09 juin 2025

En politique, évitons les étiquettes !


 

Le titre de mon avant-dernier billet était « Socialos : revenez à la social-démocratie, bordel ! » C’était une erreur de ma part. Je pourrais m’expliquer mais j’ai la flemme : en gros, je voulais dire « rappelez-vous de l’heure de gloire de la social-démocratie », mais ça ne vaut pas le coup : le blogueur a des trucs en tête comme le déroulement de « la démonstration » ce qui fait qu’il tombe parfois à côté de la plaque en rédigeant la conclusion puis le titre…

Je présente mes excuses, en particulier, à mes copains Denis, Mark et Yann (le premier a fait un billet de blog, les deux autres m’ont repris dans Facebook) d’autant que je n’ai pas pris le temps de leur répondre. Je voulais simplement dire que la doctrine politique devait être adaptée à l’époque et je pense que mon billet est assez clair dans ce contexte.

Parler de « social-démocratie » était donc presqu’une faute de ma part vu que cette locution fait penser à différentes périodes de notre histoire, dont une datant d’il y a un vingtaine d’années, quand la gauche triomphait dans beaucoup de démocratie du monde…

 


J’ai horreur de ces étiquettes. Par exemple, je me rappelle d’une conversation avec Denis au cours de laquelle je disais que j’étais un « libéral de gauche » alors que je voulais dire que je pensais être « de gauche et libéral ». Or « libéral de gauche » fait référence à Emmanuel Macron, à l’époque ou il était ministre, d’une part et au « social-libéralisme » qui est plus un courant du libéralisme qu’un courant de la gauche, d’autre part.

Je ne vais pas m’étendre sur mon positionnement politique vu que ce billet est consacré aux étiquettes et pas à ma glorieuse personne. Je vais donc résumer. Je suis pour la liberté, surtout « celles » d’entreprendre, de penser, d’expression… mais avec une forte régulation par l’Etat pour la redistribution, la lutte contre l’exclusion, la protection des personnes… et de la liberté des autres. Ce n’est pas toujours facile. Par exemple, ceux qui pensent défendre la liberté d’expression sont souvent ceux qui traitent de fachos ceux qui ne sont pas d’accord avec eux sur certains points…

 


Le billet dont je parlais aurait pu être un plaidoyer pour « la gauche moderne » mais cette expression est une référence directe à un parti politique, celui créé par Jean-Marie Bockel, qui était plutôt d’inspiration « social-libérale » mais qui était proche d’un gouvernement de droite, celui mis en place par Nicolas Sarkozy après son élection. On ne peut pas être à la fois de gauche et de droite ! Cela ne m’empêche pas de comprendre ces braves gens qui sont venus de la gauche et ont intégré la droite mais je me demande s’ils ont une bonne vue…

Être « de gauche et de droite » est impossible mais pas nécessairement être « ni de gauche ni de droite » comme disait Emmanuel Macron (signifiant sans doute qu’il fallait prendre ce qu’il y avait de bon dans chaque camp). Mais, vu de la gauche, on peut dire maintenant que Macron n’est « ni de gauche ni de gauche » mais je suppose que les gens de droite disent qu’il n’est « ni de droite ni de droite ». Le centrisme est impénétrable.

Mon copain Denis (je parle beaucoup de lui, aujourd’hui, mais nous ne sommes plus beaucoup de blogueurs politiques) évoque souvent « la gauche de droite » ce qui est d’une crétinerie sans nom (et je suis moins insultant que lui quand il dit que les politiciens dont je suis proche sont de « la gauche de droite »).

Il faut être prudent, avec ce genre d’étiquette, surtout à l’heure où la principale formation de gauche, en France, a perdu ses repères… Je me foutais de la gueule de Mathilde Panot qui défendait les taxis, ce qui est typiquement de droite. LFI soutient les adeptes d’une religion (l’islam) ce qui est incompatible avec la notion de gauche. Le PS et les écolos (et d’autres) soutiennent l’aide à la rénovation de l’habitat mais je ne vois pas en quoi c’est de gauche de subventionner des propriétaires. Je m’égare un peu mais, au fond, même les étiquettes « droite » et « gauche » sont à prendre avec précaution ! Au fond, je suis plus proche de lascars catégorisés de « la droite sociale » que de certains de la « gauche radicale » et les zozos de gauche qui défendent un patriotisme économique et l’importance de la France sont assez proches des gaullistes, la « base » de la « droite de gouvernement » que nous connaissons actuellement.

 


Je viens de parler de la « gauche radicale » et de la « droite de gouvernement ». Encore deux belles étiquettes ! Honte sur moi ? La « droite de gouvernement » est à rapprocher de « la gauche de gouvernement ». On entend par là les partis dont des membres ont occupé des fonctions ministérielles sous la cinquième, « historiquement » le PCF, le PS, l’UDF et le RPR (sans pour autant exclure EELV, le Modem…). L’étiquette est idiote car cela ne veut pas dire que d’autres partis sont incapables d’arriver au pouvoir et de gérer (je n’ai pas dit correctement), comme LFI ou le RN (d’ailleurs, le chef de LFI a été ministre).

« L’extrême-gauche » et « l’extrême-droite », on sait à peu près ce que cela veut dire. Cela étant, Le Pen (Marine) et Bardella sont-ils des graines de facho pour autant ? Ce n’est pas le sujet. Par contre, LFI n’est pas, pour moi, dans l’extrême-gauche qui est, pour moi, composé d’autres partis, comme LO, le NPA, le PT ou le POID qui ont d’ailleurs, pour moi, beaucoup de sympathie que LFI (je disais récemment du bien de Nathalie Artaud au sujet du voile).

« La gauche radicale » est plus, pour moi, la gauche qui se situe entre « l’extrême-gauche » et la « gauche de gouvernement » et est essentiellement composée de LFI et des Verts (du moins ceux qui suivent Tondelier). Mais on peut aussi y mettre les communistes et sans doute une partie des socialistes, les ex frondeurs. Vu sous cet angle, la « gauche radicale » n’est pas trop en opposition avec « la gauche de gouvernement » (ce que je regrette mais la question n’est pas là).

Cela nous amène à deux étiquettes que j’utilise fréquemment : le « centre-gauche » et la « gauche républicaine ». Le premier, on voit à peu près ce que c’est même si des andouilles de la gauche radicale les prennent pour des gens de gauche. Pour la seconde, c’est plus compliqué. Disons qu’elle est composée de gens assez attachés à des valeurs portés par la République : l’ordre, la sécurité, l’Etat de droit une laïcité rigoureuse… Cela ne veut pas dire que des gens qu’on ne met pas cette catégorie ne sont pas républicains. C’est un peu compliqué. On va prendre un autre exemple : Retauilleau, chef du parti de droite qui s’appelle « Les Républicains » a montré par certains propos que l’Etat de droit avait des limites. Pour moi, ça le fout en dehors des partisans des valeurs de la République…

 


Il y a un sujet que je ne veux pas évoquer ici (surtout que je n’ai pas les compétences), ce sont les oppositions historiques au sein des grandes familles politiques, comme les trois droites ou ce qui différenciait Mitterrand et Rocard. Elles sont un peu obsolètes. Qui va savoir aujourd’hui ce qu’est un orléaniste ? Déjà que je ne sais plus trop ce qu’est un gaulliste…

Il y a, par contre, deux notions qui s’opposent et qui me tiennent à cœur, « réactionnaires » et « progressistes ».

Pour beaucoup, les « réacs » sont ceux qui prétendent que « c’était mieux avant ». Dans mon enfance, en Centre Bretagne, étaient qualifiés ainsi les gens de la droite catholique qui envoyaient leurs enfants à l’école privé (qu’on appelait d’ailleurs « l’école libre »). Depuis, j’ai bien connu des purs réactionnaires, par Didier Goux et ses « potes » et je vois mieux maintenant ce que cela recouvre même si j’aurais un peu de mal à la définir. Les « potes » en question étaient souvent de droite mais je ne suis même pas sûr que Didier l’était.

Et, s’il l’était, c’était plus parce qu’il trouvait ridicule des évolutions de la société. Tout comme moi, d’ailleurs, mais je n’ose souvent pas le dire… Par contre, il ne niait pas ce qui représentait réellement un progrès contrairement à nos amis de gauche qui refusent de penser, par exemple, que les évolutions du monde du travail, dont l’IA, aurait de sérieux impacts sur notre vie… Mais je développe trop et me place hors sujet.

 


Ce que je voulais dire, c’est qu’avec deux copains, on avait créé un blog qui s’appelait « la gauche réac ». On ne l’a jamais développé mais il était bien issu d’une conversation sérieuse entre trois blogueurs de gauche, lassés par des étiquettes qui nous collaient aux fesses… Genre les partisans officiels de la liberté d'expression qui voudraient nos empêcher de taper sur les barbus.

En outre, je me qualifiais à une époque de « progressiste réactionnaire » ce qui m’amusait beaucoup et je suis peut-être le premier avoir qualifié Bayrou, il y a plus de 15 ans, de représentant de l’extrême-centre, autant pour me moquer du fait qu’il ne représentait plus grand-chose quelques années après son bon score à la présidentielle de 2007 que pour me foutre de la gueule de ceux qui adorent refiler des étiquettes.

 

Rassurez-vous ! On sait toujours ce qu’est « la droite » et « la gauche » mais évitons de juger les autres et d’employés des expressions qui ne correspondent plus à ce que l’on voudrait dire.

Soyons progressistes à ce sujet.

7 commentaires:

  1. La photo de Charles Pasqua, quel bonheur.

    Sinon c'est un chouette billet qui appelle à pleins de discussions et de réflexions

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    1. Je n'étais pas spécialement pour Pasqua mais j'ai toujours trouvé que la droite gérait mieux ses divisions que la gauche.

      Merci !

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  2. Les commentaires d'Arié m'amusent toujours et si j'ai lu le dernier (que je ne publie pas), c'est que je m'y attendais vraiment, à en avoir un moins d'une heure après sa publication, ce qui montre par ailleurs qu'il est obsédé par mon blog, ce vieux con. Et c'est pour ça que je l'ai lu.

    Toujours est-il qu'il dit que mon billet est raté et que je raconte n'importe quoi parce que je ne suis pas sur la même longueur d'onde que lui. Depuis que je le connais, il montre qu'il est resté figé dans le passé. J'aurais même pu prévoir ce qu'il allait commenter vu qu'il nous casse les couilles avec la vision de la politique qu'il avait il y a trente ou quarante ans...

    Cela étant, s'il pense toujours que mes billets sont ratés, s'il continue à les lire, c'est tout simplement que c'est réellement un vieux fou.

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    1. J'ai oublié de dire qu'il avait laissé exactement 10 commentaires avant-hier et hier et que je n'en ai publié aucun. C'est ainsi depuis très longtemps. C'est un con. Vraiment. En plus d'un vieux fou.

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  3. Un billet très intéressant sur les étiquettes utilisées en politique. C'est parfois, et même souvent, user de facilité que de coller un post-it réducteur et simplificateur sur une idée politique ou une personne, tout simplement parce que nous autres humains avons tendance à créér au mieux des facilités de langage, au pire des stéréotypes, et au pire du pire des stéréotypes utilisés à des fins de propagande.

    Et de fait, j'aimerais développer un peu ce que tu as dit d'une étiquette spécifique: le centrisme. Non, il n'est pas impénétrable, tout au moins quand on le connaît comme une idéologie à part entière et non un vague gloubiboulga tout à fait étranger à l'ADN politique français qui raisonne plus en clivage gauche droite.
    Appelons les choses par leur vrai nom: Troisième Voie, ou plutôt centrisme radical, voire extrême centre pour ceux qui souhaitent ajouter une touche péjorative. Ce phénomène prend ses racines dans différents courants de pensée qui ont émergé dans les années 1990, voire même dans le bonapartisme dans une certaine mesure, et aussi dans certains courants révolutionnaires dès 1789. Voir un historien et politologue comme Pierre Serna qui a écrit diverses analyses sur la question.

    Je n'ai pas envie de prendre ton blog en otage et d'expliquer en quoi ce courant est considéré comme assez hérétique en France, pourquoi l'arbre France a bien l'air de rejeter le greffon à l'heure actuelle, et pour quelles raisons. Mais je m'égare déjà.
    Tout ceci pour dire que l'étiquette correspondante est évidemment le macronisme, mais que c'est assez réducteur vu que cette position politique existait bien avant Macron, et existera encore après lui.

    Dans quelle mesure? Seul l'avenir nous le dira. Les ambiances de fin de règne ont ceci d'intéressant qu'elles sépareront les opportunistes et pragmatistes de la base idéologique réelle, et permettront de voir si celle-ci a une ampleur et une solidité suffisante pour être un acteur politique réel à l'avenir, ou est vouée à disparaître comme un phénomène transitoire et quelque peu hérétique de la pensée politique française. Mais je m'égare à nouveau.
    Tout ceci pour conclure qu'en effet, derrière une simple étiquette politique se cache bien autre chose que deux ou trois mots réducteurs.

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    1. Ne va pas croire que je dénigre les centristes (mais j'aime bien depuis très longtemps) me foutre de la gueule de Bayrou. L'objet de mon billet n'est pas de parler du contenu de chaque courant mais des expressions utilisées. Par exemple, un centriste sera vu comme un gauchiste par les droitards vice versa.

      Par ailleurs, mon billet est assez long et je n'ai pas pu tout évoquer. Par exemple, j'aurais "dû" parler de la différence entre "la gauche radicale" et "les radicaux de gauche" (ils sont tout de même assez éloignés, historiquement).

      Le "macronisme" est évidemment une forme de centrisme mais il a quelque chose de plus, il a su regrouper (au départ...) les gens qui étaient las des conneries des partis traditionnels. J'aurais pu parler du "macronisme" en tant qu'étiquette mais trop de sujets tue le sujet...

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    2. T'inquiètes, je ne crois pas que tu dénigres les centristes, de toute manière ci c'était le cas c'est ton droit le plus strict. J'ai sans doute un peu débordé du sujet. Oui, voir comment se comportent les électeurs qui en ont soupé des partis traditionnels serait une discussion intéressante. Et si tu veux te foutre de la gueule de Bayrou on peut y aller ensemble, moi aussi çà fait longtemps que çà me démange.

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