29 avril 2022

Irréconciliables jusqu'au bout !

 


Je ne sais plus qui a parlé pour la première fois de « gauches irréconciliables » et il me semble que c’est autour de Manuel Valls que cette notion avait été mise à la mode. Avec les manœuvres actuelles à gauche, on tombe en plein dedans… avec les éventuelles négations.

Cette fois, nous avons les insoumis qui oublient ce principe essentiel qui est la divergence « des gauches ». Je vais me limiter à « deux gauches » pour énoncer les âneries du jour mais c’est faire abstraction d’une part des partis de la gauche franchement radicale (qui n’est pas toujours marginale : ils représentaient 10% des électeurs en 2002) et sans doute du fait que ces deux gauches sont présentes dans chacune des formations politiques. En outre, je vais faire un peu de théorie alors que je suis tout sauf un théoricien.

 


Pour compléter cette introduction, il me faut parler de Valls puisqu’il incarne un peu cette fracture mais n’oublions pas qu’il a un positionnement politique proche de celui de François Hollande qui, en 2012, représentait environ la moitié de la gauche (sans compter que les partisans de Martine Aubry – je fais évidemment référence à la primaire – ne sont pas bien éloignés). Si Valls n’est pas aimé par la population gauchisante, ce n’est pas essentiellement à cause de ses orientations politiques mais plus pour des raisons presque physiques : le type qui semble pète-sec, droit dans ses bottes… et sa manière d’appréhender la politique (le 49.3 et tout ça, comme le soutien à Valls après avoir participé à la primaire en 2007).

La frontière entre les deux gauches – appelons-les la vrauche pour vraie gauche et la çautre pour rentabiliser la cédille de mon clavier et pour qualifier le « centre gauche » – n’est pas formelle. On va résumé : les gens de la çautre sont favorable à l’économie de marché et donc au libéralisme même si ça sent mauvais, ils sont partisans de la construction européenne et défendent les traités actuels (ce qui n’empêche pas de vouloir les modifier), ils sont inconditionnels de la laïcité et de profonds républicains.

Hollande et Valls ne sont pas les avatars de tout ça : le tournant de la rigueur par Mitterrand, par exemple, date de l’époque où ils n’avaient pas totalement quitté leurs culottes courtes. Rocard a créé le RMI et la CMU mais fut aussi le premier à oser penser à réviser les systèmes de retraite…

Les gens de la vrauche, et c’est une des particularités de tous ceux proche de l’extrême, s’imaginent être les seuls à gauche et, c’est tellement une erreur, que l’on ne peut qu’en rigoler. A titre d’exemple, prônant le « souverainisme économique », ils sont souvent proches d’un certain nationalisme et donc opposé à un internationalisme. Pour ma part, je suis « rousselien » : je souhaite que l’on produise des richesses pour les redistribuer… De fait, le degré de gauchitude n’intervient pas vraiment dans cette frontière entre les gauches irréconciliables. Le PS et le PCF ont souvent pu travailler ensemble et la fronde hollandesque est venu de la part de membres du PS, essentiellement.

 


Tous ces braves gens se disent progressistes, sans même expliquer ce qu’est le progrès, mais une partie, pas restreinte à la vrauche au sens où je l’entends ici est purement réactionnaire c’est-à-dire qu’elle va défendre des choses du passé et s’opposer, par principe, à certaines évolutions sans se demander si elles sont bonnes ou mauvaises mais en regardant uniquement si elles semblent à gauche, recourant ainsi souvent au « left washing » voire, vu qu’ils se croient écologistes, au « green washing ». Quand je voyais des gens de gauche lutter contre le travail du dimanche au nom de la défense de la famille, je me demande si on pouvait avoir des positions plus à droite, quand on sait que le travail du dimanche est interdit depuis 1906, en compensation de la fameuse loi de 1905 de séparation de l’église et de l’Etat, pour permettre aux andouilles d’aller à la messe. Je sors souvent, dans mon blog, des fausses idées de gauche ou écologistes (comme le mariage pour tous, les aides à la rénovation thermique et tout ces trucs, sans compter la réforme du territoire – que LFI veut annuler alors que le texte du PS sur les accords prône une plus grande autonomie des collectivités territoriales – voire « NDDL » qui permettait de remplacer des aéroports dégueulasses par un plus propre).

 


Vous vous demandez peut-être pourquoi j’entre, ce matin, dans une telle carricature sans même renier ce fait ! C’est justement car nous sommes au cœur de la période de préparation des législatives avec les accords entre les formations de gauche et notamment le communiqué du parti socialiste dont je parlais qui obligerait des gens proches du Parti Socialiste ou du Parti Communiste Français à ce réconcilier entre irréconciliables avec des insoumis ou des écolos indigénistes.

N.B. : j’ai rédigé ce billet avant de commencer le job mais, depuis, le communiqué en question a disparu du site du PS. C’est ballot. Heureusement que la presse garde des traces.

Par exemple, LFI a clairement annoncé, pendant la campagne de Jean-Luc Mélenchon, qu’ils pourraient envisager de s’asseoir sur les traités européens. Je disais presque plus haut que c’était la frontière entre les gauches (et le referendum de 2005, perdu par « mon camp », en est une belle illustration). Que dit le PS ? « Opposé au retour du pacte de stabilité et considérant que l’objectif de souveraineté de la France et de l’Union Européenne dans de nombreux domaines rend nécessaire "de déroger aux règles actuelles de concurrence", le parti socialiste se positionne en faveur d'une révision des traités. » Voila une position d’imbéciles heureux qui ne se prononcent pas. D’ailleurs, ces ânes ne se rendent pas compte qu’Hollande avait enfumé le peuple en se position en faveur d’une renégociation de traités.

Soit le PS est pour les traités actuels et souhaite les modifier, soit il est d’accord avec LFI qui préconise de ne pas les respecter. Ces deux positions sont irréconciliables, justement.

 


Le Parti Socialiste met en avant, depuis ce matin, la planification écologique. Mais est-ce bien digne d’un parti de gouvernement de sortir ce genre d’âneries que Chirac n’aurait pas renié pour faire croire que l’environnement l’intéressait. Cela veut dire quoi ? Oups… On sait très bien. Mais ce louable de faire croire que l’on sauvera la planète sans accord internationaux ? A quoi sert une planification écologique à la française ? La question est la même pour tous les sujets… La France peut-elle agit seule en matière d’économie, de social… ?

On ne va pas négocier, aujourd’hui. Le problème n’est d’ailleurs pas que les gauches soient irréconciliables. Même dans une cour de récréation, on peut trouver une entente temporaire (au fait, il y a un nouveau parti depuis ce matin, à gauche, c’est risible : la fédération de la gauche républicaine, de mémoire et sans les majuscules ! Elle regroupe des partis réconciliables mais tellement minoritaire qu’il faut qu’ils s’associent dans un machin aux couleurs de la République pour s’associer avec LFI). Le problème est que les membres, notamment de la vrauche, ne le reconnaissent pas et ne sont donc pas prêts à faire le moindre effort, même de cour d’école.

 


Dans des commentaires, dans Facebook, je lisais : « Dans les semaines qui viennent, toutes les bonnes volontés peuvent défendre la retraite à 60 ans, la vie digne par le travail, la 6eme République, la planification écologique ... Des trucs de gauche en fait ....

L'union Populaire autour de @Jean-Luc Mélenchon est devenue centrale. C'est un fait incontestable. A lui de rassembler et à chacun d'entre nous d'y répondre avec lucidité et sans angélisme. » Cet imbécile, qui se croit être intelligent en ajoutant un @ devant le nom d’une personnalité, n’a rien compris. La question n’est pas de pouvoir défendre (je peux défendre n’importe quoi) mais de vouloir défendre. Cet imbécile appelle « de gauche » des éléments qui n’ont rien à voir. Cet imbécile pense incontournable un phénomène sans se rendre compte qu’il revient à la mort de la gauche, au culte de la personnalité, à tout sauf une sixième république.

Et c’est peut-être là, la frontière entre les gauches. La mienne me semble pragmatique et ne va pas lutter à coups de slogans pour la retraite à 60 ans d’un type qui a poursuivi ses études jusqu’à 25 ans…

Irréconciliable à fond, surtout avec des gens qui méprisent le reste de la gauche.

C’est pas comme si siège du PS faisait un virage à 180° pour son programme sans consulter les militants.

Ah ! Si, c’est ce qu’il vient de faire. Le PS finira irréconciliable avec ses propres adhérents…

5 commentaires:

  1. Il semble que ça commence à réagir comme la tentative d'OPA de Mélenchon.
    Pourvu que ça dure ...

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    1. pas comme mais contre (bien sûr).

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    2. Oui mais ça reste un peu ambigu comme la lettre des maires des grandes villes de gauche.

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  2. moi j’aime bien Marie-Noelle.
    on dit toujours que les frondeurs ont fait perdre le ps, moi je dis non.
    Quand on marche vers l’ouest alors qu’on dit qu’on va vers le nord, on n’accuse pas l’aiguille de la boussole.

    Bref, on peut pas être pluriel et solo.

    Pas,d’accord ?

    Hélène

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