En cherchant à comprendre les annonces de François Bayrou,
hier, j’ai eu l’impression d’un voyage dans le passé ! Le fait que le
premier ministre est à peu près le type que l’on connait depuis le plus
longtemps dans le paysage politique (pensez donc, il était ministre avant la
première élection de Jacques Chirac à la présidence de la République) n’y est
pas pour rien mais on a surtout l’impression qu’il nous a ressorti des vieilles
recettes qui n’ont jamais fonctionné comme la suppression de jours fériés
ou le gel des revalorisations…
On a l’impression que la première a été pondue pour qu’on
n’évoque pas le reste et, effectivement, il faut un peu le chercher. Dans les critiques formulées par la
gauche, personne ne parle, par exemple, des modifications pour les ALD…
Pour tout vous dire, si la résurrection de François Bayrou m’a
rappelé la période entre 1993 et 1997, elle m’a remis en mémoire l’époque bénie
des blogs de gauche, commencée vers 2006 ou 2007 avec, bien sûr, une apogée lors
du quinquennat de Nicolas Sarkozy quand nous étions des dizaines à faire des
billets pour critiquer sa politique. Pour la présidentielle de 2007, notre
actuel premier ministre avait réussi à mettre la dette dans les principaux
thèmes de campagne. Et aujourd’hui, nous en sommes là.
L’autre jour, il a parlé près deux heures (je crois, je n’ai
pas regardé) en en consacrant une à nous expliquer ce qu’était la dette.
Evidemment, beaucoup d’internautes, dans les réseaux sociaux ont accusé la
gauche alors que fin 2017, les comptes publics étaient remis sur les rails mais
ont lourdement chuté à partir du moment où le poulain de Bayrou est arrivé au
pouvoir. Evidemment, il y a eu le Covid mais, tout de même, les décisions ont
été mauvaises et notre budget a continué à se détériorer, ensuite, on nous
parlait du fameux « ruissellement » mais on n’en a pas vu la couleur.
Entendre des leçons, maintenant, avec une politique mauvaise
pour les plus démunis est assez insupportable.
La seule nostalgie que j’ai avec la quasi-disparition des blogs
porte sur le fait que nous rigolions bien ! Pour le reste, on sait depuis
longtemps maintenant qu’ils n’ont aucune influence ou presque au niveau de la
politique (au sens où les argumentaires développés ne servaient qu’à convaincre
les convaincus…). Avec les réseaux sociaux, on se retrouve à des pseudo-militants
qui ont tendance à raconter n’importe quoi et on ne peut que lever les yeux aux
ciels.
Par exemple, on a vu des types de gauche (sincères mais sans
doute pas militants aguerris) approuver la suppression du caractère férié du
lundi de Pâques aux prétexte (sic) que ce n’est pas justifié parce que l’histoire
de notre nation n’est pas liée à la chrétienté. A contrario, des lascars
critiquaient celle du 8 mai parce que c’est un moyen de célébrer notre victoire
contre le nazisme (pourquoi pas ?) mais je parie que les zozos en question
ne sont jamais allés à une cérémonie (c’est mon cas) et ont critiqué l’augmentation
du budget de l’armée car les menaces n’existent pas.
Ont-ils les fils que se croisent ?
Pour ma part, je critique toutes les tentatives pour nous
faire travailler plus alors qu’il y a encore plus de deux millions de chômeurs
(au « sens du BIT ») : l’augmentation du temps de travail ne
fera pas redémarrer l’économie et les avantages, pour le budget, sont
dérisoires.
Les annonces de François Bayrou sont décevantes : elles
ne sont que du bricolage (on ne va pas faire tous les ans une année blanche) et
sont nocives pour les gens. On aurait pu s’attendre à des mesures fortes et
ambitieuses. Elles auraient pu être digérées pendant l’été. François Bayrou
serait passé pour un homme courageux. Là, on va vers une médiocre motion de
censure qui ne changera pas grand-chose (la présidentielle sera l’année
suivante) et sera surtout nocive pour l’opposition…
Des mesures ambitieuses ? On nous a parlé récemment de
l’aide aux entreprises. N’aurait-on pas pu mettre à profit cette annonce pour
agir vraiment ? Je ne parle pas d’une suppression des 200 milliards (et ne
juge même pas des exonérations que je n’ai pas étudiées) mais d’un nettoyage,
du suivi des recommandations du rapport sénatorial… On nous parle souvent du
millefeuille territorial mais nous n’avons quasiment aucune action (ce qui n’a rien
de surprenant : ce n’est pas lui qui fait exploser les coûts). On nous a
parlé de la taxe Zucman mais n’aurait-elle pas été un bon moyen de compenser les
ineptes baisses d’impôts accordées aux plus riches à partir de 2017 et qui
expliquent en grande partie la merde dans laquelle nous sommes ? On nous
parle parfois de la TVA dite sociale, certes injuste quand on voit ça de
gauche, mais permettant de diminuer les charges des entreprises par la baisse
des cotisations et permettant de taxer les produits importés ou achetés par les
touristes.
Mais on nous sort les vieilles recettes semblant dater d’une autre période, comme le non-remplacement d’un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. Y compris pour les enseignants, les policiers, les soignants ? On nous sort la suppression des agences inutiles.
Lesquelles ?
Une nouvelle couche sur les arrêts maladie au prétexte que
50% des contrôles montrent que les arrêts sont inutiles laissant entendre que
la moitié des arrêts sont de la fraude (alors que les chiffres ne portent sur
des contrôles, contrôles déclenchés seulement quand il y a un doute).
On nous balance une loi contre les fraudes sociales et fiscales…
Mais qu’a-t-on fait depuis des années ?
On évoque une contribution des plus fortunés (comme le dit
le billet de l’ami Politeeks que je cite en début de billet) mais en laissant
le contenu au bon vouloir des parlementaires participant aux négociations…
Ah ! Une nouvelle réforme de l’assurance chômage… Une
allocation sociale unifiée… Une taxe sur les petits colis ? Et comment je
fais mes courses, en Centre Bretagne sans voiture ? Qui va la payer ?
Ceux qui achètent par internet parce qu’ils n’ont pas les moyens de passer par
des vraies boutiques ?
Je ne suis pas « revendicatif en mode gauchiste ». Je pense simplement que la montagne a accouché d’une souris comme disait Jeannot. Que Bayrou a loupé le coche. Il annonce des débats, des travaux de fond en oubliant qu’on est en fin de mandat. Il aurait fallu frapper fort. Il ne l’a pas fait.
Gageons qu'on reparlera encore de la dette dans vingt ans sans analyser les mesures qui ont pu nous sortir la tête de l'eau et en nous expliquant qu'il faut travailler plus et supprimer le RSA pour les étrangers qui n'ont pas cotisé pendant 45 ans.
Merci pour le lien . Sur la Fraude fiscale, pas besoin de loi ou alors faut interdire certains montages fiscaux (holdings et autres) qui permettent de soustraire du capital à l'impôt. Par contre ce que j'ai lu que la lutte contre la fraude fiscale rapportait de plus en plus avec des nouveaux outils informatiques. Sur la fraude sociale c'est encore de l'affichage : ce qui coute le plus dans ce domaine, c'est le "travail au noir" bien plus que la fraude aux allocs. Et il va comme tu le dis falloir qu'on s'attaque aux 211 milliards d'aide aux entreprises : record en UE, qui va avec un record de cout social global... et de sentiment que ce système social ne marche pas comme les gens le voudraient (cf l'hôpital et la santé). Tout ça marcherait mieux (moins de déficit) si on avait 1 million d'emplois privés en plus. Tout le problème est là, comment créer des nouveaux emplois pour les -de 25 ans et les + de 50 ans qui sont hors de l'emploi , grande spécialité française : le taux d'emploi qui est 8% plus faible que l'Allemagne.
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