En politique, l'important, c'est d'être d'accord avec le patron de bistro d'autant que son métier consiste essentiellement à taire ses désaccords avec les clients.
12 janvier 2015
Je refais la manif
Voilà une deuxième photo prise lors de ma marche Parisienne
d’hier. Elle est moins floue que celle que j’ai mise hier mais la luminosité n’est
pas au top ! A coté de la moto, nous avons une Citroën. Figurez-vous que la
C5 de François Hollande. Les cars, derrière, contiennent tous les lascars qui
seront avec lui sur une photo largement diffusée aujourd’hui et qui a bien amusé
la blogosphère, à cause de l’ex qui fait des pieds et des mains pour être en
première ligne.
C’était Boulevard Henri IV et j’allais à la Bastille dans l’esprit
de remonter le Boulevard du Temple, jusqu’à la République. Je sais, je vous ai
déjà raconté cela hier mais je suis bien décidé à le refaire, pour le même
prix, rassurez-vous.
Tout d’abord, je n’ai pas répondu à une question :
pourquoi suis-je allé manifester ? C’est une question sans intérêt à
laquelle essaie de répondre d’horrible
blogueurs réactionnaires qui n’ont pas éprouvé le besoin de le faire. Je vais répondre : j’y suis allé parce
que j’avais envie d’y aller. Cela semble un peu compliqué à comprendre, pour
eux, mais c’est ainsi. Par exemple, après le boulot, je vais aller boire une
bière, parce que j’ai envie de boire une bière. S’ils n’ont pas envie, ils
peuvent ne pas y aller.
Depuis plusieurs jours, ils ironisent beaucoup au sujet des
slogans (« Je suis Charlie ») et de cette marche. Elle aura eu au
moins un intérêt : montrer aux types de la manif pour tous ce qu’est une
manif avec réellement plus d’un million de gugusses. Dont moi qui compte pour
deux vu que j’occupe plus de place. Nous pourrions ironiser sur leur
acharnement et nous moquer d’eux comme ils se moquent de nous, ce que fait d’ailleurs
l’ami El Camino en les comparant aux petits vieux du Muppets Schow.
Que nous montre cette photo à part une voiture et des cars
avec un contenu certifié « rempli d’huiles » ? Il y avait un peu de
monde sur le côté de la rue mais pas trop. La foule dans le métro à Bicêtre
était impressionnante pour un dimanche après-midi et je n’étais pas le seul à
avoir décidé de descendre à Sully Morland.
J’arrive à la Bastille. La foule devenait très dense mais
uniquement sur les trottoirs. La place (la partie réservée à la circulation
automobile) était vide fièrement défendue par un tas de gendarmes. Je me suis
alors dit que le cortège des officiels arrivés en car allait passer par là, ce
qui était d’ailleurs totalement faux. J’ai marché un peu en bousculant quelques
andouilles et j’ai vite compris que je n’allais pas réussir à avancer. Marcher
à contre sens d’une manif n’aurait pas été très intelligent. J’ai donc trouvé
un coin où j’avais une belle vue sur l’entrée de la place de la Bastille par le
boulevard du Temple, à l’angle de la rue de Rivoli, en face de la Banque de France.
Et j’ai attendu.
Il ne se passait strictement rien. Les flics rigolaient
entre eux, surtout les vieux. On sentait quand même les jeunes un peu tendus vu
qu’il n’y avait qu’une petite dizaine de gendarmes à chaque carrefour. Me
retournant et montant sur la barrière à laquelle j’étais appuyé : il y
avait vraiment foule. Un type de la manif pour tous aurait dit qu’il y avait au
moins un milliard de types dans le coin de la Bastille entre la rue de Rivoli
et le boulevard Henri IV.
Il s’est passé un truc, à un moment, toutes les camionnettes
de gendarme sont parties en trombe pour se garer au bout du Boulevard Richard
Lenoir. Je m’interrogeais de même que l’abruti à côté de moi qui voulait tout
décrire à sa femme alors qu’il ne savait pas du tout ce qu’il se passait.
Rêvassant, j’ai constaté que les gendarmes « à pied »
étaient tous partis mais que personne n’avait osé franchir les positions qu’ils
occupaient, jusqu’à ce que la place devienne noire de monde. C’est d’ailleurs
en lisant le Monde, ce matin, que j’ai compris à peu près ce qui se passait :
il y avait trois défilés, les deux premiers partant de République, un par le
boulevard Voltaire, l’autre part le nord, via le Père Lachaise. Comme il y
avait beaucoup du monde, ils en ont lancé un troisième de Bastille à Nation. J’avais
donc passé une heure ou deux à attendre le début de ce troisième truc.
Je me demande si je n’ai pas perdu un peu de temps.
Mais j’y étais, c’est bien l’essentiel.
11 janvier 2015
J'y étais
J'ai même réussi à rentrer malgré la foule dans métro (faites pas chier, j'ai raté les autres photos, encore plus que celle-là).
On était au moins un ou dix millions. Alors, en rigolant au sujet des chiffres, je me suis rappelé les dernières manifs, celles pour tous, celles de l'exclusion. Du coup, je suis allé lire les commentaires chez Corto. Pour savoir. Je n'ai pas lu son billet.
Il faudrait que des sociologues se penchent sur le sujet. Ça serait un défit majeur. Expliquer la connerie. Ces abrutis veulent casser de la manif de gauche alors que cette manif n'était de gauche. Ils sont très cons.
Je suis allé tout seul. Mon pote avec qui on aurait dû manger une choucroute n'est pas venu. À 13h30, j'ai donc décidé de bouffer à la Comète et j'ai sauté dans le métro. Tout seul (enfin presque, disons sans personne de connu). Je n'allais pas passer un moment festif, j'allais faire acte de présence, pour un tas de raisons. La solitude était donc parfaitement adaptée. J'aurais pu rejoindre les copains blogueurs mais j'avais la flemme.
Je manifeste rarement. La dernière fois c'était pour le mariage pour tous. Ces cons avaient organisé le truc un jour où je ne bossais pas. Obligé d'y aller. Cette fois, pareil. Pas le choix. Avant, j'avais manifesté pour les retraites et des trucs comme ça. Cette fois, j'ai eu la chance de me trouver un parfait point d'observation (d'où je n'ai évidemment rien vu...). Deux choses m'ont marqué. D'une part le silence. Les gens n'étaient pasxlà pour revendiquer un truc. Ce n'était pas la manif de gauche traditionnelle. Les gens étaient là pour la paix, la liberté ou je ne sais quoi. D'autre part, la densité de la foule. La question n'est pas de savoir si nous étions plus ou moins nombreux qu'à une autre manif. Nous étions tassés. Point. A un moment, ma foule s'est mise en mouvement. Alors on a marché. On était devant l'opéra à Bastille et une paire de couple a commencé à paniquer. "On est où ?" Dit la dame. Je réponds par réflexe : "ben devant l'opéra à Bastille". Elle me jette un regard noir et sort son smartphone et charge Google Maps. Elle trouve. Elle dit "Bon, les gars, on est près d'un opéra, on devrait le voir". Place de la Bastille. Il faudrait mesurer la culture générale aux entrées des manifs.
"Mon groupe" est alors passé devant une station de métro. Je m'y suis engouffré. Retour à Bicêtre.
On a marché pour la liberté, contre le terrorisme, contre le terrorisme islamiste, même. Ou pas. Pour ma part je suis allé de Sully Morland à Bastille, ce qui fait au moins 300 mètres. J'ai marché pour la paix mais sans user mes pompes, ce qui importe plus.
Des blogueurs réactionnaires mais modernistes comme Corto cherchent à se moquer. Mon ami Jacques Ambroise citait l'andouille Parrillo qui va manifester mais accuse la gauche sans dire pourquoi. D'autres blogueurs réacs que j'aime bien disent que c'est inutile de manifester. Soit. Didier Goux voudrait faire une synthèse. Il me semble qu'il se trompe. Il n'y a pas une majorité de manifestant à penser que l'islam n'y est pour rien.
On retrouve de de mes chevaux de bataille ou de mes cheveux en bataille. Il faut arrêter de voir tout blanc ou tout noir. Il faut se poser. Les terroristes islamistes sont évidemment musulmans. Les musulmans ne sont évidemment pas responsables des actes de ces débiles.
Alors je suis allé manifester, acte dérisoire. D'autres ne sont pas allés. Et ils accuseraient les autres de ne rien faire.
Mon bistro préféré, quelque part dans les cieux
Je vais manifester parce que Renaud doit ajouter un couplet à sa chanson.
J'ai lu quelques textes d'andouilles qui expliquent pourquoi ils n'iront pas marcher. Ce sont bien souvent des peine-à-jouir.
Une seule chose pourrait m'empêcher de me joindre à la foule, cette après-midi : que la vie reprenne son cours, que nous restions encalminés au comptoir, avec les copains, jusqu'à ce qu'on se rende compte que heure a tourné.
C'est une grande journée pour la liberté.
10 janvier 2015
La réacosphère en déroute
![]() |
Loulou XIV honteusement récupéré par le centre gauche |
« En politique, il faut
souvent comprendre l'inverse de ce qui est dit. Ces assassinats portent un coup
mortel au PS et finissent de l'achever. » nous dit un commentateur
réactionnaire chez
Elooooody me permettant de trouver une introduction pour mon billet. Cela
me parait évidemment complètement faux et il convient d’en rigoler, ce que l’on
fera peut-être, à l’occasion. Le type étant un réactionnaire, il est, par
contre, amusant, de faire un tour de la réacosphère, relativement rapide car
nous sommes samedi soir et la tradition veut qu’on aille au bistro.
Les réactionnaires modérés qui ne souffrent d’aucun amalgame
ironisent sur les actions progressistes consistant à aller manifester ou à être
Charlie, nous ne leur en tiendrons rigueur. Ils sont là à dire que c’était
mieux avant et que manifester ne sert à rien tout en gueulant parce qu’on ne
fait rien, parce que personne n’a jamais rien fait et que tout cela est de la
faute de Madame Taubira dont au sujet de laquelle les lois qu’elle a passé ont
permis cela. Ne demandons pas quelles lois, hein ! Le type de Vincennes
mis en prison en 2010 et condamné à 5 ans de prison a pu refaire des conneries
en 2015, c’est évidemment de la faute à celle qui fut comparée joyeusement à
une guenon. Tout est bon.
Il convient donc de faire une revue exhaustive de la
réacosphère, ce que j’ai fait ce matin mais l’hilarité m’a empêché de finir mes
lectures au bout de deux billets de Corto.
Dans le premier, il trouve une publication de la gauche de
la gauche datant de plusieurs années et essaye d’incriminer toute la gauche
dans la situation actuelle. On peut se demander s’il n’est pas totalement fou
en ayant oublié de constater que les signataires du document en question ne
sont pas d’imminents membres du parti socialiste mais des espèces de tarés
comme sait tant nous générer la gauche. Tiens ! J’en ai trouvé un, hier,
relayé joyeusement par le compte Twitter @leftblogs dont j’ai pourtant la
responsabilité, honte sur moi mais le ménage est fait, qui refuse la solidarité
avec les lascars de Charlie car ils sont de méchants islamophobes. On trouve
beaucoup de tarés, à gauche. C’est d’ailleurs de là qu’a commencé à ressortir
la théorie du complot. Je vais résumer : ce sont des hauts financiers,
donc des juifs (tout se recoupe, ces ânes ont fait tuer les leurs exprès), qui
sont à l’origine des événements pour forcer toute la France à se ranger
derrière les justiciers qu’ils ont choisi.
Voir que les réacs pensent que toute la gauche ou une simple
majorité peut être assimilée à cela est réjouissant. Cela va nous aider pour
les prochaines élections.
Dans le deuxième, il revient sur l’interview d’un élu de
gauche dont il invité les lecteurs à écouter une interview, ce que j’ai fait
religieusement. Le but du jeu, pour Corto, était de lui faire dire qu’il
fallait que le Front National soit interdit car la gauche est méchante et veut
interdire le Front National. C’est rigolo de voir un blogueur ouvertement
sarkozyste se mettre à défendre le Front National. Pour se faire, il tente de
prouver à ses lecteurs que le type en question (Da Silva, de mémoire) a dit que
le FN n’était pas le bienvenu à la manifestation de dimanche. Or n’importe quel
de ses visiteurs peut faire comme moi et regarder la vidéo : le type a
seulement dit deux ou trois fois que le FN n’était pas le bienvenu dans l’organisation
de la manifestation, ce qui sous-entend que les glandus peuvent manifester avec
leurs pancartes s’ils veulent passer pour des cons mais ne sont pas convier à
organiser le truc.
La raison est simple et exprimée par le gugusse : le
Front National ne peut pas totalement être considéré comme un parti
républicain. Malheureusement, il n’insiste pas assez sur la chose ce qui laisse
la possibilité d’interprété des âneries. Littéralement, la République est bien
ce qui oppose à la royauté, mais nous n’avons rien contre les royautés qui
peuplent l’Europe. Alors, je vais résumer : la République a une devise, en
France : « Liberté, égalité, fraternité ». Il est clair que
certains partis politiques, en France, utilisent certains de ces trois mots
pour ce torcher le cul, à l’extrême droite et à l’extrême gauche, et ne peuvent
se revendiquer comme républicains.
Il ne s’agit pas de les interdire mais quand la plupart des
partis politiques s’engagent derrière une unité nationale, il leur apparait
difficile d’appeler les autres à participer à l’organisation de leurs actions.
Amen.
09 janvier 2015
Pourquoi, dimanche, #jesuischarlie ?
Moi, vous me connaissez ! Je ne suis pas trop habitué à manifester, surtout à l'heure de la sieste, ni à utiliser des panneau ou hashtags du genre "je suis Charlie". Il empêche que je suis décidé à bouger mes fesses.
La première raison est que j'ai réussi à decidé mes copains de bistro, le vieux Joël et Tonnégrande à y participer. Mais je les connais. Ils se défileront.
La deuxième raison est que Besancenot a déclaré refuser de participer à un truc avec Hollande et Sarkozy. Parfois, la vraie gauche mérite des baffe. Au fait ! J'étais plié de rire en lisant le billet de Corto qui est "définitivement con comme une bite". Il confond l'extrême gauche avec "ma gauche" espérant entraîner ses lecteurs avec lui. C'est réellement drôle. Hollande a très bien géré cette histoire et la droite de gouvernement a adhéré à la chose. J'ai même RT Woerth pour vous dire. La droite de gouvernement a joué le jeu de l'unité nationale et c'est tout à son honneur.
La troisième raison est la bourde de Marine Le Pen qui me fait rire. Elle et ses lieutenants n'ont pas arrêté de ronchonner parce qu'elle n'était pas invitée à la manif. Or elle l'est. Elle n'est pas invitée à figurer parmi les organisateurs. Ça sent la grosse débâcle à la droite de la droite (je n'en tire aucune conclusion, les prochaines élections ne sont pas gagnées pour la gauche mais la débâcle va se transformer en panique, pour nous faire rire).
La quatrième est que François Hollande m'a demandé d'y participer, non pas personnellement mais par sa courte allocution de ce soir. C'est important que la Nation dise merde aux connards. Le fait que des personnalités étrangères soient annoncées renforce l'importance, pour moi d'être là.
La cinquième est la plus importante et la seule à vraiment provoquer ma décision.
Un copain Kabyle m'a dit qu'il y allait et a ajouté : ca serait bien qu'on y aille ensemble. Je lui ai dit oui mais bon heu un dimanche j'ai la flemme je me connais je vais boire l'apéro à l'Amandine et manger à la Comète et j'aurais la flemme.
Il m'a dit : je t'invite à manger une choucroute à République dimanche midi.
Que vouliez-vous que je réponde ?
On va marcher contre le terrorisme islamiste. On ne fait pas l'amalgame. Mes potes réacs de gauche peuvent y réfléchir s'ils veulent.
L'amalgame est d'associer un faciès à une religion, ce qui se fait à droite comme à gauche. Surtout à gauche. Sinon elle ne parlerait pas d'amalgame.
Mon pote kabyle est athée. Le fait que l'on aille manger une choucroute ensemble est un symbole (outre le fait qu'on boira probablement deux bouteilles de blanc avec, je n'aime pas la bière avec la choucroute alors que j'en bois avec le poisson). Un double symbole. Je vous laisse trouver les explications.
Fin ?
Les prises d'otages sont terminées. On peut féliciter le RAID et le GIGN, ce que ne manquent pas de faire dans Twitter ceux qui tapent sur les CRS dans des coins comme Notre-Dame-des-Landes. Les otages sont vivant, c'est l'essentiel (sauf peut-être pour les héritiers, je ne suis pas dans le secret).
Dans Twitter, des gens - des copains - regrettent néanmoins la mort des preneurs d'otages et assassins de Charlie car ils auraient voulu un jugement. Je précise la conclusion de mon précédent billet, rendu obsolète par l'heureux dénouement.
Je me fous du procès, il aurait duré des mois, les gars auraient été jugés coupables et condamnées à vingt ans de prison (ou plus si affinité). Si on peut regretter qu'ils soient morts, c'est parce qu'on ne pourra pas les torturer...
Je me fous du procès. Nous ne sommes dans un fait divers tragique mais dans une guerre face au terrorisme islamiste.
Bordel. On fera un procès équitable quand tous les connards criminels du monde auront été mis hors d'état de nuire.
Edit : à l'heure où je parle (10 minutes après la rédaction), des rumeurs circulent dans Twitter, le preneur d'otage de Porte de Vincennes auraient tué des "otages" (qui ne l'étaient pas encore...) dès son arrivée. A suivre (je ne pourrais pas corriger ce billet plus tard).
Edit : à l'heure où je parle (10 minutes après la rédaction), des rumeurs circulent dans Twitter, le preneur d'otage de Porte de Vincennes auraient tué des "otages" (qui ne l'étaient pas encore...) dès son arrivée. A suivre (je ne pourrais pas corriger ce billet plus tard).
Episodes de folie collective
T'as vu la jolie carte ? Je viens de trouver ça dans Twitter, c'est la carte des tweets émis alors que nous avons deux prises d'otages en cours.
Pour vous faire plaisir je vais vous résumer la situation dans Twitter.
Petit 1 : on a les tweets de ceux qui n'ont aucune information mais en inventent.
Petit 2 : on a les tweets de ceux qui dénoncent les tweets de ceux du "Petit 1".
Petit 3 : on a les tweets des médias qui donnent des informations qui ne devraient pas être données.
Petit 4 : on a les tweets des autorités qui engueulent ceux qui donnent des informations qui ne devraient pas l'être car elles donnent des informations aux preneurs d'otages.
Petit 5 : on a les tweets des braves gens qui soutiennent les autorités qui engueulent ceux qui donnent des informations qui ne devraient pas l'être.
Petit 6 : on a les tweets des braves gens qui engueulent ceux qui donnent des informations qui ne devraient pas l'être.
Petit 7 : on a les tweets - comme toujours - qui sont en retard sur l'actualité et qui pensent qu'ils vont pouvoir donner des renseignements à leurs abonnés (genre : le Président Pompidou est mort ce matin).
Petit 8 : on a les tweets des braves gens qui deviennent des experts en police. Genre : les forces de l'ordre ont des avantages, notamment ils sont plus nombreux que les preneurs d'otages et ont pu se reposer contrairement aux autres qui sont en fuite depuis 48 heures.
Petit 9 : on a les tweets de ceux qui parlent d'autre chose alors que tout le monde s'en fout.
Petit 10 : on a les tweets des gens normaux qui ne pensent qu'à déconner, comme moi, comme le faisait Charlie, son fonds de commerce, quoi !
Vers 14 heures, en mangeant mon sandwich, je lisais cela et le trouvais surréaliste (je me fous totalement des événements, ce qui m'intéresse, c'est leur résultat que je trouverai dans le Parisien demain - ou sur internet avant, car vers 18 heures, j'irai voir si la ligne 1 est bloquée, j'en ai besoin). J'avais une réelle pensée pour les forces de l'ordre qui doivent agir sur tous les fronts et sont emmerdés par les journalistes. Alors, j'ai pris une photo de mon demi et je l'ai tweetée, en ajoutant : Soutien aux forces de l'ordre. Aucun maléfice, la blague à prendre au second degré, chacun l’interprétera comme il veut.
Un type m'a répondu : et c'est censé être drôle ?
Je passe le fait que je puisse dire ce que je veux dans internet dans le cadre de la loi et que nous sommes dans une période où la liberté d'expression est fortement atteinte et qu'il ferait mieux de fermer sa gueule.
Je passe le fait que je n'oblige pas ce type à être abonné mon compte Twitter et à lire ce que j'y écris. D'ailleurs, je l'ai bloqué. D'accord pour la liberté d'expression mais pas pour que des cons me fassent la morale sur ce que je dis.
Ce type pensait tout simplement que le moment était trop important pour plaisanter, que les gens s'intéressent vraiment et à raison à l'actualité en direct, alors qu'il est évident que, une heure après la fin des prises d'otages et quelles qu'en soient les issues, le comportement des médias et des Twittos pendant cet épisode aura réellement été grotesque.
A propos de l'issue, je souhaite évidemment qu'elle soit rapide et que les otages s'en sortent. Je voyais une onzième catégorie de tweets, où les types disaient, qu'il fallait "les prendre vivants" pour qu'ils "ne passent pas pour des martyrs", pour qu'ils "soient jugés et punis". Honnêtement, je m'en fous. Si les flics trouvent les moyens de les dézinguer et si cela sauve les otages, tant mieux. Je suis évidemment totalement opposé à la peine de mort, à l'heure où Marine Le Pen la revendique... Il n'empêche que si, pour le bien des otages ou par erreur, hein !, un policier leur enfonçait un entonnoir de le fondement et y déversait un litre de Destop, je ne serais pas fâché. Le policier mériterait d'être puni, évidemment, ce n'est pas dans le code de procédures. Je propose qu'il soit privé de dessert.
La priorité n'est pas de juger ces connards mais de les arrêter de nuire. Et s'ils s'en sortent vivant, la priorité ne sera pas de les juger mais d'empêcher d'autres connards de faire les mêmes actions et de nous priver de notre liberté.
Restons sérieux, posés et mesurés, mais sans arrêter de déconner. Ne serait-ce qu'en hommage !
08 janvier 2015
Et les drôles de drames
« Pour
moi il n'y a pas d'islam modéré. Il y a quelques jours j'ai été bouleversé
d'apprendre qu'en Mauritanie un homme avait été condamné à mort pour apostasie,
c'est à dire pour vouloir quitter la religion musulmane, par un vrai tribunal
d'un vrai état membre de l'ONU depuis 1961. » a écrit RPH dans son
blog, ce à quoi j’ai répondu que ce n’est pas de l’islam modéré.
On parle beaucoup de ce fameux « amalgame »,
depuis hier. Il faut arrêter. L’ami Yann qui a repris son blog en a fait un
billet. Je lui ai répondu succinctement mais lui ai promis de revenir mais
je ne sais pas trop quoi dire, à part peut-être un vague avertissement :
quand on voit un type qui est visiblement
d’origine nord-africaine et qu’on se dit « ah, le pauvre, il doit
être victime d’amalgame car des gens peuvent penser qu’il est en partie
responsable de la tuerie d’hier », on fait soit même un début d’amalgame.
Dans les blogs, j’ai lu de nombreux billets avec lesquels je
suis plus ou moins d’accord, je ne vais pas en faire la liste ou dire l’origine
de mes désaccords, il y a le temps pour cela, laissons les esprits se reposer.
Je vais seulement en citer trois de plus, ceux de Marco et d’El Camino,
d’abord, parce que j’y ai fait à peu près les mêmes commentaires, et celui de Tanguy,
pour l’illustrer, vu qu’il a mis ce panneau « je suis Charlie » sous
forme « d’extension Wordpress », vous pouvez lui la piquer si ça vous
chante, c’est gratuit.
Je n’ai pas mis ce panneau, je n’ai pas tweeté avec « #jesuischarlie »
(j’ai fait un tweet : « Je suis Charlie, où sont les drôles de dames ? »
parce que seul l’humour doit l’emporter, je vais d'ailleurs le recycler pour le titre du billet) et je n’ai pas été manifesté. Ce que j'ai dit dans les commentaires de mes
potes, c’est que parmi ceux qui ont ce panneau, ceux qui manifestent, il y en
a, dans quinze jours, trois mois, un an, qui me traiteront de raciste quand je
critiquerai le port du voile, pratiquant ainsi un bel amalgame, d’ailleurs, une
religion n’est pas une race (races qui n’existent pas, par ailleurs). Ils ont
exprimé leur colère pendant quelques jours de ce que peuvent faire des connards
au nom d’une religion puis ils vont oublier. C’est un autre sujet de débat que
j’ai tenu dans les commentaires de mon propre blog, aujourd’hui : quelle
est la place que nous devons laisser à l’islam dans notre société ? A
titre personnel, j’aurais tendance à dire : aucune, comme à aucune autre
religion. Cela étant, la liberté de foi est… une liberté, la question se pose
donc de savoir où nous devons mettre la frontière entre ce qui est tolérable et
ce qui ne l’est pas.
Et c’est pour ça, que je cite RPH en introduction de ce
billet. Il y a forcément un islam modéré. Pour moi, être croyant, donc être
musulman, c’est avoir la foi en une puissance machin truc. Je ne sais même pas
comment le dire. Je ne sais pas ce qu’est « être croyant », je ne le
suis pas. Et c’est un débat que nous devrons avoir (j’ai une position
relativement précise sur le sujet, mais je n’ouvre pas le débat), parce que si
on continue à se traiter de raciste ou de bien-pensant dès qu’on nie l’existence
d’un islam extrémiste ou d’un islam modéré, le sujet n’avancera pas, le
terrorisme continuera, des pays sombreront dans l’obscurantisme religieux,…
Mais, je pense qu’il faut revenir dans la vraie vie. D’ailleurs,
dans les blogs, on trouve de beaux billets, par exemple de parents qui doivent expliquer
à leurs mômes que des types ont été tués parce qu’ils avaient fait des dessins.
Tout d’abord, j’ai eu une discussion avec un type qui
défendait l’hypothèse du « ils l’ont bien cherché ». Il pense
évidemment ce qu’on veut mais il avait des arguments complètement délirants.
Pour résumer, pour lui, l’attentat n’est pas une atteinte à la liberté d’expression
dans la mesure où « ils » savaient ce qu’ils risquaient. Bref…
Enfin, ce soir, nous avions la galette des rois de l’entreprise.
Même les musulmans étaient là, pour vous dire.
Le bigboss a fait un discours, il a expliqué qu’il avait
imaginé l’annuler comme le pays était en deuil mais qu’il a préféré la
maintenir afin que nous puissions faire une minute de silence, ensemble. Son
discours (quelques minutes) était très bien. Il ne nous a pas parlé du travail
de l’an dernier et de l’activité de la nouvelle année, comme à chaque fois.
Il nous a dit que le pays était en deuil et que nous devions
nous recueillir ensemble.
J’étais ému, comme on découvrant la une de l’équipe, ce
matin, sur le comptoir du bistro, comme en découvrant la une de Google avec un
bandeau noir, comme en voyant des marques de solidarité venant du monde entier.
Bien plus qu’en lisant des âneries dans Twitter d’anonymes
ou d’officiels qui n’ont strictement rien à dire mais cherchent à faire les
meilleurs tweets d’une solidarité qu’ils tiennent à afficher ou des âneries
dans les commentaires des blogs comme des types de trente ans qui se rappellent
de Cabu faisant des dessins à la télé alors qu’ils étaient à peine nés.
Trop d’émotion tue l’émotion.
Je ne suis pas allé manifester, hier soir, je suis resté
seul au comptoir, ne voulant parler à personne, comme prostré.
07 janvier 2015
Tristesse, émotion, et tout ça
Depuis mon billet de ce midi, je commence à digérer l'information et toutes les réactions que j'ai pu lire.
Je ne parle pas de quelques clowns de droite genre NDA mais de proches. D'ailleurs il semble que Twiitter ait rapidement détruit des comptes de connards divers. Je ne parle pas non plus des abrutis de gauche qui hurlent à la théorie du complot : le pouvoir socialiste aurait organisé cela pour justifier des mesures sécuritaires et mette un rideau sur le reste.
L'attentat terroriste par des islamofascistes (l'expression est de DCB dans Libération, peut-être le seul à avoir trouvé des mots justes. À lire dans Libération) m'a évidemment bouleversé mais la plupart des réactions m'ont laissé froid, ce qui ne veut pas dire que je désapprouve mais, bizarrement, je n'ai été ému que par les réactions venant de l'étranger, de la page d'accueil de Google aux condoléances de la reine des rosbifs et aux manifestations organisées au Canada (que je suis grace à Ménilmuche).
Deux choses m'ont énervé, elles se retrouvent en un mot : amalgame.
Petit 1 : un journaliste connu dans dans notre milieu a dit sur Facebook qu'il casserait la gueule aux types qui diraient que les terroristes sont musulmans. Pourtant c'est probablement un fait (l'enquête nous en dira plus) mais ce n'est pas une raison de croire que l'on fait l'amalgame.
Au bureau, j'ai trois collègues musulmans. Ils étaient gênés, disons qu'ils se faisaient discrets dans le malaise général. J'avais envie de les prendre dans les bras et de leur dire que je sais qu'ils n'y sont pour rien, que leurs proches n'y sont pour rien. Mais pourquoi nier que les connards étaient musulmans ? Ils auraient été gros et frisés, je n'aurais pas eu le moindre sentiment de stigmatisation.
Petit 2 : j'ai vu un tas de types tweeter que le policier abattu s'appelait Ahmed (mes condoléances à la famille). Qu'est-ce qu'on en à foutre de son prénom ? Ces connards veulent dire : ah, ils tuent leur frère. Et ce sont les mêmes connards qui vont nous dire sinon fait l'amalgame.
Les sympathisants musulmanistes sortent des extraits du coran pour dire que les connards ne sont pas musulmans. Le Coran ne dit rien sur les impies, sur les homosexuels ?
Des dizaines de milliers de gens manifestaient, ce soir. L'union nationale et tout ca. Il paraît que que Sarkozy et Valls vont manifester ensemble. Je ne suis pas sûr que cela soit une bonne idée. C'est émouvant, peut-être, mais côté communication.
Alors je reprends à mon compte les propos de Daniel Cohn-Bendit et rajoute une couche : il faut combattre les islamofascistes.
Ne faites pas un attentat à la Comète avant que je ne règle l'addition.
Toute mon amitié à mes copains ou collègues musulmans, mes condoléances aux proches, à la famille.
Un denier mot quand même : j'ai vu beaucoup de messages de solidarite pour Charlie, pour qu'ils puissent continuer à publier, des appels aux dessinateurs de presse à leur filer des dessins. N'oublions pas que ce canard a perdu ses têtes, que les banquiers vont leur tomber dessus dans trois ou quatre jours. Les salariés de Charlie vont pleurer leurs collègues mais il faut aussi les soutenir parce que leur avenir professionnel n'est pas assuré. Appeler à s'abonner est bien facile. Les banquiers sont là.
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