13 février 2014

Réformons les taxis avant de reprendre une bière

Avec leur grève, les chauffeurs de taxi ont obtenu le report des réunions de la Commission d’immatriculation des VTC jusqu’à la fin de la médiation menée avec les syndicats de taxis. J’ignorais qu’il fallait une commission pour immatriculer des bagnoles et ce système de taxi me parait de plus en plus grotesque.

Je vais spécialiser mon blog dans les taxis et commencer par proposer une refonte complète mais progressive de ce système.

Je vais néanmoins préambuler en résumant le communiqué de Matignon. La loi de 2009 est mal branlée. Quand la gauche est au pouvoir, elle commence par réparer les dégâts provoqués par la droite. Des nouvelles consultations vont être lancées pendant deux mois ce qui me donnera l’occasion de faire des jolis billets. Les immatriculations de nouveaux véhicules sont bloquées pendant cette période. Les contrôles de police seront renforcés. « Ils portent notamment sur l’utilisation des couloirs de bus à Paris, sur le non stationnement des VTC aux abords des gares et des aéroports, et sur le respect du principe de la réservation préalable par les VTC. » Je vais à nouveau donner mon avis : j’en ai ma claque de ces âneries et des reculades du gouvernement surtout sur un tel sujet… La disparition des taxis est inéluctable. Organisons-là.

Proposition de loi

Article 1 : aucun véhicule individuel à part ceux des services de sécurité et de dépannage des moyens de transport en commun vachement pressé parce qu’un bus en panne va provoquer un bouchon n’a le droit de circuler dans les couloirs de bus.

Bordel ! C’est vrai, quoi ! Pourquoi un taxi aurait le droit d’utiliser des couloirs de bus ? Le type qui est dedans un type qui a choisi de ne pas prendre les transports en commun. Qu’il assume. Il n’y a aucune raison d’avoir un privilège. Ou alors pourquoi ne pas étendre ce privilège à tous les zigotos qui utilisent les véhicules pour travailler. Il n’y a pas que les taxis qui marnent, si je puis me permettre ce jeu de mot un peu douteux.

Article 2 : n’importe qui a le droit de stationner dans les parkings des gares et des aéroports, du moment qu’il respecte le code de la route. Par contre, si un policier surprend un type à négocier dans les emplacements de « dépose rapide », il a le droit de donner des coups de pied au cul et de retirer des permis.

Un peu de bon sens, que diable. Comment voulez-vous empêcher une voiture de se garer à Orly ?

Article 3 : la licence des taxis est maintenue. Elle autorise à « faire de la maraude », c’est-à-dire à prendre en charge des clients qui lèvent le bras dans la rue comme des imbéciles. Elle autorise aussi à stationner et à prendre en charge des clients dans des lieux réservés que nous appelleront affectueusement « station de taxis ».

Je vais me permettre de donner des conseils à Sylvia, Jean-Marc et Manuel : dites-donc, les gens. Un de ses jours, vous ne serez plus ministres et vous chercherez du boulot. Pour vous payer vos bières, vous pourrez véhiculer des copains avec votre voiture moyennant quelques euros. On appelle ça du travail au noir. C’est mal. Il n’empêche que personne ne pourra vérifier… Si vous êtes interrogé par la police, vous pouvez nier toute rémunération. Vous n’avez d’ailleurs pas à justifier de ce que vous faites de votre putain de bagnole. Il y a encore un peu de libertés, dans ce pays.

Article 4 : cette histoire d’immatriculation spéciale pour les VTC est supprimée. N’importe qui a le droit d’avoir une caisse et d’en faire ce qu’il veut dans le cadre du code de la route. Ceci est une mesure pour éviter le travail au noir. Le gouvernement est invité (par la loi…) a travailler en toute intelligence avec les sociétés de VTC afin de s’assurer qu’elles soient fiscalisées normalement…

Article 5 : le gouvernement est invité à envoyer chier les taxis et leurs revendications débiles qui datent de la fin du 19ème siècle (le taximètre a été inventé en 1891, au moins vous aurez appris quelque chose dans ce billet dont le titre ne sera pas : taxi, va te faire mettre, la blogosphère politique ne connaitra pas cette infamie).

Article 6 : en application de l’article 3 (cette loi est un peu en bordel mais je débute), les connards qui seront pris en train de faire du racolage dans les gares et les aéroports en vue de transporter des gens sera condamné à négocier une GPA avec Christine Boutin.

Article 7 : tant que j’y suis. Le gouvernement devra travailler à optimiser le fonctionnement des taximètres en augmentant le montant minimum d’une course pour faire plaisir aux taxis et en affichant à l’avance le prix de la course qui sera calculé par le grand ordinateur en fonction du trajet le plus court possible en profitant des nouvelles technologies. Le coût de la course sera calculé du lieu de départ au lieu d’arrivée en fonction du temps prévisible et du kilométrage (les « prises en charge » seront remplacées par ce tarif minimum et les taxis n’ont pas à facturer le trajet jusqu’au lieu de prise en charge) et un ticket sera délivré. Le montant minimum sera fixé à 20 euros dans les gares et les aéroports aux heures de pointe et à 10 euros ailleurs.

Cet article mériterait des explications mais je n’ai pas que ça à foutre. Vous n’ont plus d’ailleurs.

Article 8 : il est interdit aux taxis et aux VTC de mettre RTL à la radio entre 16 heures et 18 heures. Ce n’est pas du snobisme de ma part, il m’arrive d’écouter les Grosses têtes, mais je ne supporte pas qu’on m’oblige à écouter les Grosses têtes quand je n’ai pas envie. Tiens ! Il est interdit de mettre la radio dans les taxis et les TVC sauf France Info à toutes heures, RTL entre 18h et 19h et France Inter entre 13h et 13h et entre 19h et 19h20.

Article 9 : tant qu’à modifier le taximètre pour lui faire calculer le prix de la course à l’avance, les zones seront supprimées. Les sociétés de taxi et le gouvernement négocieront les paramètres du grand ordinateur qui seront pris en compte pour le calcul a priori du prix d’une course. Le type de véhicule pourra être pris en compte dans le calcul.

C’est quand même délirant, cette histoire ! Non seulement, les taxis nous font chier mais, en plus, c’est une des rares professions de consommation courante pour lesquelles il est impossible de connaître le prix à l’avance. Vous achetez un truc (une course), vous vous engagez à payer alors que vous ne connaissez pas le montant. Mes articles 7 et 9 sont très bien, en fait. Et en plus, vous payez le même prix si vous êtes transporté dans une voiture pourrie que dans une caisse de luxe.

Ne me dites pas que je suis élitiste. Je me fous des caisses de luxe mais c’est complètement con de payer le même prix pour une voiture moins polluante, moins consommatrice et qui coûte moins cher au propriétaire…

Article 9 bis : la modulation en fonction de la catégorie du véhicule ne sera pas possible quand le client n’a pas le choix : prise en charge en gare ou aéroport, maraude,…

Article 10 : il est possible de négocier le prix d’une course lorsque la voiture est réservée (téléphone, application mobile,…). Le prix négocié sera saisi dans le taximètre et le client aura un ticket avec les deux tarifs : celui normal calculé par le grand ordinateur et celui négocié.

Je ne vois pas pourquoi un type serait obligé d’appliquer un tarif en vigueur s’il doit se lever à quatre heures du matin pour aller chercher des ivrognes en boite de nuit. Et je ne vois pas pourquoi un client fidèle ne pourrait pas obtenir une ristourne.

Article 11 : les taxis ne pourront pas refuser le paiement par carte. Dans ce cas, le paiement sera géolocalisé. Ne me demandez pas pourquoi.

Article 10 bis : j’ai oublié un truc. Les conditions de négociation « à la hausse » du tarif seront fixées par décret. Je n’aime pas ça mais il faut aussi protéger les touristes qui pourraient se faire baiser.

Article 12 : si un client est seul, il s’installera à l’avant. On a obtenu l’abolition des privilèges. C’est quoi cette manie de se croire riche quand on prend un taxi ? Le chauffeur n’est pas un esclave mais un prestataire de service. Sans compter que c’est beaucoup plus confortable d’être à l’avant.

Article 12 ter (il n’y a pas de bis mais on ne sait pas ce qui pourrait arriver) : si un client est seul et bourré et insiste pour aller à l’arrière, le chauffeur est autorisé à mettre un suroit pour parer au vomi.

Article 13 : il est rappelé aux taxis que certains articles de cette loi vont faire qu’ils vont concurrencer les VPC alors qu’ils arrêtent de ronchonner. Cet article ne sert à rien mais comme le numéro porte malheur, on va éviter de faire des trucs sérieux.

Article 14 : sur dix ans, il sera mis en place un dispositif négocié qui mette fin à la spéculation sur le prix des licences. A partir de février 2024, il sera interdit de vendre une licence à un tarif plus élevé qu’à un prix fixé (par secteur géographique) en février 2019. Vous avez vu ? Elle est bien étudiée, cette loi ! Et je n’ai pas fini.

Article 14 bis : à partir de février 2029, les licences pourront être rachetées par l’Etat à un prix fixé en février 2024 et progressivement dégressif. Ou dégressivement progressif, c’est selon. Elles seront alors louées à des particuliers à un prix également fixé en février 2024 mais après l’apéro. L’Etat aura obligation de les racheter aux vendeurs qui le souhaitent mais n’aura pas l’obligation de payer : l’ancien propriétaire pourra la conserver en location gratuite autant de tant qu’il le voudra. En cas d’arrêt prématuré de la location gratuite (décès, retraite, ras-le-bol,…), tant pis pour sa gueule : la licence reviendra à l’Etat. Une sous-location est interdite.

Arrêtez de gueuler ! La sous-location est interdite, pas la vente de la société loueuse de la licence ou l’emploi d’un autre chauffeur.

A partir de 2039, les licences reviendront à l’Etat. Ceux qui ne sont pas passé en location l’auront dans l’os et tout le monde paiera la location (plus de gratuité).

Article 15 : à partir de février 2024 (je récupère la date, tiens !), la location de licence sera interdite. Le chauffeur propriétaire de la licence n’est pas concerné, par définition, par cet article mais les chauffeurs qui n’ont pas la licence devront obligatoirement être salariés de la société propriétaire des licences.

Article 15 bis : le mode de rémunération sera fixé par secteur : une part fixe (avec un salaire minimum) et une part variable en fonction du chiffre d’affaire. L’Etat devra superviser cet accord pour vérifier que les chauffeurs ne se font pas baiser si les chauffeurs n’arrivent pas à s’organiser pour négocier correctement leurs droits, les andouilles.

Article 15 ter : la durée hebdomadaire maximum de travail sera également négociée indépendamment du droit du travail actuel (je ne vire pas à droite, rassurez-vous, réfléchissez bien aux particularités de la profession) et les horaires de travail seront précisés dans le contrat de travail (mais modifiables aisément et fréquemment). Je manque de précision dans cet article mais j’ai la flemme.

Article 16 : à partir de hier, les nouvelles licences seront proposées en location (par tirage au sort) à un prix relativement élevé (faut bien gagner de l’oseille) mais qui baissera d’année en année. En 2039, le coût de location servira uniquement à payer les frais de gestion potentiels pour l’Etat qui n’a pas que ça à foutre.

Article 17 : à partir de 2039, les taxis n’auront plus le droit de gueuler si un gouvernement décide de supprimer la notion de licence.

Article 18 : il est acquis que la licence, si elle perdure, ne servira qu’à réguler l’offre. Le fait de donner un droit à un travail n’en est qu’une conséquence malheureuse.

Article 19 : il est acquis aussi (mais à qui au fait ?) que si le tarif est fixé en partenariat avec les collectivités, c’est uniquement pour éviter que les touristes ne se fassent baiser la gueule.

Article 20 : ce texte de loi est déclaré bien chiadé. Les taxis vont devenir des entreprises normales avec des salariés normaux ou sans salarié et auront une valeur en fonction du chiffre d’affaire, du résultat,… et plus sur la base d’un prix évalué par les marchés sur la base d’une valeur qu’on donnerait au permis d’exercer une activité soumise à autorisation préalable.

Et hop !

Ne me remerciez pas.

8 commentaires:

  1. waouh , va falloir réviser avant de prendre un taxi

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  2. Décidément, vous nous aurez tout fait…

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    1. Pareil que Didier, (en très grande forme).

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    2. Si t'es d'accord avec les nazis à poils dans les oreilles...

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  3. J'ai entendu Anne Higalgo sur LCP dire que les taxis était un service public, je ne sais pas si je devais rire ou pleurer, je vais quand même voter pour elle malgré cette ânerie ...

    David75

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    1. T'as faite comme moi, habiter un patelin MRC. Ils ne disent pas de connerie (mais ont pas la même vision que moi de l'Europe).

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    2. Tu n'as qu'à faire comme moi disais-je avant de publier sans relire. Sur ce coup je peux difficilement accuser l'iPhone.

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