Je m’y attendais un peu mais j’ai été surpris par l’ampleur
de la déferlante… Dès mardi soir, des sympathisants de la gauche radicale,
favorable à la censure lors du vote de cet après-midi ce sont mis à poster des
arguments pour en tapant allègrement sur les forces de gauche qui pourraient
voter contre. On parle de traitres, de vendus, de zozos qui ne pensent qu’à
conserver leurs postes…
En deuxième partie de ce billet, je vais citer quelques
extraits mais je vais d’abord rappeler mon point de vue et l’argumentation qui
me pousse à l’avoir. Je rappelle que je me fous un peu de l’âge de la retraite
pour moi (il ne me reste pourtant plus beaucoup d’années à travailler et j’en
ai un peu ma claque, surtout à cause des transports en commun mais aussi du
fait qu’il me tarde de quitter définitivement la région parisienne, pas parce
que je ne l’aime pas mais parce que j’ai un confort de vie largement supérieur
quand je suis en Bretagne). J’ai commencé à cotiser à l’âge de 20 ans et ne
suis pas à deux ou trois ans près. Je suis tout de même opposé au fait de
repousser l’âge… Je rappelle aussi que je ne suis pas militant dans un parti et
que je me fous totalement du nombre de postes que pourrait sauver le Parti
Socialiste.
Je ne suis pas « Macroniste ». Comme beaucoup, j’ai
eu confiance, au début, parce qu’Emmanuel Macron venait de la gauche mais dès
les premières vraies mesures prises, j’ai compris qu’on n’allait pas dans le
bon sens.
Tout d’abord, la gauche n’a pas gagné les législatives de
2024.
On entend souvent des dirigeants de la France Insoumise dire
que la gauche a gagné ces élections et que les gouvernements qui ont suivi ne
sont pas légitimes. C’est totalement faux : la gauche n’a pas la majorité
absolue et ne pourrait pas gouverner. Macron a désigné des premiers ministres
en espérant qu’ils pourraient obtenir des majorités. Ils sont parfaitement
légitimes.
Ils sont un peu cons, aussi, ils n’ont jamais tenté d’établir
une majorité qui dépasse leur camp et n’ont pu compter que sur des effets de
manche (49.3, absence de censure, motions de rejets pour forcer un accord au
niveau de la CMP…) pour faire passer leurs textes.
On nous dit souvent que le gouvernement aurait dû être issu
du Nouveau Front Populaire (pdf)
et appliquer le programme présenté aux électeurs. Mais ces derniers n’ont pas
donné une majorité nécessaire à cela. Le programme était alors mort-né.
Arrêtons de perdre du temps à dire le contraire.
Il ne faut pas oublier que la gauche est en partie coupable
(sans compter qu’une partie des élus qui ne sont pas de l’extrême-droite doit
ses postes au Front Républicain). Au lendemain des législatives, elle a sans
doute été surprise par l’ampleur de son score mais elle aurait dû,
immédiatement proposer un Premier ministre au Président. Elle a mis beaucoup de
temps avant de parler d’une inconnue puis de proposer une autre : Lucie
Castets. Dans l’intervalle, le reste de l’Assemblée a eu le temps d’expliquer
qu’ils ne donneraient pas la confiance à un gouvernement avec des membres de LFI.
C’était plié, Macron ne pouvait plus nommer quelqu’un du NFP.
On doit alors se demander qui aurait pu être choisi par le
collectif ayant mené le NFP…
Tout d’abord, je me répète, le choix aurait dû être immédiat
(dès le lundi ou le mardi) pour créer une sorte d’élan mais la personne aurait
dû être une personnalité du NFP mais ceux avec la plus grande notoriété venaient
de LFI et l’application du programme aurait été encore plus morte… C’était
grillé pour avoir la confiance. C’est sans doute pour cela que ces messieurs
dames ont tergiversé pour finir par proposer une espèce de quiche (ce n’est pas
une insulte mais Mme Castets était fade et inconnue ; en période de cohabitation, le premier ministre doit avoir une certaine notoriété pour incarner l'Etat).
A la limite, cela arrangeait bien une partie de la gauche de
ne pas avoir Matignon. Désolé de le dire mais tout cela était sans doute
volontaire.
La gauche était pourtant arrivée en tête et avait la légitimité
pour avoir le poste si elle avait accepté de présenter rapidement quelqu’un
capable de ratisser plus large.
La gauche pourrait-elle gagner des élections nationales
aujourd’hui ?
La stratégie des partisans de la censure est à peu près
claire : forcer Macron à démissionner ou à dissoudre l’Assemblée nationale.
Des élections présidentielles ? Il ne faut pas se
voiler la face : Marine Le Pen ou Jordan Bardella seront au second tour. Il
faudrait évidemment qu’un candidat issu de la gauche y soit présent. Les
sondages montrent que la probabilité est faible (mon avis – mais on s’en fout
un peu, je suis donc hors sujet – est que seul Raphaël Glucksmann, dans l’état
actuel de la gauche peut y arriver, s’il bénéficie d’un concours de
circonstance comme une rivalité entre deux candidats de la « droite
républicaine »). Si le candidat issu de la gauche est trop proche de la
gauche radicale, il est fort probable que le Front Républicain se dresserait
contre lui…
Des élections législatives ? Le NFP a montré qu’il
pouvait faire un joli score à des législatives. Malheureusement, le projet a
été établi dans l’urgence et n’a pas eu le temps d’être défendu. En revanche,
les propos tenus par des membres de LFI depuis un an font que le Front
Républicain se fera contre eux. On l’a vu dans une partielle le week-end dernier
et la droite traditionnelle, pour vivre, est bloquée. On dirait un peu le PCF
coincé entre une gauche plus radicale et des partis moins à gauche… Je ne peux
pas me mettre dans la tête de ces braves gens (j’y ai des copains militants)
mais dans l’état actuel, ils ne peuvent servir que de supplétifs à d’autres
partis, pour exister. Et ils viennent de larguer « le bloc central »
(de droite).
En conséquence, il n’est franchement pas exclu que le RN
gagne…
Je crois que la gauche peut gagner les deux types d’élections
mais pas si elles sont anticipées.
Aux quelques arguments que je viens d’évoquer au sujet d’élections,
on nous dit que l’on est manipulé par les médias et par les sondages. C’est faux
et il est nécessaire de prendre du recul. Tout d’abord, j’ai des opinions
politiques assez affirmées depuis longtemps (mon blog va avoir vingt ans et je
n’ai pas beaucoup bougé). Tout est dans le « on ». L’information ne
me manipule pas. Quant aux sondages, ils n’interviennent pas dans mes
réflexions en tant que blogueur. Par contre, j’ai voté Macron, en 2017, parce
que les sondages montraient qu’il était à égalité avec Fillon et que la seule
solution pour empêcher un second tour entre Fillon et Le Pen… En 2022, j’ai
voté pour Roussel parce que les sondages laissaient peu de doutes à la victoire
de Macron. Mais, en 2022, je n’aurais pas pu voter pour Mélenchon (vous n’avez
qu’à lire mon blog).
Le programme du NFP ?
Je crois que chaque formation politique doit préparer son
propre programme et que si une union doit être faite pour des élections, qu’un
projet commun soit ensuite établi.
Mélenchon disait encore que la base d’un programme pour de
futures élections doit être celui du NFP. Je relis parfois ce dernier. Je suis
d’accord avec une majorité des points. Mais il y a des points qu’il faut
supprimer. On parlait des retraites. Il est indiqué dans le texte qu’il faut
réaffirmer que l’objectif est une retraite à 60 ans. Je ne suis pas en
désaccord avec l’objectif (il faudrait faire vite, j’ai soixante ans dans six
mois et une semaine) mais il ne faut surtout par l’écrire (et je ne parle pas que
du fait qu’un « objectif » ne peut pas figurer dans un programme).
Il faut tout étudier. Il est indiqué : « L’ouverture
du prêt à taux zéro à tous les ménages primo[1]accédants sans
distinction géographique ou entre neuf ou ancien ». Depuis quand un programme
de gauche doit aider les gens à devenir propriétaire ?
#ToujoursSocialTraitre
Voila un lien
vers un texte qui « critique » la position du PS. Quelques extraits.
« La nouvelle bassesse du
PS donne une fois de plus raison à Melenchon et LFI. Le PS doit purement et
simplement disparaître: c’est lui et nul autre qui bloque le pays depuis de
nombreuses années - et tout pourrit autour de ce cadavre qui n’en finit pas de
faire semblant d’être encore vivant. » Rappelons à cette andouille
que seul des candidats du PS ont porté la gauche au pouvoir. Ce genre de
sentence est absolument ridicule. On jugera du nécessaire ou pas avenir du PS
quand on en saura plus sur les textes votés.
Pour l’instant, les agissements de Méluche font qu’un budget
bien de droite serait accepté. Forcément ! Si on empêche toute négociation
et qu’on favorise l’arrivée au pouvoir de l’extrême-droite…
« Il faut se débarrasser
une bonne fois de ce zombie qui bully tout un pays à force de ne pas vouloir
crever. T’es mort, gros. Va falloir s’y faire. Donc prenez vos pointes acérées
et visez au cerveau: c’est comme ça qu’on tue les zombies parait-il… »
Insulter les gens n’est pas un argument et n’est pas de nature à encourager des
votes…
« J’entends une partie de
la gauche pleurnicher en disant que la nouvelle trahison du PS assure le
triomphe du RN. Je ne crois pas. Je crois que beaucoup de gens voient bien que
cette trahison donne pleinement raison à Melenchon et LFI et permet de clarifier
ce qui pouvait être en débat. » On ne dit pas que cela « assure »
mais cela fait certainement prendre un risque. Surtout, il faut arrêter de
penser à la place des gens… Ou alors, ne pas se tromper.
A propos du PS : « Ce
parti n’a absolument rien pour lui : aucun sens de l’histoire, aucune idée,
aucune réserve de voix, plus de militants, plus de fric, plus rien. »
Il a au contraire un certain sens de l’histoire : seule la
social-démocratie a pu faire gagner la gauche dans les démocraties
occidentales. Il est par ailleurs la deuxième force politique du pays au niveau
national en termes de nombres d’élus.
« Le fait est le suivant :
le PS est le principal obstacle sur le chemin d’un monde meilleur, car il est
l’obstacle majeur à une dynamique capable d’éviter l’arrivée du fascisme au
pouvoir en France. » Erreur ! Ce sont les postures de LFI qui
sont un frein à tout ça, LFI qui n’est pas démocratique, développe le fascisme,
le culte du chef, défend une religion…
Je vous fais grâce des autres arguments.
Je suis fier d’un parti politique qui sait faire des
compromis, prendre en compte la nouvelle donne électorale et tout ça !
Et la meilleure façon de faire disparaitre le PS serait de
le noyer dans un autre parti. Ce qui est le but de LFI et de ce genre d’imbéciles
qui ne comprend rien.
il faut remarquer que depuis 40 ans, les progrès sont apportés par les réformistes et soc-dems. Et même depuis la 2e guerre mondiale (en 45 les cocos se sont associés aux autres, centristes et gaullistes). L'extreme gauche lambertiste n'a rien apporté, elle ne fantasme que le grand soir pour imposer un programme collectiviste et populiste. On vient de mettre Badinter au panthéon , ce n'était pas un révolutionnaire : il a supprimer le pénalisation de l"homosexualité, la peine de mort. Et a donné des nouveaux droits aux victimes et aux condamnés.
RépondreSupprimerJe pense que Mélenchon sait très bien ce qu'il fait et qu'il ne croit pas à la possibilité de gagner et d'appliquer sa politique. Je ne veux pas faire de psycho de comptoir pour deviner ses intentions. Panot et Bompard qui sont intelligents sont probablement sur la même longueur d'onde.
SupprimerCe qui m'étonne ce sont les "simples militants" qui semblent y croire...
Cela étant, ils ne lisent pas mes billets de blog et ce n'est pas à eux que je m'adresse.
Oui, c'est bien le centre gauche qui a apporté la plupart des progrès avec l'aide des cocos et parfois, comme dans l'après guerre, comme tu dis, avec d'autres affreux...