13 décembre 2013

2013 - mauvaise année pour l'information

« Bloguer était, et reste encore, une réaction individuelle à un traitement de l’actualité jugé insuffisant ou insupportable. » dit mon confrère Sarkofrance, ce matin. Il a raison (du moins pour ce qui concerne nos blogs). Ceci explique peut-être ma réaction, hier soir, quand j’ai vu l’article du Lab à propos d’Aurélie Filippetti. La ministre de la culture était interviewée par une radio. Elle a écrit une note sur un papier pour la montrer à un collaborateur en oubliant qu’elle était filmée. Outre le fait qu’on s’en contrepignole vigoureusement, voilà ce que sont devenus les médias, fin 2013 : on s’intéresse à ce que peuvent diffuser les caméras d’une radio…

Sarkofrance évoque ensuite le manque d’inspiration que peut avoir les blogueurs. Nous sommes à la fin de l’année. Ce matin, je survolais mon blog pour préparer les traditionnels billets de bilan. Il y a des sujets qui m’obsèdent temporairement. Je peux faire des tonnes de papier à propos d’un fait, comme l’affaire Méric ou l’accident de Brétigny. Il y a aussi les sujets qui me passionnent, que je traite tout au long de l’année. Par exemple, au premier semestre, j’ai beaucoup parlé de l’aménagement du territoire et de la réforme territoriale avec un sujet connexe, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. J’ai un peu arrêté, ces sujets n’intéresse pas beaucoup mes lecteurs. NDDL a un intérêt, néanmoins, déchaîner les trolls… Des sujets m’intéressent, comme la politique politicienne, les sondages,…

Mais s’il y a bien un thème qui a été en toile de fond, sur mon blog, dès le début de l’année. C’est le traitement de l’information par les médias, à l’heure de l’information en continu, de Twitter,… Et dans mon annexe, j’évoque souvent des conneries vues dans Twitter, des clashs, des plaisanteries ratées,…

Avant-hier, j’évoquais la une de Valeurs Actuelles (la une des magasines, voire des quotidiens, est un éternel sujet de discussion). Ce magazine fait campagne pour le retour de Nicolas Sarkozy. C’est un journal très à droite et je ne peux pas le lui reprocher mais est-ce bien son rôle de faire ce genre de campagne ? Il va probablement gagner de l’argent…

Les médias font bien ce qu'ils veulent, mais force est de constater que s'ils sont trop orientés ou trop militants, ce ne sont plus des journaux d'information. Et ils perdront de la crédibilité donc des clients. L'Humanité a encore été mis sous perfusion et je crois bien que Valeurs Actuelles tente un dernier baroud pour éviter la fermeture...

Comme beaucoup à gauche, je ronchonne contre le traitement de l'information par le Point et le Figaro mais je suppose que les internautes de droite gueulent contre Libération et le Monde. Je pense que tous ces canards fortement politisés ont du mouron à se faire sur le moyen terme parce qu'ils perdent de l'intérêt au fur et à mesure de la diffusion d'information politisée sur le web. Néanmoins, j'ignore tout des lecteurs.

Sur internet, les choses se corsent. Tout d'abord, les sites gratuits n'ont pas de modèle économique viable s'ils ont besoin de payer des vrais journalistes. Les sites sont infestés de publicités ce qui les rend inutilisable sur périphériques mobiles et ils diffusent des informations sans intérêt.

Je voyais des sites qui faisaient des directs de la cérémonie en l'honneur de Mandela. Franchement, qui va lire ça ? Ont-ils assez de clics sur les publicités pour payer les journalistes payés à faire des retranscriptions de ce qu'ils voient à la télé tout en regardant ce que peuvent dire les concurrents et en cherchant des anecdotes qui pourraient les différencier des confrères ? Le tout en faisant les meilleurs directs pour démontrer à quelques lecteurs qu'ils sont le site à suive la prochaine fois...

En tant que gros blogueurs, je suis un farouche lecteur d'information grande public et je suis fatigué de voir la même chose partout. Ça nous mène d'ailleurs à la phrase d'introduction : on tient aussi nos blogs politiques parce qu'on n'est pas satisfaits du traitement de l'information. Mais c'est un loisir. On n'a pas besoin de vivre de ces publications...

Les blogs sont devenus des gros concurrents pour les sites d'information car ils apportent un plus. Cette concurrence est collective. Je n'ai pas la prétention de remplacer un site d'information. Par contre, l'ensemble des blogs politiques forme une source intéressante. Personne n'a jamais réussi à l'exploiter.

L'autre drame de la presse en ligne vient de Twitter avec l'amplification de deux phénomènes : l'information en temps réel et la course aux informations courtes. Ainsi, sur le web, on devient de moins en moins sensible à l'information de qualité tout en prétendant le contraire.

Il n’y a pas de solution. Des tas de gens ont tenté de faire quelque chose pour créer des sites d’information originaux, « des agrégateurs de contenus »,… Je parlais récemment de l’Important, un site où des articles qui paraissent important aux tauliers sont mis en une. J’y vais quasiment tous les jours et, effectivement, je trouve souvent de la lecture à me mettre sous la dent (pas maintenant…) mais pas suffisamment pour en faire une source nécessaire d’information. D’autres braves gens ont fait des sites de curation basé sur Twitter mais ils n’ont généralement pas grand intérêt : les informations les plus tweetées sont généralement déjà connues.

Il n’y a pas de solution, à part se focaliser sur un ou deux grands sites web d’information forcément orientée (tous les matins, avec les applications iPad, je lis tout ce qui sort sur le Figaro, le Monde et Libération… et accessibles sans abonnement).

Tous les autres vont crever.

Je n’ai pas traité un sujet : l’information faite à partir de Twitter, c'est-à-dire ces fainéasses de journalistes qui vont faire des billets à partir de tweets diffusés par des andouilles normales ou des andouilles professionnelles de la politique. Ils sont obligés de le faire, ça fait jeune et moderne. Je parlais du Lab d’Europe 1. Je suppose que son seul but est de contribuer à une amélioration de l’image de la chaîne, en liaison avec l’émission DCDC.

Un jour, les actionnaires finiront par compter l’argent perdu. Les sites à la mode maintenant finiront par être ringardisés et à disparaître, tout comme les sites qui se contentent de diffuser des informations sans intérêt.

Si les internautes sont satisfaits de l’information en 140 caractères, un tour sur la une de Google News suffit à savoir ce qu’il se passe dans le monde…

Tout ça ne va pas contribuer à apporter des revenus aux médias.

Tant pis pour eux.

2013 n'a fait qu'amplifier ce que je décrivais déjà dans un de mes tous premiers billets de l'année. En 2014, les actionnaires vont compter.

20 commentaires:

  1. Ce billet intelligent n'aura pas beaucoup de commentaires.

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    1. Merci. C'est un peu le but. Mon billet d'hier midi a fait un bide et je veux étudier le phénomène.

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    1. Oui et non. Les sujets qui marchent ont changé en quelques mois. C'est bizarre.

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    2. pour le bide , le grumeau l'a doublé

      http://captainhaka.blogspot.fr/2013/12/une-seule-corde-mon-enarque.html

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  3. Non, je pense que c'est la qualité du billet qui est en cause.
    S'il faut lire un billet intéressant et argumenté un peu long, on n'a pas envie de dire une bêtise en commentaire. Rien à ajouter, le fond a été traité, plusieurs pistes explorées, etc. Il faut oublier quelque chose, exagérer, questionner ou faire état d'un trouble de l'âme (cette situation me rend si malheureux que je n'ai plus envie de bloguer, à quoi bon...) pour susciter des réponses.
    Là, si je dis "phénomène du bide" ? une andouille va bien venir causer de gros bide et de bière, et la conversation va démarrer. Sinon, quand le billet est mûr, qu'il compose un petit truc sans faille, on n'a pas envie d'y filer le premier coup de dents.

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    1. On est d'accord. Mais regardez : il y a déjà plein de commentaires... Sans com

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    2. Sans compter ceux qui ont disparu.

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    3. Je suis à côté de la plaque, Suzanne. C'est le nombre de lecteurs que je suis. Il y a des billets qui font des cartons et je comprends pourquoi. Ceux qui sont sans intérêt font des bides, c'est logique (je pense aux billets d'annonce des KdB). Ce sont les trucs intermédiaires qui m'interpellent...

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    4. Suzanne, l'heure est au bilan.

      Ce billet a été lu par 221 personnes, selon blogueur, contre 339 pour le suivant (à propos d'Ayrault) et 323 pour le précédent, celui à propos des Européennes. Ces chiffres sont relativement bas. La plupart de mes billets sont entre 370 et 450, avec des pointes à 500, 800 voire plus de 1000 une ou deux fois par mois (mais je fais beaucoup de billet).

      Mon deuxième billet sur l'article 13 a fait un bide, 271, alors que l'autre était monté à plus de 400, soit, environ, mon score moyen (le score monte naturellement après plusieurs jours, la vraie moyenne est probablement de l'ordre de 600 mais comme je blogue au sujet de l'actualité, c'est le nombre de visites dans les premiers jours qui m'intéresse).

      Je n'arrive pas à expliquer vraiment ses différences. Vous dites vous-mêmes que c'est un "billet intelligent", je n'en sais rien, mais il ne me parait pas plus con que les autres.

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  4. Ils sont où le commentaires de M. Desgranges et ma réponse ?

    Étrange...

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  5. Le message de M. Dégranges qui avait disparu :
    Si si...
    Peut-on définir objectivement ce qui n'est pas "information sans intérêt" ?
    Une information intéressante pour M. Jégou l'est-elle pour Toto ou Titine? (et réciproquement).
    Pour ma part, ce qui tue les journaux, c'est de remplacer l'information (intéressante ou non...) par des commentaires ( qui ne demandent pas de frais d'enquête).

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    1. On est d'accord. L'information est bien intéressante (ou pas) pour celui qui la reçoit. D'où la difficulté pour ceux qui font les sites.

      Et oui les commentaire n'ont pas d'intérêt. Je préfère lire ceux de bligueurs que je connais.

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  6. Trois réflexions inspirées par mon expérience de néo-blogueur (depuis 10 mois):

    -les sujets précis et que l'on connaît bien (vous: NDDL, moi: la santé), et qui devraient en principe intéresser beaucoup de monde, font des bides en terme de nombre de lecteurs; il faudrait cerner le profil du lecteur-de-blogs-moyen, qui semble souvent réagir par "houlà, c'est trop technique, trop compliqué, suis pas là pour me prendre la tête"; le lecteur-de-blogs-moyen ne semble pas être le-lecteur-de-journaux moyen, il semble rechercher surtout la rigolade, la répartie, la lecture en diagonale; bref, il ne semble pas prendre les blogs au sérieux;

    -un article sur l'actualité politicienne du jour et qui n'apporte rien ( Sarkozy, Cahuzac, etc.), ça marche toujours très bien;

    - peut-être l'utilité des blogs, le "plus" qu'ils pourraient apporter, consisterait-ils à délivrer, en 5 000 caractères, une synthèse d'une problématique issue de la confrontation de lectures arides et contradictoires sur un même sujet : Gauchet, Todd, Lévy-Strauss, etc., mais sans trop les citer et en faisant "rigolo": il y a là un espace qui n'est pas utilisé par les médias qui, lorsqu'ils parlent de ces gens-là, font "profond", voire pédant.Peut-être les blogueurs devraient-ils lire beaucoup de bouquins sérieux, et ensuite en parler sur le ton des conversations de comptoirs de bistrot, sans pour autant les trahir?

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    1. (suite) : en somme, pour illustrer ce que je dis: un bon blog devrait être l'inverse de celui de Rosaelle, qui ne lit que les autres blogs ou les articles en ligne (manifestement jamais aucun bouquin), délivre ses propres analyses sur tout, et ressent comme une agression personnelle tout argument contradictoire ou toute question qui la dérange.

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    2. J'ai répondu à votre commentaire par mail. Vous avez raison mais nous avons fait assez de hors sujet avec Suzanne, par ma faute.

      Je ne suis pas d'accord avec le deuxième, par contre. Chacun fait ce qu'il veut sur son blog. Je reviens donc au premier commentaire et au dernier point : j'ai fait le succès du mien par mon ton bistro mais aussi par le fait que, comme je fais des billets parfois très poussés, j'apporte souvent un plus aux lecteurs. C'est la façon dont je vois mon blog et Rosa voit le sien comme elle veut.

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    3. Bien sûr que chacun fait ce qu'il veut sur son blog; mais puisqu'on discute de ce que devrait être un blog, je peux aussi illustrer mon raisonnement en donnant un exemple de ce qu'il ne devrait pas être; je partage tout à fait l'avis de Didier Goux sur celui-là.

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    4. On ne discutait pas de ce que devrait être un blog : vous avez lancé le sujet et je vous ai signalé un hors sujet par rapport au billet.

      Néanmoins un blog doit être un espace personnel où l'on peut faire ce qu'on a envie, le personnaliser...

      Si quelqu'un est bien dans son blog, c'est parfait. C'est le seul but d'un loisir. Cela étant, je peux multiplier les trucs pour avoir plus de lecteurs, ça ne m'intéresse pas. Je vous rappelle que j'ai eu pendant trois ans le premier blog politique du pays en multipliant les artifices. J'ai tourné la page. Par exemple, ce blog a fait un bond quand j'ai arrêté de faire des billets de plus de 2000 ou 2500 signes. Je calculais la longueur des billets en fonction de la taille des billets que j'aimais lire. Ça a marché. Et je préfère mon blog maintenant depuis que j'ai tourné cette page et que je me fous de tout.

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  7. merci de rebondir sur un sujet qui nous taraude. Le traitement de l'information par les médias est peut-être devenu la première des inspirations/motivations de nos billets. Quels qu'ils soient. Mais j'ai du mal en ce moment. Les sujets ne manquent pas. J'ai l'impression surtout que tout le monde s'en fout. Je ne dis pas cela pour la fréquentation. Elle est correcte vu le contexte. Un peu comme toi, plus les Coulisses et Marianne.

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