Réponse subtile (et googlimagesque) aux imbéciles
qui expliquent que l'abaya n'est pas religieux.
La polémique au sujet de l’abaya continue. Sandrine Rousseau,
par exemple, a encore raconté des
bêtises, hier. A gauche, par rapport à ce sujet, on rencontre plusieurs « catégories »
de locdus. La première, dont je fais partie, est composée de gens qui partagent
la position du gouvernement et une certaine défense de la laïcité, je vais y
revenir. Ceux de la deuxième s’opposent à Gabriel Attal et soutiennent les jeunes
femmes concernées. Enfin, il y a, heureusement, ceux qui s’en foutent. Parmi
tous ces braves gens, il y en a beaucoup qui estiment que parler de l’abaya est
faire le jeu du Rassemblent National.
Et ça m’énerve. Avant d’en parler, je souhaite apporter quelques
précisions.
Tout d’abord, j’ignore ce qui motive ceux qui, à gauche, soutiennent
cette housse de couette. Je n’ai d’ailleurs pas à juger et, si je donne l’impression
de le faire, c’est uniquement par maladresse (à force de glander dans ce blog,
je perds la main). Je suppose qu’il y a des gens qui optent pour un point de
vue féministe et de liberté de la femme à s’habiller comme elle veut. Il y a des
communautaristes ou des électoralistes. Il y a ceux qui considèrent les
musulmans comme opprimés en France. Il y a ceux qui s’opposent pour s’opposer à
un gouvernement qu’ils n’estiment pas « conforme ».
Je ne suis pas loin de penser que si Gabriel Attal avait dit
que l’abaya n’était pas une tenue religieuse et ne se plaçait donc pas dans le
cadre de la loi de 2004, certains auraient rué dans les brancards. C’est un
exemple de réflexe, surtout quand on fait de la politique dans les réseaux
sociaux. Pour ma part, je bavasse dans les blogs depuis avant l’élection de
Nicolas Sarkozy ce qui m’a fatigué de l’opposition systématique (même s’il n’y
avait pas grand-chose à défendre chez « l’ex »). D’ailleurs, depuis
que j’ai compris que François Hollande n’avait pas la moindre chance d’être
réélu, j’ai fini de militer pour qui que ce soit quoi qu’en pensent mes
lecteurs qui finissent par prendre le moindre de mes propos pour un engagement
alors qu’ils devraient s’en battre les machines.
Il n’empêche que je refuse d’adopter des positions purement
partisanes dans certains dossiers. Certains pensent que je ne suis plus à
gauche mais je m’en fous : je ne suis pas fier de la gauche actuelle. Je
suis issu d’une lignée de gauchistes et j’ai été élevé par une bande de
défenseurs de la laïcité (mes parents étaient profs en collège, soutenaient
voire dirigeaient des associations laïques, une de mes grands-mères bouffait du
curé et l’autre s’en foutait, obligée de ménager la chèvre et le chou : au
fond, en Bretagne, on n’a pas le choix sinon on se fâche avec la moitié de la
population).
La laïcité est au cœur de notre débayaya mais, encore une
fois, je souhaite être prudent. Depuis que je me suis rapproché du Printemps
Républicain, jusqu’à y adhérer, j’ai toujours été surpris par les divergences
entre les « factions de laïcards ». Je suppose que les anciens
proches de « l’observatoire de la laïcité » auraient défendu les porteuses
d’abaya. Je ne comprends rien à tout cela.
Pour moi, la laïcité, c’est deux choses : la liberté de
conscience et la séparation de la religion et de l’Etat. Empêcher le port d’une
tenue religieuse dans l’enceinte d’institutions de la République (ou chez des
délégataires de service public) n’est pas du tout une limitation de la liberté
de conscience. Je ne vois pas en quoi il serait nécessaire de vêtir une housse
de couette pour être croyant… C’est même presque le contraire. A la limite, si une
tenue spécifique devient la norme dans « une communauté », l’obligation
de la porter est une entrave à la liberté de conscience, quel que soient les
phénomènes qui génèrent cette norme. Une jeune femme peut porter l’abaya par
conviction. Sa copine, par contre, pourra subir des contraintes ou, tout
simplement, préférer mettre une jupe normale ou un pantalon qui moule les
fesses.
Je considère qu’il faut sortir du débat sur la « laïcité
quotidienne ». Que des personnes d’un groupe (ethnique, social, religieux…)
souhaite se différencier par une tenue, c’est bien pour revendiquer une
appartenance. En l’occurrence, à une religion. En débattre est ridicule. Il y a
donc bien un volet politique pour faire monter la visibilité puis la puissance
de ce groupe. Il convient de lutter contre car c’est le chemin vers une
atteinte à la séparation de l’Etat et de « l’église ».
Ceci est mon opinion mais il y a des gens bien plus
qualifiés que moi pour débattre.
En marge de ces débats sur l’anaya, il y en a un au sujet de
l’uniforme à l’école. Je suis parfaitement contre. Je ne peux pas être contre
le port d’un uniforme religieux à l’école et tenter de promouvoir une espèce d’uniforme
que certains qualifieront de Républicain. Je vais même tenter un raccourci
foireux : on ne saurait assimiler la laïcité au port d’un uniforme.
Les seules obligations que peuvent porter la loi au sujet de
l’habillement sont de rigueur ou de circonstance (on ne va pas imaginer un militaire
sans uniforme…). Par contre, on peut avoir des obligations vis-à-vis de la décence. On ne va
pas au bistro en survêtement. On ne visite pas un établissement religieux ou
historique en short. On ne se promène pas dans la rue torse nue sauf si les
coutumes locales le permettent. Tout cela est peut-être parfaitement subjectif
mais nous ne sommes pas des peine-à-jouir utilisant n’importe quoi.
Certains ont mis sur la même ligne l’abaya et les crop-tops portées
par les jeunes filles. C’est de la connerie. Et je porte moi-même des
tee-shirts trop courts (c’est parce que j’ai du mal à en trouver à ma taille,
aussi).
Responsable politique française
faisant la promotion de nouveaux uniformes SS.
Revenons au Rassemblement National dont au sujet duquel on ferait
le lit. Il n’est pas improbable que les motivations de ce parti politique soient
racistes. Genre ces cons d’étrangers racisés essaient de prendre plus d’importance.
C’est dangereux d’assimiler les défenseurs de la laïcité à
des racistes. Faire l’amalgame entre une tenue vestimentaire et une origine
ethnique est du racisme, celui là même que ne renierait pas l’extrême droite,
visiblement. Moi, je m’en fous. Je regarde l’abaya comme la marque d’une
religion, pas d’un extrait de naissance (ni d’ailleurs d’un extrait de
naissance des parents ou des grands-parents).
Par contre, le Rassemblement National porte certains thèmes issus
de préoccupations des Français, notamment ceux que l’on peut appeler l’identité
culturelle. Les Français ne veulent pas qu’une autre culture (issue d’une
religion) s’impose chez nous. La gauche est incapable de se saisir de ce genre
de sujet pour bêtement plaire au peuple.
Le résultat est là : cela fait 40 ans que les partis d’extrême
droite progressent en France. Pendant ce temps, des gugusses nous expliquent qu’on
ne doit pas s’occuper de certains sujets et oublient carrément que la
laïcité devrait être un thème de gauche. Et la gauche disparait. Non plus à
cause de problèmes sociaux ou économiques mais parce que les militants ont
choisi de s’opposer aux thèmes de l’autre.
Marine Le Pen a dit qu’il faisait très chaud sur le Centre
Bretagne. Je ne vais pas la démentir. Ni mettre une doudoune. Quand les partis
politiques prendront en compte certains thèmes, on en sera plus là. Nicolas Sarkozy
avait essayé de chier sur les étrangers lors de ses discours de Grenoble et de
Dakar (deux patelins du sud du pays). Il a échoué. Par contre, il avait réussi
à ratiboiser le Front National en 2007. Il faut peut-être étudier ce phénomène.
Vous vous rappeler ? Une histoire de nettoyeur haute-pression…
Et quand la gauche (ou la droite, d’ailleurs) arrivera à le
faire, à expliquer qu’elle vision de la société elle peut avoir pour plaire à
tout le monde, on y arrivera peut-être.
En complément, il faut arrêter de tout assimiler au racisme.
D’ailleurs, la lutte institutionnelle contre le racisme a sans doute commencé
vers 1983 ou 1984, c’est-à-dire à peu près au moment où le parti du père Le Pen
a commencé à faire des scores à deux chiffres. La gauche est en échec complet.
Avec toutes ces conneries, elle a même réussi à banaliser le racisme.
A force d’assimiler le refus de l’abaya, pour en revenir au
sujet du jour, à du racisme et donc de dire aux gens qu’ils sont racistes, ils finissent
par accepter de passer pour des racistes alors qu’ils se foutent de ces
histoires d’origines ethniques. Par contre, la gauche doit traiter le sujet
culturel qu’il y a derrière tout cela, ce qui nous vient de la religion.
Sans plier. Sans complaisance. Sans fermer les yeux par
peur.