20 décembre 2014

Quelle gauche pour quel modèle de société ?

Caissière de grande surface passant son lundi à la campagne.
Ce blog aura 9 ans dans quelques jours mais il est trop tôt pour fêter l'anniversaire. Depuis l'été, il est un peu à la ramasse : outre le fait que j'ai beaucoup de travail en dehors, il faut bien reconnaître que défendre le gouvernement est devenu de plus en plus difficile, pas nécessairement parce que je ne suis plus d'accord avec lui mais parce que je n'arrive plus à suivre... La loi Macron et les débats sur le travail du dimanche ont été la cerise sur le gâteau. Mais j'ai reçu un coup de pied au cul dimanche matin en écoutant Julien Dray, à la radio, dimanche dernier. Alors j'ai ouvert mon Word et j'ai commencé à faire un billet de blog. Le fichier est resté ouvert jusqu'à jeudi. Je n'avais rien à dire. Une première dans l'histoire du blog. Je l'ai laissé en friche, ne faisant plus que des billets à la volée, bricolés sur l'iPhone parce que mes doigts avaient quand même besoin de s'agiter.

S'arrêter permet de réfléchir, de faire le point. Quelques événements de la semaine ont renforcé ma pensée. Mais revenons au départ.

Ainsi, j'ai créé ce blog fin décembre 2005. Ne me demandez pas pourquoi. Au début, je bloguais un peu tout seul puis j'ai fini par connaître les copains, à faire des rencontres dans la vraie vie,... L'élection de Nicolas Sarkozy nous a soudés et on a fini par monter dans les classements de blogs, jusqu'à ce que mon blog occupe, en octobre 2008, la première place du classement des blogs politiques, pour trois ans ou presque. Je prenais ça pour un jeu et pour un moyen de motiver les copains (« des liens, bordel, des liens ! ») mais j'ai commencé à en prendre plein la gueule de la part d'imbécile qui ne supportait pas qu'un type modéré sans sorte, modéré et sans leur talent, leurs idées et leur capacité à bien écrire. Phénomène de jalousie idiote (les placards sont plein de gens qui écrivent mieux que les autres). Bah ! La vie continuait... Pendant cette phase, il y a eu la primaire socialiste de 2006, l'élection de 2007, le congrès de Reims de 2008 (n'étant pas au PS, je me foutais totalement de leurs histoires),...

Il y a eu un tournant au premier semestre 2011, caractérisé par la montée en charge de Twitter suite aux printemps arabes et l'affaire DSK. Je ne vais pas trop revenir sur Twitter ; c'était encore l'objet de mon billet d'hier avec son comportement surréaliste, ces militants du clavier qui se comportent comme des moutons, toujours est-il que, depuis, j'en prends plein la gueule de la part de types qui se prétendent de la vraie gauche mais qui en sont, finalement, bien éloignés...

L'affaire DSK a eu des conséquences qu'il ne faut surtout pas oublier, des conséquences directes, avec des attaques très violentes de féministes alliées à des types de la prétendue vraie gauche contre des types comme moi qui, d'une part, considéraient la présomption d'innocence avant tout, laissant seule la justice décider d'une culpabilité (contrairement des zoziaux qui se croient de gauche...) et, d'autre part, avaient de la pitié pour l'homme qui a battu le record de nombres de couvertures de presse en quelques jours et a vu sa carrière détruite et qui, en plus, pensaient avant tout aux copains qui croyaient en cet homme.

La deuxième conséquence est qu'on s'est retrouvés avec un match inattendu pour la primaire, entre Martine Aubry et François Hollande... avec également des attaques très violentes, dans les réseaux sociaux, de la part des uns et des autres.

On s'est réconcilié au soir du deuxième tour mais attaques de la vraie gauche, qui soutenait plus Martine Aubry (sans penser qu'elle remplaçait Dominique Strauss-Kahn...), sont devenues de plus en plus lourdes. Il y a eu la belle campagne, le discours du Bourget, la victoire, les premières mesures,...

Cette troisième phase s'est progressivement terminée à partir la fin de l'été 2012 quand de plus en plus de personnes ont arrêté de soutenir François Hollande puis sont arrivés franchement dans l'opposition.

Mais la vie continue toujours et les réacs sont revenus sur le devant de la scène à l'occasion des manifs pour tous mais aussi d'autres faits divers comme l'affaire Méric, la catastrophe de Brétigny... Mais c'est un peu plus tôt qu'ils ont commencé à changé, quand, fin 2011, ils ont compris que François Hollande allait gagner l'élection. Alors que nous étions tous plus ou moins potes, certains nous ont tourné le dos (en nous faisant endosser la responsabilité des fâcheries histoire de conserver un slip propre).

Cette période a aussi été marquée par des trucs plus personnels, qui ne devraient pas être de gauche ou de droite, comme l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes au sujet duquel j'ai donné souvent mon avis, me battant contre des armées de trolls incapables de donner des vrais arguments (les dangers de NDLL) mais mentant à tours de bras, au point que l'actualité de la semaine me donne raison : le trafic de Nantes Atlantique augment réellement plus que celui des autres aéroports et il finira par être saturé. Elle est bien, l'actualité de cette semaine mais cette affaire était décourageante : les opposants ne faisaient que s'opposer par réflexe, pour lutter contre les symboles du capital, le gouvernement, le tout sur le fond de batailles de bonnets rouges tirant sur le brun, les mêmes personnes aux mêmes manifestations...

Le début de l'année 2014 a été marqué par des débats sur ce qu'était la vraie gauche. Autant la finir de la même manière, non ?

Je pourrais y répondre rapidement : les vrais types de gauche sont ceux qui accord la présomption d'innocence à DSK, Cahuzac, qui ont pitié de Thévenoud, qui laissent leur chance à Valls et Macron... Et les types qui se prétendent vrais types de gauche qui ne pensent qu'à les enterrer vivants.

Mais peu importe.

Il y a eu ainsi la loi Macron et son volet sur le travail du dimanche. J'ai pensé (et écrit) : hé ho les gars, vous avez déjà augmenté l'âge de la retraite, la TVA et vous voudriez nous faire travailler les dimanches, en plus ? Faudrait arrêter de déconner, revenir à gauche, toussacoi.

Et il y a eu ce coup de pied au cul de Julien Dray. « Il nous reste quelques mois, peut-être même quelques semaines, pour arrêter ce qui est en train de se passer, cette situation incroyable où la gauche passe plus de temps à se battre entre elle (...) où chacun distribue des brevets de gauche aux uns aux autres (...) où (se multiplient) les polémiques stupides auxquelles on ne comprend rien (...) alors on est de gauche quand on est pour cinq dimanches et on est de droite quand on est pour douze dimanches. »

Et il a parlé des jeunes désespérés, des étudiants obligés de passer leurs dimanches chez leurs parents ne pouvant pas se faire de l'argent de poche pour payer leurs études,... Martine Aubry avait fait une très belle chronique sur le modèle de société mais Julien Dray l'a torpillée, dans mon esprit, au cours d'une émission d'une heure.

J'étais déjà dubitatif de voir les gauchistes défendre « un acquis social de 1906 » qui découle directement de l'ancien testament et défendu pendant des siècles par le clergé et la royauté... Il n'empêche que j'étais contre le travail du dimanche car il ne créera aucun emploi, sauf dans les zones réellement touristiques. Je reste contre, car je suis contre le travail qui ne sert à rien (sauf celui des barmans).

Depuis des années, la vraie gauche pense s'adresser au peuple mais ne fait que défendre les privilèges de certains : ceux qui ont un emploi et risqueraient d'être obligés quatre ou cinq dimanches par an, par exemple, comme au moment de l'ANI, ils défendaient les salariés de grosses boites tout en occultant les autres. Ils ont passé des mois à taper sur le gouvernement.

Il faut changer de modèle de société. Point. De toute manière, il change tout seul. Sachons accompagner le changement (c'est maintenant...).

La semaine est passée. La popularité de la vraie gauche et de Nicolas Sarkozy a baissé, celle de Valls et d'Hollande a monté. Jean-Luc Mélenchon a mis en avant les conneries de Zemmour faisant passer toute la gauche pour des censeurs et ses partisans accusaient hier soir iTélé de faire passer Zemmour pour un martyr.

Ainsi, je vais continuer à assumer mes paradoxes. Je suis contre le travail du dimanche mais je m'en fous d'autant plus que je ne bosse pas dans le commerce, je n'ai pas à donner mon avis ou à militer contre. Par contre, je peux donner un avis sur la nécessité de faire des réformes et de les afficher. Ce n'est pas en ne faisant rien qu'on gagnera d'autres élections.

J'ai vu, dans Twitter, un extrait de l'interview de Méluche dans Closer. Il y dit, de mémoire : le travail du dimanche sera mauvais pour les femmes. Des féministes le soutiennent.

Du féminisme ? Pourquoi le travail le dimanche serait-il plus mauvais pour les hommes que pour les femmes ? En matière de féminisme, le problème n'est pas celui du travail du dimanche mais, éventuellement, celui de la surreprésentation des femmes aux caisses des magasins...

On pourrait d'ailleurs se demander si les hommes ne devraient pas lutter contre cette inégalité en leur défaveur.

Il est temps que la vraie gauche change de manière de faire de la politique.

18 commentaires:

  1. comme l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes

    t'as vu Ouest France (je suis à Nantes chez ma fille aînée) fait un article pour dire que Nantes Atlantique a atteint ses limites et que grâce aux zozos de la Zad l'autre n'est même pas commencé (ce qui explique l'intervention de Valls cette semaine )

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  2. Pourquoi dites-vous que les femmes sont surreprésentées aux caisses des magasins ? Par chez moi, il continue de n'y en avoir qu'une seule par caisse, comme avant.

    (Sinon, allez faire un tour dans les réserves des magasins en question : vous y constaterez que les hommes sont surreprésentés au vidage des camions qui livrent les palettes de marchandises…)

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    1. Certes !

      (oui, mais il n'y a pas - encore - de livraisons le dimanche).

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  3. Les caisses automatiques vont bientôt régler ce problème .

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  4. Ca risque bien d'arriver... J'aurais du le mettre dans le billet...

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  5. J'aime beaucoup ton billet, personnel et tout ca... J'aime beaucoup

    Apres sur le fond rien a dire. pas d'accord sur tout, mais c'est ce que tu ressens et ce que tu penses, et c'est tres bien.

    Mais un point quand même. J'ai l'impression que le net a changé, que les blogs ont changé. J'aurais tendance à mettre les militants de cette gauche de la gauche sectaire, aux méthodes puantes, et qui ont déserté les valeurs républicaines, en principaux responsables. Mais je sais qu'ils ne sont pas les seuls.
    Je crois que la période actuelle appelle à la radicalisation et a un certain sectarisme presque violent. Je ne sais pas comment l'éviter, mais bon...

    Beau billet en tous cas

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    1. Merci...

      Il n'y a pas à l'éviter. C'est presque drôle de voir les clowns hurler dans leur coin.

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    2. Ils auront fait beaucoup de mal quand même...

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    3. Bah ! Les divisions forment l'histoire de la gauche.

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  6. Oui, il est grand temps que tu continues de continuer. Tes bières baveuses bavent sur toi qui bave sur la vraie gauche qui veut t'en faire baver, mais sans ta continuation qu'on te souhaite bonne, nous n'en saurions jamais rien. Ce qui nous manquerait...
    Ceci dit, pour résumer ma position sur le débat qui t'agite, il faut cesser d'administrer ce pays pour commencer à le gérer...

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    1. Je vais continuer...

      Quelle différence entre gérer et administrer ?

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  7. Elle est fondamentale. Administrer c'est juste faire tourner la machine telle qu'elle est. Gérer c'est en plus se poser des questions, faire des choix, abandonner; créer, réorganiser etc...

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  8. très bon billet,
    Nicolas,
    la mise en perspective dans le temps te réussit toujours autant.

    Moi qui pensais qu’être de gauche, c’était le sens du collectif ; la passion chez de certains pour le tout critique et le niveau zéro quant aux contre-propositions…
    Voilà, on est – toujours – là.

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  9. Je vais lire ton billet demain à tête reposé, je fête 3 anniversaires.

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  10. le travail il y en aura de moins en moins... c'est une tendance lourde de la "civilisation" à coupd de robots, d'ordinateurs et d'intelligence humaine... çà finira aussi par toucher les chinois...donc la question à se poser n'est pas de travailler le dimanche, mais d'accompagner cette tendance inéluctable en faisant que tout le monde vive à peu près bien en travaillant 4 jours par semaine ( ou 3 jours en VSD)

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  11. C'est pour ce type de billet que je prends encore du plaisir à lire les blogs
    "S'arrêter permet de réfléchir, de faire le point." J'adhère

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