09 août 2022

Fin d'opération

 


En fin de matinée, j’avais rendez-vous avec le chirurgien qui m’a opéré des poumons le mois dernier. Je l’aime bien, tout comme, d’ailleurs, celui qui m’avait opéré de l’aorte avec thoracotomie en décembre dernier et c’est loin d’être le cas pour d’autres médecins de l’hôpital. D’une manière générale, j’aime bien les toubibs qui nous ont réellement en charge, comme le pneumologue qui me suit et les quelques pontes que j’ai pu rencontrer pour ma maladie « nouvelle » du sang, le fameux SAPL. Leurs adjoints sont généralement assez sympathiques, aussi. Disons que tous ces braves gens, en plus de leurs caractères naturels, se rendent bien compte qu’ils sont importants pour les patients qui ne sont pas de simples clients. Ils ont de l’empathie mais je ne suis pas un blogueur littéraire capable de tout expliquer avec des mots.

 


Mon chirurgien va bien, je vous remercie de vous inquiéter. Il m’a trouvé en pleine forme même si je dois poursuivre les exercices respiratoires. Il a même dit que j’avais maigri. Comme quoi… Dans la salle d’attente, j’ai croisé un autre médecin, un jeune, bien moins capé, qui faisait mon suivi dans les derniers jours d’hospitalisation. Il m’a également trouvé aminci. Sauf s’il y a une épidémie de déficience visuelle, en chirurgie thoracique, à Cochin, c’est que j’ai réellement perdu du poids. On verra ça à la pesée, la semaine prochaine. D’ici là, je vais me goinfrer dans les bistros du coin… C’est d’ailleurs peut-être la preuve que le régime alimentaire que j’ai adopté, quand je suis en Bretagne, n’est pas mauvais !

A ce sujet, j’ai beaucoup diffusé de photos de bouffe sur instagram (et Facebook) pendant mon séjour pour montrer à mes abonnés à quel point c’est affligeant : les plats sont moches, peu variés, sans intérêt… Mon copain Gilles de Loudéac m’avait d’ailleurs fait une excellente réflexion, en commentaire : personne ne bouffe ainsi, chez lui, pourquoi les diététiciens hospitaliers se permettent-ils de telles âneries ? C’est vrai, quoi ! Qui va faire un « entrée, plat avec viande ou poisson plus légume, salade, fromage puis dessert » le soir ? Qui va servir des oranges, en juillet pour terminer un repas ? Qui va oser servir des nectarines et des abricots farineux en plein été alors qu’on aimerait bien une bonne pêche juteuse ? Ce n’est pas le sujet de mon billet mais la morosité des plateaux repas et, tout simplement, leur manque de fantaisie, participe à l’entretien d’un moral de chien quand vous êtes alités et maladif…

 

Alors aujourd’hui, j’ai un peu vidé mon sac lors de ma rencontre avec le chirurgien. Tout d’abord, j’avais été opéré des poumons le 5 avec l’ablation d’un lobe des poumons : en français, ça veut dire aussi que j’ai perdu 20% (en gros) de mes capacités respiratoires. Comme un service de chirurgie a-t-il pu me lâcher dans la nature le 13 juillet (comme s’ils faisaient tout pour avoir un long week-end pour le 14…) après moins d’une demi-heure de kiné ou de rééducation… ? Le chirurgien leur avait d’ailleurs dit, devant moi, qu’il fallait qu’on étudie, avant mon départ du service, la nécessité de me faire transiter par un service spécifique de « repos » en fonction de mon état. Pendant la première semaine après ma sortie, il fallait que je fasse deux pauses entre chez moi et le bistro (à 200 mètres). Il a fallu que je me fasse aider chez moi (et encore, ça va que j’ai assez d’oseille pour bouffer au resto).

Je lui ai rapidement parlé du reste. Tiens ! Le jeune dont je parlais, très sympa, n’était pas d’origine Française et ne maîtrisait pas la langue. Comment, dans ce cas, aurais-je pu négocier avec lui la nécessité qu’il me fasse une ordonnance, en sortant, pour des anticoagulants pour mon SAPL ?

 


Mais c’est à son imbécile de cheffe, que j’en veux, elle qui venait me voir tous les jours deux minutes en restant à la porte, en regardant ses papiers, ma tronche et la machine où aboutissait les drains et qui décidait de mon sort, jusqu’à la date de mon départ, sans jamais m’interroger, m’ausculter ou autre… Le 12, elle a juste dit « vous sortez demain ». Pendant ses visites, elle était souvent accompagnée de petits jeunes en blouse blanche. Ils n’avaient certainement pas le temps d’apprendre quoi que ce soit et j’avais furieusement l’impression d’être un cas ne présentant aucun intérêt.

Le pire est qu’ils étaient deux médecins ne parlant pas français ce qui fait que je n’ai pu parler de ma maladie avec personne pendant ces deux petites semaines, d’autant que les rares fois où j’ai vu des kinés, ils étaient également d’origine étrangère, sauf une jeune femme qui a pu m’expliquer les enjeux de la chose tout en refusant de passer plus d’une dizaine de minutes avec moi…

C’est une des infirmières avec qui j’avais sympathisé qui m’a finalement décidé à marcher dans l’enceinte de l’hôpital. C’est exemple même de la mère tape dur qui finit par se transformer en ange, pleine de compassion, de personnalisation des rapports…

Le pire venait souvent du « petit personnel ». Je me rappelle de cette bonne femme venue changer mes draps (c’était son seul boulot : faire la tournée des chambres, le matin, entre 10h et midi, pour changer les draps) qui m’avait engueulé parce que j’avais mouillé le sol (j’ai l’habitude de rincer le linge dans lequel j’ai transpiré avant de le ranger dans une valise pour plusieurs jours…) alors qu’il faisait 40 degrés et que ça allait être sec en quelques quarts d’heure. Qui est-elle, pour m’engueuler ? Pour me faire la moindre des remarques ? Pourquoi ce sentiment de supériorité uniquement parce que je suis le malade… On retrouvait ce sentiment chez les femmes livrant les repas (quand le service n’était pas fait directement par les infirmières), des espèces de furie qui débarquait en courant, sans même frapper, gueulant parce que votre tablette n’était pas entièrement libre pour le plateau repas et poussant tout ce qui s’y trouvait dans un coin, y compris les stocks de médicaments, les livres, le téléphone…

Ca n’aurait pas été plus simple un « bonjour, monsieur Jégou, je vais vous apporter votre repas, vous êtes prêt ? » ?

Les pires sont les espèces de bouledogue qui viennent « relever vos constantes » (quel nom idiot pour des paramètres tels que la température et la tension qui ne cessent de changer), parfois infirmières, parfois simples aides-soignantes. Rarement un mot sympathique, elles agissent par réflexe (à leur décharge, c’est un boulot routinier, mais il comprend quand même une nécessité de sympathie).

 


J’ai peu parlé des infirmières ou des infirmiers, souvent très sympas et attentionnés, les seuls avec les pontes dont je parlais au début, mais sombrant parfois dans la pire des routines…

6 commentaires:

  1. Bien content d'avoir de tes nouvellesque tu nous présentes comme satisfaisantes.
    Pour la bouffe à l'hosto, c'est partout pareil dans ces grands hôpitaux.
    Je me demande si, tout simplement, ce n'est pas pour stimuler le patient vers la sortie.

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    1. Même pas. C’est une corporation qui ne sait pas se remettre en cause.
      NJ.

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  2. J'espère que vous vous rendez compte qu'en stigmatisant le français approximatif de vos fucking toubibs, vous faites au mieux le jeu du RN, au pire celui d'Éric Zemmour. Je ne suis pas fier de vous !

    Didier G., toujours ostracisé par ces connards de Blogger

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    1. Au contraire. J’encourage l’amélioration du service public.

      NJ. Ça commence à me gonfler de devoir signer mes commentaires anonymes que je suis le seul à pouvoir « démodérer ».

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  3. Pour la qualité de la bouffe et la méchanceté de certaines sorcières en blanc, je ne dis pas, mais les soignants étrangers sont rapidement mis au charbon tellement le service public manque de toubibs, ils n'ont même pas le temps de maitriser la langue.

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    1. Je me doute qu'il y a des raisons mais ce n'est pas une consolation...

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