23 octobre 2014

Le désarroi du militant socialiste

Suite à mon billet d’hier, à propos de la « gauche passéiste », j’ai continué à lire mes camarades de gauche qui ronchonnent après le premier ministre quand je suis tombé sur ce billet de la camaradette @iboux. Elle se demande de quelle gauche parle Manuel Valls et apporte des éléments de réponse dont : « La gauche passéiste pour laquelle Hollande a concocté un programme qui a emporté l'adhésion des électeurs face à celui de Sarkozy ? »

On a l’impression qu’elle sous-entend que Valls et Hollande auraient trahi les électeurs mais je me demande à quel point on pourrait se demander si se tromper à ce point sur les intentions des électeurs n’est pas une trahison. Je me comprends.

Un de ces jours, il va falloir réécrire l’histoire de la Cinquième République ! Un président qui serait élu parce que son programme est meilleur. On croit rêver.

Petit 1 : François Hollande a été élu parce que la droite était au pouvoir depuis dix ans, a échoué, et que les Français ne voulaient plus de ces gens-là.

Petit 2 : le petit 1 est surtout valable pour l’ancien président qui énervait tellement les gens et a montré tant d’incompétence que tout le monde voulait le foutre dehors.

Petit 3 : François Hollande a été élu parce qu’il avait promis de s’attaquer aux déficits ce qui a fait que François Bayrou a dit : « je vote pour lui ». Ce qui veut dire : « nous sommes centristes et nous n’avons pas de raison de voter systématiquement à droite et il est urgent de virer l’autre qui est mauvais et divise la France. »

Le petit 2 était tellement fort que François Hollande a été donné gagnant avec 20 points d’avance dans les sondages mais cette avance a fondu au fil de la campagne pour tomber à un peu plus de trois points. Nous avons donc un candidat qui a perdu un petit cinquième de ses électeurs potentiels de second tour pendant la campagne. On y trouvera plusieurs raisons dont, évidemment, le fait que les sondages donnent n’importe quoi. Il n’empêche qu’il n’est pas interdit de penser que les électeurs aient été effrayés par certains points du programme bien trop à gauche parce que l’aile gauche de ce qui allait devenir la majorité les a imposés au candidat.

On pourrait ajouter un certain nombre de faits. Depuis de Gaulle, par exemple, aucun candidat sortant n’a été réélu hors période de cohabitation. En 2012, la gauche a fait 45% au premier tour comme à peu près à chaque élection présidentielle sauf 2007.

Cela étant, le Parti Socialiste est en crise. L’ami Nathanaël revient longuement sur cette mauvaise passe, le jeu de chacun,…  Il évoque rapidement « désarroi des militants PS qui ne savent plus sur quel pied danser, coincés entre leur désir de voir « leur » président réussir et le sentiment diffus que la méthode n’est pas la bonne. » Le PS est probablement un bon parti d’opposition mais est dans le cirage quand il est au pouvoir.

Je disais hier, et je le rappelle souvent, que je ne suis pas membre du PS. Si je le rappelle, ce n’est pas pour me désolidariser, c’est presque le contraire, même. Je n’ai pas la responsabilité de convaincre des électeurs de voter pour lui, je n’ai pas celle de faire passer mes idées au sein de débats,… Et je ne comprends rien aux guerres internes. Nathanaël pense qu’elles sont issues du referendum de 2005. Il a fait des ravages au sein du parti mais je crois que le clivage est autre, maintenant. Par exemple, Manuel Valls était opposé au traité de 2005 mais avait fait campagne pour le « oui » par discipline de parti vu que le « oui » l’avait emporté lors du vote interne. C’est d’ailleurs assez cocasse de voir ce qu’est devenue la discipline du parti par rapport à celui qui est actuellement premier ministre.

Depuis que je fréquente beaucoup de militants socialistes, disons lors de la création des leftblogs début 2008, mais aussi que je lis des blogs de toute la gauche, je suis frappé par le décalage entre :
Petit 1 : la politique que l’on aimerait voir mener dans le meilleur des mondes,
Petit 2 : la politique que l’on pense que devrait mener son parti,
Petit 3 : la politique que l’on pense qu’il est réellement possible de mener en fonction de la conjoncture, des circonstances internationales,
Petit 4 : la politique qu’il faut vendre aux électeurs.

Prenons un exemple : le nucléaire.

Petit 1 : le nucléaire est potentiellement dangereux, pas spécialement gratuit, pas durable,… Il faut sortir du nucléaire au profit d’énergies renouvelables.
Petit 2 : il faut engager la recherche et organiser la sortie progressive du nucléaire.
Petit 3 : il faut favoriser la recherche, encourager le développement d’énergies renouvelables et préparer la fermeture d’une ou deux centrales.
Petit 4 : il faut favoriser la recherche, préserver notre indépendance énergétique mais ne pas sortir du nucléaire avant d’être sûrs d’avoir de quoi le remplacer.

C’est mon point de vue, pour illustrer la conversation, il est discutable mais ce n’est pas l’objet du billet. Les débats sur la sortie du nucléaire entre la primaire et l’élection de 2012, avec le fameux accord entre les verts et les socialos a été désastreux, électoralement, donnant une grande impression d’amateurisme. Les Français ne veulent pas d’une sortie du nucléaire mais d’un gouvernement qui assure la pérennité de l’approvisionnement en énergie, la sortie du nucléaire est la cerise sur le gâteau. En outre, la mesure pourrait choquer  les ouvriers qui travaillent dans le secteur et leur donner un doute quant à la durabilité de leur emploi…

Faut méditer.

L’ami Jeff, du blog Perdre La Raison, nous fait un billet pour taper sur Valls. Il commence ainsi : « Bien, je crois que le ci-devant Manuel Valls a poussé le bouchon un peu loin, trop loin ces derniers temps pour qu'on ne lui rappelle pas que s'il est là c'est parce que le Parti Socialiste dont il changerait volontiers le nom l'y a mis. » C’est un peu le problème de l’œuf ou de la poule mais ce n’est pas le PS qui l’a mis là, mais François Hollande. Il termine ainsi : « Il n'a rien à faire à la tête du gouvernement sauf à vouloir mener une politique qui n'est pas socialiste et donc pas celle souhaitée par les électeurs de gauche le 6 mai 2012 quand ils ont voté François Hollande. »

Ce qui nous ramène à ce que je disais en début de billet (Jeff est membre du PS, pas moi, au fait, ce que je rappelle pour relativiser mes propos) : quelles sont les raisons qui ont fait que les électeurs ont voté pour François Hollande ? François Hollande a-t-il été élu avec les seules voix de gauche ?

Alors, je préfère la conclusion de l’ami El Camino : « Passéisme, modernisme, socialisme, pas socialisme, je m'en fous de tout ça, je n'ai pas voté en 2012 pour un parti qui tombe en ruine mais pour sauver un pays qui tombait en ruine alors démerdez-vous les socialistes pour vous entendre et penser à la France parce qu'à ce rythme de conneries,à la présidentielle de 2017, le nain et ses alliés en bottes allemandes vont péter les scores dans les urnes. »

Il n’est pas le seul à s’en foutre.

L’opposition interne n’a que trop duré. C’est bien François Hollande qui a été élu. Si le PS veut rester conforme à lui-même, à savoir un parti de débat (pour être gentil,…), il peut l’être.


Benoît Hamon arrivera peut-être à obtenir le graal : devenir Premier Secrétaire du Parti Socialiste. C’est son problème et je m’en fous.

11 commentaires:

  1. Pareil, je me fout du PS.
    Pareil, je rejoins l'ami El Camino.
    Et merde ! J'ai plus de bière !

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  2. je reprendrai bien ma carte rien que pour voter CONTRE Hamon

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  3. Quand comprendront ils ,les frondeurs que ceux que l'on attend du gouvernement ce n'est pas qu'il fasse à priori gagner la gauche mais qu'il fasse d'abord gagner la France !!! et cela demandera du temps, le nier est une faute .
    vincent

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    1. Ils peuvent ne pas être d'accord.

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    2. Ils le peuvent effectivement, ce que je veux dire c'est qu'il est plus facile de brosser l'électeur dans le sens du poil ... .
      vincent

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  4. Soyons sérieux deux secondes .

    Tous les membres du PS sont persuadés qu'ils perdront les élections de 2017 , et chacun ne pense plus qu'à se "positionner" pour sa reconquête et être le leader en 2022 :

    -certains , jetant à la poubelle tout ce qu'ils ont dit et fait depuis 2012 , et notamment certains anciens ministres de Hollande ( Montebourg, Filipetti, Batho, Hamon ) , font le pari que le centre de gravité se situera plus à gauche qu'aujourd'hui ( selon le principe de Guy Mollet : " le PS, ça se conquière par un discours de gauche et ça gouverne au centre") ,

    - d'autres ( comme Valls ) que, comme dans tous les autres pays européens, le passage au blairisme , au schroederisme , au zapatérisme ou au mattéisme est inévitable , n'est plus qu'une question de temps, et que la tentation du mélenchonisme aura été définitivement tournée par les Français en 2022 .

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    1. Tous sauf un. Pépere.

      Il tolère le bordel car il aura un prétexte poyr dissoudre quand Sarko sera president de l'UMP. Il pourra le nommer premier ministre. Ca sera le bordel. Hollabde reelu.

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    2. Certes, mais c'est un calcul qui n'a rien à voir avec le Bien Commun. C'est une manoeuvre digne de la IVème.

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