30 octobre 2014

Etre athée ?

« Monsieur Poireau a commencé une remarquable série de billet sur les religions. Il a commencé par "être juif", et continue par "être musulman".» ainsi commence le billet de Gaël qui joint sa plume à la série en parlant de lui, athée. Je suis d’accord avec l’introduction mais pas avec les réponses de Gaël que je vais donc reprendre ici (partiellement).

Nous sommes en pleine philosophie. Je pense que cela va me donner soif.

« Peux-tu m’expliquer pourquoi tu es devenu athée ?

On ne devient pas athée, je pense qu'on l'est la naissance, la religion quelle qu'elle soit est issue d'un environnement familial ou sociologique qui te conduit à penser qu'une force supérieure existe. »

Comment peut-on dire qu’un bébé est athée ? Ne prend-il pas sa mère comme une déesse alors que, 20 après, il la prend pour repriser ses chaussettes ? Pour le reste, on est à peu près d’accord mais on devient bien athée dans la mesure où il arrive un jour où l’on prend conscience de l’athéisme.

T’as vu, je suis vachement sérieux, hein !

« Quel a été le parcours personnel qui a fait de toi, aujourd'hui, un athée ?

première phase : la crise mystique vers 10 - 12 ans, comme beaucoup de monde je pense. Mes parents étant eux-mêmes athées, me laissant le choix plus tard de me "convertir". Deuxième phase : enseignement au collège sur les différentes religions monothéistes, incrédulité sur le thème "ils croient en un même dieu finalement non ? pourquoi autant de guerres ?". Adolescence : crise de "bouffage de curés" au vu de certains épisodes historiques (guerres de religion, controverse de Valladolid, ..) »

Pas du tout d’accord avec Gaël. Hop ! D’ailleurs, sa réponse est contradictoire avec la deuxième partie de sa première réponse, fort juste, quant à elle.

Je suis athée parce qu’aucun parcours personnel n’a fait de moi un croyant…

« Est-ce que tu es pratiquant ?

Oui, chaque jour ! »

Mais pas du tout. On ne pratique pas un truc qui consiste à ne pas pratiquer.

« As-tu déjà pensé pouvoir être athée sans être dans la pratique ?

L'atheisme peut etre un sport de combat pour paraphraser le blog d'Antoine. Se battre pour la laïcité, sans faire de distinction entre les religions (le port de la burqa me navre autant que les processions). »

 J’ai déjà répondu sur la pratique. Ne confondons pas laïcité et athéisme. On peut être un sans l’autre. Dans les deux sens. Pas moi, hein !

« Concrètement, en quoi consiste ta pratique non religieuse ? Par exemple sur une journée ou sur une semaine, quels sont précisément tes actes religieux ?

Je n'ai bien entendu aucun acte religieux au quotidien, mais cela ne m'empêche nullement de méditer sur le monde qui m'entoure et réfléchir à des solutions sans divinité. »

J’ai déjà répondu sur la pratique, bordel !

On ne réfléchit pas à des solutions sans divinité puisque, n’ayant pas la foi, on ne peut pas savoir ce qu’est une solution avec divinité. C’est aussi cela le respect de l’autre : je n’ai aucune solution pour savoir ce qu’un croyant peut penser. Je le laisse croire.

« Est-ce qu’être pratiquant dans ta religion t’a déjà posé des problèmes dans ton quotidien ? Par exemple : dans les relations amoureuses, au travail, des phénomènes de rejet en société, … 

Je suis respectueux des us et coutumes de chacun mais faut pas pousser, je ne refuserais pas de me farcir une messe pour des amis croyants sauf s'il s’avère que le curé tient des propos injurieux (il m'est arrivé e sortir boire un coup lors d'un mariage quand le curé qui semblait avoir bien goûté le vin de messe commença à louer la chance de la demoiselle de se marier en France et non en Arabie car alors elle aurait été l'une parmi d'autres innombrables épouses). »

Je n’ai pas besoin de me faire engueuler par un curé pour aller boire un coût. Je vais quand même répondre sérieusement car la question est centrale. Imaginons que mon voisin vienne à mourir et que j’ai l’occasion d’aller à ses funérailles : sauf par curiosité, il est hors de question que j’aille à une cérémonie religieuse (sauf si c’est un vrai ami) autre que catholique parce que les enterrements « à l’église » font partie de mon éducation. Dans nos campagnes, beaucoup de non catholiques font enterrer leurs proches à l’église par habitude…

Mais j’ai une tendance naturelle à fuir ces cérémonies, notamment les mariages en dehors de la famille.

« Est ce que tu trouves qu’être athée est une bonne chose ?

Oui, je ne vois pas trop comment je pourrais être croyant. »

La fin de la réponse n’a aucun rapport avec la question. Enfin, je dis ça, hein…

Pour répondre à la question, je dirais que je me fous de savoir si c’est une bonne chose ou non. D’ailleurs, je n’y réponds pas.

« Est-ce que c’est une pratique que tu recommandes autour de toi ?

Oui, ne serait-ce que pour cessent ces conflits au nom d'un dieu. » 

L’athéisme n’étant pas une pratique, je crois l’avoir déjà dit, je ne peux pas le recommander. Tout ce que je peux faire, c’est encourager des parents non croyants à ne pas élever des mômes dans la religion par habitude ou pour faire plaisir à la belle-mère.

En fait, cela ne me regarde pas…

Par contre, je peux recommander de ne pas pratiquer certaines… pratiques religieuse voire d’ailleurs violemment lutter contre.

Tiens ! Mme NVB vient de supprimer le texte d’un de ces prédécesseurs, M. VP, empêchant les femmes voilées d’encadrer les sorties scolaires. C’est une belle connerie. Un recul… Alors que progressivement, on s’habituait à empêcher des pratiques religieuses dans un cadre public (et à respecter la laïcité parce qu’il s’agit bien de cela : les mères qui accompagnent les sorties scolaires le font dans le cadre de l’école laïque) et que plus personne ou presque ne ronchonnait, elle vient de faire un prodigieux retour en arrière.

« Si oui, pourquoi  ? Dans l'absolu, qu’est-ce que cela pourrait m’apporter de devenir pratiquant dans ta religion ?

On ira boire l'apéro pendant la messe ou toute autre forme de culte. »

Tiens ! Je suis un peu d’accord avec Gaêl (sauf que l’athéisme n’est pas une pratique, je ne sais plus si je l’ai déjà dit). Je l’écrirais néanmoins autrement : à mon avis (mais ce n’est qu’un avis), les religions imposent des contraintes, des rites,… qui n’ont rien à voir avec la foi (je ne parle pas des sacrements et des machins comme ça mais des trucs plus réguliers).

« Quelles sont les contraintes de ta religion ? Par exemple au niveau alimentaire ou dans la vie quotidienne, que t’impose ta religion ?

Sans objet. »

Pas d’accord avec Gaël. Ou presque. Par exemple, je subis des contraintes traditionnelles de la religion catholique alors que je suis athée. Par exemple, j’ai horreur du vendredi parce que le plat du jour est toujours du poisson.

« Que sais-tu des autres religions ? Est-ce que tu sais ce que c’est être catholique, bouddhiste, juif, ou protestant ?

Je t'ai dit que j'avais vu ça au collège, et continuer à lire ensuite. »

Je pourrais dire : comme Gaël (ce qui serait d’ailleurs un mensonge, je ne lis quasiment rien en relation avec la religion). Mais cela serait en contradiction avec ce que j’ai dit plus haut : ne sachant pas ce que « croire » veut dire, je ne peux rien savoir des religions à part une vision théorique : j’arrive à me rappeler pourquoi le 15 août est férié…

« Si oui, est-ce que tu as des amis dans ces autres religions ?

J'ai des amis juifs, catholiques et protestants et musulmans. »

Pareil. Surtout musulmans, mais c’est le hasard et ils ne font pas état de leur religion (ce sont pour la plupart des copains de bistro…).

« Si oui, est-ce qu’il arrive que vous discutiez ensemble de vos croyances respectives ?

Rarement. »

Pareil. Sauf dans les blogs. D’où ce billet. J’aime bien rappeler que l’athéisme n’est pas une religion ou une croyance. Je n’ai pas eu d’éducation à l’athéisme alors qu’un croyant à généralement une éduction à sa religion.


Et hop !

25 commentaires:

  1. Bon je veux bien continuer à boiredes coups

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  2. Le lisant chez Gaël, j'avais trouvé ce questionnaire particulièrement vain ; et même assez ridicule, dans la mesure où il ne fait que singer les questions que l'on pose d'ordinaire à des croyants et qui deviennent sans objet dès lors qu'on ne croit pas. C'est d'ailleurs à peu près ce que vous dites.

    On pourrait imaginer le même procédé dans d'autres domaines. Par exemple, poser à un buveur d'eau strict les questions que l'on réserve d'habitude aux amateurs de vin :

    – Préférez-vous ne pas boire de blanc ou ne pas boire de rouge ?

    – Si vous en buviez, diriez-vous que le beaujolais est meilleur frais ou légèrement chambré ?

    – Etc.

    Ce serait à peu près aussi idiot.

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    1. Oui et non, Didier. Il est "important" de faire ce billet pour rappeler que ce n'est pas comparable. Je me rappelle d'une vieille discussion dans les blogs. Des cathos expliquaient que l'athéisme était une croyance.

      Et c'est pour rappeler que c'était faux que j'ai fait ce billet en voyant celui de Gaël (pardonnons le, il a eu une enfance difficile avec des éducateurs abrutis).

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    2. Les cathos qui disaient cela étaient soit des crétins, soit des gens maîtrisant mal la langue française et ayant confondu "croyance" avec "illusion".

      Ou alors les deux en même temps.

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    3. Je ne sais pas. Il y avait des gens que je considère comme intelligents. Enfoncés dans leurs idées, ils voulaient faire des catégories : les musulmans, les cathos, les athées, les juifs,... Alors que la vraie divison, mais celle qui, au fond, importe le moins, est celle entre les athées et les autres.

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  3. Bah oui, l'athéisme n'est pas une religion! Il ne manquerait plus que cela!

    En tous les cas, elle est drôlement bien, cette série du Poireau!

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    1. Oui elle est bien. Pour une fois qu'un blogueur bosse (lui c'est une semaine tous les trois ans).

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    2. Il aurait tout de même fallu affiner les questions : certaines sont assez bêbêtes (est-ce qu'on peut recommander une religion, comme un apéritif ou un itinéraire-bis ?).

      Cela dit, ne boudons pas : oui, l'idée était sans doute bonne. Dommage que les réponses ne le soient guère (trop convenues, superficielles).

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    3. Pas toutes. Celles sur les croyances et les recommandations le sont. Pas celles sur les pratiques et les contraintes, voire celle celle sur les rapports aux autres religions (mais dans ce dernier cas les réponses sont tres convenues, en effet).

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    4. M'sieur Goux les reponses sont superficielles car je suis en pleine peinture de volets, si vous pensez que j'avais que ça à foutre. Plus serieusement je voulais juste "comparer" mon ressenti à celui d'autres differents de moi par leur pratique

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    5. Arrête de peindre les volets. Par ailleurs, mets des accents quand il faut. Relis ton billet de blog, bordel. On sent bien que tu n'as pas que ça à foutre.

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    6. Et tu n'est pas obligé de répondre à l'autre gâteux.

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    7. Mais, Gaël, je ne parlais plus de vous, là, mais des réponses fournies par les interviewés de M. Poireau, sur son blog !

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    8. Trop tard. Vous nous l'avez vexé.

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  4. Mon expérience me montre qu'il y a des athées de toutes sortes - comme le christianisme ne saurait être réduit aux catholiques qui vont à la messe tous les dimanches...

    Il y a certes les indifférents (Dieu ou pas, j'en sais rien et je m'en fous), il y a ceux qui vomissent sur toutes les religions (et en particulier le christianisme, dans un esprit "pour en finir avec Dieu" voire pire), ceux qui ont perdu leur foi - et en sont, parfois, fort attristés. Tout cela n'est sans doute pas exhaustif, à chacun son parcours!

    Dans certains cas, on pourrait donc poser que l'athéisme, s'il n'est pas une religion, est une foi comme une autre.

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    1. Il faudrait faire la différence, peut-être, entre les athées – ceux qui n'ont pas de Dieu (ou qui ne savent pas qu'ils en ont un…) – et ceux que nous pourrions appeler les antithéistes, autrement dit les bien connus "bouffeurs de curé".

      Parmi les athées, il faudrait encore distinguer entre ceux que la question de Dieu laisse parfaitement indifférents (c'est le cas de Proust, par exemple) et ceux qui ressentent plus ou moins leur absence de foi comme un manque, un défaut de leur être.

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    2. Daniel, non ce n'est pas une foi.

      Didier, Daniel, oui on peut cataloguer les athées. Il y a aussi les cons intolérants et les cons tolérants. Les pas cons tolerants et les pas cons intolérants.

      Pour ma part, je suis prêt à lutter contre toute les religions mais je sais qu'il est vain de lutter contre une croyance contrairement à de nombreux abrutis gauchistes, à peu près les mêmes qui défendent l'islam pour mieux taper sur les cathos.

      Il y a aussi les faux athées que vous citez plus ou moins. Disons qu'ils constatent qu'ils sont arhees mais le regrettent par ce qu'il leur manque la foi (j'avais une cousine à qui il manquait la pratique quand elle a eu dans les 18 ans, pour faire comme ses copines). Ils ne sont pas arhees.

      Sont-ils agnostiques ? C'est une catégorie qui m'a toujours paru étrange. D'autant qu'elle est utilisée aussi par des arhees qui tentent de passer au dessus des autres, croyants et athées.

      Enfin, il y a tous ceux qui ont peur de la mort pour une mauvaise raison (la seule bonne raison, tres valable, est la peine qu'on ne veut pas infliger aux proches). Parce qu'ils n'arrivent pas à comprendre qu'ils ne sauront pas quand ils sont morts. Par exemple, qu'est-ce qu'en ai à foutre de mourrir bêtement d'une crise cardiaque là maintenant (ou d'une grenade tirée par un crs). A part que je ferais de la peine aux proches (ceux qui n'hériteront pas, surtout. Meme pas d'ailleurs, puisque ma seule héritière est ma mère).

      Je parlais de la grenade dans ma parenthèse. Les propos de tous ces abrutis de gauche comme de droite qui parlent de ce jeune mort en le plaignant. Ce n'est pas lui qui est à plaindre mais ses proches.

      Je continue dans un autre commentaire.

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    3. Ça nous amène à des débats de société. Un vrai athée ne peut pas être contre l'euthanasie (contrôlée...). Un type veut mourrir ou souffre. On le débranche et basta, si les proches ne sont pas opposés, car ils sont les seuls concernés.

      Voilà une vraie séparation entre ceux qui se prétendent athees. Pareil pour le suicide. Je me rappelle d'un billet que vous aviez fait après la mort du Coucou en disant : j'espère qu'il s'est suicidé. Il y a prescription, je parle. Il s'est suicidé. J'ai été choqué par sa mort parce que je parlais avec lui par mail juste avant l'acte et que nous parlions de aussi des vacances que nous devions passer ensemble. Mais sa mort, en tant que telle, et sa décision ne m'ont aucunement peiné. J'ai pleuré, un gros gaillard comme moi, mais pour de mauvaises raisons, parce que je n'ai pas compris sa détresse, parce que j'étais épuisé (7 mois sans vacances) alors que mon seul projet était d'aller passer une semaine avec lui, six mois après la mort de sa femme,... J'ai pleuré sur moi.

      Mais le fait de l'analyser froidement (il n'avait pas d'enfant mais considérait ceux de sa femme comme les siens, j'ignore la réciproque, j'ignore s'il laissait des vrais proches dans la peine) fait de moi, je crois un vrai athée.

      Je parle beaucoup de mort mais je crois que je rapport à la mort est le seul truc qui puisse distinguer les vrais athées. Les bouffe curés ne sont que de vulgaires merdes.

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    4. Pareil, mon rapport à la mort, meme si je ne pense pas avoir eu autant d'experiences eprouvantes que toi, est celui-ci : la mort n'est en rien une etaps vers autre chose, c'est la fin, triste mais fin tout de meme

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    5. Amen.

      Ne faisons pas de concours de morts éprouvantes. C'est la vie, c'est la mort. Tiens ! Didier a perdu son père récemment. J'ai perdu le mien il y a 22 ans. Et tu finiras par perdre un de tes parents. Puis le deuxième. Qu'est-ce qui est éprouvant ? Mon histoire avec mon père mort alors que j'avais 26 ans ou celle de Didier avec une mère qui n'a plus l'âge de se remettre ?

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    6. "Daniel, non ce n'est pas une foi. "

      Réponse que je trouve fort catégorique... comme l'on admet qu'il y a plusieurs manières d'être athée et de vivre son athéisme, ce dernier peut aussi être une foi - sur le mode "je crois que Dieu n'existe pas". C'est sans doute nécessaire pour se positionner face à la question, si l'on veut théoriser là-dessus.

      Il y en a même qui proposent même des "religions athées" - le concept est décrit sur Wikipedia... Dieu sait donc (si j'ose dire) que c'est tordu.

      Attendons les prochains billets du Poireau!

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  5. Ne pas être croyant pour se retrouver athée et à toi avec des juifs, des musulmans, des protestants et des catholiques. Est-ce bien sérieux ?

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  6. C'était une série d'interview sur la pratique religieuse pour remettre un peu de concret dans les mots qu'on emploie. Forcément, l'athéisme n'a aucune pratique définit et est exclu du questionnaire.
    Il y a mille façon d'être athée puisque par définition, aucune église ne vient codifier tout ça !
    :-))

    [J'aime bien quand ça devient une série de billets par rebond sur les blogs quand même !]

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    1. Pareil ! J'aime bien. Ça rappelle les chaînes de blog de la bonne époque !

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