23 décembre 2023

Voila 2024 : en route vers le pire ?


 

En 2017, ma mère a eu une opération du cœur. A son âge 85, ce n’était pas « raisonnable ». Pour l’aider, j’ai commencé à revenir en Bretagne bien plus souvent. En 2018, elle a cassé sa voiture puis fait une grave infection, près du cœur. Elle est entrée en maison de retraite et j’ai dû acheter un vélo électrique pour aller la voir (et aussi aller au bistro, hein !).

En 2019, j’ai fait deux petites entorses, rapidement soignées (mais il faut tout de même porter des atèles pendant six semaines à chaque fois). Je me suis retrouvé environ quatre mois avec des difficultés à marcher. La conséquence est que, pendant près d’un an après, je n’osais plus sortir sans ma canne, ce qui donne au moins l’avantage de recueillir la pitié des gens qui vous laisse des places dans le métro ! Jusqu’au moment où un jeune m’a dit : « Monsieur, je vous en prie, asseyez-vous. » « Merci mais ne vous inquiétez pas je ne vais pas loin. » « Mais si, à votre âge, il faut vous ménager. » j’avais 53 ans et on me traitait de vieux.

En 2020, à peu près rétabli, j’ai eu à subir, comme tout le monde, la crise sanitaire et le confinement qui va avec. A force de rester chez moi, tétanisé, j’ai pris une trentaine de kilos, grimpant de 120 à 150 kg (j’en ai perdu une dizaine depuis). Un truc sans fin : après ne plus avoir eu le droit de marcher, j’ai eu beaucoup de difficultés à le faire, m’essoufflant très rapidement et ayant peur sans ma canne.

En 2021, j’ai dû être hospitalisé pendant un mois à cause de ces problèmes respiratoires. J’avais une sorte de pleurésie, en fait. En faisant des examens, les toubibs ont découvert que j’avais l’aorte bouchée. Me voila réhospitalisé pour une lourde opération (avec ouverture du thorax puis arrêt forcé du cœur avec une dérivation pour pouvoir accéder aux tuyaux).

Après cela, ils ont poursuivi les examens pour savoir ce que j’avais aux poumons. Ils ont découvert un peu truc cancéreux.

En 2022, j’ai ainsi été opéré avec l’ablation d’un lobe de poumons. Pour la préparer l’intervention, j’ai fait des dizaines de séances dans des hôpitaux, notamment pour des exercices respiratoires visant à renforcer ma capacité. Après l’opération, j’avais perdu, tout de même, une partie de cette dernière, m’obligeant à faire une pause après une centaine de mètres à pied. Mes difficultés à marcher étaient « empirées » par une baisse logique de la capacité musculaire.

 


Revenons en 2020 après avoir sauté une ligne. Mon entreprise a déménagé. Encore plus loin de chez moi (alors que, à l’origine, elle était à 10 minutes en voiture) et, surtout, l’obligation de prendre le RER, le métro ne suffisant plus. Heureusement, avec le confinement, on n’avait pas y aller, puis, en 2021, avec mes maladies et la nécessité d’aller souvent en Bretagne, ma boîté a été assez conciliante. Je n’allais plus au bureau que quatre jours toutes les trois semaines quand, fin 2021, il a fallu reprendre une vie « plus normale ». En 2022, j’avais tellement de séances à l’hôpital que je ne pouvais même plus aller très souvent au bureau, d’ailleurs. De fait, j’ai pris l’habitude d’aller en taxi.

Sauf que, après l’opération des poumons, j’ai dû y retourner plus souvent et le taxi était très cher.

En 2023, j’ai ainsi recommencé à galérer dans les transports en commun, avec toujours des difficultés à marcher lors des changements de ligne.

Mais il y a eu plus grave vu que j’ai perdu ma mère en mars.

 


On peut difficilement décrire la douleur. Peut-être étais-je plus proche d’elle que beaucoup de gens, d’autant que « son » confinement nous avait rapproché « par la pensée ». Je l’appelais tous les jours et tout ça. Près de dix mois après sa mort, je continue à avoir des pensées un peu bizarres. Par exemple, après une heure de bistro, le soir, je me dis qu’il faut que je l’appelle avant d’être saoul… On dit que je raconte des choses très personnelles dans les réseaux sociaux mais je n’ai jamais parlé de cela vu que je ne vois pas l’intérêt de raconter des sentiments qui devraient arriver à à peu près tout le monde, malheureusement.

 

Après les obsèques, il a fallu gérer la succession. J’ai « gagné » la maison de Loudéac mais je n’étais pas spécialement prêt à entretenir deux habitations et à payer des droits de succession surtout que je ne suis pas très doué pour les affaires administratives.

Cela étant, je suis tout de même souvent un roc et j’ai supporté toutes ces péripéties, sans compter deux changements de patron à la Comète et un au café de la Gare ce qui est tout de même bien plus grave.

 


En cette veille de réveillon, à moitié oisif en attendant l’heure de l’apéro, je réfléchissais à un billet de blog en me demandant si 2024 allait pouvoir être pire, suite à un événement récent.

Avec ces imbéciles de réseaux sociaux, je suis tombé sur le « thread » d’une militante féministe (une activiste femen) qui disait : « Une pétition est en train de s’écrire pour défendre Depardieu. Hâte de découvrir les arguments. Sur quoi pourrait-on baser sa défense ? » Histoire de rigoler, j’ai répondu : « Sur la présomption d’innocence, peut-être… Ou le fait cette histoire casse les couilles des électeurs et les ovaires des électrices. Ou le fait qu’on a du bruit en 2023 au sujet d’un mec qui a cinquante ans de carrière. » Non moins d’humeur guillerette que moi, elle a rétorqué : « et l’argument éculé de la présomption d’innocence on le connaît. Soyez inventives-ifs ».

J’ai laissé tomber. J’avais trop envie de dire : « espèce de connasse, nous avons une grave crise avec la montée de l’antisémitisme, le rejet de l’immigration, des guerre dans tous les coins du mone, le tout sur fond de personnel politique délirant et d’un parlementarisme qui ne fonctionne plus avec à peu près comme seule perspective l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir et, toi, tu répands ta haine dans les réseaux sociaux non sans exhiber des nibards de femen à l’occasion et tu remets en cause les fondements de notre justice, de notre République, de notre Etat de droit. Tu peux aller chier. Tu mérites le mépris ».

« Et hop » aurais-je pu ajouter.

 

Malheureusement, je crois bien que 2024 peut être pire que les années précédentes… Et les pétasses sans vie continueront à nous les briser.

35 commentaires:

  1. C'est ce que les "réacs" ne cessent de répéter : ce n'est pas que c'était mieux avant... mais ce sera pire après.

    Enfin, comme dit le populisme : tant qu'on a la santé, hein !

    DG

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  2. Billet très touchant... Pas plus. Humain.

    Merci

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    1. S'il faut toucher les copains...

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    2. Il vaut mieux toucher les copains que les petites filles qui font du cheval : beaucoup moins risqué…

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    3. Oui mais c'est moins drôle. Falconhill est très sympathique mais il n'est pas baisable.

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    4. Vous êtes trop sélectif, comme gars…

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    5. Par contre je viens de relire ton billet, une deuxième lecture..

      elle m'inquiète, mais tu l'as vu sur Twitter j'ai deux trois choses à régler... Tu seras là en 2025, de toutes façons tu dois revenir dans le Gard, donc :)

      Bises. Merci d''être là. Derrière le super bloggueur qui écrit merveilleusement, il y a un mec super.

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    6. Arrête de tutoyer Didier Goux. En plus, le mec super, c'est moi.

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  3. Oui on plonge de plus en plus profond, gare aux paliers de decompression.
    2024 : aurons nous atteint les limites de la funeste jobastrerie ?
    C'est dur ce que tu as vécu Nicolas, mais tu es un roc au coeur tendre et à l'esprit agile, un peu comme ce Gérard que j'aime bien et avec qui tu as indéniablement des points communs
    Hélène

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    1. Le coeur tendre, je ne sais pas...

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    2. C'est pourtant ce que sous entend ton attachement à ta maman.
      Coeur tendre n'a rien a voir avec coeur d'artichaut, et on peut parfaitement le réserver à quelques proches en étant indifférent à d'autres, voire même horripilé par eux, quitte à être en mode char d'assaut 🤭
      Enfin c'est ainsi que je le conçois.
      Hélène

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    3. Qui n'est pas attaché à sa mère quand ce n'est pas une vieille peau acariâtre ? J'ai plus de facilités que d'autres pour en parler, d'autant que je n'ai pas la fausse pudeur de beaucoup... Les murs Facebook sont plein de publications du genre : "ah papa ça fait cinq ans que tu nous as quitté et je t'aime toujours" pendant que, pour ma part, je raconte des anecdotes.

      Ces publications... publiques de type "je t'aime toujours" me dérangent beaucoup car on a l'impression que les rédacteurs pensent aimer leurs proches plus que les autres. C'est horriblement prétentieux (en plus d'être chiant pour les passants : je n'ai rien à cirer des vieux de mes vagues connaissances).

      Je préfère les anecdotes car je suis persuadé que les autres ont les mêmes. Tiens ! Une que je n'ai jamais raconté. L'autre jour, j'ai remplacé ma machine à laver (dans la maison dont j'ai hérité). Sur l'ancienne, il y avait un petit panier d'osier avec des vieilles brosses à dent. Ma mère gardait tout et notamment les brosses à dent car elle s'en servait pour récurer des trucs (comme les joints entre les carrelage). Ca m'a exaspéré (elle n'avait pas besoin de 20 brosses à dent et, en plus, il y a des produits qui fonctionnent mieux, comme l'eau de javel...) alors je le raconte pour rigoler (certes, avec plein de tendresse).

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    4. Bonne idée !
      Au lieu de me servir de brosses à dents pour nettoyer mes objets en argent ou en bronze ciselé, je vais désormais les faire tremper dans de l'eau de javel.
      Ouais bon je sais que je t'énerve. Pas besoin de piquer un fard 😝
      Hélène

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  4. Eh bien...
    Je n'aime pas, mais alors absolument pas, ce que vous représentez d'un point de vue politique. Vous êtes même l'archétype de tout ce que je vomis.
    Mais je vous souhaite de tout cœur de survivre à 2024 !

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    1. Merci mais tu es tout de même un connard.

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    2. Au fait, vous êtes censé "représenter" quoi au juste ?

      On ne me dit jamais rien, à moi…

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    3. Mais je ne sais pas, moi ! C'est pour ça que je le traite de connard.

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    4. Une gauche suffisante et constamment à côté de la plaque sur à peu près tous les sujets...

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    5. Tu veux dire : des connards qui commentent les blogs pendant les soirées de réveillon en exprimant leur supériorité au reste du monde ? Et on serait suffisants...

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    6. La gauche, c'est comme la grâce au XVIIe siècle : il y a la nécessaire et la suffisante, celle des jésuites et celle des jansénistes...

      DG

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    7. Si vous le dites mais je comprend rien.

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    8. C'est normal ! Moi-même, je m'y perds un peu, dans ces subtilités augustiniennes...

      DG

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    9. Encore une sommité en clown blanc !

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    10. Demandez des éclaircissements à la petite Jauneau : en tant qu'historienn brevetée, renouvelable et élevée sous la mère, elle doit connaître ça comme le fond de sa poche.

      DG

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    11. Vous êtes sûr que Depardieu n'a jamais joué Saint Augustin ? Je ne tiens pas à me faire engueuler.

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    12. Ah oui, merde !

      Mais, sur ce coup-là, on peut zapper Augustin et se limiter aux deux graces...

      DG

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  5. C’est bizarre comment on pense à nos disparus. Me revient souvent une phrase de mon père, homme public qui se démenait plus pour les gens, que pour sa famille à mon goût.
    Un jour que je lui reprochais, étant con comme un ado, de ne pas aller sur la tombe de son père.
    Du tac au tac, la réponse cinglante était tombée :
    Je te souhaite de penser autant à ton père, que je pense au mien tous les jours.
    Ma mère est partie fin 2021 et en cette période de fête je pense tous les jours à ces deux la.
    L’absence est une immense solitude ponctuée de ricochets de souvenirs.

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    1. Ca me fait penser que je pense moins à mon père depuis que j'ai failli perdre ma mère une première fois, en 2018.

      J'y pense toujours mais ce n'est plus pareil. Il était fan d'informatique et moi professionnel alors à chaque fois que je découvrais un truc, je le lui en parlais. Depuis sa mort, en 1992, j'ai continué à penser à lui raconter mes découvertes à chaque fois. Ca a donc duré 26 ans.

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  6. Tout cela étant dit, une petite remarque "de pion". Dans votre titre, vous auriez dû écrire « Voici 2024 » et non voilà : en français, "voici" fait référence à ce qui suit et "voilà" à ce qui précède.

    VOILÀ tout ce que j'avais à dire, et VOICI venue l'heure de me retirer sur la pointe des pieds…

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  7. Je passais par hasard sur votre blog (via "Au Bistro" en cherchant des recettes de patates) et votre récit m'a pris aux tripes. C'est vrai que les tuiles arrivent toujours en séries, ça nous fait même une bonne toiture d'emmerdes quelques fois, mais courage. Ici en Provence mistral mais grand soleil: j'essaie de vous en envoyer un rayon ! A + !

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