19 juillet 2011

Réduire la dette est-il "de gauche" ?

Faire une revue de presse à propos de la primaire socialiste serait d’un mortel ennui. Personne ne parle d’Arnaud Montebourg qui semble pourtant continuer son petit bonhomme de chemin. Jean-Michel Baylet n’existe presque pas. Ségolène Royal et Manuel Valls font un peu parler d’eux, surtout en exigeant des débats (je n’y suis pas favorable comme je n’étais pas favorable aux primaires mais, comme je dis souvent, ça n’est pas l’objet du billet). Quant à Martine Aubry et François Hollande, comme dit à peu près toute la presse, ils se marquent à la culotte (ce qui aurait été plus rigolo si DSK avait été encore là).

François Hollande va être entendu dans « dans l’affaire Banon » mais ça ne m’intéresse pas. Martine Aubry, après sa sortie sur l’augmentation du budget de la culture revient dans les clous. Comme François Hollande, elle confirme aujourd’hui un retour du déficit au dessous de la barre des déficits dès 2013.

Les blogueurs et éditorialistes s’interrogent vaguement pour savoir si c’est possible. Je crois que oui : il y a suffisamment de cadeaux fiscaux faits aux plus riches pour revenir dessus. Cependant, on ignore tout de la conjoncture économique en 2013. On risque d’avoir une crise majeure et tout ça. Alors plutôt que de tirer des plans sur la Comète, je préfère boire des bières sur son comptoir. Et je suis d’accord avec Thomas Piketty qui dit, en gros, qu’il ne faut pas se focaliser sur les chiffres mais penser à la réforme fiscale.

Dans tout ça, on ne voit pas vraiment les différences entre les projets de Martine Aubry et de François Hollande, ce que souligne beaucoup de publications mais je vais dire que je m’en fous : on ne vote pas pour un projet mais pour une personne.

Alors, c’est Elmone qui pose la bonne question : vouloir réduire le déficit au dessous des 3% est-il de gauche ?

Je pense qu’il ne faut pas être dogmatique même si en disant ça, il est évident que je vais le devenir. Tiens ! A propos des agences de notation, par exemple, les gauchistes aiment bien taper dessus. Pourtant, elles ne sont pas responsables des dettes et si l’Europe se bougeait un peu les fesses, nous ne serions pas sur point de voir la Grèce agoniser. Comme rappelle l’excellent « 365 mots » , taper sur les agences de notation revient à désigner le thermomètre responsable de la température quand on est malade.

Vouloir réduire le déficit au dessous des 3% est-il de gauche ?

Joker ou presque… Le pognon dépensé par l’état permet en grande partie de faire gagner du pognon à des personnes privées et le coût de la dette sera pris en charge par les classes populaires ou moyennes du futur… Certes, en période de crise, l’état doit aider les braves gens à consommer pour relancer la machine (et leur permettre de manger…) mais cette putain de crise dure maintenant depuis 40 ans.

Si l’état achète un Rafale, le pognon, une fois les charges et salaires et payés, va directement dans les poches de M. Dassault et celles des autres actionnaires. Ceci est un exemple populiste. Soyons plus sérieux.

Verser une allocation logement est bien. Ca permet à un gugusse ou à une famille de se loger. Joie. Ca permet aussi au propriétaire d’augmenter ses loyers puisque les clients potentiels ont plus d’oseille à dépenser et seront donc moins « regardants » sur le prix total, d’autant que l’offre est rare. Ainsi, les aides au logement, sous toutes ses formes, permettent surtout d’alimenter la spéculation immobilière. Notre brave gouvernement veut aider les gens à acheter des logements ce qui en première analyse parait sympathique mais ça permet surtout aux gens de s’endetter lourdement au plus grand bonheur des actionnaires des banques.

Ainsi, les aides au logement ne sont en aucun cas une solution « de gauche » au problème du logement : la seule solution est de consacrer du pognon à la construction de logements sociaux, quitte à engraisser quelques méchants bétonneurs. A la limite, en changeant les règles budgétaires, ces constructions de logements sociaux seraient des « investissements » et pas des « charges »…

On pourrait multiplier les exemples divers mais les faits sont là. L’argent public dépensé dans des intérêts privés n’est pas de gauche.

Réduire le déficit public n’est pas du tout incompatible avec un positionnement bien à gauche, presque au contraire.

D’ailleurs, c’est la droite au pouvoir depuis dix ans qui a formidablement augmenté la dette. On se demande pourquoi… Apprenez par cœur le schéma, là, au dessus à droite.

12 commentaires:

  1. D'accord avec toi que l'on vote d'abord pour une personne.
    Mais les débats ne permettent-ils pas de mieux "découvrir" cette personne ?
    C'est comme ça que je me suis ré- intéressée à la politique fin 2006 !
    J'aurais peut-être mieux fait de me casser une jambe (mais j'aurais passé mon temps à regarder LCP, donc je dis des bêtises...).

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  2. De toutes les façons, en politique je vote toujours pour les perdants, je ferais mieux de m'abstenir...

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  3. Mais un thermomètre n'augmente pas la fièvre ou ne provoque pas la mort du patient sitôt introduit.

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  4. "Ainsi, les aides au logement ne sont en aucun cas une solution « de gauche » au problème du logement : la seule solution est de consacrer du pognon à la construction de logements sociaux, quitte à engraisser quelques méchants bétonneurs. "

    Heuh, il y en a certainement d'autres... par exemple permettre la déduction des dettes contractées pour l'achat d'un logement, comme c'est le cas en Suisse, pour faciliter l'accès à la propriété (avec des résultats mitigés d'ailleurs).

    On peut aussi penser à des prêts à taux préférentiels pour certains types de personnnes et/ou de logements (taux particulièrement bas pour un logement adapté à une personne âgée ou à mobilité réduite, par exemple, toutes deux pouvant requérir des aménagements spécifiques).

    Ou des incitations à vivre dans les zones périphériques, sous quelque forme que ce soit... parce que suivant où tu bétonnes, même avec la complicité d'entrepreneurs zélés, même si le terrain est particulièrement peu cher, il te faudra encore convaincre les personnes de venir y habiter.

    A voir au cas par cas!

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  5. "Comme rappelle l’excellent « 365 mots » , taper sur les agences de notation revient à désigner le thermomètre responsable de la température quand on est malade"

    D'accord avec nico93, ce n'est pas aussi simple. Les agences ont masqué les turpitudes des banques qui ont mis l'économie mondiale au tapis, et maintenant elles enfoncent les Etats ... ce sont tout sauf des acteurs neutres.

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  6. Désolé, les gens, l'appli iPhone merde je n'arrive à copier le réponse détaillée que j'avais préparée. Ce soir...

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  7. D'accord avec Romain : Les agences de notations ne sont certainement pas aussi neutres qu'un thermomètre.

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  8. (les agences) "ne sont pas responsables des dettes", dis-tu. Je ne suis pas complètement d'accord. Elles ont été incapables de voir venir la crise des subprimes —peut-être parce qu'elle y étaient indirectement mêlées. Du coup, tous nos pays se sont endettés pour soutenir les banques…

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  9. Estelle,

    Non, on connait les personnes, on choisit un candidat, pas un Président...

    Romain, Nico, Benjii, Le Coucou,

    On est d'accord, je n'ai fait qu'un raccourci. Ce que je veux dire, c'est que les dirigeants des états qui ont permis aux agences de prendre du poids sont plus coupables, de même que les états qui se sont endettés...

    DF,

    Oui, il y a un tas de solution "humaines" pour aider les gens. Mais elles reviennent à peu près tous à les aider à donner des sous à des machins privés. C'est bien l'argent de la collectivité qui s'envole dans les caisses du privé.

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  10. Beau billet, je me demande si tu n'es pas quand même un peu de gauche, finalement ! (smiley !).
    :-))

    Regardant cette jolie courbe et malgré une absence de flèche rouge, je me disais tiens, l'endettement massif correspond gros mots - seau d'eau au début des privatisations générales dans l'économie. Au recul de l'Etat quoi !
    J'ai tort ?
    :-)

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  11. Merci pour votre commentaire sur les aides au logement...
    C'est tellement difficile d'expliquer à "une personne de gauche" pourquoi c'est non seulement stupide, mais surtout inefficace pour assurer la justice sociale, tout en augmentant artificiellement le revenu socialisé. Je dis bien "artificiellement", car comme vous l'avez bien noté, cela ne fait que soutenir de manière déraisonnable le niveau des loyers des agglomérations denses où la construction est difficile.
    Bravo.

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