La propagande insoumise est nupes

Aphatie et framboises ?

 

« La quasi-totalité des électeurs de gauche soutiennent l’actuelle union. On est en droit de se dire que leur jugement est un peu plus sûr en la matière que celui de Bardella, Aphatie, Valls ou Enthoven qui expliquent, eux, que ladite union trahit les valeurs de la gauche… » C’est Gérard Miller qui a dit ça dans Twitter, immédiatement repris une armée de fanatiques (dont, visiblement, un type à qui je suis abonné, il va falloir sévir).

Il faut rétablir la vérité (et je vais sortir des chiffres, plus loin) : comme il n’y a presque plus d’électeurs de gauche, si une grande partie d’entre eux soutient l’union, ça ne fait pas beaucoup de monde.

Et si les gens ne votent pas à gauche, c’est parce que ce qui reste à gauche les a franchement dégoutés et ils sont partis à LREM. Parmi « ce reste », il y a les personnalités politiques mais elles ne font que leur job (et Mélenchon est un très fin stratège), des militants de base mais aussi des espèces de d’influenceurs qui gagnent des millions en racontant des conneries dans le poste (et donc dans Twitter) en faisant croire qu’ils représentent le peuple.

L’union en question trahit évidemment des valeurs de gauche (et non pas les valeurs de gauche) et le nier est une forme d’hérésie mais assez symptomatique de toute une gauche qui finit par se croire « les seuls à gauche » (ce qui était le cas depuis la nuit des temps). Entre nous, à force qu’on me dise ce que je dois penser si je veux figurer dans la liste des bons gauchistes, je fatigue. Et je vais aussi voir ailleurs. Pour ce qui est des valeurs de gauche qui sont trahies, je pourrais citer la laïcité, l’Europe et un tas de machin mais je vais être plus direct. La réforme des retraites envisagée par ces ânes va mettre en grande difficulté le système de retraites (comme en 1981, d’ailleurs, mais ils ont la mémoire courte) ce qui fait qu’il sera torpillé par la droite à son retour au pouvoir (désolé, mais l’alternance est un peu la règle depuis la nuit des temps) ce qui mettra en grande difficulté les classes populaires qui n’auront pas eu assez de revenus pendant leur vie active pour mettre du pognon de côté. Je pense donc, franchement, que cette réforme favorisera les plus riches, à terme. Mais, en plus, et le rapport du Conseil d’Orientation des Retraites est disponible sur le web, le financement actuel des retraites ne pose aucune difficulté (le projet de Macron est donc ridicule) par contre le montant des pensions n’augmente pas assez vite par rapport aux salaires et à l’inflation ce qui va mettre, progressivement, les aînés dans la merde. Et ça, ça devrait être une priorité de la gauche et il ne suffit pas d’ajouter une ligne « on va augmenter les pensions » dans un programme, il faut le faire durablement et trouver le financement qui va avec. En outre, la réforme des retraites mélenchonienne oublie la durée de cotisation ce qui fait qu’un type qui a commencé à 18 ans partira à la retraite au même âge qu’un type qui a fait des études jusqu’à 25 ans et met la pénibilité de côté en éludant un débat à cause d’un slogan qui ne porte que sur l’âge.

Je peux aussi parler du nucléaire : les projets insoumisationnesques font porter un risque sur l’approvisionnement en électricité – pas la peine de nier, c’est une évidence – donc sur les plus démunis, d’une part, mais aussi, d’autre part, ne vont pas inciter les entrepreneurs énergivores à venir par chez nous, ni même la population à acheter des caisses pas électriques.

Alors oui, on peut considérer que la plus grande partie du programme va à l’encontre des valeurs de gauche et on peut ajouter que la sociologie électorale montre que les classes populaires votent surtout à l’extrême droite vu que les électeurs insoumisationnés sont relativement aisés pour beaucoup, ce que vous pouvez nier, mais le programme exclut totalement les racines du problème comme « la France périphérique » (je n’ai entendu que François Ruffin parler intelligemment du sujet et il ne suffit pas qu’on va mettre des maternités à la campagne pour résoudre le problème). La question n’est pas de savoir si la solution est de droite ou de gauche mais, à force de botter en touche en faisant du leftwashing, on jette la population dans les bras de l’extrême droite et on éloigne donc la possibilité pour la gauche de revenir au pouvoir pour mettre en œuvre une politique écologique et sociale. Vous pouvez toujours expliquer aux Français, par exemple, qu’il faut remettre en question la loi travail mais vous oubliez surtout que celle-ci concerne essentiellement les salariés des grandes entreprises et vous n’empêcherez pas les discussions de bistro opposées à tous vos principes.

Ce projet d’union va bien à l’encontre des valeurs de gauche. Vous pouvez être offusqués et penser que je délire mais c’est vous qui n’arrêter pas de marteler que les autres ne sont pas de gauche. Moi, je ne fais qu’un billet de blog qui aura 3 ou 400 lecteurs… Miller a 70 000 abonnés et je maintiens que toutes ces personnalités qui fricotent à la gauche de la gauche sont particulièrement nocifs à cette dernière. Cela étant, ces 70 000 sont à comparés aux 13 millions de bulletins au nom de Le Pen mis dans l’urne le 23 avril.

 

J’ai dit, au début, que j’allais parler de chiffres.  Il y a différentes espèces de sondages qui trainent dans les réseaux sociaux dont une estimation du nombre d’élus par formation politique d’origine, absolument ridicule et ne prenant pas en compte les circonstances locales, la personnalité du candidat, la forte abstention probable qui jouera en faveur de LREM et j’en passe. Restons donc humbles.

Il y a un chiffre idiot qui tourne sur le taux de Français souhaitant une cohabitation. Ce n’était utile de faire un sondage. Plus de 70% des Français n’ont pas voté pour Macron au premier tour donc plus de 70% des Français ne veulent pas qu’il gouverne. Tout cela n’a aucun sens.

 

Et, enfin, il y a ce sondage à propos de l’union. Je vous mets sous forme d’illustration le sondage qui m’intéresse ici et un tweet d’accompagnement, l’auteur ayant 80000 abonnés, soit 20 fois plus que moi et un peu plus que Miller. Il est journaliste et présentateur, community manager et spécialiste des relations entre les politiques et la presse (cela étant, ses tweets ne sont pas inintéressant quand il ne fait pas de la politique politicienne).

La principale donnée est que 84% des sympathisants de gauche sont favorable à l’accord. Il faudrait savoir comment sont définis ces sympathisants de gauche. Je dois en faire partie, j’ai voté Roussel. Si on écarte 2017 et 2022 (où la gauche est à l’agonie), on peut estimer que, en moyenne, les candidats de gauche cumulent 43% des voix au premier tour de la présidentielle (depuis 1974). Cette année, on arrive à 32%. Les 84% portent sur les 32% soit 27% des électeurs mais on s’en fout (comme des 53% de l’illustration) mais si on les rapporte au nombre habituel d’électeurs de gauche « non insoumis » (les insoumis sont évidemment majoritairement favorables à l’union), on arrive précisément à la moitié des électeurs EELV, PS et PCF de la dernière fois et à une partie négligeable des électeurs correspondants habituels vu qu’une partie est allée chez LREM.

Ceci m’amuse beaucoup car mon tweet à ce sujet a fait un peu polémique (pourquoi tu corriges les chiffres alors qu’on a tout) et, au fond, tout cela est incompréhensible mais la réalité est pourtant relativement claire et le sondage ne le montre pas : on a sans doute seulement entre 30 et 50% des électeurs habituels de gauche non « insoumis » qui ne sont pas favorables à cette union. Vous pouvez vérifier mon estimation.

Utiliser ces 84% est de la propagande mensongère. Et il est évident que les électeurs le voient.

Miller et Bardlone sont suivis par des hordes d’insoumis dans Twitter et je vais retourner dans Facebook…