31 mars 2015

Parler aux électeurs ?

« Interrogé sur RTL quant à la situation économique française, Jean-Luc Mélenchon a refusé d'envisager l'assouplissement du marché du travail comme une solution de relance. "L'assouplissement, c'est un durcissement des conditions pour les travailleurs", a dit le député européen. Le problème se pose, selon lui, par les carnets de commande. "Est-ce que les carnets de commande des entreprises sont pleins ou est-ce qu'ils sont vides ? Et pour que les carnets de commandes se remplissent il faut qu'il y ait de la production". » C’est dans le Figaro du jour…

Je suis tombé dessus en cherchant « Mélenchon » dans Google News pour argumenter dans le cadre d’une discussion avec des potes. C’est la première phrase qui m’intéressait à l’origine et je vais y revenir. Mais la dernière a généré une certaine hilarité de ma part. Outre le fait que je me demande comment il va faire de la production (il est complètement déconnecté, visiblement), il ne fait que défendre la politique de l’offre…

Cette discussion porte sur le fait que la gauche ne sait plus s’adresser aux catégories populaires. Les ouvriers et les employés votent maintenant plus pour le Front National que pour un des partis dans la moitié gauche de l’échiquier politique. Et cette première phrase est emblématique. A gauche, on sera bien d’accord pour protéger les salariés mais seule une minorité de l’électorat fait partie de ces salariés qui pourraient pâtir d’un assouplissement. Pas facile d’être à gauche, de lutter contre les privilèges tout en devant bien admettre qu’avoir un travail dans une boite solide, où l’on n’est pas susceptible d’être licencié dans le mois, est devenu un privilège…

« Il propose pour l'avenir un rassemblement des forces de gauche, « quelque chose d'extrêmement large pour donner une alternative aux français ». L'idée étant de rassembler sous une même bannière parti de gauche, socialistes démissionnaires, verts ou encore nouvelle donne, entre autre. "Ma vie est éclairée par le combat", rappelle Mélenchon, qui "refuse d'être embauché dans le tripartisme" s'étant fait jour au lendemain des départementales. »

C’est notre mode de scrutin qui a généré le tripartisme qui en est un faux : le Front National n’a pas d’élus ; dans les « assemblées », les débats sont entre la gauche et la droite, pas d’extrême… La solution, pour en sortir, c’est la proportionnelle mais si on introduit une dose de proportionnelle, le Front de Gauche perdrait une partie de ses élus et le Front National en gagnerait des tas.

En outre, le rassemblement qu’il propose, parfaitement honorable mais peu crédible (on attend de voir leur position commune sur l’Europe), regrouperait au maximum 20% de la population et ferait passer le PS « dans ces eaux-là ». Avec des votes nominatifs, tous les bénéfices iraient à la droite. Avec des votes sur listes, des majorités seraient impossible à trouver et on aboutirait à des coalitions « autour » de l’UMP.

Je tacle un peu Jean-Luc Mélenchon. Cécile Duflot mériterait aussi une avoinée. C’est Le Point qui s’en charge en expliquant qu’elle fait une Fixation sur Manuel Valls. Encore une fois, elle se coupe complètement des électeurs sans même se rendre compte que tout le bénéfice ira à Jean-Vincent Placé, François de Rugy et Barbara Pompili qui sont favorables à un retour des Verts au gouvernement.

Il n’y a pas que la gauche de la gauche qui ne sache plus s’adresser aux braves gens. Regardez cette copie d’écran de Google News, prise dans l’après-midi. Le premier article parle de Marisol Touraine qui veut rétablir le fond de la loi sur la prostitution. Qu’en pense le peuple ? « Ils nous font chier ». Le deuxième article est au sujet de Manuel Valls qui regrette de ne pas avoir baissé les impôts. Qu’en pense le peuple ? « Il nous prend pour des cons. »

La question est de savoir à qui s’adressent Mmes Duflot et Touraine et MM. Mélenchon et Valls. Aux autres responsables de gauche, aux militants ou aux braves gens ?

Imaginons, par exemple, que Manuel Valls s’adresse au reste de la gauche pour dire « bon ben ho je vais infléchir ma position, ne vous fâchez pas, hein ! ». Est-ce vraiment de gauche de baisser les impôts et donc les moyens de faire une jolie « redistribution » ?

N’est-il pas dans la même situation que Jean-Luc Mélenchon qui prône la politique de l’offre sans s’en rendre compte ?

Remettez-vous !

Il ne sert à rien de s'interroger sur les raisons de la défaite. La gauche et la droite ont toujours perdu les élections locales quand ils étaient au pouvoir depuis quelques années et à chaque législative depuis 1981, sauf en 2007, il y a eu alternance. On a toujours trouvé des analystes en culotte courte qui connaissaient mieux les raisons que les autres.



16 commentaires:

  1. Putain, trop fort.Toi t'es dangereux pour mon gauchisme.
    Mais je dois reconnaitre que les arguments se tiennent.
    Pompili, c'est genre Pompidou, mais sans le double-menton, c'est ça ?

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    1. Il y a un peu de ca.

      Pourquoi trop fort ?

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    2. Les arguments

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    3. Oui et ? Quand je dis que Méluche prône la politique de l'offre en disant qu'il veut relancer la production, j'ai tort ? Et quand je dis que Valls n'est pas à gauche quand il parle de réduction des impôts ?

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  2. La mue de l'electorat du PS progresse. Il est urgent de repartir a la conquete de l'electorat ouvrier - et ce n'est pas en leur infligeant les debats de politique interne et de congres que nous allons y arriver, mais bien en renouant avec eux. Tu souleves un point tres interessant ceci dit, qui ? Qui pour s'adresser a notre electorat perdu ? Les representants des classes populaires se perdent egalement dans le staff du PS, pas que dans son electorat !

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  3. Koltchak9112031 mars, 2015 20:23

    "La solution, pour en sortir, c’est la proportionnelle mais si on introduit une dose de proportionnelle, le Front de Gauche perdrait une partie de ses élus et le Front National en gagnerait des tas."

    Democracy or not democracy that is the question. Doit-on laisser le peuple souverain faire ses choix ou bien tenter de sauver le cul des élus de son camp ? Poser la question, c'est y répondre, et l'actualité récente a donné la réponse :

    PCF : 100413 voix pour 118 binômes élus, soit 1 binôme par tranche de 851 électeurs.
    FN : 4107943 voix pour 62 binômes élus, soit 1 binôme par tranche de 66257 électeurs.

    Donc, il vaudrait mieux ne plus parler de démocratie de des valeurs de la république, parce que ça commence à se voir, et l'électeur lambda commence à tiquer. Le truc difficilme, ça va être de trouver le moyen de se faire élire en se passant des électeurs, mais avec un peu de jugeote et d'efforts, ils y arriveront.

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    1. Vous commentez avec un iPhone ?

      Pour le reste, c'est la difficulté !

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    2. Non, avec un Samsung.

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    3. La solution, pour en sortir, c’est la proportionnelle
      Pour les législatives je suis favorable à un scrutin proportionnel de liste à deux tours( comme aux municipales dans les communes de moins de mille habitants )
      Avantages
      Une majorité stable (la liste arrivée en tête prends la moitié des sièges ) au premier tour le reste des sièges répartis a la plus forte moyenne .
      Au second tour
      Possibilité de fusion pour une " petite liste " ayant obtenu moins de 5% avec une liste ayant obtenu plus de 10 %.Les "petits candidats" peuvent ainsi être élu , la répartition des sièges à pourvoir se faisant comme au premier tour
      vincent

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    4. Oui mais il fait aller plus loin : que cette election désigne l'exécutif.

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  4. J'ai dû relire plusieurs fois pour être sûr d'avoir bien compris ce que disait Mélenchon.

    << L'ex co-président du parti de gauche (PG) refuse cependant "la production pour la production". "Il faut relancer l'activité économique pour faire baisser le chômage", explique-t-il. >>

    Excellente idée, j'ajouterais même : pour diminuer le chômage il faut créer des emplois. Y a plus qu'à.

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  5. Il a pas tout à fait tort Mémé. Pour vendre il faut d'abord produire. Certains vont vite à vendre les produits des autres, c'est le cas de tout le commerce hard discount basé sur la recherche systématique du moins cher produit.Donc loin de chez nous.
    Nous devons nous remettre à produire. Comment ? J'en sais rien...

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