04 janvier 2023

La gauche timbrée de 2023



Il va à peu près de soi que je vous souhaite une bonne année pour 2023 et plus si affinité encore que ça me fasse rire : il y a des gens qui m’avaient souhaité une bonne santé pour 2022… Alors, de cette année, vous en ferez bien ce que vous voudrez… tout comme moi, d’ailleurs. Y compris sur ce blog dès lors que j’aurai trouvé comment le redémarrer ! Pour se faire, il faudrait que je sache ce dont au sujet duquel, outre le perfectionnement de mon jacter, envie d’y brandouiller.

Cela étant, tonton, c’est un blog politique et il est d’usage d’indiquer ce que l’on estime bon pour le pays, le monde, la commune, le cinquième étage du 8 place Victor Hugo ou que sais-je. Je vais continuer à le faire mais il faut bien reconnaitre qu’on a le sentiment de parler dans le vide. Quand on commence à bloguer, on a l’impression que les vérités que l’on peut graver dans les pixels de son écran vont faire le tour du monde mais, au bout d’une diseptaine d’années, je dois reconnaitre que cela en fait au moins quinze que je n’ai aucune illusion. Alors le faire, comme je l’ai souvent fait, par exemple, du temps d’Hollande, ne me semble utile qu’à moi pour travailler ma bouillie cérébrale avec, néanmoins, l’espoir de passer pour un vieux sage ou de sortir de leur solitude les imbéciles qui sont d’accord avec moi.

Ma deuxième contrebasse dinde est de déblatérer autour de ce que devrais faire la gauche pour reconquériser son électorat. J’ai beaucoup donné en 2022 ce qui ne fût pas d’une grande finesse de ma part si j’en crois mes non-lecteurs. Si je le fais, tout de même, c’est pour vider mes nerfs quand l’heure de l’apéro n’est pas proche car cela m’énerve de voir des types que j’aime bien nier des évidences surtout quand elles sont démontrables. Prenons la stratégie du PS depuis « après 2012 » : il perd toutes les élections nationales. On peut trouver toutes les explications possibles. Alors prenons la stratégie du PS depuis « après 2017 » : il perd toutes les élections nationales. Mettre cela sur le dos du hollandisme triomphant battu n’a plus de trop de sens.

La stratégie est mauvaise : on perd. C’est ce que j’appelais, à l’instant, une évidence démontrable même si un puriste de la langue pourrait qualifier cela de ridicule.

 


Quelle que soit la manière d’aborder le sujet, notamment via l’échec de la Nupes ou l’ineptie des nouveaux wokistes, c’est pareil. 30% des électeurs votent à gauche, sans doute à cause d’un vote « conditionné » (ben oui, quand on se prétend de gauche, on vote pour ce qui est officiellement à gauche mais j’ai passé l’âge), et pas grâce à une adhésion à des idées politiques emplafonnées dans un catalogue de mesures sans cohérence, sans dessein, sans projet…

Une étude des sondages de popularité va dans mon sens : les chefs de la gauche opposées à la Nupes sont largement placés devant les partisans de ce bordel. C’est une preuve. Il n’y a même pas à discuter.

 

Il reste, bien sûr, à évoquer « individuellement les sujets de fonds ». Je mets des guillemets pour faire joli. Prenez cette histoire de suppression des timbres rouge par la Poste. Dans les réseaux sociaux, les internautes de gauche mais aussi les éternels populistes ont ronchonné, comme toujours. L’ami Seb en a même fait un billet de blog.

Mais, comme à chaque fois, d’ailleurs, qu’est évoqué un service public « de proximité » (transport, poste…), le cœur parle à la place du cerveau. La vraie question est : qui a encore besoin d’envoyer du courrier urgent ? Je suis sérieux : posez-vous la question ! Je voyais un exemple cité : les arrêts de travail. Il faudra qu’ils arrivent au plus vite à la CPAM. Il faut donc un envoi prioritaire. Or, la vraie question est de savoir pourquoi un arrêt de travail saisi par un toubib sur un ordinateur connecté à Internet nécessite un envoi par la Poste ? Et je ne parle pas que du coût de traitement. Et pourquoi en moins de 48 ? S’il faut changer les textes et les règles, changeons les… Je vais y revenir.

Je vous laisse multiplier les exemples et expliquer quels sont les cas où les individus équipés d’internet ne peuvent pas y échapper ? Il n’y en a pas, je suppose.

Pour l’anecdote, j’ai eu un arrêt de travail cet été, je l’ai envoyé « en vert ». Il y avait un imprimé pour le 13 juillet au 13 août mais les gens de la CPAM n’ont retenu que du 13 au 31 juillet suite à je ne sais quelle heure. Et comme j’étais réellement malade (« à bout de souffle » dans tous les sens), je n’ai même pas pensé à faire une copie. Je veux bien comprendre leurs problèmes d’organisations et leurs erreurs humaines mais plutôt que d’obliger un service public à acheminer un papier en moins de 48h, on pourrait obliger les différents acteurs à avoir un fonctionnement correct.

 


Par-delà cette bête logique (et j’attends vos exemples), nos internautes populogauchisants sortent l’argument des inégalités notamment vis-à-vis de la « fracture numérique ». A part l’aspect territorial lié à l’accès au haut débit, ils ne savent sans doute pas ce que cela veut dire.

Il me semble que lutter contre la fracture numérique n’est pas de permettre à ceux qui en sont victimes de pouvoir se passer d’internet mais au contraire d’en bénéficier : et si la feuille d’arrêt de travail saisie sur le terminal du docteur pouvait directement être envoyée à la CPAM, le sujet serait assez vite résolu. Les lascars n’auraient pas accès à internet, certes, mais ils n’en auraient plus besoin. Et s’ils ne cherchent pas à avoir à accès à Internet autrement que pour de vrais besoins, c’est qu’ils n’en ont rien à cirer et je ne vois pas pourquoi les emmerder avec cela…

 


Ce qui nous fait franchir un stade : les militants vont se fourvoyer sur la définition de la fracture numérique pour se concentrer sur ceux qui n’ont pas accès à internet (soit personne hors contrainte de haut débit, vu que toute le monde ou presque à un smartphone ou une box pour la télé) ou ceux qui ne savent utiliser internet (et là, la proportion de la population n’est pas neutre – je suis moi-même emmerdé quand je dois réservé un vulgaire billet de train en passant par SNCF Connect) sans étudier les solutions qui pourraient permettre à tout le monde de profiter du numérique (par exemple, en envoyant automatiquement les arrêts de travail).

De fait, les arguments électoraux que l’on pourrait en tirer (et je suppose que c’est le but de toutes les publications sur le timbre rouge) tombent à l’eau : aucun électeur ne va changer son vote à part pour l’extrême droite s’il est exclu de quelques progrès technologiques avec des impacts concrets. Laissons-donc les spécialistes travailler… et les partis politiques expliquer comment ils comptent faire travailler ces spécialistes et imaginer des solutions (tenez ! Vendre des billets de train dans des bureaux de poste me rendrait bien service…).

 

Il reste que la presse (et les blogueurs comme l’ami Seb) concentre les remarques autour de la solution de remplacement proposée par La Poste qui, c’est vrai, ressemble à une usine à gaz. Ils oublient toutefois de rappeler que c’est du pipi de chat vu que les recommandés peuvent s’envoyer par courrier électronique depuis longtemps (le principe est le même : l’usager tape son texte sur un ordinateur et La Poste fait le reste).

Il faut voir les impacts « techniques » ou « organisationnels ». Un courrier standard doit être acheminé du bureau de poste où vous le… posterez, jusqu’au bureau d’où partira le facteur du destinataire. C’est un peu compliqué (le service reste mais il ne peut plus être garanti sans délai). Avec le nouveau machin, vous avez une garantie de distribution à J+1 (s’il y a une tournée du facteur…). Cela étant, on s’en fout, ça ne sert à rien. Et, en fin de compte, on a un progrès pour les victimes de la fracture numérique qui pourront prendre rendez-vous avec le facteur, qui pourra scanner les documents et les envoyer lui-même, garantissant, alors, un vrai J+1.

N'oubliez jamais de comparer le courrier que vous recevez avec celui que vous envoyez. Ce n’est pas le même usage…

 

Voila ce que j’aimerais continuer à faire sur mon blog : expliquer, réfléchir, recevoir de vraies contradictions si je me plante… et arrêter d’hurler « ah ben la fin de la lettre rouge est l’avènement du libéralisme ».

Admettez quand même qu’on a mieux à faire.

19 commentaires:

  1. Il existe une flopée de beaux timbres qu'on envoie en espérant agrémenter un peu l'existence du réceptionnaire. En général c'est uniquement des envois rapides.... Vous devriez vous renseigner un peu...

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    1. Parce qu’ils vont disparaître ? Et quand bien même ? Quel volume de beaux timbres envoyés à des particuliers ?

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  2. Chui bien d'accord.
    Sauf pour SNCF Connect : si tu n'y arrives pas, c'est pas parce que leur site est à chier (comme tes cravates, jadis)

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    1. Je n’ai pas dit qu’il était à chier.

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    2. Ah merde. J'ai mis un "pas" en trop. Je recommence.

      "Chui bien d'accord.
      Sauf pour SNCF Connect : si tu n'y arrives pas, c'est parce que leur site est à chier (comme tes cravates, jadis)"

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    3. Je réagis, proteste et m'insurge : l'expression "cravates à chier" n'est pas libre de droits quand elle s'applique à des Bretons en surcharge pondérale et résidant dans des banlieues de merde !

      Par conséquent, ma chère, j'ai le regret de vous informer que vous me devez une mousse. Avec faux col décent.

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    4. Elodie, elle n'est pas si mal faite que ça malgré les couacs du départ (j'ai réussi à tout faire avec, hier, malgré mes jérémiades dans Facebook : j'ai même réussi à me faire rembourser d'un trajet annulé officiellement mais que j'ai fait quand même...).

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  3. J'aime bien ton billet. Bon, je n'arrive plus au boulot à commenter autrement qu'en anonyme mais bon c'est le bordel.

    Concernant le wokisme, j'ai lu une prise de position de mon ancien député socialiste sur ce qu'il considère comme une "religion de rejet et obscurantiste". Il reste une gauche éveillée, qui ne voit pas du "racisme" ou de "l'ultralibéralisme" n'importe où (mais c'est vrai que ça permet d'éviter de réfléchir ces réflexes).

    Le Faucon

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  4. je me demande de quand date mon dernier envoi de courrier papier ! ça doit faire des années, peut-être 2015. J'ai entendu des gens expliquer que c'est les timbres qu'on allait supprimer. Tout est possible avec les neuneus. Et comme tu le dis très justement, la bétise c'est de devoir encore envoyer des trucs en papier alors qu'on nous dit de numeriser notre santé avec un truc comme "mon espace santé" .. qui n'est toujours pas capable de me dire quelle est la spécialité que j'ai consulté à l'hôpital un jour où j'y suis allé je le sais moi, mais ce n'est pas affiché a part "consultation cotée CS". Et autre exemple, j'ai fait un bilan santé "gratuit": les résultats ne sont pas numérisés ! et donc pas dans "mon espace santé".. alors que ça contient analyse sang, bilan cardio etc.. Bref y'a encore du travail et surement des gens qui bossent sur ces sujets mais on n'en sait rien.

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    1. Pendant mes séjours à l'hôpital, il fallait que je transposte moi même les résultats "papiers" des analyses faites dans un service pour les autres services...

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  5. Je ne me suis pas encore bien remis de l'abandon du réseau de courrier pneumatique de Paris (les petits bleus) en 1984, comment puis-je survivre à l'abandon des timbres rouges?
    La Dive

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  6. Les défaites électorales du PS n'auraient-elles pas commencé après les élections présidentielles et législatives ?

    Sinon, une bonne année, Nicolas.

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    1. Merci.

      Les défaites auraient commencé après les défaites ?

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  7. La CPAM, parlons-en ! Pas foutus d'avoir machin capable d'envoyer des PJ. J'ai eu des soucis de justifications de fiches de paies datant de Jérusalem, j'ai failli y aller moi-même sur ma fidèle Mammut.

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    1. Oui, ils sont nuls (mais ils ont des circonstances atténuantes : très vieille structure qu'il faudrait dynamiter).

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  8. Arié,

    Je vais reprendre une habitude idiote que j'ai eue : répondre à tes commentaires que je ne censure pas.

    Les tiens, d'hier, sont hors sujet : mon billet parle de la CPAM uniquement à titre d'exemple avec la transmission des arrêts maladies. Il n'est pas une critique de cet organisme. Par contre, ils sont des défauts mais je n'ai jamais voulu dire que c'était la pire des administrations (au contraire, je dis que je veux bien trouver des circonstances atténuantes (notamment par le fait qu'elle soit pourrie avec des régimes spéciaux qui ne dépendent pas d'elle).
    Par ailleurs, tu me sors des chiffres de frais de structure : heureusement qu'ils sont réduits vu que tout est automatisé et qu'ils sont nuls pour le reste.
    Pauvre con : il te manque toujours tout recul en réduisant chaque sujet à une partie que tu crois connaitre.

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    1. Arié,

      Tu viens encore d’expliquer pourquoi tu as toujours raison et c’est très drôle.

      Il ne s’agit pas de comprendre ce que je peux faire ou pas dans mon blog mais de TE faire comprendre pourquoi tu casses les couilles.

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