23 mai 2022

Faure est fier mais faible


 

En 1993, la « gauche de gouvernement » a pris une veste mémorable aux législatives et a obtenu un peu plus de 35% des voix en cumulé au premier tour (en comptant Génération Ecologie pour vous dire à quel point je suis optimiste). Je vous parle souvent des résultats des chiffres pour les présidentielles mais il y a une telle frénésie dans la campagne actuelle qu’il faut remettre les chiffres à leur place. En 1997, la « gauche plurielle » était à 43 ou 44%. En 2002, elle redescendait à 35%. En 2007, elle dépassait légèrement les 49 (pour ne pas dire qu’elle égalait la droite qui faisait 0,6 de plus…). En 2012, elle frôlait encore plus les 50%.

Edit : honte sur moi, en 2007 et 2012, j'ai confondu le premier et le second tour mais c'est de la faute de Wikipedia, on va dire.

Quelle conclusion en tirer, me demanderez-vous ? Si j’en savais quelque chose…

2017 fut particulier. Beaucoup pensaient que LREM étaient de gauche et ont voté pour cela pour ce parti. Pas moi, j’avais voté pour le député sortant qui venait du MRC, ami à moi et maire de ma commune. On peut dire qu’elle légèrement en dessous de 30%, cette gauche de gouvernement (à savoir l’ensemble des partis de gauche moins les petits extrêmes, NPA et LO). On ne peut pas dire que c’était une débâcle comme 1993 car une partie des personnalités du PS avait migré vers LREM. C’est difficile à analyser, en fait. Il n’empêche qu’on était à 20 points de moins qu’en 2007 (année de sévère défaite à la présidentielle) et qu’en 2012 (année de gain « limite » à la présidentielle), les deux années étant très proches. On était quand même à 5 points de moins qu’en 2002 (année d’une large veste à la présidentielle mais veste qui se retourne vu que l’ensemble des partis de gauche n’était pas ridicules). Enfin, on était à 15 points de l’année de la victoire de la gauche plurielle.

 

Un plus un égale deux. Vive les chiffres et reprenons.

 

En 2022, nous n’avons évidemment aucun chiffre mais quelques sondages qui ne valent pas grand-chose compte tenu d’une part de la typologie des élections et d’autre part qu’on ne sait pas encore l’impact des candidatures pirates à gauche. Les sondages parus depuis un mois oscillent entre 23 et 34% ce qui ne montre par leur sérieux (les types, ils chient pas la honte !)… pour une moyenne légèrement supérieure à 29%. Disons comme en 2017.

On en tire une conclusion : la gauche en général et, évidemment, le PS en particulier, n’a pas sur aller rechercher les électeurs perdus et passés à LREM. C’est une évidence et on n’aurait pas besoin des chiffres pour cela s’il ne fallait pas rappeler à une partie de la gauche qu’il est nécessaire de faire… du chiffre pour remporter les élections.

 

Mon ami (quand on ne se cause pas dans Facebook)(smiley, hein) Denis a fait un billet de blog, ce matin et sa présentation, dans Facebook, a retenu mon attention. Il dit : « Enfin, un 1er secrétaire du PS qui choisit son camp ! » En effet, Olivier Faure a choisi son camp ou, du moins, a choisi de se fondre dans un camp en oubliant où était le sien, en oubliant, en gros, une petite moitié des électeurs qui font habituellement la victoire de la gauche.

On peut se réjouir, forcément, du changement d’opinion au PS quand on n’est pas un sympathisant du PS mais je dois reconnaitre que l’opinion de chacun m’importe assez peu. Du moins, l’opinion des cadres du PS quant à la ligne politique à mener ne me concerne pas, pas plus d’ailleurs que celle des chefs de LR : ils font bien ce qu’ils veulent.

La vérité, qui se traduit dans les chiffres et qui va se traduire dans les urnes, est que la gauche n’arrivera pas à un score honorable au premier tour, un score qui lui permettrait de peser, notamment avec le système électoral que nous avons (comparez les données de 2007 et de 2012, que je présente plus haut…).

 


Je suis d’accord avec sa première phrase. Il y a bien deux gauches irréconciliables mais, il plane tellement dans son petit monde, qu’il a oublié que le principal désaccord est historique et tourne autour de l’Europe. Il qualifie le centre gauche de conservateur alors que c’est le centre gauche qui a toujours poussé les victoires de la gauche et lui a permis de faire quelques réformes… progressistes. Il a oublié qu’au sein des andouilles nupsiales, la moitié des formations politiques sont favorables au nucléaire (il en fait quand même la moitié de son billet ou presque). Il a oublié de lire mes propres billets à propos du nucléaire vu qu’il ose écrire que je n’ai aucune nuance sur la question (entre nous, il est assez visible que c’est lui qui n’en a aucune : il est contre, seulement contre) alors que j’ai toujours dit qu’il fallait poursuivre le nucléaire tant qu’on n’aurait pas autre chose. Par ailleurs, il s’avance beaucoup sur l’Allemagne qui n’a pas prévu la neutralité carbone avant 2045 (on est parti pour 2050, en France, tu parles d’une différence !) mais peu importe. On pourra toujours leurs vendre notre énergie nucléaire…

On ne va pas négocier par billet de blog interposé mais omettre un cinquième des électeurs (soit la moitié des siens, en gros) est assez fort de la part de la gauche.

Alors je retiens la conclusion du billet de Denis : « J’ai entendu Olivier Faure ce matin sur France Inter qui a redit aux pisse-froid du centre gauche macroniste toute sa fierté pour cet accord d’union de la gauche et sa préférence pour la victoire. Il m’a même donné l’envie de reprendre ma carte au PS. »

 

Si on considère ses 20% comme des pisse-froid, je ne pense vois pas la victoire au bout de la ligne. Les deux gauches sont irréconciliables mais il me semble qu’il faudra bien travailler ensemble, un jour, et ça ne se fera pas en virant les électeurs, ces vils peine-à-jouir.

Ce n'est pas moi, l'idéologue... Je me contente d'espérer une gauche à 50% et je vois ce qui ne va pas. Dont l'union ratée. 

5 commentaires:

  1. PS de Faure : 1.75% Pisse-froid de centre gauche : 27.85 % Ton pote nupien devrait méditer là-dessus.

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  2. .... Ben quand même :
    « Selon le dernier sondage Ipsos pour Le Monde, publié lundi 23 mai, l'alliance des partis LREM, Modem et Horizons serait la grande gagnante de ces législatives avec 290 à 330 sièges. La Nupes serait, quant à elle, la première force d'opposition, comme voulue par Jean-Luc Mélenchon, avec 165 à 195 sièges de députés. De son côté, le Rassemblement national en obtiendrait entre 20 et 45, et les Républicains et leurs alliés entre 35 et 65.« 

    https://www.linternaute.com/actualite/politique/2626905-sondage-des-legislatives-2022-quel-parti-remporterait-une-majorite-les-projections/

    En fait ce qui m’importe c’est de voir l’engin à l’usage.
    Je crains que les pékins moyens ne soient pas vraiment l’objet de leurs préoccupations et je ne demande qu’à me tromper.

    Hélène

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    1. En nombre de députés, la défaite est évidente mais c'est bien de pourcentages que je voulais parler, dans ce billet, parce qu'ils n'ont pas tout compris.

      Il faudrait d'ailleurs que je le fasse dans l'autre sens : la gauche frôlait les 50% en 2007 (avec François Hollande chef du PS) et en 2012 (avec Hollande nouveau président). C'est bien avec un PS ratissant large que la gauche fait les meilleurs scores mais... ça ne suffit pas pour gagner : voire 2007.

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    2. En bon statisticien tu aurais pu intituler ton billet :
      « Statistiques pourcentage et probabilités »
      🙂
      Hélène

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