06 janvier 2014

Vraie gauche contre gauche molle : j'ai marché dedans

Une twittossesse exprimait son exaspération de voir les blogueurs de la vraie gauche et ceux de la molle s'engueuler en permanence dans les réseaux sociaux et leurs blogs, depuis quelques temps. Elle a parfaitement raison. 

Nous nous exaspérons mutuellement. C'est assez rigolo. 

J'ai déjà exprimé ici quelques griefs. Il serait totalement inutile et contreproductif d'en rajouter mais je vais néanmoins citer un exemple, un seul. 

La nouvelle patronne d'EELV a déclaré que Notre-Dame-des-Landes, ce nouvel aéroport auquel je suis attaché, coûtera 15 milliards. Les estimations officielles sont de l'ordre de 600 millions et les opposants parlent de 3 milliards. D'où sort-elle les 15 ? C'est probablement anecdotique, elle ne connaît pas le dossier et improvise une connerie. 

Il n'empêche que c'est exaspérant. Toute possibilité de discussion est morte dans l'œuf. Je prends volontairement un exemple avec EELV, c'est-à-dire hors du Front de Gauche. 

Il se trouve qu'à un moment, on devient complètement exaspérés. Que dire ? Que répondre ? Comment autant de mauvaise foi peut arriver dans le débat politique ? Ce n'est plus un mensonge, c'est du n'importe quoi !

Ainsi, quand je vois des publications de types de la vraie gauche, je suis exaspéré. L'impression qu'aucun dialogue n'est possible. Et je suppose que l'inverse est vraie. 

Il n'empêche, histoire de faire un aparté subjectif, que c'est moi le socdem tentant de faire des compromis, de négocier,... J'ai encore essayé d'apaiser les débats dans les commentaires d'un récent billet de Sarkofrance, je me suis pris de ces rafales... La conséquence est simple : j'ai l'impression d'être victime d'une sorte de terrorisme intellectuel. Et je ne nie pas le fait que les gugusses d'en face puissent éprouver le même sentiment. 

Il y a un autre élément. Je suis un vieux blogueur. Ce blog a été créé il y a un peu plus de huit ans. J'ai passé une partie de ma vie de blogueur dans l'opposition et à déclencher des "blogowars" avec des gens avec qui je n'étais pas d'accord. Des ségolistes, des centristes, des libéraux, des réactionnaires, des gauchistes purs et durs. Un type faisait un billet qui me déplaisait et je faisais un billet de réponse. Ou alors, je faisais un billet pour provoquer,... C'était le bon vieux temps et les copains - tous - montaient dans les classements de blog. 

Les temps ont changé. On se prend des tweets et des commentaires méprisants, de la part de non blogueurs ou de types qui découvrent qu'il est facile d'écrire sur le web. Qu'ils soient non blogueurs ou jeunes blogueurs est important. Ils ne savent pas ce que ça veut dire d'être taulier d'un tel machin. 

Twitter a accentué le phénomène. Récemment, j'ai fait un billet sur un autre blog pour comparer Twitter à un bistro. Un Twittos l'a commenté, dans Twitter, pour dire que j'étais schizophrène sans même se rendre compte que ce crétin ne cherchait lui-même rien d'autre qu'à asseoir une influence qu'il pense avoir. Mais peu importe. Twitter facilite le jugement facile et rapide. Et ça me gonfle de me prendre des rafales dans la tronche pour des bêtises. Là encore, le dialogue est totalement impossible. Le Twittos fort de ces 140 caractères n'aura comme seul but que de faire passer le blogueur (ou l'autre Twittos) pour un imbécile sans se soucier du fond qu'il est persuadé représenter. 

Je ne juge pas. Je ne suis pas le dernier à engueuler les autres dans Twitter. Pas plus tard qu'hier... Mais j'ai présenté mes excuses aujourd'hui. 

Enfin, il y a un désaccord profond au sujet du jugement des électeurs. Par exemple, un commentateur m'a envoyé dans la tronche le fameux traité européen, le TSCG, en disant que le PS avait trahi les électeurs et que ceux-ci en avaient le sentiment. Or, je suis persuadé (et je comprends qu'on puisse ne pas être d'accord) que les électeurs ne savent même pas ce dont il s'agit. Ainsi, l'interprétation des résultats des votes est toujours "amusante". Combien de fois ai-je vu des électeurs du Front de Gauche dire que Hollande avait gagné grâce aux quatre millions de voix qu'ils apportaient ? Comme s'ils en étaient propriétaires... 

C'est ainsi qu'on s'exaspère mutuellement. Toute conversation devient impossible. Quel que soit le fautif. C'est ainsi. 

Ce qu'il y a de rigolo, c'est que je m'entends à merveille avec des blogueurs de droite parce que nous avons su faire ce constat de désaccord. On peut donc discuter. 

Entre types de gauche, ça semble impossible. Parce que le seul argument de certains est : tu n'es pas à gauche. 

Le jour où cette forme de débat aura cessé, on aura tourné une page. 

8 commentaires:

  1. Oups. J'avais publié ce billet dans le blog geek. Un bug de l'appli pour iPhone. Désolé.

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  2. pourquoi même avoir le moindre intérèt pour nombre de ces gens, qui il y a vingt ans voulaient la révolution et qui ces jours veulent avoir des followers? sociaux-traitres.

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    1. Parce que dans le lot, il y a des gens que j'estime réellement. Et que tous ne veulent pas avoir plus de followers. Parce qu'une Twittos se posait la question de l'impossibilité de dialoguer. Parce qu'il va nous falloir repartir de plus belle sur ce qui touche l'électorat et continuer à donner des baffe. Parce que c'est le cœur d'un billet de Sarkofràce sur les coulisses et qu'il me parait utile d'en rajouter. Parce que ce terrorisme intellectuel utilisé par quelques abrutis dans Twitter est réel et qu'il va finir par empêcher certains blogueurs de dire ce qu'ils pensent. Parce que de nombreux copains ont arrêté de bloguer parce qu'ils ne sont pas d'accord avec la politique menée et qu'ils n'osent pas le dire.

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  3. Comment veux tu dialoguer et échanger des idées, ce qui est la base du blogging politique, si on est d'accord sur tout? Aucun intérêt pour moi, donc je te suis là-dessus à 100%. Tant que l' opposition et le dialogue sont constructifs, sans langue de bois ni insultes.

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    1. Justement, c'est de plus en plus rare. Et je plaide moi même coupable, je suis le premier à insulter.

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  4. Je viens de virer un commentaire. L'auteur n'avait qu'à le faire compréhensible.

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  5. " j'ai l'impression d'être victime d'une sorte de terrorisme intellectuel", Pareil, et c'est pénible à la longue...

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  6. Il est bizarrement calibré, ce billet…

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