14 mars 2024

Le point de détail dérisoire


 

Ce sont les événements de Sciences Po, avant-hier, qui m’ont poussé à faire mon billet évoquant l’antisémitisme de la gaugauche mais j’ai oublié d’en parler, bête comme je suis. « L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a dénoncé ce mardi l’occupation d’un amphithéâtre de Sciences Po Paris par des étudiants propalestiniens. […] Les étudiants de l’UEJF y sont pris à partie comme juifs et sionistes. »

Hier, Jean-Luc Mélenchon a tweeté : « À Sciences-Po aussi les indignations à géométrie variable sont écœurantes. Comment et pourquoi un incident dérisoire devient-il une affaire de cette ampleur médiatique nationale ? »

Je ne sais pas ce qui s’est passé réellement à Sciences Po. On lit dans la presse : « Dans les colonnes du Parisien ce mercredi 13 mars, l'étudiante qui a été "bloquée" à l'entrée d'une salle de Sciences Po Paris lors d'une mobilisation pro-palestinienne explique avoir pu entrer dans la salle. Elle affirme "ne pas avoir entendu" être traitée de "juive" ou de "sioniste". » Et : « L'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a affirmé sur X que ses membres ont été "pris à partie comme juifs et sionistes". »

Visiblement, la justice tranchera…

 


A l’heure où Mélenchon a fait son tweet qualifiant ce pataquès d’incident dérisoire, on n’en savait encore moins que maintenant. Il aurait donc pu être prudent.

D’un autre côté, il l’a été… Il aurait pu dire que c’est « un point de détail ».

 


Wikipedia a une page dédiée à l’affaire du détail ce qui rafraîchit notre mémoire et me permet de faire un  billet à peu de frais grâce à quelques copier-coller…

Tout d’abord, un rappel : « L'affaire du « détail » est une polémique faisant suite aux déclarations de l’homme politique français Jean-Marie Le Pen, d'abord exprimées en 1987, selon lesquelles les chambres à gaz sont un « point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Ces propos lui valent d’être condamné en justice et participent au processus de « diabolisation » du parti qu'il préside alors, le Front national. »

« Jean-Marie Le Pen cherche en parallèle à acquérir une stature internationale. Anticommuniste et résolument libéral sur le plan économique, il rencontre plusieurs personnalités étrangères, dont le président des États-Unis, Ronald Reagan, au début de l'année 1987. Il participe dans le même temps, à New York, au Congrès juif mondial, lors duquel il tient un discours résolument en faveur d’Israël qui est ovationné par l’assistance. »

 

« Le 13 septembre 1987, Jean-Marie Le Pen est invité au Grand Jury RTL-Le Monde. Alors que la thèse universitaire d'Henri Roques fait polémique concernant le révisionnisme, il est interrogé par Olivier Mazerolle (le texte de la question est introuvable) à propos de la contestation par des négationnistes de l'utilisation par les nazis de chambres à gaz homicides.

Il répond alors : « Je n'ai pas étudié spécialement la question, mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Face à la réaction du journaliste, il répond : « Non, la question qui a été posée, c'est de savoir comment ces gens ont été tués ou non » »

 

N’allez pas croire que je le défends : je me contente de rigoler en imaginant les justifications que pourraient sortir les militants de LFI au sujet des propos de Mélenchon.

 

Continuons :

« Près de dix ans plus tard, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, Jean-Marie Le Pen exprime ses regrets pour avoir blessé lors de sa déclaration. Le 31 janvier 1995, il fait, à la demande de Florence Belkacem, un instant de silence à la mémoire des victimes juives de ce camp6.

Mais le 5 décembre 1997, lors d'une conférence de presse organisée en compagnie de Franz Schönhuber, à Munich, il réitère son idée en déclarant : « dans un livre de mille pages sur la Seconde Guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages et les chambres à gaz dix à quinze lignes, ce qui s'appelle un détail ».

Il tient des propos similaires le 4 avril 2008, dans le magazine Bretons, puis en séance au Parlement européen, le 25 mars 2009. »

 

« D'après son conseiller en communication Lorrain de Saint Affrique, il a convenu avec lui, avant son entretien, qu’il convenait de donner une réponse « bateau » sur ce sujet en mentionnant le thème de la liberté de recherche. Lorrain de Saint Affrique indique également que Jean-Marie Le Pen regrette ses propos en privé immédiatement après l'émission, indiquant : « Quand on est rentrés à Saint-Cloud, il m'a dit : « En quarante ans de vie publique, c'est la plus grosse connerie qui soit sortie de ma bouche » et il était accablé. Il était persuadé que peut-être même, sa candidature à l'élection présidentielle un an plus tard était compromise. Il m'a dit : « J'ai dérapé. C'est la première fois de ma vie. J'ai dérapé. » »

« Lors de la septième fête des Bleu-blanc-rouge de 1987, Jean-Marie Le Pen déclare que la polémique a représenté un « succès », ajoutant : « Chaque attaque nous renforce. Notre marche est invincible » »

 

De là à penser que les outrances de LFI soient programmées pour les renforcer ! Loin de moi… Appliquer une stratégie d’extrême droite pour la gauche radicale parait totalement ubuesque !

Il n’empêche que, en marge de ce billet, on voit dans la presse, ce matin, des articles qui disent que les députés Macronistes ne savent pas du tout quoi faire devant la montée prévisible de la liste de Jordan Bardella dans les sondages en vue de l’élection européenne… La marche ne serait-elle pas invincible ?

 


Vous pouvez lire la suite de la page Wikipedia. Jean-Marie Le Pen a été condamné par la justice. Et : « À la fin des années 2000, Marine Le Pen assure qu'elle « ne partage pas sur ces événements la même vision » que son père et affirme ne « pas penser » que les chambres à gaz soient « un détail de l'histoire », tout en défendant son père qui selon elle n'a « jamais nié aucun des événements de la Seconde Guerre mondiale ». En 2015, les propos réitérés de Jean-Marie Le Pen sur les chambres à gaz font partie des griefs qui conduisent à son exclusion du FN. »

Aux deux présidentielles suivantes, Marine Le Pen était au second tour (entre temps, son parti était arrivé en tête des élections européennes).

 


N’allez pas tirer une mauvaise interprétation de ce billet (même si j’ai lancé une pique à propos des stratégies, juste au-dessus, et même si ça me ferait marrer que Méluche soit exclu d’LFI…). Ce ne sont pas les propos de Jean-Marie Le Pen qui ont fait monter son parti mais le fait que tout le monde en parle et crie au scandale.

Je publie réellement ce billet par pure fainéantise (et à cause du fait que j’ai oublié d’en parler dans celui d’hier) mais aussi parce que je suis préoccupé par la montée du Rassemblement National. Il ne me paraissait pas inutile de rappeler ce point de détail dans l’histoire de cette montée, point de détail qui a catalysé une partie de la dédiabolisation même si je me demande si « catalyser une dédiabolisation » est bien français.

 


Wikipedia tient aussi une page avec les sondages en vue de l’élection présidentielle de 2027 (on s’y intéressera sans oublier que les sondages publiés trois ans à l’avance n’ont jamais été significatifs). Dans tous les cas de figure, le candidat RN arrive en tête au premier tour avec un score prodigieux s’il s’agit de Marine Le Pen. Elle gagnerait au second tour si elle était opposée à Emmanuel Macron (ce qui est un cas d’école, sans doute) et face à tous les autres candidats sauf, peut-être Edouard Philippe avec lequel elle arrive à égalité.

Renaissance est à la poursuite du RN pour ces élections. Grand bien lui fasse… Intéressons-nous plutôt à la gauche. Le cumul des partis de gauche est du même ordre de grandeur que le score prévu pour le RN (qui n’est néanmoins pas le seul parti de la droite de la droite). La dynamique, comme on dit, semble être pour la liste soutenue par le PS.

 

En revanche, pour en revenir aux propos de Jean-Luc Mélenchon, il ne faudrait pas qu’ils participent à la dédiabolisation du RN. A sa décharge, le dédiabolisation est déjà faite… Mais s'il arrive à être autant odieux que JMLP, on est mal barrés.

4 commentaires:

  1. Rien d'étonnant à ce que l'extrême gauche et l'extrême droite emploient des méthodes et développent des discours voisins : c'était de ja le cas en Allemagne in y a une petite centaine d'années...

    DG

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    1. Oui mais j’aime bien le rappeler.

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  2. La vieillesse désinhibe et accentue les travers, c'est connu. Y a qu'à regarder ce que je ponds dans mes billets.

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