Le nouveau gouvernement doit être soumis à Emmanuel Macron
ce soir et devrait nous être annoncé demain mais le cirque semble devoir
continuer jusqu’au bout. Je lisais ce matin que LR avait une nouvelle liste d’exigences,
notamment au sujet de l’immigration et y conditionnait sa participation au
gouvernement. Le Modem met également la pression et le PS n’est pas en reste et
parle à nouveau de censure.
Il semble bien que beaucoup de ces braves gens n’ont rien à
foutre de la France et n’ont pas bien compris les enjeux pour elle, n’ont pas
analysé le résultat des législatives (ils ont pourtant eu plus d’un an) et ne
pensent même pas à eux-mêmes.
Il faut peut-être leur faire un petit rappel même s’ils ne me
liront pas (je ne leur jette pas la pierre, moi-même, je ne me lis pas).
En premier lieu, je dois reconnaitre que j’ai cité le PS
pour faire croire que je suis objectif. La situation exigeait une inflexion
vers la gauche. Le gouvernement de François Bayrou a été censuré parce que le « bloc
central » ne pouvait pas avoir de majorité. Il lui revenait d’aller
chercher une majorité sur sa gauche (ou vers l’extrême-droite, j’y reviendrai)
mais, visiblement, aucune concession n’a été faite à part, peut-être, d’éviter
une taxation des plus fragile mais ce n’est pas très clair.
Le PS n’ayant rien obtenu de significatif, il est logique qu’il
ajoute un vrai coup de pression et indique, en gros, qu’il refuse de cautionner
cette mascarade.
Le Modem a oublié qu’il ne tient que sur la personnalité de
François Bayrou (tout comme LFI tient sur celle de Jean-Luc Mélenchon). François
Bayrou ayant échoué, ils n’ont aucune chance de jouer un rôle dans l’avenir. En
outre, il est suffisamment âgé pour ne plus penser à autre chose qu’à la
retraite d’ici un an ou deux (tout comme son homologue de LFI, d’ailleurs, même
si ce dernier semble en bien meilleure forme). Sa seule chance de survie est de
devenir un élément clé d’un centre qu’il reste à construire (avec Renaissance
et UDI, peut-être au sein d’une espèce de fédération des partis centristes). On
va leur rappeler que ce centre n’est pas en mesure de présenter un candidat à
la présidentiel et se réfugiera très probablement derrière Edouard Philippe.
Toujours est-il que s’ils étaient réellement centriste, ils
devraient accepter qu’un rééquilibrage vers la gauche est nécessaire et mettre
la pression sur Lecornu dans ce sens. Leurs revendications « de dernière
minute » ne vont pas franchement dans ce sens.
Quant à LR, je passe le fait que le premier ministre est
issu de leurs rangs et que c’est un vrai homme de droite. Ils se focalisent sur
l’immigration (le durcissement de l’AME, la création d’un délit de séjour
irrégulier et la gestion par le ministère de l’intérieur de la politique de visas.
Ce dernier point est grotesque, comme si Retailleau voulait être un ministre de
l’Intérieur et des anciennes colonies, la révision de l’AME est une fumisterie
(l’AME ne coûte rien et les hôpitaux ne vont pas se mettre à refuser de soigner
des gens en danger de mort sous prétexte qu’un parti politique a des états d’âmes
à 18 mois de législatives).
En faisant cela, LR montre qu’il n’a aucune vision pour la France
et court derrière le RN. Pourtant, il y aurait d’autres thèmes de droite à
défendre : la force de la France à l’international et dans l’économie, le
libéralisme, la baisse du poids de l’Etat et des normes et que sais-je ?
Même en matière d’immigration, il y aurait à faire comme s’assurer du respect
des valeurs de la République, la chasse à l’entrisme de certains militants
agissant au nom de religions…
J’ai dit, plus haut, qu’un rééquilibrage vers la gauche serait
nécessaire. Un esprit avisé pourrait me rétorquer qu’un complet basculement
vers la droite serait possible en cherchant le soutien du RN. Comme je l’évoquais
hier, d’ailleurs, si un front républicain devait se mettre en place, il
pourrait bien être orienté contre LFI. Il n’empêche qu’il me semble qu’Emmanuel
Macron n’a pas été élu pour donner les clés à l’extrême-droite et que ses
principaux partisans pourraient quitter la majorité « gouvernementale »
dans le cas d’un tel rapprochement. Et je ne suis pas persuadé que le RN soit d’une
grande fiabilité s’il promet de ne pas censurer…
Les événements politiques de cet été ont pourtant montré qu’une
autre orientation politique était possible. Il y a eu, tout d’abord, le rapport
parlementaire au sujet des aides aux entreprises, d’une valeur totale de 211
milliards. On ne peut évidemment pas tout supprimer, la plupart des postes
étant loin d’être inutiles. Il n’empêche que Sébastien Lecornu aurait pu
proposer d’étudier une baisse de 10% et une mise en place d’un certain nombre
de contrôles (en français : que les aides n’aillent pas dans les poches
des actionnaires). Ces 20 milliards (les 10%) auraient pu contribuer largement
à une baisse des déficits qui semble par ailleurs indispensables. François
Bayrou a d’ailleurs fait l’erreur de prévoir 40 milliards de baisse sans
toucher aux 211 milliards.
Une preuve de gâtisme ?
Ensuite, après ce rapport parlementaire, il y a justement eu
la proposition de budget de François Bayrou. Il prévoyait de mettre à contribution
les Français les moins aisés mais il est rapidement apparu que cela aurait été
suivi d’une baisse de la consommation, aurait donc eu un effet récessif et
aurait donc provoqué une augmentation de la dette !
Si j’étais membre du Modem, donc du parti de Bayrou, j’aurais
toute de même tendance à faire profil bas.
Enfin, il y a eu les débats autour de la taxe Zucman. Les
Français y étaient largement favorables, quel que soient leurs intentions de
vote. Je ne dis pas que ce mécanisme devait être mis en place (je ne suis pas
fiscaliste) mais il me semble que tout le monde est à peu près d’accord sur le
fait que le déficit a augmenté en partie à cause des réductions d’impôt liées
au « ruissellement » et qu’il n’est pas idiot de mettre à
contribution ceux qui profitent le plus des côtés positifs de notre économie,
comme l’augmentation prodigieuse des bénéfices des entreprises du CAC 40.
Ainsi, il me semble qu’il y avait un boulevard pour réaliser
le compromis rendu indispensable par la situation de notre pays, que Sébastien
Lecornu n’en a pas tenu compte ce qui est sans doute lié aux exigences
délirantes des partis composant sa majorité.
Ces braves gens vont tout perdre. Le Modem va disparaitre. LR
va être noyé dans le RN. Ils l’auront dans l’os.
Par ailleurs, toutes ces andouilles n’ont pas vu un autre
axe pour limiter le déficit : la baisse des dépenses de la fonction
publique. Il serait temps que tout le monde mette les mains dans le cambouis et
ne fasse pas que des propositions à la marge, comme la baisse des avantages des
anciens premiers ministres, ou plus importantes mais toujours dérisoires comme
les charges liées au « millefeuille territorial ». Dérisoires et douteuses
(ce n’est pas en fusionnant les échelons que le ramassage des ordures sera
moins onéreux, qu’il faudra construire ou entretenir moins de routes, de
lycées, de collèges…). Et je passe l’éternelle piste de la suppression des
jours de carence (les gens se soignent moins au quotidien et finissent par
avoir des pathologies plus graves).
J’ai bien quelques pistes en tête en voyant quelques abus
autour de mois mais on est 70 millions à pouvoir le faire.
Il n’empêche qu’on a beaucoup parlé de hausse ou de baisse
de la fiscalité mais assez peu de ce qu’on foutait du pognon.
Aurait-on loupé le coche ? Par la faute de qui ?
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