mecs ou même des grosses pétasses, même si ça serait probablement très amusant. Dans mes sources d’amusement, il y a la fameuse charge mentale qui me laisse pantois. Je suis sans doute idiot, mais je ne vois pas l’intérêt, par exemple, de repasser des draps lavés et séchés dans la journée avant de les remettre sur mon lit ! Autant vous dire que je ne vois pas l’intérêt de faire un lit avant d’aller se coucher alors qu’on va commencer par « défaire le lit » notamment s’il fait un peu chaud. Mon féminisme a vraiment des limites.

D’autres aspects m’énervent comme l’espèce de totalitarisme qui veut qu’on arrête de séparer les mômes entre celleux (si je puis me permettre) qui jouent au foot et celleux qui préfèrent la corde à sauter.

 


Cela ne m’empêche pas d’être un foutu égalitariste sur des tas d’aspects, notamment au niveau professionnel et salarial et cette manie qu’ont certains lascars de se regrouper pour s’assurer que c’est bien un des leurs qui deviendra le nouveau patron m’énerve au plus haut point et pas uniquement parce qu'il y a une inégalité mais aussi parce que c'est insupportable de voir des abrutis encravatés monopoliser des estrades.

Et je ne suis pas sûr que séparer les « auteurs » des « autrices » aille vraiment dans le bon sens.

J’ai néanmoins un côté pragmatique : par exemple, je ne vois pas ce qui pourrait faire que les employeurs ne préfèrent pas embaucher des hommes de trente ans dont la probabilité de tomber enceinte est assez faible, quoiqu’en dise le planning familial, plutôt que des femmes. C’est certainement immoral, certes, mais c’est humain.

Je vais le dire autrement : en politique, on essaie de pratiquer une espèce de parité imposée par la loi. Cela m’agace sérieusement car cette « mixité » devrait être naturelle. Mais, par pragmatisme, bis, je veux bien qu’on impose des choses pour faire bouger le monde. Il n’empêche qu’un parti politique obligé de présenter des femmes dans la moitié des circonscriptions pourra toujours leur réserver aux hommes celles présumées gagnables. C’est d’ailleurs ce que l’on voit sur le terrain ! La solution a peut-être été trouvée pour les élections départementales (ce sont des paires qui se présentent dans les cantons) mais, d’un point de vue opérationnel, c’est quand même insupportable d’avoir « un chef des hommes » et une « cheffe des femmes » ! Ca va contre tous les principes d’égalité, il me semble.

 


J’habite dans une banlieue rouge : la candidate ou le candidat issu de la gauche radicale est à peu près sûr d’être élu (ou élue, m’énervez pas). Ma député est Mathilde Panot. C’est une femme.

Notons que je veux bien dire « ma député » au lieu de « mon député » ce qui est une faiblesse de ma part, je le concède, mais il est hors de question que je dise « ma députée » en petite vertu d’une règle d’orthographe (rappelée par Google : « Les noms féminins terminés par té et tié ne prennent pas de E muet final, SAUF les SIX exceptions suivantes : la butée, la dictée, la jetée, la montée, la pâtée, la portée, ainsi que tous les noms qui indiquent une quantité ou un contenu : l'assiettée, la fourchetée, la brouettée, la charretée, la pelletée... »).

Je ne sais pas pourquoi Mme Panot a été désignée comme la candidate. Sans doute les militants locaux ont-ils pensé qu’elle était la plus apte pour faire le job (candidate puis député), ce qui est tout à leur honneur. Peu importe. Elle est « progressivement » devenue cheffesse du groupe LFI à l’Assemblée, probablement grâce à la parité.

 


Toujours est-il qu’elle a déclaré à propos d’Elisabeth Badinter : « Dire autant de bêtises en un temps aussi réduit, relève du talent. » C’est insupportable. Je ne parle pas du fait que comparer les capacités intellectuelles des deux femmes semble surréaliste : c’est la saucisse de Francfort qui se moque de celle de Morteau. Ma député tient son poste du combat mené par des générations de femmes qui se sont battues pour la cause…

Je ne vais pas rappeler ce qu’a dit Madame Badinter (et que, vous l’aurez saisi, je juge de bon sens mais je préfère l’avoir elle, comme référence, que Madame Rousseau). Je ne vais pas rappeler, non plus, tout ce qui a été dit à son sujet. Je vais quand même répété ce que j’ai écrit à propos des histoires récentes : il aurait fallu lâcher la grappe à Adrien Quatennens à partir du moment où il a démissionné de son poste de coordinateur de LFI (le reste est du ressort du privé et Jean-Luc Mélenchon a parfaitement eu raison de rappeler son affection, même si son message était mal foutu) et Sandrine Rousseau aurait dû saisir la justice quand elle a été avertie de ce qui touche Julien Bayou (je vous laisse quand même lire l’article de Libération rappelant le contexte mais il est réservé aux abonnés).

Je vais aussi rappeler ce que je disais à époque de « #metoo » : « Noble combat mais attention à la présomption d’innocence, bordel ! ». Cela ne m’empêche pas de penser, par exemple, que les propositions de LFI pour lutter contre les violences faites aux femmes en augmentant fortement les budgets pour leur permettre de parler, de chercher une protection… sont bonnes. Et de penser que la justice et la police feraient mieux de consacrer du temps à ce sujet qu’aux jeunes des banlieues qui vendent des cigarettes de contrebande à des laissés pour compte sans oseille. On ne mesure pas la souffrance au quotidien de ces milliers ou dizaines de milliers de femmes battues par des imbéciles qui ne méritent que le mépris avant de finir dans les bas-fonds de nos geôles républicaines.

 


Tu te demandes peut-être pourquoi je dégoise toutes ces âneries.

C’est simple, je n’aime pas ce néoféminisme limite woke et je pense que toutes ces bêtises sont nuisibles à la cause du féminisme, tout comme à la cause de la gauche, en général, ce que je dis souvent et depuis longtemps à différents sujets mais les scrutins finissent par me donner de plus en plus raison.

La France a une histoire et la cause des femmes avance progressivement, peut-être trop lentement, mais il faut laisser du temps au temps et ne pas tout balancer sur la table au cours d’une canicule et du mois qui a suivi, entre la virilité des mangeurs d’entrecôtes au barbecue et l’enterrement des icones du féminisme, le tout sur un fond de ce qui n’est qu’une succession de faits divers…

Emmanuel Macron a menacé de faire une dissolution (ce qui fait hurler ce qui disait, juste après les élections, qu’ils l’obligeraient à faire cette dissolution… mais le ridicule ne tue pas). S’il l’a fait, j’ai bien peur que la gauche ne s’en remette pas et qu’on se trouve une majorité présidentielle vaguement renforcé et une extrême droite épanouie, si on n’arrête pas de raconter des conneries.


N.B. : chercher "hôtesses d'accueil" dans Google Images (ce que je viens de faire pour illustrer ce billet) vous donnera la preuve du machisme ambiant (que je reprends à mon compte, of course).

8 commentaires:

  1. Je viens seulement de comprendre le titre, alors que je l'ai sous les yeux depuis des heures : cépabo d'vieillir !

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    1. Mais arrêtez de vieillir, bordel ! Je ne sais pas si vous vous rendez compte que VOUS ALLEZ RESSEMBLER A ARIE.

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    2. Mais non, rassurez-vous : j'aurai l'élégance de mourir bien avant cela !

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  2. Je suis pas motivé pour commenter sur des histoires de gonzesses. J'aime bien Babeth, mais elle devrait passer la main avant d'être perdue en sortant de son ascenseur. Quand a Sandrine et Meluche une lorelei d'à peine la trentaine va leur siphonner leurs partis, comme le scénario italien, suédois ou finlandais. La gauche devrait arrêter de yototer. Mais c'est un avis
    de vieux con,

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    1. tu as raison. C'est un peu de fond de mon billet du jour.

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  3. Le titre est formidable.

    Le maire de mon village est une amie, vice présidente socialiste de mon département, qui refuse qu'on l'appelle "Madame La Maire". Soit on l'appelle "Madame Le Maire" comme dans la langue française, soit pas son prénom.
    Elle a la même vision du féminisme que moi : c'est pas en féminisant les noms et en faisant des conneries (style le "il fait belle" plutôt que "il fait beau", ou arrêter d'appeller les écoles les "maternelles") que des femmes arrêteront de se prendre des baffes ou des mains au cul.

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