31 octobre 2015

Un kebab sinon rien

En 2007 ou 2008, j'avais un billet pour dire qu'il y avait trop de kebab à Bicêtre. Il y avait le Constantinople, qui existe toujours et que je conseille volontiers, une boutique vers le PMU, un machin où est maintenant installé le Crédit Mutuel, et, je crois, un autre plus haut. 

Mes commentateurs, à l'époque, étaient d'accord avec moi, avec une vision profondément gauchistes : les autorités devraient choisir quels types de commerce on devrait installer (à proximité de la Comète, on avait 5 ou 6 banques, 3 marchands de chaussures, 3 opticiens, 2 boucherie halal mais aucune librairie, aucun marchand de légumes et aucun commerce qui font le bonheur à Paris : fromager, charcutier,...). 

Là, Ménard a dit une connerie sur les kebab. Et c'est le scandale. 

C'est logique. Il flirte avec le racisme et tout cela. Pour autant, à vue d'œil, j'ai deux pâtisserie arabes à moins de vingt mètres, les cornes de gazelle et tout ça, mais pas une seule boulangerie pâtisserie. 

Et le FN va gagner les prochaines élections. 

J'ai aussi ca, en face :


18 commentaires:

  1. Mais les communes ont la possibilité de choisir les commerces qu'elles veulent voir fleurir dans leurs rues. Seulement cela nécessite deux choses :

    - s'intéresser à la vie de la commune plus qu'à sa propre réélection.
    - être prêt à engager des fonds.

    Ainsi, dans ma petite ville de banlieue, la rue principale du centre-ville est occupée par cinq banques. Lorsque la maison de la presse a fermé, une autre banque voulait s'installer, laissant la ville sans point de vente pour la presse. La mairie a donc préempté le bail commercial de manière à empêcher l'arrivée de la banque. En parallèle, elle a fait un appel à candidature pour qu'une nouvelle maison de la presse puisse ouvrir. Ce qui est arrivé 10 mois après.

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    1. Intéressant, mais pourquoi la maison de la presse a fermé ?
      Peut être parce que les gens ne lisent plus la presse.
      Est ce donc le rôle de la municipalité de subventionner ou de favoriser la vente de la presse, presse déjà largement subventionnée en France ?

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    2. DSL, je suis d'accord avec Koltchak. Le rôle de la municipalité n'est pas d'aider la presse mais d'aider les gens à y avoir accès.

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    3. @ dsl : la maison a fermé parce que le couple qui la tenait a pris sa retraite. Et le proprio des murs était prêt à laisser n'importe quel établissement prendre la place, la logique du mieux offrant au détriment de l'intérêt des habitants.

      Quant au rôle d'une commune, il consiste entre autres à veiller à ce que les habitants puissent profiter d'une variété de commerces pour ne pas avoir à aller dans la ville voisine pour acheter un journal, une entrecôte, etc. Ce qui rend une ville vivante ce sont les commerces de proximité, pas les grandes surfaces aseptisées qui ne proposent que ce qui se vend vite et bien.

      Une ville, ce n'est pas l'empilement d'atomes qui vivent côte à côte, indifférents à ceux qui occupent le même palier, la même rue. Il y a suffisamment de villes dortoirs pour en ajouter d'autres.

      Marrant de voir les gens de gauche, réputés antilibéraux, céder aux sirènes du libéralisme. Notez que cela n'a rien d'étonnant, il y a entre la gauche et le libéralisme bien plus de points de convergences qu'avec la droite, enfin la droite traditionnelle. Le colonialisme par exemple a été défendu par la gauche et les libéraux alors que la droite ne voulait pas de cette aventure jugée sans grand intérêt. Et les gens de gauche n'ont rien fait pour empêcher les opportunistes et les grands capitalistes de profiter de cette aventure pour s'enrichir, pendant que la nation dépensait des sommes colossales pour équiper les colonies.

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    4. Ben oui ! C'est ce qui m'amuse dans mes collègues de gauche, ils n'ont que des positions de principe sans savoir ce qu'elle veulent dire. Voyez cet imbécile de Gauche de Combat qui défend la liberté d'implantation des commerces.

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  2. A force de dire aux arabes qu'il faut qu'ils deviennent entrepreneurs pour montrer qu'ils sont capables eux aussi de prospérer dans les affaires et qu'ils peuvent payer des taxes, la TVA ... toussa. ils font comme tout le monde, ils prospèrent ! M'étonnerait pas que dans quelques années, ils nous feront du poujadisme primaire en dénonçant l'installation de commerçants africains !

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  3. Sinon, je ne vois pas précisément ce que ce billet veut dire.
    Personne ne force ni n'influence les vendeurs de kebab à reprendre des commerces qui ferment. Pourquoi d'autres commerces ne se mettent ils pas à leur place ?
    S'agit il d'un changement de population, d'une évolution des modes de consommation, d'une baisse de la rentabilité du commerce, ou encore du peu d'attrait pour la reprise des commerces par les nouvelles générations ?

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  4. Mes fils m'ont donné une explication partielle mais intéressante :
    1. d'abord, ils ne disent pas "on va manger un kebab, mais on va manger "un grec" ! Je pense qu'à l'époque de leur prime adolescence, c'était vraiment des grecs et qu'ils se sont kebbabisés !
    2. Pourquoi autant de boutiques ? Parce que les jeunes et tous ceux qui ont des revenus modestes y vont :
    a) - c'est la seule manière de manger pour moins de 10€
    b) - ce n'est pas si mauvais que cela : tu as plein de viande grillée, une assiette de salade verte,tomates et oignons et une bonne rasade de frites ... Que demande le peuple pour 7€ ?

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    1. Sauf que le "sandwich grec" n'a jamais existé, ce qui est servi est un "döner kebab" turc. Certes, ce n'est pas cher, mais il y a une raison, la viande vient majoritairement d'Allemagne où les turcs ont créé des usines. Le hic, c'est que la réglementation sanitaire dans ces usines est proche de l'inexistant. En plus, le vrai döner kebab est à base de viande d'agneau, alors que ce qui est servi est généralement de la dinde. Enfin, pour avoir participé à des contrôles sanitaires dans ces bouclars, je puis attester que les 3/4 devraient être fermés sur le champ. Mais bon, ça ne semble déranger grand monde, alors pourquoi se gêner.

      Sinon, on peut fort bien manger un bon sandwich au comptoir avec un coup de rouquin pour sensiblement le même prix, mais c'est cocardier le sec-beurre ou le Paris-beurre. Alors que pour 7€ on a l'exotisme de l'orient en bas de chez soi.

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    2. Pour le sandwich au comptoir, on est évidemment d'accord. Pour le Grec, non, on s'en fout. Quand j'étais étudiant (dans la fin des années 80), on allait bouffer un grec et peu importe qu'il soit turc.Mais évidemment que ces machins sont devenus industriels.

      Et tant mieux !

      En face de la Comète, on avait une pizzeria qui servait des kebab (faut suivre) et on observait, avec le patron, le temps que passait le morceau de bidoche devant le grill. On est montés à trois semaines...

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  5. J'ai cliqué trop vite : je voulais dire que le racisme rend aveugle et con ! Car si ces commerces s'installent, ce n'est pas par invasion grecque puis arabe, mais parce qu'ils marchent ! S'ils marchent c'est qu'ils ne sont pas trop chers ... et tout le monde sait que ce ne sont pas les riches qui font marcher le commerce, sinon ça se saurait ! Ce sont les petites gens !

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    1. On est d'accord mais je vais nuancer car il y a un pb économique et d'aménagement du territoire derrière.

      Celui d'aménagement du territoire est évoqué ci dessus avec le commentaire de Koltchak. Surtout, s'il y a de la place pour un kebab, il y en a pour deux, donc trois et ainsi de suite. Les commerçants finissent ruinés et les produits de mauvaise qualité.

      Et ces commerces occupent la place d'autres qui ne sont plus disponibles (le cas de la maison de la presse évoqué ci-dessus se pose à Bicetre). Mais comme les commerces qui se montent en concurrence les uns des autres finissent par couler, on a des centre villes vides. Et c'est une réaction en chaîne : s'il n'y a plus de bistros pour prendre des cuites parce qu'ils sont remplacés par des kebabs, il n'y a plus d'alcooliques qui vont manger un kebab pour éponger.

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  6. Beaucoup de choses derrière cette histoire de kebab, qui me donne à réfléchir.

    D'un côté, une clientèle touristique qui va vouloir goûter la cuisine française traditionnelle, ou en tout cas voir si la réalité est conforme à l'idée qu'elle s'en fait. Ce type de client va rechercher la choucroute à Strasbourg, les bons vins à Bordeaux, le foie gras un peu partout, les grandes tables dont on parle à la télévision, etc. S'il n'y a plus que des kebabs autour d'elle, cette clientèle se demandera, dépitée, ce qu'est devenue la cuisine française de tradition: si le touriste vient en France, c'est aussi pour bien manger.

    De l'autre côté, il y a effectivement (@Apolline) les gens qui vivent là et qui apprécient de manger complet et pas cher: un kebab, c'est toujours un peu mieux qu'un McDo, pour les raisons que tu énumères. Et si ça marche, c'est ça de gens au chômage en moins. Autant de défis pour la restauration traditionnelle, cela dit.

    Après, concernant la position de Robert Ménard, j'arrive à la comprendre: il a certainement envie que son centre-ville ait une offre commerciale et de restauration diversifiée - c'est une richesse, et on a déjà pas mal glosé sur l'appauvrissement de l'offre commerciale dans des centres villes abandonnés aux chaînes commerciales et à l'uniformisation. Cela dit, une interdiction stricte va à l'encontre de principes tels que la liberté de commerce. Cela, sur la base d'arguments discutables.

    Dès lors, question/débat: est-il possible, par d'autres biais politiques, d'avoir une offre de restauration diversifiée en centre-ville autrement qu'en interdisant purement et simplement un certain type de cuisine? Alors que la gastronomie française est inscrite au patrimoine de l'Unesco, la question mérite d'être posée.

    Sur l'appauvrissement de l'offre commerciale en centre-ville:

    http://www.lesechos.fr/22/10/2007/LesEchos/20030-025-ECH_l-appauvrissement-commercial-des-centres-villes-menace-de-s-etendre.htm

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    1. On est d'accord et j'en parlais avec Apo ci-dessus avant de lire ton commentaire.

      Je passe sur l'aspect outrancier de Ménard (qui a réussi son buzz grâce à la gauche), il faut que les villes puissent avoir la main sur leurs commerce (du moins en partie) pour éviter la mort.

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  7. Pâtisseries prends un s quand il y en a plusieurs :)

    Pour Ménard, ce qu'il dit est faux, le nombre de kebab est bien inférieur aux bistrots français dans sa ville. Il ment pour mieux vendre son discours : www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/30/robert-menard-les-kebabs-et-la-culture_4800315_4355770.html

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    1. Ce n'est pas une question de nombre. Mon quartier vit très bien depuis qu'il n'a plus qu'un seul kebab et plein de bistro. Le vendeur de Kebab gagne bien sa vie et a un tas de personnel et une superficie qui lui permet d'avoir une grande salle de restaurant.

      Mais oui il tient des propos outranciers flirtant avec le racisme de la population.

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