13 juin 2023

Dans les pas de Mitterrand : c'est Faure

 


J’avais bien une idée de billet de blog, ce matin. Je voulais parler de deux futurs retraités, Mélenchon et Macron, pour évoquer comment le centre-gauche pourrait se reconstituer par la suite. Je partais sur deux hypothèses (pas des prédictions). Macron ne se représenterait pas et Edouard Philippe deviendrait le candidat de ce centre qui, de fait, basculerait à droite (voir ses derniers propos au sujet de l’immigration). Les électeurs de gauche « parti » chez lui auraient peut-être bien envie de revenir au bercail… Quant à Mélenchon, il est aussi fort possible qu’il prenne sa retraite. Il pourrait être remplacé par François Ruffin ou Adrien Quatennens. Mais ils n’auront probablement pas, au début, les suffrages des gens qui ont voté pour Mélenchon en étant persuadés qu’il était le seul à pouvoir gagner, à gauche.

Si ma tante en avait, hein ?

Je me disais qu’il y avait un boulevard pour une personnalité de centre-gauche. Je pensais évidemment à Bernard Cazeneuve (qui a d’ailleurs déclaré « Devant moi, ce n’est pas une impasse que je vois, c’est une avenue large, pour ne pas dire un boulevard », ce week-end). Ce n’était néanmoins pas le sujet essentiel de mon billet vu que j’en ai parlé récemment. Je pensais à deux choses.

 


La première est que la gauche « anti-Cazeneuve » avaient certainement conscience de l’existence du boulevard, vu comment elle tombée sur Nanard, ce week-end. Ma théorie est qu’il allait être temps de calmer le jeu dans les insultes réciproques d’autant qu’elles amènent à un délire. Quand on voit des types qui suivent un « vieillard » comme Méluche accuser Cazeneuve d’être vieux, on mérite un petit stage dans le cabanon, non ?

Je ne suis pas exempt d’insultes. Les miennes me semblent justifiées ce qui, en fin de compte, nous fera une belle jambe. Je traitais récemment dans Twitter un copain – un ancien copain, pardon – de connard parce qu’il critiquait des propos de Carole Delga alors que les propos en question auraient pu émaner de toutes les personnalités politiques. Les andouilles perdent leurs repères et je préfère insulter des anonymes des réseaux sociaux que des personnalités politiques. Dans mon avant-dernier billet, j’utilisais le même qualificatif pour un imbécile qui avait osé argumenter, dans Twitter : « Cazeneuve est un droitard. Il n’est pas de gauche. Fin du débat. »

 


La deuxième était comment les copains qui avaient quitté la sociale-démocratie (pour cause de décès de cette dernière) pour rejoindre les camps Macron ou Mélenchon allaient pouvoir revenir vers un positionnement plus proche du centre gauche (le seul qui puisse gagner) tout en étant conscient que chacun avait son propre parcours, comme les copains qui ont rejoints Macron en 2017 puis sont partis, dégoutés…, pour rejoindre « la Nupes ». Il y avait aussi les déçus du socialisme d’Hollande qui ont préféré rejoindre des partis plus à gauche sans toutefois se rapprocher de LFI, comme ceux de la fédération de la gauche républicaine.

Il fallait quand même que beaucoup de monde fasse un grand écart pour revenir au bercail. Il va, en revanche, de soi, qu’ils ne pourront pas se diriger vers une formation politique dont les fanatiques n’ont que des insultes et des inepties comme argument. A la limite, moi, quand j’insulte, j’en fais une argumentation de trois pages…

 


Hésitant entre ces deux sujets, je suis allé faire un tour vers les blogs. Je suis d’abord tombé sur le billet de Denis (voir ma blogroll : Extime) qui illustre parfaitement ce que je disais, non seulement à propos du retour au bercail mais aussi des insultes et autres critiques. Ca m’a rappelé un type qui disait hier, dans Facebook : « Après le quinquennat de @fhollande qui a mis en pièces le PS @BCazeneuve reste dans le déni de cette mandature qui a détourné l'électorat de Gauche. Restent les has-been du Hollandisme qui passent plus de temps à taper sur les Socialistes que sur la droite macroniste. Lamentable ! » Ils me font rire, en fait, tous ces zozos qui tapent sur les autres parce qu’ils tapent sur les autres…

Ensuite, je suis tombé sur un billet d’Olivier Faure (c’est le seul truc que j’aime bien chez lui : il est blogueur). Il y compare l’époque du congrès d’Epinay avec l’actuelle. Il y écrit des choses très vraies comme « Mitterrand tient bon. Il entend rassembler ces millions de femmes et d’hommes qui aspirent au changement. Écrivant cela, je mesure le caractère dérisoire de ceux qui, aspirant à son héritage, jouent l’air des gauches irréconciliables. » Je suis un de ceux ciblés, croyant réellement à cette histoire des gauches irréconciliables, ce qui ne m’empêche pas, comme ici, de dire qu’il faut arrêter de se foutre sur la gueule et qu’il faut penser au retour au bercail de tous les égarés post-hollandistes.

On a les paradoxes que l’on mérite. Je pense que, en l’état, les gauches sont irréconciliables mais qu’il faut bien en faire un minimum, tout de même, si l’on veut gagner. Il va donc bien faire des concessions. Denis, par exemple, ne semble pas prêt à en faire. Il considère les partisans du nucléaire comme des jean-foutre mais oublie de rappeler que la France produit moins de gaz à effet de serre que ses voisins notamment les gros, là, à droite, au shorts kakis à bretelles avec des chaussettes dans les sandales qui pour se débarrasser de « l’atome » ont du relancer les centrales à charbon. Denis à son avis sur la chose. J’ai le mien. On pourrait en débattre mais ce n’est pas l’objet de mon billet. Je dois donc « cohabiter » avec des opposants au nucléaire comme il doit « cohabiter » avec des partisans.

Par contre, je refuse de travailler avec des gens qui entendent expliquer à des électeurs que l’on peut se débarrasser du nucléaire tout simplement parce que les électeurs pensent que c’est, à ce jour, la seule solution pour garantir notre approvisionnement électrique. En fin de compte, je suis surtout irréconciliable avec des militants qui ne comprennent pas que les électeurs ne se rangent pas immédiatement à leur avis. Ca me rappelle m’on ex-troll mais toujours abruti.

 

Je ne sais pas où veut en venir Olivier Faure et je ne veux pas lui faire de procès d’intention : je suis le premier à savoir que l’on peut faire des billets de blog maladroits… Peut-être veut-il se remettre au centre du jeu ? Ou montrer que son positionnement (entre la gauche de la gauche et le centre de la gauche mais on s’y perd) est le bon ?

Je veux bien le croire mais, pour l’instant, le programme de la NUPES est globalement celui de LFI, « l’Avenir en Commun ».

 


Se comparer à Mitterrand est osé, tout comme toutes les comparaisons historiques dans un monde en évolution et parfois erroné…

En 1971, Mitterrand avait déjà un passé politique. Je ne pense pas à ses actions à Vichy, hein ! Il avait été député, sénateur, maire, président de Conseil Général et plusieurs fois ministre. Il a un CV autrement plus glorieux que tous les membres actuels pas décatis du Parti Socialiste. Surtout, il avait été le candidat qui avait mis de Gaulle, en 1965, en ballotage, alors qu’il était soutenu par une gauche unifiée. S’il y avait donc déjà eu une candidature « unique » de la gauche en 1971, le programme commun ne fut signé qu’après, en 1972. Mitterrand avait reçu « mandat » pour le faire à ce congrès.

S’il faut faire des comparaisons amusantes avec le passé, prenons en exemple, l’élection présidentielle de 1969, à laquelle l’ancêtre du PS avait refusé son soutien à Mitterrand, et comparons la aux élections de 2017 et 2022 : le résultat « cumulé » de la gauche fut tout aussi ridicule.

 


L’élection présidentielle suivante, donc après la signature du programme commun, est intéressante. Mitterrand a pris soin de s’éloigner du PCF, tout de même, pour se débarrasser d’une casquette de gauchiste qui aurait pu être exploitée par ses concurrents. Néanmoins, les relations entre le PS et le PCF étaient restées bonnes et Mitterrand était seul candidat de la gauche (hors petits partis). Autant ne pas se foutre sur la gueule. Mitterrand est arrivé en tête en premier tour, assez largement (43%). Il a perdu au second.

Il a fallu qu’il attende 1981 pour gagner, alors qu’il avait abandonné le programme commun et qu’il était en concurrence avec Marchais au premier tour…

 

Olivier Faure commence sa conclusion ainsi : « Le socialisme comme sa variante social-démocrate, est né de la protestation contre l’ordre social existant. La social-démocratie se donnait comme mission historique de mener une action réformiste pour améliorer la condition ouvrière, comme le souligne Fabien Escalona dans l’ouvrage collectif « Histoire globale des socialismes ». Elle doit à nouveau évoluer face à l’épuisement de l’ordre néo-libéral couplé à l’urgence climatique. »

Il a parfaitement raison, je suppose, mais il oublie de rappeler que le socialisme a gagné (à un niveau électoral…) en s’opposant (dans les urnes…) à un parti communiste.

Ce qui ne nous dit pas où veut en venir Faure.

 

 

8 commentaires:

  1. Intéressant billet, mais il y a quand même un gros problème dans tout ça : la social-démocratie est un concept tellement éculé qu'il ne prend plus auprès des électeurs.
    On est d'accord sur le fait qu'une gauche trop "extrême" ne gagnera pas (si Mélenchon plafonne à - de 20% à chaque présidentielle c'est pas pour rien). Pour autant il y a une grande lassitude parmi la population qui ne discerne plus vraiment de différences entre un Président de droite (Sarko) et un Président de gauche (Hollande)... si ce n'est que Hollande préfère le scooter à la limousine. Pour beaucoup, politiquement c'est la même chose... et ils se sentent floués par ces politiques qui servent d'abord l'économie.
    La société n'est plus franchement divisée par le clivage droite/gauche (d'ailleurs beaucoup ne se définissent plus "de droite" ou "de gauche"), mais entre les gagnants de la mondialisation et tous ceux qui s'en sentent exclus (je recommande d'ailleurs la lecture de "L'Archipel Français" de Jérôme Fourquet, qui explique clairement les causes et les conséquences de ce phénomène). Et les responsables politiques quels qu'ils soient n'ont pas trouvé le moyen de s'adresser aux uns et aux autres en même temps (et encore moi les Cazeneuve, Camba ... qui étaient au pouvoir il y a 10 ans et qui n'en ont pas fait grand chose de bien).
    La NUPES telle qu'elle existe actuellement ne gagnera pas, mais elle subira de gré ou de force des rééquilibrages à l'occasion des élections intermédiaires, qui modifieront (je pense) son centre de gravité et permettront les conditions, sinon d'une victoire (je l'espère) mais au moins de pouvoir affronter efficacement les techno-libéraux qui gouvernent et constituer une alternative au populisme lepéniste qui menace.Et la stratégie de taper sur Faure (qui a quand même réussi à sauver le peu qu'il restait du PS en 2017, ce qui n'est pas une mince affaire) ne contribue à rien, sinon à diviser... c'est clairement pas la méthode pour espérer revenir au pouvoir un jour
    (c'est long mais ça donnera à réfléchir au taulier 😊)

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    1. Je te lis demain mais merci de signer avec ton nom complet. Je connais deux Stéphane G dans notre monde de blogueurs. A part ça je ne crois pas taper sur Faure en mettant en avant un de ses billet de blog.

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    2. Me voila pour une réponse plus précise. La question n'est pas l'obsolescence de la social-démocratie. Demande donc électeurs ce qu'ils pensent du socialisme d'autant que ça reste une étape avant le communisme, au fond...
      Je n'ai pas dit qu'une gauche "extrême" ne gagnera pas. Hollande prévoyait quand même taxation à hauteur de 75% des revenus (sans y croire, certes, mais la question n'est pas là). Jospin a fait gagner la gauche sur des idées de gauche très fortes. Mitterrand, dont je parle ici, a aussi fait gagner la gauche avec des idées fortes.
      Le problème vient plus du comportement de JLM et des autres, de leur agressivité...

      Les différences ressenties entre la gauche et la droite ? Un type de droite te dirait que Sarkozy était trop à gauche... Si le bilan de Hollande a mal été perçu, c'est aussi parce qu'il n'a pas été défendu par les socialistes qui ont été pris d'une espèce de folie.
      Regarde la courbe du chômage depuis 2008 (pas à cause de Sarko mais de la crise des subprimes) : la courbe commence à baisser à partir du moment où Hollande a pris des mesures comme le CICE et ces trucs. C'est flagrant. Par ailleurs, on a toute une gauche qui dit qu'il faut favoriser le patriotisme économique mais qui gueule quand on ajuste les cotisations des boites françaises...

      S'adresser aux exclus de l'Europe n'est pas facile. Que leur dire ? Surtout quant tu te fais taper dessus par ton propre camp quand tu fais des politiques économiques en faveur des entreprises qui pourraient embaucher ou quand tu fais une réforme de la territorialité pour renforcer... les territoires.
      Par ailleurs, c'est bien de parler des exclus de l'Europe vu que c'est tout de même une réalité (je parle du sentiment, pour le fond, je ne sais pas). Mais il ne faut pas oublier une partie des lectures. Jérôme Fourquet a aussi parlé de communautarisme ce qui n'est pas rien mais comme ça fait sale, à gauche, on oublie un peu.

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    3. A propos de Faure, il n'a pas été élu en 2017 mais 2018. Je ne sais pas ce que tu appelles "sauver le peu qui restait au PS". Toutes les élections nationales depuis qu'il est là ont été une foirade.
      Tu parles des élections intermédiaires qui pourraient être favorables à la Nupes. De quelles élections intermédiaires tu parles ? La gauche n'a jamais eu besoin de cet accord pour gagner des municipales... Les élus de gauche ont toujours fait leurs preuves pour gagner (et fait des alliances locales) puis pour gérer.

      On est d'accord sur le fond : il faut un rééquilibrage à gauche mais il faut faire attention à ce qu'il ne se fasse pas au détriment de l'idéal socialiste. Disons le clairement, faire une liste commune avec LFI aux européennes serait un contresens historique.

      Enfin, je ne tape pas spécialement sur Faure, ici, et quand je l'ai fait d'en d'autres billets, c'était plus pour critiquer la stratégie. Ici, je suis plus en mode paternaliste en expliquant qu'il ne fallait pas qu'il se prenne pour Mitterrand. Ou alors, il faut qu'il prenne des décisions fortes comme quand, 4 ans avant une présidentielle, Mitterrand a enterré le programme commun...

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  2. aaaaah neo-libéral , purée ces socissialistes sont des ânes en voyant des neo-libreaux partout.

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    1. Oui, ils ne savent pas ce que ça veut dire (à part que c'est péjoratif). En plus, je ne vois pas en quoi la France est en monde libéral avec le pourcentage de dépenses publiques qu'on a...

      Ils m'énervent. L'autre jour, c'est Roussel qui a dit qu'il voulait rompre avec le capitalisme. S'il veut dire qu'il ne doit plus y avoir d'entreprises privées, il devrait le dire clairement. Ras le bol des types qui conchient ceux de gauche qui veulent "s'accommoder du capitalisme".

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  3. sinon je viens de découvrir que le renouveau social-démocrate de Mr Cazeneuve passe par l'aide du grand expert en crapulerie : Patrick Menucci. Le mec doit être à l'oeuvre depuis des années, dans chaque congrès avec ses méthodes de barbouze.

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