17 mai 2022

Ne relativisons pas le relativisme

 

Rousseau contemporaine

Je vais à nouveau parler de l’affaire Bouhafs mais pas pour incriminer ce pauvre garçon qui en a pris plein dans la gueule en quelques jours et est probablement grillé pour quelques années, plutôt pour évoquer la bêtise ambiante voire insoumise… Et surtout le relativisme et les efforts faits par certains pour démontrer que ce qu’a fait Taha Bouhafs n’est pas grave par rapport à ce qu’on fait les autres.

Relativiser, c’est mal ! Xavier Dupont de Ligonnes a tué plein de gens mais moins que n’en a fait occire Hitler, hein ! On ne va pas tout comparer pour faire joli. Bouhafs ne doit pas être candidat, point barre. Il a un casé judiciaire vaguement chargé, un passé assez lourd avec ses histoires de journalisme ou de fakenews et des soupçons avérés (les soupçons, pas la faute) d’actes graves d’harcèlement sexuel ou assimilé.

Malgré cela, il a été soutenu jusqu’au bout par des cadres importants du parti, dont le chef suprême, et y compris après les révélations de l’affaire en interne. A ce stade, il n’y a plus rien contre Bouhafs et ce sont les membres de Nupes, dont Madame Rousseau (je vais y revenir) qui passent leur temps à le défendre vu que leurs féministes sont occupées à défendre le burqini quand ce n’est pas franchement le port de la burqa en Afghanistan.

 

Rappelons tout d’abord qu’il y a deux types d’affaires : celles qui sont devant la justice et celles qui restent dans une sphère, disons, plus privée, comme cette histoire d’harcèlement chez LFI. J’espère qu’LFI aura les burnes pour aider les femmes concernées à porter plainte devant la justice mais, pour l’instant, et jusqu’à preuve du contraire, l’histoire rester interne à LFI même si elle a été mise sur la place publique.

Quelle que soit l’affaire, l’accusé reste présumé coupable vu qu’il est présumé innocent et seulement présumé coupable jusqu’à ce que l’affaire soit jugée. Par la justice. Ce n’est pas si simple. Dans l’affaire des coups de casque sur l’ami Boris Faure, le député M'jid El Guerrab dépasse le stade de « présomption de culpabilité » depuis longtemps. Les faits sont établis et, s’il y a eu débat (et ils continuent vu qu’il a fait appel), c’est uniquement sur les circonstances (il essaie de faire croire que Faure l’a harcelé, je crois, mais même si c’était vrai – ce qui n’est pas crédible, je connais Boris, il est doux comme un agneau même s’il est chauve – ce n’est pas un prétexte pour lui défoncer la tronche). Dans l’affaire Bouhafs, il faut bien reconnaître que la présomption d’innocence est assez faible, il a d’ailleurs été « jugé » coupable par le parti et ce dernier n’est pas démenti par les militants tweetériens vu l’énergie qu’ils dépensent à relativiser tout ça.

 

Rousseau Jean-Jacques

Notons d’ailleurs les propos de François Ruffin : « Chacun commet des erreurs ». Non. J’espère que chacun des candidats Nupes n’a pas violé une femme ou, du moins, un individu d’un autre ou du même sexe. Une telle défense est de la pure folie surtout que les lfistfuckings nous demandent de taper sur les autres candidats ayant fait des conneries (soit chacun fait des conneries soit pas mais dans le premier cas, les conneries des autres ne sont pas graves… C’est compliqué). Il a dit aussi «  Ce qui m'inquiète, ce n'est pas qu'il y ait un Taha Bouhafs à l'Assemblée nationale. C'est tout ce qu'il n'y a pas à l'Assemblée. Combien d'ouvriers ? Combien de maçons ? Ce qui m'inquiète pour la démocratie, c'est cette uniformité. » Il faudrait étudier le groupe LFI actuel pour voir la représentativité (je n’en sais strictement rien, d’ailleurs). Toujours est-il que c’est du mépris de classe : seuls les CSP++ ont des pulsions sexuelles néfastes. Smiley. Il a dit aussi : « Si jamais TF1 avait fonctionné comme La France insoumise, on n'aurait pas eu PPDA pendant 20 ans... »

Je vais défendre PPDA. S’il a accordé des faveurs sexuelles à des jeunes femmes pour qu’elles aient des promotions, c’est évidemment à leurs demandes. Nan, je déconne. PPDA n’est plus candidat à aucun poste. La présomption d’innocence est totale pour lui mais si on se doute bien qu’il n’y a pas de fumée sans feu, qu’on pense tous qu’il est coupable et que l’on doit soutenir les plaignantes en difficulté. Mais il y a présomption d’innocence. Avec Bouhafs, la question ne se pose pas réellement à ce stade. Le parti a décidé qu’il ne pouvait pas maintenir l’investiture car, moralement, ce n’était plus défendable tout comme, d’ailleurs, ça ne serait pas défendable que TF1 envisage d’embaucher à nouveau son ancien présentateur vedette, du moins celui qui est encore vivant (aux dernières nouvelles, il banderait même encore). Mais la question ne se pose pas non plus.

 

Rousseau douanier

Je reprends l’histoire de Twitter de ce week-end. Benjamin Grivaux, l’homme à la bite, a tweeté : « En France, la justice se rend dans un tribunal, pas dans un conclave d’un parti politique à l’abri des regards! Quelle honte de se prétendre féministe et de tenir de tels propos…naufrage final et sans surprise pour @sandrousseau. » Il faut dire que cette dernière avait déclaré : « Cette femme m’a contacté, j’ai eu un entretien assez long avec elle. Je lui ai demandé d’écrire son témoignage pour clarifier les dates, les faits. » Grivaux a évidemment raison à 100%.

La Rousseau a tweeté, en réponse : « 😳 Benjamin Griveaux #TouteHonteBue » Tout type normalement constitué comprendra qu’elle ait réponse au reportage non pas sur l’habitat urbain mais celle de Grivaux.

Gilles Clavreul, un des chefs du Parti Républicain (mon duce, donc, vu qu’il y fait führer), a alors tweeté, à son tour : « Chère @sandrousseau, puisque nous avons quelques affinités et que nous en avons parlé de vive voix : j’aimerais vraiment comprendre comment vous pouvez mettre sur le même plan la vie privée de @BGriveaux et ce qui est reproché a T.Bouhafs. Et qui est TRÈS grave. » Il a évidemment parfaitement raison mais ces gens « en vue » sont assez policés alors j’en ai rajouté, d’autant que j’étais coincé au bistro à cause de la pluie : « Ça a un côté réjouissant de défendre un type qui a diffusé des vidéos de sa bite. Ce qui n’empêche pas Gilles d’avoir raison. Comparons les choses qui peuvent l’être. »

Et j’ai aussi raison, d’ailleurs !

 

Mais, ce qui me fait rigoler, c’est que des insoumis me sont tombés dessus pour défendre Grivaux au prétexte qu’il n’a pas diffusé de vidéo de sa bite mais qu’on lui a « volé » cette vidéo qu’il avait transmise. J’ai bien rigolé car ces imbéciles ne voyaient même pas que je défendais Grivaux (le principal incriminé à presque présenté ses excuses mais les abrutis ont continué à me tomber dessus ce qui fait que j’ai du en bloquer une dizaine pour avoir la paix).

Il n’empêche qu’il y a plein de chose que ne doit pas faire un candidat dans le cadre d’une élection en France, comme donner des coups de casque à un citoyen, violer une femme… et prendre une vidéo d’une branlette pratiquée sur soi-même et la transmettre à sa copine.

Leur axe d’attaque, pour la défense, est :

Petit 1 : Grivaux n’a pas diffusé cette vidéo donc j’ai eu tort d’utiliser ce terme. Il l’a seulement transmis à une amie à qui elle a été volée.

Petit 2 : Grivaux est la victime, c’est bien lui qui a été volé.

 

Rousseau mâle

N’oublions pas que la comparaison de Bouhafs et de Grivaux vient de la nupseries autant que de la cour de récré.

Evidemment, un homme condamné par la justice avec, en plus, une présomption de culpabilité dans une affaire de viol ne doit pas avoir l’investiture d’un parti politique.

Mais on ne m’empêchera pas de penser qu’un responsable politique qui se prend en vidéo en train de se masturber puis transmet cette vidéo à sa copine a toute la maturité nécessaire pour assumer les plus hautes fonctions.

Je peux donc rigoler de la bite à Grivaux tout en critiquant les propos de Rousseau.

Non mais sans blague.

 

 

P.S. : désolé de faire trois billets, ce matin. Celui-ci a été rédigé en grande partie, hier, mais j’ai « oublié » de prendre le temps de le diffuser vu que j’ai bossé tard et que les heures de bistro approchaient. Les deux autres billets sont plus légers et dictés par l’actualité politique.

6 commentaires:

  1. Des grands combattants de cour d'école maternelle !

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  2. Ils deviennent fous. Ils défendent un type qui semble être un symbole de tout ce qu'ils ont combattu il y a encore 2 mois. Ils critiquent la PM pour avoir fermé une centrale dont ils ont, eux mêmes, réclamé l'arrêt il y a moins de 3 ans. Ils promeuvent le burkini comme signe d'égalité... Après avoir critiqué les élus LREM de la dernière mandature pour inexpérience, ils alignent sur la ligne de départs des purs néophytes. ils sont soit fou soit con

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  3. Côté Maçons, disons, 60% chez les assistants parlementaires... ;+)

    Denis.

    NB Je ne peux plus publier avec mon compte Google.

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  4. Merci une fois encore pour cet article de blog. Face aux propos de Ruffin sur les ouvriers et maçons à l'AN, je me suis intéressé à la représentativité du groupe LFI (oui, j'avais un peu de temps) :

    Tous les 17 députés LFI actuels ont fait des études après le BAC (j'ai vérifié), et la plupart des études universitaires, surtout d'histoire (6 d'entre eux) mais aussi Science Po, Lettres, Management, Communication,... Avant d'être politiciens professionnels ils ont été professeurs (6), cadres (6), journalistes (2) voire manager (1). Seuls deux sortent du lot : l'un simple bachelier à la Réunion, où il est très populaire et vit comme élu depuis pas mal d'années, l'autre aide soignante (la première à l'AN) après avoir été assistante de direction.

    Pas de quoi pavoiser... Bérégovoy, lui, était ouvrier ! Je dis ça, je dis rien.

    Et pour mémoire, sur la représentativité sexe et âge :

    LFI: 7 femmes pour 10 hommes (ils sont à 41% , mieux que la moyenne de 39, sauf que LREM est à 49% et les socialistes et apparentés sont dans la parité parfaite). Ne parlons pas de la moyenne d'âge (LREM est à 46,5 ans, LFI à 47,8 ans mais c'est Jonluk qui fout tout en l'air...)

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