07 mai 2022

Ni Nupes ni Insoumis

 


J’ai fait, dans mon blog, une campagne assez intense contre les accords entre LFI et trois autres formations politiques pour une union pour les législatives et un regroupement sous la bannière du Nupes et j’étais bien décidé à arrêter là jusqu’aux résultats si je ne m’étais pas senti profondément insulté par deux publications dans Facebook, à peu près sur le thème : « si tu es contre le Nupes, c’est que tu es contre la victoire de la gauche et donc pour celle de la droite. »

Je pense que ça commence à bien faire que des abrutis n’arrivent pas à voir la gauche sous un angle de la diversité, donc de personnes avec des avis différents, et ce sont bien ces abrutis qui font perdre la gauche.

Tout au long de ces trois semaines, j’ai développé des arguments de plusieurs types. Il y a trois points que j’ai très peu évoqués. Le premier est qu’il s’agit de trois accords bien différents avec trois formations politiques. Je n’en connais le contenu que par le biais des communiqués de presse de LFI. Par exemple, avec EELV, LFI indique qu’il faudra désobéir aux traités européens alors qu’avec le PS, ils ne disent que qu’il faudra renégocier les traités. Le deuxième est au sujet du partage des circonscriptions : il est évident qu’avec 70 circonscriptions attribués, le PS ne pourra pas défendre ses positions dans les 500 autres. Alors, non seulement, par le contenu de l’accord, il renie sont histoire mais, en plus, il renonce à son influence sur le terrain (alors qu’il a été la formation politique de gauche largement en tête lors des dernières élections locales). C’est son arrêt de mort. Le troisième est qu’il n’y a jamais eu d’accord politique sur la base de la formation la plus proche de l’extrême, mais que, a contrario, comme me le faisait récemment remarquer un pote, les projets du « parti le plus centriste » étaient bien plus à gauche que LFI aujourd’hui quand il a permis la victoire de la gauche (rappelons-nous les 35 heures !).

 

Parmi les arguments que j’ai développés, outre ces reniements, il y en a de plusieurs types mais je ne vais en retenir que peu, aujourd’hui. Tout d’abord, jamais une union pour un premier tour des législatives n’a permis la victoire de la gauche. Comme, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la gauche ou la droite (le nucléaire et l’universalisme républicain, par exemple, mais aussi les volets internationaux), je ne pourrais pas voter pour un candidat LFI, la gauche a perdu ma voix. Cette union va mécaniquement faire baisser le nombre de voix à gauche (un accord de premier tour aurait dû ne porter que sur les circonscriptions où il y a un risque de ne pas atteindre le seuil de voix pour passer au second). Ensuite, j’ai dit que le programme de LFI était surtout du « leftwashing » et du « greenwashing » vu que le programme n’était composé que d’une série de mesure pour démontrer le positionnement à gauche et en faveur de l’environnement… Mais qu’une démonstration permettant de construire des argumentaires rapidement et parler de tous les sujets. Comment voulez-vous faire progresser la société ou l’environnement en reniant les accords avec les autres pays ? Il faut se méfier du « washing » et notamment du « greenwashing »… Rappelons-nous Chirac qui mettait dans la constitution le « principe de précaution » au sein d’une inconnue « charte pour l’environnement » ! Comme si cela avait progresser la cause de l’écologie… Enfin, ce programme n’étant qu’une succession de mesures, il ne montrait pas de vrais projets de société (voir mon premier billet d’hier).

 


Dans tous les messages lus, pendant ces dix jours, il y a évidemment tout un tas de brulots contre le hollandisme. J’ai longtemps critiqué le fait que le PS n’ait pas fait un vrai inventaire (il l’a fait mais pas vraiment publiquement). Je ne peux pas nier un malentendu mais il y a quand même un paquet de lascars, en France, qui ont les fils qui se touchent. Par exemple, la mesure la plus à gauche prise depuis des décennies est quand même l’alignement de la taxation des revenus du capital sur ce qui est fait pour le travail et c’est bien Hollande qui a permis sa mise en œuvre. Et ça, c’est bien lutter contre « le monde de la finance » contrairement aux piteuses mesures inapplicables de l’AEC…

Par ailleurs, on peut débattre du rôle de Hollande et de la politique menée dans la débâcle de 2017 mais, en le faisant, on se prend un peu trop au sérieux et on ne pense pas aux électeurs. Le fait que les frondeurs ont montré que la gauche ne pouvait pas être tenue a largement participé à ce bazar tout comme les négociations actuelles (mais terminées) vont montrer que la gauche n’est prête qu’à des improvisations. Ces accords sont réellement mortifères mais je m’égare. Et même si on admet qu’Hollande est le responsable du fiasco de 2017, on pourrait quand même s’imaginer que ce n’était pas candidat du PS et que ce dernier a eu cinq ans pour se refaire. La précédente vraie débâche datait de 1993, la candidat socialiste était en tête au premier tour de 1995 et le parti « prenait » le gouvernement en 1997.

Il faut que les militants socialistes fassent le ménage dans leurs idées et arrêtent, un jour, de tout baser sur le tournant de la rigueur par Mitterrand et les privatisations de Jospin… Si Méluche devient premier ministre, dans un an il changera de politique car il ne trouvera plus de financement pour ses projets et appellera l’Europe à l’aide. Ceci n’est pas une prédiction mais je rigole à l’idée qu’il faudra, dans cinq ans, supporter les lascars qui feront à Mélenchon le reproche de ne pas avoir tenu bon.

 


Je disais hier, dans Facebook : « Parmi toutes les publications politiques que je vois ce matin, il y en a deux types :

- celles de type ayant quitté le PS par la gauche et se réjouissant de l'accord,

- celles de ceux restés fidèles mais déplorant le renoncement à "ni nupes ni insoumis". »

Les premiers ne sont pas concernés (et le PS est « ma » famille politique) et sont donc assez risibles. Toujours est-il que je n’ai pas vu la moindre publication favorable aux accords en question autrement que sous la forme « ah ben c’est évident que l’union fait la force et qu’il la faut pour gagner. » à part quelques textes outrageusement mensongers, notamment, faisant référence à des périodes politiques précédentes (hors, comme je le disais, jamais un accord de premier tour n’a fait gagner la gauche), ou oubliant les caractéristiques des législatives, les triangulaires, l’absence de proportionnelle et tout ça. Et je passe les analyses de sondages complètement déformées.

 

Enfin, je suis fatigué des attaques contre des personnalités politiques tels que Mme Delga ou MM. Cazeneuve, Le Foll voire Hollande et Valls par des imbéciles qui n’ont jamais rien fait pour la gauche en France a part vociférer dans les réseaux sociaux. En complément, d’ailleurs, on parle plus des hésitations de Mmes Aubry et Hidalgo que des décisions des loustics dont je parlais ce qui est bien la preuve que l’union n’est pas évidente.

Surtout, je suis fatigué des crétins qui expliquent que les opposants au Nupes le faisaient par intérêt personnel sans même s’imaginer que les partisans ne pouvait le faire que pour sauver leurs postes, ceux de leurs potes, et des bribes de financement. Des accords peuvent être naturels en politique, rien que pour des raisons électorales mais il faut arrêter d’être assez cons pour penser que les « salopards » ne peuvent pas être dans son propre camp.

Ces deux semaines de débat ont surtout montré beaucoup de bêtise et, dans un mois, on retiendra surtout que l’union ne peut pas être improvisée.

 


Alors voila, j’ai fait campagne contre des accords entre partis et j’ai perdu. Amen. Faut dire qu’avec mes trois cents lecteurs quotidiens et trois jours de bannissement par Facebook, je ne m’attendais pas à grand-chose. Le problème est que je vois maintenant de plus en plus d’orphelins du parti socialiste.

J’espère qu’un nouveau machin va se mettre en place et que ceux qui refusent la soumission et qui ont des chances de gagner iront au front sans s’occuper des investitures…

 

Je me suis levé pour rédiger ce machin quand j’ai vu la publication d’un type qui gueulait parce que Sarkozy et Hollande allaient participer à la cérémonie d’investiture de Macron, aujourd’hui, ce qui en fait des traitres. J’étais alors bien décidé à insulter tous les crétins de nos sphères politiques d’autant que, hier, je m’étais pris la tête, dans Twitter, avec une connasse qui affirmait des choses fausses (ce qui était facilement vérifiable avec Google) et qui était RT par une meute de fans, visiblement tous finis à l’urine.

J’ai été assez poli aujourd’hui, finalement, non ?

11 commentaires:

  1. Bah, les meutes c’est très au goût du jour et dans plein de situation.
    On remplace la qualité par la quantité et : « haro sur le baudet ! »
    Hélène

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  2. Je trouve qu'à la place de ces malheureux cochons, vous eussiez pu illustrer ce billet par des photos d'affriolante pi-nupes…

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  3. Le PS n'aurait jamais dû signer cet accord. 70 circonscriptions promises... On va où là ?

    Il aurait fallu un sursaut après la Présidentielle et on a droit à un enfoncement (pour rester poli...). Attendons maintenant la suite mais je soutiendrai pour ma part tous les dissidents de cet accord qui se présenteront sous une bannière socialiste.

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    1. Article de l'Obs pour mieux comprendre l'absurdité de ce que le PS est en train de vivre: https://www.nouvelobs.com/elections-legislatives-2022/20220508.OBS58173/venu-soutenir-la-socialiste-el-aaraje-a-paris-jospin-tombe-sur-simonnet-investie-par-la-nupes.html

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  4. « Le Parti socialiste a obtenu 70 circonscriptions au sein de la NUPES. Mais pas la 1re de Corrèze, attribuée à une candidate insoumise. François Hollande, député de cette terre “pendant 24 ans”, n’apprécie pas du tout. “Je trouvais que c’était une forme d’élégance, de courtoisie (d’investir un socialiste, NDLR)”, affirme l’ancien président de la République sur France Inter. “Je pense qu’il y a des formes d’inélégances, d’absence d’amitié au PS qui me paraissent tout à fait néfastes”, ajoute-t-il. « 
    (Huffington post)

    Une inélégance ? Il n’y est pas là !
    Ça ressemble plutôt à un règlement de compte bien à la vue de tous. C’est dire comment les électeurs sont considérés par la nupes.
    Sont ils conviés à se rendre dans des bureaux de vote ou dans des arènes ?
    M...de à la fin.
    Si les 5 années à venir doivent être mises sous coupe réglée de ces boutefeu, on imagine leur vision de l’intérêt général.

    Hélène

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    1. Les voleurs et l’Ane
      Jean de La Fontaine
      Pour un âne enlevé deux voleurs se battaient :
      L’un voulait le garder; l’autre le voulait vendre.
      Tandis que coups de poing trottaient,
      Et que nos champions songeaient à se défendre,
      Arrive un troisième larron
      Qui saisit maître Aliboron.
      L’âne, c’est quelquefois une pauvre province :
      Les voleurs sont tel ou tel prince,
      Comme le Transylvain, le Turc et le Hongrois.
      Au lieu de deux, j’en ai rencontré trois :
      Il est assez de cette marchandise.
      De nul d’eux n’est souvent la province conquise :
      Un quart voleur survient, qui les accorde net
      En se saisissant du baudet.

      Jean de La Fontaine, Le Fables

      Hélène

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  5. Je cherche la trame de cette pseudo union. Ce qui n'était pas possible avant les élections le devient comme par miracle avec surtout du "pousse toi de la que je m'y mette" pour les postes.
    Donc rien de bien révolutionnaire à part dans les mots :moi désobéissance et insoumission ça ne me parle pas. En démocratie il y a une méthode constructive : l'opposition. Faut juste avec des idées et un programme et se faire élire !
    Sylvie

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  6. La NUPES ne durera pas dans le temps, je prends les paris.

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