20 janvier 2023

Travaillons moins !


 

« Comment certains Français peuvent-ils espérer à la fois travailler moins chaque semaine et pendant moins d’années que leurs voisins, bénéficier de prestations sociales supérieures et sécuriser leur retraite? Les richesses qui ne sont pas produites ne peuvent pas être distribuées. » C’est un de mes contacts macroniste de Facebook qui a republié dans ce réseau ce Tweet d’un certains François Cherix qui est un écrivain, militant socialiste (oui…) suisse. Il passe sa vie à défendre Emmanuel Macron dans les réseaux sociaux.

Il fait bien ce qu’il veut, ce bougre.

Tout d’abord, en préambule (car ce n’est pas le sujet de mon billet), il faut être très prudent lors des comparaisons avec les autres pays (du moins, quand ça m’arrange, hein !). Il faut comparer aussi le taux de chômage et différentes statistiques sur le niveau de vie des anciens… Ensuite, toujours en marge, j’ai du mal à comprendre que l’on puisse être de gauche et ne pas avoir une vue globale de l’économie et que seul le travail permet la production de richesse. Cela étant, je n’ai pas à diffuser des brevets de gauchisme.

 

Je vais essayer de lui expliquer même si un enfant de trois ans le comprendrait assez bien. Quand un hypermarché remplace des caisses traditionnelles par des caisses automatisées, c’est bien, au minimum, pour avoir autant d’argent avec moins de personnel, donc de travail, et ainsi améliorer sa rentabilité. En fait, il va même en gagner plus, probablement, vu que le « débit » de clients est meilleurs dans les machins automatisés, d’autant qu’ils prennent moins de place.

Il va donc produire au moins autant de richesse avec moins de travail. Je me répète un peu. On appelle ça, aussi, du gain de productivité. Ce qu’on aimerait, c’est que ce gain de productivité soit mieux réparti entre les entreprises et les braves gens. Plutôt que de « tout reverser aux actionnaires », On peut envisager différentes solutions comme faire travailler moins les caissières (vu qu’elles ont moins de travail), améliorer la rémunération des caissières subsistantes, baisser les prix, augmenter les cotisations de l’employeurs pour compenser la suppression de personnel. Je n’ai pas le remède miracle (le dernier point, par exemple, revient à la « taxe robot » de Benoît Hamon, en 2017, mais elle était très mal présentée) d’autant que je crois à une globalisation de l’économie. Il faudrait que la société en général améliore le partage des gains de productivité.

Je ne vais pas multiplier les exemples mais les gains de productivités sont partout. L’autre jour, j’étais en consultation à l’hôpital, l’infirmière du service m’a fait une prise de sang et j’ai reçu le résultat par mail : ça évite de payer des salariés à imprimer des âneries et à les glisser dans des enveloppes.

 


Les militants de gauche sont souvent obtus devant ces gains de productivité, ne voyant qu’une manière de plus, pour l’employeur, de s’en foutre dans les poches. Néanmoins, « caissière » est un métier pénible. Sans compter le fait de supporter des crétins à longueur de journée, il faut prendre des produits sur un tapis, les passer devant un lecteur de code barre, les reposer de l’autre côté… Je ne vous parle même pas de la jouissance de mettre des résultats d’analyse à la chaîne dans des enveloppes…

Ces gains de productivité, liés à un progrès technique, sont bel et bien une amélioration globale de notre sombre monde et il faut arrêter de prétendre le contraire, bordel de merde.

 

Mais, revenons à notre réforme des retraites. Nous avons d’un côté le progrès technique avec ses gains de productivité et un tas de chômeurs en stock mais un gouvernement qui voudrait que l’on travaille plus. Cela va exactement à l’encontre de ce qu’il faudrait faire (et nous pousse dans le même mur que les voisins dont au sujet desquels je parlais en début de note).

Le « travailler plus » aurait un sens si l’on pouvait réellement produire plus, consommer plus et ainsi de suite (ce qui ne colle pas, d’une part, avec notre fainéantise naturelle et, d’autre part, avec la protection de l’environnement) mais cela n’a pas de sens : je n’ai pas besoin de consommer plus (et ce qu’ils l’ont, ce besoin, ont surtout besoin de pognon) et on n’a pas besoin de produire plus quand on a atteint notre « niveau social ».

 

Cette réforme est donc une hérésie. Elle est réduite, par la droite, au financement à long terme des retraites alors que le sujet est plus vaste. D’ailleurs, on parle d’un besoin de financement de l’ordre de quelques pourcents du PIB, pourcentage qui pourrait d’ailleurs être compensé en partie par les gains de productivité en question.

Puisque vous insistez, voila un exemple : grâce au Covid, on a popularisé – voire presque inventé – le télétravail. Pourquoi les entreprises devraient continuer à construire des immeubles de bureau alors que 25% des salariés peuvent maintenant réduire de 60 ou 80% leurs temps de présence dans les locaux de la boite ? On va d’ailleurs y venir… Et je radote : les ouvriers du bâtiment n’ont pas besoin de travailler plus et on ne va pas tous les licencier. Les paramètres de l’équation ne doivent pas porter que sur la retraite…

 


Cette hérésie est souvent combattue par la gauche par des mauvais arguments comme la défense d’avantage acquis ce qui ne fait que conforter les partisans dans leurs positions relatives à la nécessité de travailler plus pour produire plus de richesses que l’on pourrait distribuer.

On trouve beaucoup de commentaires dans les réseaux sur l’augmentation du nombre de milliardaires et les « gains du CAC40 ». C’est maladroit : on va finir par chasser les milliardaires… voir à faire une liste des 200 familles, vieux mythe qui ne va pas nous rappeler les heures les plus glorieuses de notre histoire…

On ferait mieux de chercher l’apaisement (dit l’imbécile angélique) plutôt que la confrontation. Il n’empêche que cette augmentation des revenus du capital est bien la preuve que la production de richesses est réelle et qu’il faut arrêter de nous prendre pour des abrutis. Par contre, il faut arrêter de dire que l’on doit prendre du pognon où il est : une valorisation boursière n’est pas du pognon. Tout peut s’effondrer. C’est le résultat de prévision au sujet de l’évolution des entreprises, pas la vraie richesse des gens.

Ah ! Vous voulez encore un exemple : la valeur de mon appartement à doublé ou triplé depuis que je l’ai acheté mais ce n’est pas du pognon. Si je le vends, il faudra bien que j’habite quelque part… Toutes les choses étant égales par ailleurs d’autant que patati patata.

 

J’en veux beaucoup aux gens de gauche en général qui ont chié sur le quinquennat Hollande qui a pourtant mis en place la mesure la plus utile de tous les temps depuis l’obligation d’entretenir les pompes à bière : aligner la taxation des revenus du patrimoine sur ceux du travail. Cela résolvait une partie de notre souhaitée redistribution. J’en veux aussi à mes confrères d’une gauche modérée qui a fleuri sur la répartition du temps de travail, les trente-cinq heures et tout ça et n’arrive pas à mettre des baffes à la macronerie qu’ils continuent à soutenir.

Cela relève du cabanon.

 

Travaillons moins. J’y excelle.

16 commentaires:

  1. Quand un hypermarché remplace des caisses traditionnelles par des caisses automatisées sauf si les clients sont neuneu (et ne lisent pas ce qui est écrit sur l'écran, c'est parfois édifiant en terme de bêtise ) : faut les aider, et s'ils achètent de l'alcool à boire : hop faut valider que le client a plus de 18 ans. Sinon le truc fou dans ce pays : les retraités sont plus riches que les actifs, quand on est au delà du 7e décile chez eux y'a 3 ou 4 fois plus de propriétaires loueurs que chez les actifs. Au lieu de chier sur les milliardaires (en actions) on ferait mieux de se demander qui roule en SUV mercedes et qui a 4 ou 5 appartements loués à vil prix à des jeunes et qui chouine quand il faut les isoler.

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    1. Les neuneus prennent peu les caisses automatiques...

      Pour le reste, je me fous de la richesse (comme je le dis, j'ai un appartement qui vaut la peau des fesses). Ce qui m'importe, ce sont les revenus. Mais tu as raison, les gauchistes en peau de fesse chient sur les milliardaires mais oublient ceux qui ont déjà dépassé les classes moyennes (à qui je ne veux pas de mal, c'est seulement la contradiction des gauchistes qui m'énerve).

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    2. ici je pourrai filmer les neuneus cf mon post facebook.Et oui chaque fois que je vois un SUV avec une vieille ou un vieux dedans ça m'exaspère tout autant qu'un gauchiste LFiste-EELV.

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    3. J'ai vu ta publication FB. Je t'assure que ce n'est pas le cas par chez moi... A part pour la défense de l'environnement, je me fous des SUV : les gens peuvent bien faire ce qu'ils veulent. Mais il faudrait au minimum ajouter des taxes en fonction du poids des bagnole (c'est un autre sujet).

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  2. Pour une fois, je suis plutôt en accord avec les bêtises que tu écris 😊
    Plus sérieusement, le progrès technique permet en effet des gains de productivité, et ce sont les patrons qui paient les machines pour remplacer les salariés. On viendra forcément à travailler moins , et pour le plus grand bénéfice de tous (j'avais d'ailleurs commis il y a pas mal de temps un billet pour défendre la semaine de 4 jours… (https://stephgauthier06.fr/blog/2021/08/29/travailler-moins-pour-vivre-mieux/)

    Ce que je reproche à la droite (ni de gauche ni de droite mais ça penche quand même pas mal), c'est de nous présenter un allongement du temps de travail comme la seule issue possible, alors que d'autres solutions existent, mais elles déplaisent dans leur grande majorité aux patrons des grosses boîtes (et je différencie bien la petite PME locale qui se débrouille pour produire et vendre sa came sur le marché d'un TotalEnergies ou d'un Auchan qui gave ses actionnaires de dividendes). Le pognon existe, il est juste mal réparti (et dans ce cas-là très mal). De plus ça fait 30 ans que je bosse (ou pas loin) et le marché de l'emploi des seniors a toujours été compliqué... donc pas sur que travailler plus longtemps, meme moins, soit la solution.

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    1. On peut reprocher beaucoup de choses à la droite mais la gauche n'est pas du tout réaliste dans l'opposition avec des arguments de type "le pognon existe".

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  3. Notre système de retraite étant par répartition, je ne pense pas qu'il faille travailler plus ou moins, mais je crois qu'il faut faire en sorte que les Français aient plus d'enfants et les moyens d'acheter du lait pour mettre dedans ...

    La Dive

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    1. Ah mais ce n'est pas à mon âge que je vais faire des enfants.

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    2. Je ne vous demandais pas de faire des enfants; je ne doute pas de vos capacités reproductives mais ce ne serait pas vous faire injure que de dire que vous ne pourriez pas àvous seul combler le déficit des naissances de l'hiver démographique actuel.
      Je crois par contre, que ce n'est pas aller contre les acquis sociaux, dont le PS se fait le protecteur, que de dire qu'il est grand temps de remettre en place une politique nataliste. N'étant pas de gauche, je ne sais pas bien où Ségolène Royal se situe au sein de vos courants, mais elle a fort justement twitté ce week-end que "La baisse de la natalité en France, une grave alerte, une rupture dans l’histoire de France, qui appelle des décisions responsables. Les services publics à la française donnaient une sécurité aux familles. Il faut cesser de les saper : Education Santé Allocations familiales".

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    3. Je plaisantais... Ségolène machin ne se situe nulle part. Elle fait semblant d'être gauchiste, puis écologique, puis vire franchement à droite. Pour le reste, son tweet ne veut pas dire grand chose.

      La politique de natalité n'a pas grand chose à voir pour ce qui nous concerne (le déficit annoncé va jusqu'en 2030 et n'est que potentiel) et, même si ça peut faire mal, il y a l'immigration pour amener de nouveaux travailleurs pour cotiser. Une partie du déficit actuel vient de l'arrivée à la retraite des enfants du babyboom, donc d'une époque où la natalité battait son plein.

      Une autre partie (je m'écarte un peu) vient du paiement par l'Etat d'une partie du "déficit" des régimes spéciaux parmi lesquels je compte, à tort, les retraites des fonctionnaires. Mais le déficit global (retraites + "subvention" de l'Etat pour les retraites) n'augmente pas dans le PIB.

      Enfin, par rapport au sujet de mon billet, c'est normal que les progrès technologiques diminuent "l'emploi nécessaire à la production". Faire plus de gosses n'y changera pas grand chose.

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  4. Le "en même temps" appliqué à la réforme des retraites :
    Les français ont élu Macron parce qu'ils adhèrent à son projet de "réforme" des retraites
    ET en même temps
    Les français sont des abrutis qui n'ont rien compris à cette géniale proposition.
    Marco

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    1. Oui. Tous les arguments des macronistes depuis trois ou quatre jours sont profondément ridicules.

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  5. je trouve ton billet plein de bon sens en fait...

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    1. Ouf ! Tu finiras à gauche... Ou Gaulliste. Au fond, c'est plus proche...

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    2. Je pense que je suis très gaulliste en effet. Sur bien des aspects. Toi aussi ;)

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