08 janvier 2024

On ne devrait pas militer dans les réseaux sociaux !

Anciens militants socialistes


Une amie a publié dans Facebook deux citations. La première est attribuée à Umberto Eco (j’ai tout de même un doute) : « Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, avant, ne parlaient qu’au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite alors qu’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles. » Je n’aime pas quand on compare les réseaux sociaux aux bistros. C’est dégradant pour ces derniers et les imbéciles qui braillent dans Twitter, X, BlueSky et autre Threads ne risquent pas de se prendre une baffe dans la gueule… Heureusement pour moi, d’ailleurs.

La seconde serait une brève de comptoir sortie par Jean-Marie Gourio : « Il est con comme un iceberg, trois fois plus con que ce qu'on voit. »

 

Mon confrère Authueil a récemment fait un billet de blog sur le militantisme politique dans les réseaux sociaux. La conclusion que j’en tire (ce n’est peut-être pas ce qu’il a voulu dire ; je ne suis pas son porte-parole) est que cela ne sert à rien et qu’il vaudrait mieux produire du contenu. Les militants politiques n’en ont pas les moyens et, surtout, d’autres « médias » s’en sont donné les moyens. Même la presse traditionnelle arrive à « militer » plus « que nous » car elle doit générer du clic.

Dans son réquisitoire, il me semble qu’un argument n’est pas assez mis en avant, le fait que les militants tournent souvent entre eux. On le dit souvent mais je reste toujours surpris. Pendant les fêtes, j’ai commencé à lire beaucoup Threads, le nouveau machin, et suis tombé sur deux groupes d’individus.

Il y a tout d’abord les vegans. Je ne sais pas pourquoi ils sont arrivés dans « mon fil » (j’ai réussi à en virer une partie) mais il est évident qu’ils se croient les maîtres du monde. Ils passent leur temps à balancer des inepties (j’en ai vu un qui disait que l’homme n’était pas carnivore à l’origine car il était impossible, pour l’ancêtre de l’homme, de chasser avant l’invention des armes ; il prenait ça pour argent contant). Les zozos se likent entre eux et refusent toute contradiction. Alors on les zappe.

Il y a, ensuite, les militantes « metoomedia » arrivées dans mon fil car je suis pote avec Elodie. Le sujet m’intéresse mais en tant que vilain petit canard qui n’aime pas que les réseaux se transforment en tribunal public. C’est bien à nos cours de justice de se pencher sur Gérard Depardieu. Ces dames se likent beaucoup entre elles au point de célébrer quelques victoires comme quand la présidente de leur machin a traité un réactionnaire présumé (un journaliste de Valeurs actuelles, je crois) d’islamophobe, comme si cela avait un rapport avec le fait de ne pas vouloir torpiller Gégé Dep. Désolé de ma légère condescendance mais on finit par les lire avec un regard amusé car on comprend bien leurs actions mais on les juge totalement inutiles (elles pourraient répondre que c’est ce qui permet de libérer la parole des femmes mais ce n’est pas de ces tweets dont je parle mais ceux d’autocongratulation).

 

On pourrait me répondre « c’est celui qui dit qui est » vu le nombre d’âneries que je débite sur la toile mais le fait est que je ne milite plus. J’aime exprimer mon point de vue, comme d’ailleurs tous les blogueurs politiques qui subsistent, comme l’ami Captain Haka qui vient de faire un billet au sujet de l’anniversaire de l’attentat chez Charlie Hebdo. Nous ne sommes affiliés à aucun parti politique, on ne présente aucun candidat, on ne cherche pas à convaincre…

J’ai compris depuis bien longtemps, disons 2012, que mes propos ne servaient pas à grand-chose si ce n’est à faire que les braves gens d’accord avec moi se sentent moins seuls et, si j’insiste parfois lourdement (comme avec mon rejet de la Nupes l’an passé), c’est uniquement parce que j’aime ce moyen d’expression et, « justement », on ne peut pas le trouver dans les bistros où il est impossible de faire une démonstration.

Je ne sais pas si vous avez déjà assisté à des débats politiques de la vraie vie (par opposition aux grandes messes à la télé, par exemple en écoutant les orateurs à la fête de l’huma ou à l’université du PS) mais il n’y a rien de plus chiant. Le faire au bistro serait impossible et le public est acquis…

Il reste donc les blogs…

 

Et les autres réseaux sociaux, tels que ceux que je citais ou Facebook. Il suffit de chercher « Twitter Panot » dans Google pour trouver des énormités. Il y a une heure, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée Nationale a écrit sur X : « Félicitation à Justine Triet, Palme d’or à Cannes, justement récompensée de deux #GoldenGlobes pour "Anatomie d'une chute" 💜 Son absence aux Oscars interroge d'autant plus. Serait-ce à tout hasard lié à son discours contre la réforme des retraites ? » Comme si on pouvait réellement penser à un lien entre les nominations aux Oscars et notre politique franchouillarde… Toujours est-il qu’elle a été RT par près de 30 personnes, en une heure.

Mais qui sont ces gens ? Pourquoi font-ils ses republications ? A quoi cela peut-il servir ? Ont-ils vraiment l’impression d’être utiles ?

On critique beaucoup X parce que c’est une espèce de bouge où circulent des informations délirantes mais il faut observer les militants politiques en action. Leurs tweets ou republications les plus anodines deviennent assez rapidement délirante et il est évident que les lascars qui me polluent plus deviennent vite bloqués. Machin, fan de Panot, va dire à Bidule, fan de Panot, qu’elle a dit un truc bien que bidule a déjà vu. Point barre.

 

« C’est celui qui dit qui est » ? Bah ! Non, je ne fais que sortir une quinzaine de vannes par semaine au sujet de la politique dans les quatre réseaux avec un nombre dérisoire de likes ou de RT… Par exemple parce que je ne supporte pas le conspirationnisme des Panot&co qui tentent de nous faire croire que les choix pour les Oscars sont purement politiques.

 


Et il y a les militants qui agissent en meute comme les « je suis Charlie » d’aujourd’hui, à l’occasion de l’anniversaire des attentats dont je parlais. Pourquoi le font-ils ? Un besoin de marquer publiquement une solidarité ? Bah…

Cette meute est dévastatrice. On ne compte plus, aujourd’hui, le nombre de publications d’andouilles qui critiquent les médias qui évoquent la vague de froid alors « que c’est bien normal en hiver ». Chacun se croit probablement original.

Pour ma part, ce qui me fait chier, c’est que je ne pourrai pas m’asseoir en terrasse du bistro, ce soir, pour boire mes pintes en lisant les tweets des militants politiques et en m’en moquant à l’occasion… 

15 commentaires:

  1. 1/ je n'imagine même pas un patron de bistrot laisser ses clients se balancer à la tête
    les amabilités écrites sur les réseaux associaux ... Ici bas il reste encore un monde civilisé.

    2/ Si belle que soit ton écriture, je ne te vois pas non plus monter sur une table de bar ou de billard pour lire tes bôbi-é aux fidèles paroissiens.

    3/ enfin, je ne vois pas le rapport entre les combats des "metoo" et le scalp d'un présumé coupable d'islamophobie.

    Post Scriptum : il m'arrive de changer mon opinion sur telle ou telle de tes positions contraires aux miennes

    Hugh grand chef

    Hélène

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    1. 1. Oui.
      2. Certes...
      3. Il n'y en a pas...

      Je change aussi d'avis avec mes lectures.

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  2. les réseaux sociaux sont un moyen d'information et c'est utile sur le militantisme local

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    1. Les réseaux sociaux sont surtout un moyen de désinformation. Je n'ai pas dit que c'était inutile, ne serait-ce que pour fédérer les militants (surtout au niveau local), mais que le militantisme pur dans les réseaux sociaux ne sert à rien.

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    2. Moyen d'information ET utile au militantisme ? Il y qa là, me semble-t-il, une violente contradiction dans les termes…

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  3. "Ces dames se likent beaucoup entre elles" ta phrase ma filé un inexplicable début de trique. Sinon d'accord pour dire que les réseaux bidules ne remplaceront jamais un zinc au moins parce qu'on ne peut même pas y poser un coude.

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    1. Je pose souvent des verres sur mon PC.
      NJ

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  4. Je ne sais plus le nom de la grosse tête qui a étudié le phénomène, mais, en gros, le résultat de ses recherches était que, quand on se fréquentent trop entre gens qui pensenty rigoureusement pareil, il se produit automatiquement chez eux une "montée aux extrêmes", une radicalisation. On le voit très bien, depuis quelques mois (depuis qu'elle est "veuve" du PS en fait…) chez votre amie Élodie.

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    1. Oui c’est étrange. Elle a encore pondu un tweet pour dire qu’on ne pouvait prétendre qu’Attal vient de la gauche vu qu’il n’y est plus. Ça me laisse songeur…
      NJ.

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    2. Sous Mitterrand, on avait Attali. Aujourd'hui, on a Attal. S'il existe un homme politique débutant s'appelant Atta, voire Att, je pense qu'il a toutes ses chances dans les vingt prochaines années…

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    3. Attal, c’est la partie gauche d’Attali ?

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    4. Didier si vous trouvez le nom de cette grosse tête ça m'intéresse. Ce phénomène je l'ai constaté , d'ancien socialistes sont devenus des FI (ou autres) trépanés avec vocabulaire militant et auto-congratulation dans tweeter quand ils ne posent pas dans le vide. Ca vise des gens autre que la personne dont vous parlez, des vrais cas d'école.

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    5. Je crois me souvenir que c'est un Américain, genre psycho ou socio machinologue, mais du diable si je parviens à retrouver son nom : j'ai déjà du mal à retrouver mon adresse quand je remonte d'aller chercher le pain, alors vous pensez…

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  5. En fait ... Gabriel Attal a un tel charisme qu'on a l'impression de voir son aura.
    Souhaitons lui de la garder intacte.
    Hélène

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