06 novembre 2013

L'occasion manquée de l'Alternative

Mon dieu ! Un nouveau parti centriste a profité d’une journée où j’étais à une conférence pour se créer : l’Alternative. Je n’ai donc pas eu le temps de me foutre de sa gueule en direct. Le nom de ce parti est idiot. D’ailleurs, ce mot est souvent très mal utilisé à un point qu’on oublie comment il devrait être. Par exemple, un sandwich au poulet est une excellente alternative au sandwich jambon fromage. Ou, pour le sandwich, il y a deux alternatives : pâté ou rillettes.

D’après ce dictionnaire, ce mot a trois sens.

Sens 1 : « Situation à laquelle il n'existe que deux solutions possibles. » C’est probablement dans ce sens que nos politiciens ont choisi d’utiliser ce mot. Il n’y a que deux solutions pour le centre : Jean-Louis Borloo ou François Bayrou.

Sens 2 : « Etats opposés qui se succèdent régulièrement. » Ils ont installé une présidence tournante entre Bayrou et Borloo.

Sens 3 : « Solution de remplacement. » Ah ! Je comprends mieux. L’Alternative est destinée à remplacer le PS et l’UMP. Pour un parti qui a vocation à être à la traine de l’UMP, c’est fort ! D’ailleurs, Raffarin a qualifié l’Alternative « d’Equipe B ». Ce n’est pas gentil de sa part. L’équipe B est généralement composée des joueurs qui n’ont pas été retenus pour jouer avec l’équipe principale et qui sont condamnés à jouer dans les divisions inférieurs. Par exemple, l’Alternative aura le droit de concourir pour obtenir la présidence des comités de quartiers en dehors des grandes villes.

L’Alternative ? Amusant comme mot. Il évoque un tas de trucs qui n’ont rien à voir avec la mouvance centriste, bien au contraire : le rock alternatif, Alternatives Economiques, les alter-mondialistes… Le « Modem » était déjà ridicule et ringardisé à l’heure des « box »…

Ce n’est pas grave.

Politiquement, ils ont fait une grosse erreur : ils se situent dans l’opposition de droite donc clairement avec l’UMP. Le positionnement du Modem me paraissait préférable. Par exemple, Jean-François Martins qui est le seul conseiller Modem de Paris a décidé de partir aux municipales sur les listes d’Anne Hidalgo. Il devrait être viré du Modem. Paris est une ville particulière (et dans ce sens, ce n’est pas la seule) : il s’agit de choisir entre l’équipe sortante et une nouvelle équipe. Le choix pour les Parisiens est clair et Monsieur Martins a choisi d’aller avec une des équipes car elle lui semble la meilleure pour gérer ou la plus à même de gagner (ce qui donnera du poids à sa position politique dans la future majorité). Par son positionnement politique, l’Alternative en fait un choix qui se réduit entre la droite et la gauche et où, elle-même, n’est pas une alternative.

L’Alternative se positionne donc explicitement dans l’opposition à la gauche et donc, je me répète, comme allié naturel et exhaustif de l’UMP. C’est une erreur. Une grande partie des électeurs de droite sont exaspérés par l’UMP. Je voyais un sondage, ce matin, où la popularité de ces pauvres Hollande et Ayrault était donné à un plus bas historique (ils doivent être habitués) mais avec seulement 39% des Français qui jugent que l’opposition ferait mieux. En quelque sorte, il n’y a pas d’alternative… L’Alternative se positionne donc dans le camp qui n’en est pas une.

Ils confondent l’allié naturel (les Français comprennent très bien que les centristes s’allient avec la droite pour les municipales) et l’allié exclusif. A part quelques exceptions, l’Alternative ne pourra pas gagner toute seule des élections municipales. Elle recommence donc ce qui a été sa perte depuis les années 80 : être la petite force de droite. Celle a qui on laisse les miettes. Elle aurait du reprendre ce qu’a fait François Bayrou en 2007 et qui lui a très bien réussi (plus de 18% au premier tour, soit autant que Balladur en 1995 et plus que Barre en 1988) mais qui a échoué parce qu’il était tout seul.

Il y a pourtant un sens, quand on n’est pas de gauche, à s’opposer à l’UMP. Par exemple, Jean-François Copé a critiqué Nathalie Kosciusko-Morizet à propos de l’écotaxe, faisant comprendre qu’elle est incompétente, alors qu’elle est la chef de file de l’UMP pour les municipales à Paris et qu’elle devrait recevoir un soutien total et sans réserve de son parti. Que va-t-il passer par la tête des candidats de l’UDI qui ont une chef de file massacrée par la tête de son propre parti et dont les chefs viennent de créer une nouvelle « formation » qui viennent de se lier les mains avec ce parti.

L’occasion ratée. Des incompétents qui n’ont rien compris à la situation politique : les électeurs sont découragés par la gauche au pouvoir mais ne veulent plus de l’UMP.

J’espère pour elle que l’Alternative saura jouer correctement la carte des Européennes où elle a une probabilité non nulle de devenir un des partis forts en France, voire d’arriver en tête en profitant de plusieurs phénomènes :
-         le Front National ne réussit jamais dans ces élections (10% en 2004, 6% en 2009),
-         l’UMP provoque plus de rejet qu’autre chose,
-         le PS pourrait subir un très gros vote de protestation.

Mais tant qu’elle merde et reste associée à l’UMP, l’Alliance ne peut pas nuire au Parti Socialiste.

Ils n’ont rien compris.

Un dernier point : ils ont trouvé un nouveau nom mais n'ont pas réussi à se débarrasser des anciens. C'est une erreur. Le Modem et l'UDI ont toutes les deux une mauvaise image (pour des raisons un peu différentes). Il fallait donc s'en débarrasser.

Ils auraient du créer une véritable nouvelle formation politique, ce à quoi tout le monde s'attendait...

6 commentaires:

  1. Tu as oublié celle la : L'alternative est, à la corrida, la cérémonie au cours de laquelle le novillero (matador débutant) acquiert le grade de matador de toros.
    Source Wikipédia

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  2. on a donc le choix entre celui qui boit et c elui qui tape les gosses
    belle alternative

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  3. Il restera des bonnes occasions de rigoler.

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