18 décembre 2013

Une fin 2013 marquée par la rupture [à gauche !]

Dans mon petit monde politique, la fin d'année aura été marquée par un fort ressentiment contre une certaine approche des réseaux sociaux et un divorce de plus en plus prononcé entre ce qu'on pourrait appeler les gauches. Les deux sujets sont intiment liés : on s'engueule aussi dans les réseaux sociaux.

Le résultat est que toutes les possibilités de dialogue ont disparu. Je vais donner deux exemples.

Le premier : vous dites "la stratégie et l'agressivité de Mélenchon sont mauvaises". Automatiquement des lascars vous tombent dessus pour vous expliquer que le PS n'est pas à gauche, qu'il diabolise le Parti de Gauche et j'en passe. Ainsi, ils sont immédiatement hors sujet. Ils ne parlent plus de stratégie. Comme en plus, ils ont tort, selon moi (les médias font la part belle à Méluche et le PS ne va pas se couper de son électorat de second tour), les discussions n'ont aucun intérêt.

Ça me mine d'autant plus que je suis passionné par l'électoralisme. La stratégie du Parti de Gauche ne le mènera jamais au pouvoir ni à avoir la moindre la moindre influence sur la marche du monde. Ils devraient regarder du côté des écolos. Ils ont des places au gouvernement mais la cause de l'écologie n'avance pas plus avec eux que sans eux. Le FdG a choisi la stratégie inverse. Ça ne fonctionne pas mieux. Mais les Verts ont des élus. Ils peuvent faire pression. Les communistes, moins opposés de front au PS peuvent exercer des responsabilités.

Ils pourraient aussi regarder du côté de la droite. La force du Front National (je ne compare pas les deux partis) nuit essentiellement à l'UMP donc à la droite dans son ensemble.

Ainsi, je parle de stratégie. Vaut-il mieux la stratégie des Verts que celle du Parti de Gauche ?

Et c'est ballot ! Le Front de Gauche tombe en lambeaux alors qu'ils avaient la possibilité de faire un joli truc.

Le deuxième exemple : Notre Dame des Landes. Vous faites un billet favorable à cet aéroport et vous êtes sûrs d'avoir des contradicteurs. Ils vont vous sortir les mêmes arguments depuis le débuts. Le gouvernement a fait une tentative de conciliation en produisant des rapports visant à analyser les arguments des opposants. La conclusion est simple (ce qui ne veut pas dire objective) : la plupart des arguments sont mauvais voire mensongers. Je ne demande pas aux opposants de tout prendre pour argent comptant mais d'admettre certaines erreurs de leur part. Ils nient tout. En bloc. Et reprennent les mêmes arguments. Ils montrent donc qu'ils sont réfractaires à toute discussion (alors que le gouvernement, lui, a fait des concessions).

Par delà cette incapacité à discuter, ils font une double erreur.

La première : ils se coupent complètement du peuple. Un parti politique de la gauche de la gauche est là pour défendre les pauvres gens, les opprimés, ceux qui ont des petits revenus, pas contre un aéroport (d'autant qu'il va évidemment bénéficier à l'économie de la région).

La deuxième : ils font perdre l'écologie. L'environnement a tout à gagner au transfert de l'aéroport. Et comme ils refusent d'admettre les conséquences négatives de Nantes Atlantique (ce refus de discuter...), ils donnent l'impression de se foutre totalement de la cause mais de mener une offensive contre Ayrault.

Et chaque intervention me conforte dans l'idée que cet aéroport est "bien". J'ai même vu une espèce de folle déclarer dans son blog que j'étais favorable à NDDL parce que je voulais prendre l'avion. C'est grotesque : j'ai horreur de l'avion et j'habite à 8 km d'Orly. Ce qui montre bien qu’il ne reste aucun argument à part torpiller ceux avec qui on n’est pas d’accord.

Il n’empêche que ces sujets (Notre-Dame-des-Landes, la stratégie du Front de Gauche) et leurs descendants (la stratégie des opposants à Notre-Dame-des-Landes et l’incapacité à traiter du sujet) en cours ne sont pas l’objet de mon présent billet. Ce sont des exemples. De toute manière, on reste englués dans nos certitudes.

Je vais donc répéter l’introduction de mon billet pour le rappeler : « Dans mon petit monde politique, la fin d'année aura été marquée par un fort ressentiment contre une certaine approche des réseaux sociaux et un divorce de plus en plus prononcé entre ce qu'on pourrait appeler les gauches. Les deux sujets sont intiment liés : on s'engueule aussi dans les réseaux sociaux. ».

Je suis un menteur. Ce n’est pas la fin de l’année mais toute l’année. J’ai passé une partie de mon temps, surtout en fin de soirée, à m’engueuler avec des andouilles qui se croient de la vrauche, la vraie gauche, et une partie mes matinées à faire des billets pour dire à quel point ça m’exaspérait.

En fin de compte, le divorce entre les gauches m’amuse plutôt. Elles sont marginalisées (le Front de Gauche est à environ 10% des voix : le Front de Gauche est donc bien en dessous, le principal parti restant le PCF) et circonscrites aux réseaux sociaux. Tant pis pour le Front de Gauche. Ils ont échoué.

Pour ce qui concerne ces réseaux sociaux, je pourrais bloquer les gens et supprimer les commentaires de mon blog dont je ne veux pas mais ça serait une mauvaise solution d’autant plus que je finirais par croiser les zigotos ailleurs, sur d’autres blogs.

Le 1er janvier, je prendrais probablement la résolution de rester zen mais, après la huitième bouteille de champagne, j’aurai oublié cette résolution.

On va donc continuer à s’engueuler et je vais continuer à bloquer ceux qui sont incapables de répondre « oui mais la sociale démocratie c’est mal » quand on leur demande s’ils portent un string ou un caleçon.

11 commentaires:

  1. Je partage totalement ton avis. Surtout sur les fous du Parti de Gauche et les extrémistes antiNDDL.

    Une ambiance malsaine et nauséabonde sur les blogs, les réseaux, dans le pays aussi. Pour moi la gauche de la gauche en est grandement responsable (elle souhaite cette ambiance sans laquelle ils resteraient à leurs quelques % dans les urnes).

    Cela n'exonère évidemment pas le pouvoir en place aujourd'hui (qui a promis un "le changement c'est maintenant", et bon...), ni le principal parti d'opposition qui peine à tirer les leçons de ses échecs, et à montrer qu'il est capable d'être une alternative.

    Bref, c'est une ambiance de merde...

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    1. Tiens ! Un commentaire.

      Dans les coupables, il y aussi la presse qui a relayé la polémique ce week end. Voir mon billet du soir. Ça a occulté un discours intéressant du premier ministre (tu peux ne pas être d'accord mais comme tu me connais, tu sais que je suis très attaché au sujet : la décentralisation et le transfert des compétences en matière de développement économique aux régions. Bref, je crois que c'est avec ce texte donnant plus de pouvoir aux élus locaux qu'on sortira de la merde dans laquelle on est).

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    2. Bah oui c'est moi.

      Oui pour la presse, évidemment.

      Sur le développement économique et la décentralisation, nous sommes sans doute plus d'accord que tu l'imagines (et je suis probablement plus d'accord que toi... oui je sais c'est con ^___^).
      Avec l'aspect aussi praticopratique de l'application des lois de décentralisation sur le terrain... Le texte est une chose. Le terrain est souvent un peu différent. Ça c'est autre chose, ça donnerait de chouettes discussions autour de bons aligots.

      Mais oui, c'est à l'échelon de la région (mouvante car il faut prendre en compte les territoires limitrophes) que peut se faire un bon développement économique.
      En limitant aussi les interlocuteurs (je pense que les syndicats par exemple, sur ce qu'ils ont montré, sont des freins, pour ne pas employer de mots plus forts... Cf dans le grand est tiens... mais ça c'est HS et c'est un autre point...)

      (je vais quand même lire ce qu'à dit Ayrault : tu m'as intéressé...)

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    3. Si tu as le courage lis l'intégrale sur le site du gouv.

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  2. Ton billet est excellent mais le dernier paragraphe me laisse perplexe. Ne voulais-tu pas dire l'inverse ?

    Récemment au sujet de l'intervention en Centrafrique je comparais cette posture consistant à ne pas prendre position tout en expliquant ce qu'il faudrait faire (typique du Parti de Gauche actuel) à celle du gars qu'on invite à l'apéro :

    - Avec ou sans alcool ?
    - Le problème n'est pas celui de l'alcool, mais de la distribution des boissons en France. Les commerçants sont les valets d'un système à la solde du grand patronat et du libéralisme effréné. Et les consommateurs suivent comme des moutons. Ceux qui tentent de se révolter sont combattus, enfermés,...
    - Heu... Et sinon, avec ou sans alcool ?


    Quoi qu'il en soit 2014 sera zen, tu verras ;-)

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  3. Concernant l'aéroport, ce sont les arguments (ou les non arguments) des pro-aéroport qui sont nuls et non avenus.
    Dans Ouest France cette semaine, quotidien pourtant à priori plutôt favorable à l'aéroport, une interview très intéressante et percutante d'un ancien directeur de compagnie aérienne qui explique très clairement que l'aéroport de Notre Dame des Landes sera un gouffre économique, un gaspillage terrible pour avoir un résultat nul. Voire négatif pour le tissus de PME du sud Loire qui travaille très bien avec l'aéroport actuel.
    Beaucoup d'autres arguments économiques sont développés par ailleurs et dans cet article, il n'est jamais question des gens expropriés, des zones humides asséchées, non, il n'est question que d'économie et l'impact est clairement négatif.

    En revanche, je suis d'accord avec vous sur la stratégie tout à fait inefficace du PG. J'aime beaucoup leurs idées mais pas la façon de les présenter, Nouvelle Donne sera je l'espère bien plus efficace.

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    1. Pauvre abruti qui résume à merveille ce que je veux exprimer dans ce billet : l'incapacité à discuter.

      Sans compter la profonde connerie : les arguments de cette andouille tournent en boucle depuis trois mois. Le type a fait couler sa compagnie et se présente comme un expert. C'est à pisser de rire.

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  4. Le divorce entre "les 2 gauches" est clairement assumé et même voulus par le FdG. On est convaincu que la politique libéral du gouvernement ne peut pas fonctionner. Que la situation de la France ne s'arrangera pas et qu'en plus cette politique va faire couler le PS et avec lui le reste de la gauche.
    Notre analyse est, soit le PS opère un virage à gauche, et peut-être ça changera les choses. Soit le PS continu sa politique et on coulera avec lui. Soit le FdG coupe les ponts, regarde le PS sombrer, et peut-être il s'en sortira. Mais ce n'est même pas sûr.
    L'année dernière, la stratégie était d'influencer le PS pour avoir plus de gauche : échec. Ni le FdG ni les Verts n'ont réussit. Et François Hollande nous l'a clairement fait comprendre, il n'en est pas question.
    Cette année changement de stratégie, on coupe les ponts. C'est de la que vient le divorce que tu as ressenti. Et c'est depuis cette année qu'on voit beaucoup de personne dire qu'ils aiment bien les idées du FdG, mais pas la stratégie.
    Et le pire c'est que ça ne va pas aller en s'arrangeant. Si le FdG "tombe en lambeaux", comme tu dis, le PS aura (peut-être) la paix, mais ce n'est pas pour ça qu'on votera pour lui. Mais si c'est le PS qui s'enfonce, comme je le pense, on sait déjà que ce sera de la faute du FdG, que le PS accusera de tous les maux.

    Bref, comme tu dis, les gauches vont continuer de s'engueuler. Peut-être des élections feront bouger les choses ...

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    1. Mais je me fous de ces conneries. Ce qui ne va pas, c'est que tout dialogue est devenu impossible. Toute discussion. C'est un peu comme si "vous" nous refusiez le droit de ne pas être d'accord avec vous.

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    2. Je ne sais pas sur quel genre d’excité tu est tombé, mais je ne crois pas que tout dialogue soit devenu impossible. Je pense qu'on connait mal se que veut et se que pensent l'autre. Du coup on s'imagine que l'autre pense comme nous, et quand il est pas d'accord on se dit : "Non, toi tu n'a pas le droit, tu est comme moi."
      Perso c'est pour ça que j'arrive sur ton blog. Je veux entendre un autre son de cloche de gauche. Et je t'encourage a être en désaccord avec moi. Sa ne peut que nous enrichir de connaître le point de vu des autres.

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