15 mai 2024

Halte à la technocratie environnementale


 

Dès que l’écologie se perd dans des décisions politiques puis technicoadministratives (ou lycée de Versailles), elles me gonflent quasiment autant que les écologistes qui confondent leur combat avec une lutte contre le système sans même se préoccuper de l’environnement. La deuxième partie de la comparaison n’est pas l’objet de ce billet mais nous sommes en droit de nous poser la question de savoir si les zadistes de Notre-Dame-des-Landes défendaient les marais locaux ou luttaient contre ce que symbolise le transport aérien, le tout en se foutant totalement des contraintes environnementales, comme l’étalement urbain de la ville de Nantes ou la pollution de l’étang de Beaulieu.

Cette aversion pour les politiques environnementales ne fait pas de moi, pour autant, un gros pollueur ni même un pollueur gros. Je joue le jeu : je ne prends pas l’avion, je n’ai pas de voiture, je trie mes déchets, je n’entretiens pas mon jardin, devenu un infini puits de biodiversité et j’en passe… Je pisse sous la douche et, si je ne chie pas encore dans ma baignoire, je me demande bien pourquoi.

 


Ce sont bien des décisions politiques retranscrites par des administrations obtuses qui provoquent mon courroux matinal vu qu’elles me touchent directement et vous allez vite comprendre pourquoi elles m’escagassent de plus en plus. Je vais tout de même commencer ce billet par trois exemples qui intéresseront plus ceux qui intéresseront plus ceux qui auront eu la chance d’entamer la lecture de ce billet de blog fabuleux.

Le premier : vous vous rappelez certainement du « mouvement des Bonnets rouges [qui] est un mouvement de protestation apparu en Bretagne en octobre 2013, en réaction à la taxe poids lourds et aux nombreux plans sociaux de l'agroalimentaire ». J’aimerais savoir ce qui est passé par la tête de politicien ou de haut fonctionnaire pour croire que taxer les transports routiers des fournisseurs de denrées alimentaires allait permettre de lutter contre le réchauffement climatique. J’aimerais savoir comment ces andouilles ont pu croire que pénaliser les régions isolées (la Bretagne est au bout « d’un pic ») aurait pu aider quoi que ce soit. J’aimerais savoir comment ces ahuris ont pu penser qu’une taxe au kilométrage donc lésant les régions éloignées des centres de consommation, donc les régions qu’il faudrait aider à se développer économiquement, serait utile tout en aggravant les inégalités entre les territoires. J’aimerais savoir comment ces imbéciles ont pu imaginer un système de portiques (équipés de caméras pour scanner les plaques d’immatriculation, et, au passage, restreignant la liberté de circulation de tous) était le meilleur système (déjà, il suffirait de taxer les producteurs – ce qui serait inique mais moins cher – et il serait tout de même plus simple, d’utiliser des systèmes de géolocalisation).

Un pur délire.

Je ne parle pas du volet purement politique alors que le machin a été conçu par la droite mais a du être arrêté par la gauche, a qui on a reproché le coût de l’annulation qui n’était en fait que le coût de la mise en place… à jeter à la poubelle.

 


Le deuxième : « l’Europe » qui a annoncé une date d’interdiction des voitures « thermiques »… Qui sont les imbéciles qui ont mis un arrêt à la recherche scientifique chez les constructeurs pour interdire d’imaginer de nouveaux carburants nécessitant une combustion ? Qui sont les crétins qui ont osé imposer une « technologie » alors que personne n’est près, qu’il n’y a pas assez de bornes de rechargement, que ces rechargements sont trop longs, que les voitures ne peuvent, en l’état, faire de des grandes distances, que les gens allaient avoir des voitures différentes pour les trajets du quotidien et pour les vacances ? Qui sont ces fous furieux pour penser que l’industrie ne saurait pas s’adapter toute seule, pas nécessairement pour répondre à des impératifs écologiques mais tout simplement pour pallier l’inévitable augmentation du coût du pétrole voire la raréfaction de ce dernier ?  Qui a obligé ces industriels à investir dans l’électrique, mettant de côté d’autres sources potentielle d’énergie, comme l’hydrogène dont on parle tant (et dont je ne connais rien à part qu’il entre dans la composition d’un ingrédient nécessaire à la préparation finale du Ricard) ?

 

Le troisième, puisque nous sommes au niveau de l’Europe : qui sont les débiles qui ont décidé de standardiser les câbles de chargement des smartphones (donc des iPhone uniquement), limitant ainsi la capacité d’innovation des industriels, toujours eux, le tout au nom de la limitation des déchets, donc des productions ? Qui sont les attardés qui ont décidé de standardiser un truc qui va disparaitre (la mode est au chargement sans contact, tout de même, grâce à des technologies développées et standardisées… par les industriels) ? Qui n’a pas vu que les câbles s’usaient souvent plus vite que les appareils auxquels ils doivent se brancher ou qu’un individu devrait avoir plusieurs dispositifs de rechargement (à la maison, au bureau, dans la voiture…) ? Comment ces zozos n’ont-ils pas imaginé les « cas d’usage » (comme on dit dans mon job) avant d’imposer des réglementations délirantes ?

 


On pourrait multiplier les exemples. Tenez ! Le glyphosate est certainement mauvais. Il a donc été interdit par les « institutions ». Puis il a été réautorisé au prétexte qu’il n’est pas si mauvais que ça. Puis tout le monde doute de l’opportunité de cette réautorisation, voire de son honnêteté. Pendant ce temps comment les particuliers et surtout les paysans vont traiter leurs cultures, le tout en n’étant pas pénalisé par des textes différents d’un pays à l’autre et en ne détruisant pas l’environnement ? Et paf ! On a eu une belle crise dans le milieu agricole, cette année… Coïncidence ? Je ne crois pas (surtout que je m’en fous).

Je vais néanmoins me contenter de deux exemples auxquels je suis confronté actuellement et qui justifient mon énervement. Vous savez peut-être que j’ai hérité de la maison de ma mère (en périphérie d’une petite ville de Centre Bretagne) voire que je m’occupe de la maison depuis que sa précédente propriétaire a déménagé pour l’hospice, si je puis me permettre. Je vais les numéroter « quatrième » et « cinquième ».

 

Le quatrième, donc : Il y a des textes qui prévoient que les eaux de pluie, recueillies sur les toitures, ne peuvent pas aller dans le circuit des eaux usées. Déjà, c’est à moitié délirant de penser qu’ajouter de l’eau propre à l’eau sale allait augmenter le nombre de salissures de l’eau sale… On comprend néanmoins les motivations de ces braves professionnels de la gestion de l’environnement : il ne faut pas augmenter les volumes à traiter par les stations d’épuration pour ne pas qu’elles débordent.

Il n’empêche que j’ai reçu la visite d’un sous-traitant d’une collectivité territoriale qui a inspecté mon système et m’a annoncé que je devrais brancher mes gouttières sur un circuit spéciale d’évacuation des eaux usées. Ce circuit équipe déjà la majorité des rues de la commune mais j’habite dans une impasse (j’ignore le nombre d’habitations de cette ville de 10000 habitants mais il y avait un article dans le journal, la semaine dernière, où était écrit qu’il reste 600 maisons à raccorder).

Il va donc falloir que je fasse des frais… (une partie des charges sera couverte par la collectivité pour les grosses infrastructures)…

J’ai une maison qui occupe un tiers d’un terrain de 450 m2. Je ne sais pas ce qui passe par la tête des imbéciles heureux qui pensent que la pluie qui tombe sur ce tiers ne puisse pas être évacuée comme celle qui tombe sur les deux autres tiers (en d’autres termes, je pourrais cisailler mes gouttières et laisser la flotte se barrer ailleurs que dans les égouts) ?

On a une solution mise en œuvre, par ailleurs grotesque, pour éviter que les machines qui « lavent l’eau » ne soient « débordées » mais personne ne va penser que, petit 1 : je jette moins de produits chimiques (lessive, savon…) dans les égouts qu’un type qui lave sa voiture devant chez lui dans les nappes phréatiques et, petit 2, il m’arrive de chier (ce matin, c’était à 5h30, ça surprend au réveil) mais j’ai du mal à imaginer que ma production de merde nécessite que je mette en place une évacuation spécifique des eaux de pluie pour que mes déjections puissent être assainies paisiblement…

 


Le cinquième : maintenant que ma mère est morte, je dois virer ces affaires de la maison, de même que celles de mon père et de sa propre mère (j’ai réactivé un blog, d’ailleurs, où je raconte ça, d’ailleurs, en plus d’autres choses). Mes parents étaient profs et ont longuement milité dans des associations, notamment dans leurs conseils d’administration. Autant vous dire que j’ai des tonnes de papiers à éliminer. Figurez-vous que les braves gens qui s’occupent des déchets dans la commune (mais mettant en pratique des normes nationales ou européennes) ont décidé que ces papelards ne pouvaient pas être déposées à la déchetterie. Les particuliers sont invités à les déposer dans leurs containers jaunes individuels. J’en ai un petit parce qu’une fonctionnaire a décidé, un jour, que cela me suffisait (je n’ai pas insisté vu que la facturation de l’enlèvement des ordures dépendait de la taille des poubelles… avant d’être modifiées pour être calculées en fonction de la valeur locative de la maison).

Le ramassage est toutes les deux semaines mais je ne suis à la maison qu’une partie du temps. Je ne peux donc déposer sur la rue (au bout de l’impasse, pour être précis, vu que des imbéciles ont déclaré que les camions poubelles ne pouvaient pas faire de manœuvre dans des impasses, même si, comme dans la mienne, il y a largement de la place et si, comme tous les camions de ce type ont des « rippers », la surveillance pendant les demi-tours peut-être assurée pour éviter d’écraser des mômes jouant par là, mais c’est un autre sujet) que toutes les quatre semaines. Pendant ce laps de temps, mes poubelles se remplissent avec mes propres déchets ménagers (emballages…).

J’ai calculé que je pourrais virer tous les papiers entassés dans mon garage temporairement avant 2030…

N’arrêtons pas là. Les préposés de la déchetterie ont été incapables de nous indiquer des « boites à livre » (j’ai aussi un volume conséquent à utiliser). Ils ne prennent pas les matières textiles (il y a des boites spécifique mais les vêtements et autres tissus doivent être stockés dans certains conditions (sacs poubelles de 30 litres… Ils sont vite pleins…).

Je vais raconter une autre anecdote. Avec mon frère, nous avions commencé à vider les dépendances. Dans la véranda, il y avait deux meubles avec des étagères (des trucs tout simple, les moins chers chez Ikéa). On a été ensemble à la déchetterie. J’ai pris la première dans la remorque pendant que le frangin faisait autre chose ce qu’il fait qu’il s’est occupé trente secondes après moi de l’autre. Nous nous sommes adressés au même préposé dans la déchetterie. Il m’a dit, à moi, de la jeter avec les meubles et, à mon frère, de la jeter avec le bois.

Nous sommes tombés dans une espèce de folie bureaucratique qui a des conséquences jusqu’à la réflexion des employés de la dite déchetterie (je pense que s’il a envoyé mon frère ailleurs que moi c’est pour des raisons de sécurité).

Je pourrais continuer ! Tenez ! Mon frère et moi étions débordés par le volume. J’ai fini par faire appel à une société spécialisé et j’ai reçu le devis avant-hier. Il y est précisé ce qu’ils ne prennent pas en charge… C’est impressionnant. La personne qui était venu visiter la maison m’avait expliqué pourquoi : ils doivent payer des redevances spécifiques à la déchetterie pour certaines choses ou cette dernière ne prend pas tout en charge. Par exemple, si j’ai une bouteille de gaz à virer, je n’ai rien pour m’en débarrasser (à part, j’espère, une station-service).

Cette folie bureaucratique issue de je ne sais quelles réglementations, traduites en textes obscures, au fil des années… remplace quoi ? Ben, je me rappelle quand j’étais môme. Avec mon père, on mettait les ordures devant la maison, les feuillages issus des coupes d’arbustes et tout ça… Seul le verre échappait à cette règle (les bouteilles étaient réellement recyclées). Les boueux passaient deux fois par semaine. Ils appelaient leurs collègues quand il y avait des encombrants et des déchets verts.

C’était un service public. Maintenant, on paie une redevance spécifique pour les ordures mais on n’a même plus le service. La technocratie environnementale a tué, en plus, le service public.

 


Nicolas Sarkozy, ou du moins son gouvernement, avait mis en place la taxe carbone et les fameux portiques pour permettre sa facturation. C’était une connerie. Il n’empêche qu’il avait déclaré « l’environnement, ça commence à bien faire ». Il n’avait pas entièrement tort !

On a tout de même des règles environnementales qui me poussent à cacher des ordures recyclables au fond du container pour le « tout venant »… Et avant ma naissance, un coin du jardin de ma maison quasi-natale (oui, on avait des maternités, à l’époque, au bled) servait déjà à mes darons à jeter les ordures susceptibles de donner des composts.

On n’avait pas besoin de hauts-fonctionnaires nous imposant des composteurs et des sous-traitants vérifiant que je ne mette pas d’eau propre dans les égouts. 


Et ne déformez pas mes propos : je critique les mesures prises mais pas leur justification. Par exemple, j'ai fait des billets de blog pour soutenir la politique d'Anne Hidalgo en matière de circulation automobile et je n'utilise pas de round up. Si j'achète une voiture, elle sera électrique : je fais les longs trajets en train.  


Et après, on s'étonne de voir des partis populistes être en tête aux élections européennes.

La photo de Ségolène Royal n'est pas là pour illustrer les déchets mais c'est elle qui a décidé de l'arrêt des portiques pour les camions. Tant qu'à dire du bien de la dame, j'ajoute que j'approuve ses propos sur l'eurovision.

11 commentaires:

  1. Tiens j'ai la même anecdote de dechèterie avec des meubles à jeter : le mec avait dit un truc à mon frère et un autre à moi, tout ça étant débile : tout ça était broyé ensuite donc meubles ou bois ça ne changeait rien. Encore de la bureaucratie idiote, et en plus ils vérifient à l'entrée que tu es bien de la zone de communes de la dite déchèterie, avec une carte à lecture optique. En parlant de bac jaune, c'est pareil chez moi dans mon HLM, là j'ai un mois de cartons à jeter, il faut que je les découpe en carré de 20 cm sinon ça ne rentre pas dans le bac jaune, c'est tout une opération, mais au moins ici on en a 2 par escalier. Tu peux essayer d'en demander un plus gros de bac jaune pendant tes opérations ça doit pouvoir se faire (surement avec un CERFA)

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    1. J'ai pensé à changer de bac (mais il faudrait que je coordonne la livraison avec mes séjours). Pour le broyage, on est d'accord. Et c'est pire que ça : par exemple, dans le temps, on refilait les déchets papier à des boites qui les recyclaient. Maintenant, il faut les foutre avec tous les machins à recycler... et rien n'est recyclé, souvent.

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  2. je regrette que les fameux portiques qui ont couté des millions ne servent pas. Certaines régions frontalières ont demandé le droit de les utiliser pour faire payer les camions qui chez eux évitent les autoroutes.

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    1. Oui, ça pourrait être appliqué aux camions étrangers mais ça reste une usine à gaz et une restriction des libertés. En outre, les camions pourraient très bien ne pas payer les taxes s'ils sont domiciliés à l'étranger. Dans la pratique, un système de suivi des camions par GPS et GSM au niveau européen serait plus simple, avec un traçage uniquement au niveau des frontières (si on veut simplement taxer les camions qui traversent le pays). Quant aux régions qui veulent un droit de passage dans leurs territoires, elle mérite surtout le mépris.

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    2. bah ces régions en ont peut être marre des camions qui passent sur des routes qu'elles doivent entretenir non ? je ne sais pas comment le système était prévu ; un truc dans le camion qui était lu par le portique ou quelque chose comme ça.

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    3. C'est parfois assez absurde effectivement. Pour revenir aux portiques, je ne suis pas breton mais nordiste et à proximité de l'autoroute A25 qui fait le relais entre la Belgique... et in fine l'Espagne. tu sais les autoroutes autorisées aux camions le weekend. Tu as bien précisé que ca devrait être un poil compliqué de les taxer mais les camions "étrangers" empruntent donc "gratuitement" ses beaux rubans de bitumes, le plein des réservoirs faits et rejoignent allégrement qui le tunnel sous la manche qui le havre voire pour certains l'Espagne... En soit, rien de bien grave, sauf que l'enrobé est quasiment refait tous les 3 à 5 ans parce qu'un camion, ben ça abime... sans rien débourser.

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    4. Rapport aux camions, nous autres, voisins de l'A13, avons trouvé la solution : on a carrément fait s'effondrer notre autoroute…

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    5. T0pol, le portique lisait les plaques.

      Cyrille, il y a déjà les péages... Seule la Bretagne est vraiment concernée par les autoroutes gratuites. Le problème concerne donc surtout ce qui n'est pas autoroutes comme (en plus des autoroutes Bretonne), de belles nationales. C'est à force de vouloir imposer un nouveau système qu'on arrive à des usines à gaz, avec des bévues comme en Bretagne. En outre, les taxes n'étaient pas prévues pour l'entretien des routes.
      Et cela ne change rien au problème : la lutte contre le réchauffement climatique.

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    6. Didier, c'est malin ! Vous allez avoir une visite de Ségolène Royal...

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  3. Nicolas, pas l'A16 de Dunlerque à Boulogne (celle dont je parle) pas plus que l'A25 de Dunkerque à Arras via Lille

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    1. Tu as raison. Je fais en focus sur la Bretagne parce que c’est mon coin, parce que les bonnets rouges viennent de là, parce qu’elle je risque pas d’être traversée par des camions en transit… Mais tous les territoires doivent être inclus à la réflexion.

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