02 octobre 2013

Duflot dont on fait le bateau ivre

Le conseil des ministres avait un ordre du jour bien chargé, ce matin. On ne s’étonne pas de voir la presse et Twitter évoquer uniquement la remontée de bretelle, objet de mon billet de ce matin, mais on peut se demander pourquoi des personnalités politiques de droite ne parlent que de François Hollande et de sa réaction vis-à-vis de Cécile Duflot et Manuel Valls, si ce n’est pas une volonté morbide de désinformation, ce qui ne veut pas dire grand-chose.

Au menu du Conseil de ce matin, il y avait :
-         ordonnance relative à la procédure intégrée pour le logement,
-         ordonnance relative à la garantie financière en cas de vente en l’état futur d’achèvement,
-         ordonnance relative au développement de la construction de logements,
-         décret visant à favoriser la construction de logements,
-         décret […] fixant les modalités de calcul des émoluments des personnels de l’État et […] en service à l’étranger,
-         le lancement de la « garantie jeunes »,
-         la politique de développement du numérique dans l’enseignement supérieur.

En plus des traditionnelles communications des ministres des affaires étrangères, de l’économie et du travail.

Christian Jacob, le chef des députés UMP, a déclaré ce matin que le gouvernement était comme un bateau ivre, ce qui est bien naturel de sa part. Le gouvernement est donc comme un fameux poème d’Arthur Rimbaud ce qui est très sympathique. Comme je descendais des Fleuves impassibles et tout ça.

Il a déclaré aussi : « On apprend qu'en Conseil des ministres, le président de la République va faire un recadrage. De l'humiliation on passe au ridicule. Le Conseil des ministres (...), on y gère les affaires de la France. »

Justement ! On y gère des affaires de la France. Ce matin, on s’occupait principalement de logement. J’invite Monsieur Jacob et toute la presse française à aller faire un tour, occasionnellement, sur le site web de l’Elysée où est annoncé l’ordre du jour des conseils des ministres.

A propos de bateaux ivre, la métaphore est jolie mais on pourra se rappeler de la dernière législature et du dernier quinquennat, voire de la France qui a coulé corps et âme. Amen.

Comme la presse, comme les blogueurs, comme Twitter, Christian Jacob préfère parler d’un recadrage dont les Français n’ont rien à cirer. Qu’a fait Christian Jacob pour le logement quand il est au gouvernement ?

Le bateau ivre dépend Duflot, ministre du logement...

Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'œil niais des falots !

Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sures,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !

J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !

J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces,
Et des lointains vers les gouffres cataractant !

Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
− Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;

Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;

Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !

J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
− Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?

Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
O que ma quille éclate ! O que j'aille à la mer !

Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.


17 commentaires:

  1. Le bateau ivre n'a rien à voir avec la voiture d'un élu loudéacien ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De qui tu parles ? (Le plus drôle c'est que j'avais lu ton billet sans comprendre que c'était lui..).

      Supprimer
  2. Je ne sais pas si C.JACOB avait vu jusque là !
    Tu as bien raison de recadrer ...le sujet : celui d'un Conseil des Ministres riche en textes très importants que nous allons devoir lire au plus tôt.
    Bz

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui. C'est dingue comment l'information peut passer de côté.

      Supprimer
  3. Mais dites donc, tu découvres la politique ?
    Très joli poème, il s'améliore, ce Jacob/

    RépondreSupprimer
  4. Eh ben, j'ai relu Rimbaud.

    Un peu de Victor Hugo maintenant ?

    Manuel Valls nous exaspère
    Du tropique au flot polaire
    Disent les militants
    Au-dessus de l'eau sonore
    Se construisent dans l'aurore
    Superbement
    Les Verts couleur d'espérance
    Les progrès et les idées
    Pont de cent mille coudées
    Que rien ne rompt
    Car sur les sombres marées
    Des racistes décomplexés
    Ces arches démesurées
    Resplendiront.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ça tombe bien j'habite place Victor Hugo et il est temps que je rentre.

      Supprimer
  5. Moi aussi j'ai relu cet interminable Rimbaud. Et il m'emmerde toujours autant, je dois dire. Moins que Duflot, cependant.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai jamais lu Duflot. Même pas une branlette en y pensant. Et c'est parce que j'ai lu le bateau ivre pour faire ce billet (sans rien en tirer) que j'ai mis le texte. Une espèce de vengeance.

      Supprimer
  6. Je trouve que C.Jacob a un petit coté C.Estrosi quand il se met à être ridicule.

    RépondreSupprimer
  7. Pourquoi j'avais répondu à tout le monde sauf au vieux ? Il faut que je consulte.

    RépondreSupprimer
  8. Pourquoi ridiculiser encore plus ces personnages insignifiants que sont les Jacob, Estrosi, Ciotti, Morano et Copé?
    Ils le font si bien eux-même à l'insu de leur pleins gré!

    RépondreSupprimer
  9. Quand je pense qu'ado, il fallait qu'on l'apprenne par coeur

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas eu cette chance. Je ne sais pas par quel miracle je me suis rappelé de la première strophe en rédigeant ce billet d'autant que je l'ai à moitié oubliée.

      Supprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux c'est-à-dire tous sauf ceux qui proviennent probablement d'emmerdeurs notoires.